ÉCHIQUIER, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1160
a eschaquiers « dont la surface est divisée en carreaux, comme celle d'un échiquier » (
Enéas, éd. J. J. Salverda de Grave, 742);
b) 1704 mar. (
Trév. : des vaisseaux [...]
en échiquier);
2. spéc. ds le domaine agn.
a) 1170
eschekier « trésor royal » (
Quatre livres des rois, éd. E. R. Curtius, p. 118 [1 Rois 4, 6]);
b) 1280 « cour de justice, en Normandie » (
Cart. de l'égl. de Chartr., BN 1. 10094, f
o90 r
ods
Gdf. Compl.) cour maintenue sous le nom d'
Échiquier de Normandie lors de la réunion de la Normandie au domaine par Philippe-Auguste, devenue Parlement de Rouen sous François I
er;
3. ca 1176 jeu
eschaquier (
Chr. de Troyes,
Cligès, éd. A. Micha, 2335);
4. 1806-07 fig. « champ de bataille, terrain d'affrontement » (
J. de Maistre,
Corresp., t. 2, p. 317). Dér. de
échec*; suff.
-ier*. Au sens 2,
cf. au Moy. Âge, l'utilisation, par les banquiers, de tapis quadrillés pour faire leurs comptes (mil. du
xiiies.,
Du Prestre et d'Alison ds
Fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. 2, p. 17 : Lors rue sor un
eschequier. XV. livres d'esterlins blans). Il est difficile de déterminer si l'emploi de 2 a son origine en Normandie, où le lat. médiév.
scaccarium est relevé en 1140 (Baldinger ds
Britannica, Festschrift für H. M. Flasdieck, Heidelberg, 1960, p. 18, note 16; le mot étant dans cette hyp. passé de Normandie en Angleterre) ou en Angleterre (lat. médiév.
scaccarium, 1118 ds
Nierm.;
cf. angl.
Exchequer ca 1190 ds
MED).