| ZWANZE, subst. fém. Région. (Belgique: Bruxelles). Plaisanterie, mystification souvent assez grosse, caractéristique de l'humour bruxellois. Synon. blague2.À Molenbeek, un joyeux compère, connu pour ses nombreuses zwanzes, fait creuser un puits dans sa propriété. Un matin, il s'en dégage une forte odeur de pétrole. L'homme (...) dépense mille francs à l'approfondir [le puits], puis s'aperçoit qu'il a été zwanzé par des zwanzeurs plus forts que lui! (L. Quiévreux, Bruxelles, notre capitale, Histoire, folklore, archéologie, Bruxelles, Liège, s.d. (entre 1914 et 1939), p. 273).− P. méton. Esprit de mystification, forme d'humour à la bruxelloise. [À Bruxelles] les esprits se montraient frondeurs, la « zwanze » s'exerçait audacieusement (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 421).Le Cid de Corneille, revu et corrigé par Barès et Toone, pétille de zwanze bruxelloise (Le Soir, 11-12 mars 1989, p. 10). REM. 1. Zwanzer, verbe.a) Empl. trans. Faire une blague à quelqu'un, le mystifier. V. supra ex. de L. Quiévreux.b) Empl. intrans. Faire des blagues. Sous prétexte de rigoler et de zwanzer, comme vous dites dans votre jargon belge (...) vous portez atteinte à la propriété littéraire (Brasillach,
Œuvres compl., t. 5, Léon Degrelle et l'avenir de « Rex », 1964 [1936], p. 16). 2. Zwanzeur, subst. masc.Celui qui fait des blagues. V. supra ex. de L. Quiévreux. Prononc.: [zwɑ
̃ns], [zwɑ
̃:s]. D'apr. Massion Belgic. 1987. Rob., Lar. Lang. fr., Rob. 1985, Warn. 1987 attribuent à zwanze une finale [-z], peut-être par erreur. Étymol. et Hist. 1. 1908 zwanze fém. « grosse plaisanterie, blague » (G. M. [= F. Crommelynck] ds Le Carillon (Ostende), 18 juill. ds J. Moulin, Textes inconnus et peu connus de F. Crommelynck, Bruxelles, Palais des Académies, 1974, p. 111 [réf. fournie par M. André Goosse]: nous la faire « à la zwanze »); 1926 swanze fém. (Le Miroir des sports, 7 avr., p. 214a ds Quem. DDL t. 17); 2. 1915 zwanze fém. « humour belge » (Lar. mens. t. 3, p. 440c). Mot du dial. bruxellois, d'orig. obsc. B. Wind ds Neophilologus t. 22 1937, p. 98 met ce mot en rapport avec le m. néerl. swants « traîne ou mouvement balançant ». Pour A. Goosse, zwanze est un empr. au néerl. zwans « queue; membre viril » (lui-même empr. à l'all. Schwanz « queue »), qui a pris en flam. le sens de « plaisanterie »; l'évol. sém. est comparable à celle de couillonner* et connerie*; le m. néerl. swants « mouvement de balancement » pourrait également expliquer l'évol., comme le wall. liég. bal'ter, qui signifie « ballotter » et « plaisanter, blaguer ». Zwanze est peut-être ant. à 1908: cf. zwanzer « mystifier, se moquer de » 1898 (L. Courouble, Notre langue, Bruxelles, Lacomblez, p. 24 cité par Goosse: vous voulez me zwanser); zwanzeur « blagueur » 1899 (Ecrits de James Ensor, Discours de kermesse, p. 100 [Bruxelles, éd. Sélection, 1921] ds Quem. DDL t. 34, s.v. babeliforme). |