PROVENÇAL, -ALE, -AUX, adj. et subst.
Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 [Poitou] ethnique subst.
Proençal (
Alexandre décasyllabique, ms. Venise, éd. Elliott Monographs, n
o36, 2196); 1180-90
Provenciaus (
Alexandre de Paris,
Alexandre, éd. citée, n
o37, II, 1242); fin
xiiies. adj.
gent provencele (
Vie St Remi, 4509 ds T.-L.); spéc.
à la provençale a) 1634 « à la manière des Provençaux; trop vif »
quelque discours à la provençale (
Peiresc,
Lettres, éd. Ph. Tamizey de Larroque, t. 3, p. 6);
b) art culin.
truffes à la provençale (
Brillat-Savarin,
Physiol. du goût, éd. Lausanne, H. Kaeser, 1951, t. 1, p. 120);
2. ling.
a) « qui appartient à la langue des troubadours, du Midi de la France »;
α) 1225-29
son provençal (
Gerbert de Montreuil,
Roman de la Violette, éd. D. Labaree-Buffum, 4186, var. ms. B, le plus anc., mil.
xiiies.; en réf. à Bernard de Ventadour, v. note p. 270;
cf. poitevin); 1418 subst.
livre de devotion, escript en provençal et en latin (Arch. nat. KK 39 ds
L. Delisle,
Cabinet des mss..., t. 3, 1881, p. 134, 377 bis);
β) [renouvellement de la connaissance des troubadours,
cf. J. Stefanini,
Un Provençal... l'abbé Féraud, Aix, 1969, pp. 207-236] 1575 (
Jean de Nostredame,
Les Vies des plus celebres et anciens poetes provensaux... recueillies des œuvres de divers autheurs qui les ont escrites en langue provenzale... Lyon);
cf. [aux origines du provençal langue-mère] 1645 (
J. de Caseneuve,
Le Franc-alleu en Languedoc, 2
eéd., Toulouse, J. Boude, I, II, p. 16 [à propos des peuples d'Aquitaine et de Languedoc] ces Romains furent appelés Provençaux... Il se trouve des autheurs chez lesquels Romain et Provençal, langue Romaine et
Provençale sont mesme chose); 1790-92 (J. Fr.
Féraud,
Essais de gramm. et gloss. de la lang. provençale [inédit],
cf. J. Stefanini,
op. cit., p. 181);
γ) 1823 [les prémices de l'École d'Avignon et du mouvement félibréen] adj. ([
Lou Bouquet provençaou...]
Le Bouquet provençal ou les troubadours ressuscités, Marseille); 1867
mes vers provençaux (Fr.
Mistral,
Calendau, trad. fr., Avignon, J. Roumanille, I, p. 9); 1838 subst.
en provençal (
Ozanam,
Philos. Dante, p. 69);
b) 1829 « dialecte parlé en Provence » (
J.-B. Coye [1711-77]
Œuvres... en vers provençaux, Arles, A. Mesnier); 1836 (
C. F. de Gabrielli,
Manuel du provençal ou les provençalismes corrigés à l'usage des... Bouches-du-Rhône, du Var... Aix, Aubin). Dér., à l'aide du suff.
-al*, de
Provence (
ca 1100
Roland, éd. J. Bédier, 2325 :
Provence e Equitaigne), forme sav. issue du lat.
Provincia, v.
province. Tandis qu'aux
xeet
xies. le comté et marquisat de Provence comprend sur la rive gauche du Rhône la région au sud de la Durance, Marseille y compris (a. prov.
Proensa, v.
province;
Proensal 1175-1205 subst.
Peire Vidal, éd. D'Arco Silvio Avalle (1960), XVII, 33; 1213-14 adj.
Chans. croisade, éd. E. Martin-Chabot, laisse 156, 25),
Provincia, Provincialis sont relevés dans un sens plus étendu pour désigner des terres situées sur l'une et l'autre rive du Rhône (déb.
xiies.
Albert d'Aix, IV, LVI, d'apr. P. Meyer ds
Ann. du Midi, t. 1, 1889, p. 4 :
de terra quae dicitur Provincia [en parlant du Puy-en-Velay]; 1
erquart
xiiies.
Raimond d'Aiguille ds
Hist. occid. croisades, III, 244c,
ibid. :
Omnes de Burgundia et Alvernia et Gasconia et Gothi Provinciales appellantur, ceteri vero Francigenae). Passant de la population à la langue,
provincialis et
proensal, provensal s'appliquent, parallèlement, à l'ensemble de la langue d'oc :
ca 1240
provençhal subst. « la langue d'oc »,
en vulgar provençhal (
Uc Faidit,
Donatz proensals, éd. J. H. Marschall, 1969, p. 88, 2); adj. (
ibid., p. 88, 1 :
Incipit Donatus pro[
v]
incialis; le titre
Donatz proensals étant seulement relevé dans le ms. C,
xvies.,
ibid., p. 343, append. 1). Cette accept. large se retrouve au
xixes., au moment de la Renaissance préparant la voie à l'École d'Avignon : 1823 (
Lou Bouquet provençaou vo leis troubadours revioudas, Marseille); 1852 (
Li Provençalo, Avignon (rec. coll. de divers poètes prov. publié par Roumanille).