| ÉLEVER2, verbe trans. Assurer à un être vivant un développement continu, depuis sa naissance ou à partir d'un moment relativement proche de sa naissance, jusqu'à un certain degré d'accomplissement. A.− [L'obj. désigne un être humain] 1. [L'obj. désigne en partic. l'enfant envisagé du point de vue biol., l'enfant en bas âge; le subst. corresp. est soins (donnés)] Donner à un enfant les soins nécessaires à son développement physique. Élever à la brochette*. Deux enfants, des fœtus venus avant terme, que l'on élevait sous de la ouate (Zola,
Œuvre,1886, p. 279): 1. Tu étais si petit, à ta naissance, que le chirurgien croyait que tu ne vivrais pas. Mais je savais bien que Dieu me ferait la grâce de te conserver. Je t'élevai de mon mieux, ne ménageant ni les soins ni la dépense.
France, Les Dieux ont soif,1912, p. 22. 2. Semer le blé, cuire le pain, presser le vin, faire des enfants, les élever, travailler pour nourrir sa famille, voilà qui n'est pas du jeu, qui est vrai, qui donne un sens à la vie...
Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 157. − Emploi pronom. à sens passif. Des enfants drus, de la belle graine de solognots, qui s'élevaient sans maladies (Genevoix, Raboliot,1925, p. 228). 2. [L'obj. désigne un enfant d'âge plus avancé ou un adolescent; le subst. corresp. est éducation] Former et développer un être jeune du point de vue moral et spirituel en vue de son existence personnelle et sociale d'adulte. Être élevé dans un collège, un couvent, par/chez les jésuites. Synon. éduquer.Élever tes enfants dans la religion catholique (Renard, Journal,1902, p. 777).Il avait été élevé dans le culte de la liberté (Rolland, J. Chr.,Buisson ard., 1911, p. 1286): 3. − La comtesse mène une vie héroïque, lui dis-je [à Gobseck]. Elle s'est consacrée à l'éducation de ses enfants qu'elle a parfaitement élevés.
Balzac, Gobseck,1830, p. 436. Rem. On rencontre ds la docum. élevable, adj. Susceptible d'être élevé. Cette femme, on espère bien l'élever, la faire à soi et pour soi, mais, il se trouve souvent qu'avec un heureux instinct et de la docilité, elle n'est point élevable. Ces éducations tardives qu'on essaie de donner aux fortes races du peuple, moins malléables et plus dures, ont rarement prise sur elles (Michelet, Peuple, 1846, p. 286). B.− [L'obj. désigne un animal; le subst. corresp. est élevage] S'occuper de la reproduction, du développement et de l'entretien des animaux domestiques. Élever du bétail, des oiseaux, des poules. Il [Lambert] entreprit d'élever des vers à soie (Stendhal, H. Brulard,t. 1, 1836, p. 168).Florentin faisait pousser des dahlias et élevait des pintades (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 225). − P. anal., vieilli. [L'obj. désigne une plante, un arbre] S'occuper de la reproduction, du développement et de l'entretien d'une plante ou d'un arbre. Élever un petit rosier du Bengale (Stendhal, Amour,1822, p. 206).Les aubergines, les navets, et du cresson de fontaine, qu'il avait voulu élever dans un baquet (Flaub., Bouvard,t. 1, 1880, p. 31). Rem. 1. Bien que sous élever2se cache l'image de faire grandir, donc d'un mouvement dans le sens de la hauteur, cette image est trop peu directement perceptible pour que ses emplois se laissent grouper sous élever1. 2. Dans les 2 emplois A et B supra, le degré d'accomplissement peut être suggéré soit par l'âge inhérent au sens du mot objet (élever un enfant, un adolescent; élever des veaux, des vaches laitières) soit par un compl. circ. de temps. J'ai été élevée jusqu'à l'âge de sept ans chez ma grand'mère (Duras, Édouard, 1825, p. 135). Prononc. et Orth. : Cf. élever1. Étymol. et Hist. 1. 1remoitié xiies. « porter plus haut » [elevata est magnificentia tua super caelos] (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, VIII, 2); 2. id. esleverent li flum lur voiz [elevaverunt vocem suam] (Id., ibid., xcii, 4); 3. ca 1170 (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 6, I, I, 7 : le humble eslieve); 4. fin xiiies. « amener un enfant à son plein développement » (A. de La Halle, Roi de Sicile, éd. E. de Coussemaker, p. 285, 95). Dér. de lever*; préf. é-*. STAT. − Élever1 et 2. Fréq. abs. littér. : 11 872. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 24 149, b) 15 797; xxes. : a) 14 559, b) 12 664. |