| ÈVE, subst. fém. [P. allus. à la première femme, selon la Genèse, née d'Adam et mère du genre humain, responsable du péché originel] La femme considérée comme éternel féminin. Ah! Paulin, si j'avais de quoi payer le cens, Je connaîtrais aussi ces billets de cinq cents Qui sont les pommes de nos Èves (Banville, Odes funamb.,1859, p. 162).− Loc., péj. ♦ Fille d'Ève. Femme incarnant la tromperie ou la luxure. Cette sucrée de Foedora t'a trompé. Toutes les femmes sont filles d'Ève (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 186).Toutes les filles d'Ève qui vendaient jadis le fruit maternel sur un éventaire, et qui le débitent maintenant dans des boudoirs (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 192): Elle sourit, et, joyeuse,
Parle à son nouvel amant
Avec le chuchotement
D'une abeille dans l'yeuse.
− Prends mon âme et mes vingt ans.
Je n'aime que toi! dit-elle. −
Ô fille d'Ève éternelle,
Ô femme aux cheveux flottants,
Ton roman sans fin s'allonge;
(...).
Hugo, Chans. rues et bois,1865, p. 200. ♦ Ne connaître qqn ni d'Ève ni d'Adam (cf. Adam ex. 7). Prononc. : [ε:v]. Étymol. et Hist. 1651 subst. fém. (Pascal, Lettre à M. et MmePérier, 17 oct. ds
Œuvres, éd. L. Lafuma, p. 279b: il y a dans chaque homme un serpent, une Eve et un Adam [...] l'Eve est l'appétit concupiscible); 1704 (Trév. : a signifié aussi une femme adultere, pecheresse). Du nom de la première femme selon la Bible (ca 1135 a. fr. Evain, c. rég., Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 698), en hébr. hawwā
(transcrit Ε
υ
́
α en gr. et Heva ou Eva en lat.), qu'il faudrait rattacher au verbe hāyā
« vivre », d'apr. l'interprétation de Genèse, 3, 20 : « Adam donna à sa femme le nom d'Ève : car elle a été la mère de tous les vivants » (ḥāy « vivant »). Fréq. abs. littér. : 3. |