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VÉRACITÉ, subst. fém.
A. −
1. Qualité morale de celui/celle qui ne trompe pas ou qui n'en a pas l'intention; en partic., qualité de celui/celle qui se garde de l'erreur et s'emploie à l'éviter dans ses paroles ou dans ses écrits. Synon. bonne foi*, exactitude, franchise, sincérité, véridicité.N'avoir jamais menti, n'avoir jamais dit, pour un intérêt quelconque, même indifféremment, une chose qui ne fût la vérité, la sainte vérité, c'était le trait distinctif de la sœur Simplice; c'était l'accent de sa vertu. Elle était presque célèbre dans la congrégation pour cette véracité imperturbable (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 263).La véracité, la sincérité envers soi-même, ce qu'il y a de plus contraire à la politique, voilà aujourd'hui notre pierre de touche pour reconnaître un véritable écrivain (Mauriac, Journal occup., 1941, p. 317).
2.
a) Caractère de ce qui est conforme à la vérité, à la réalité. Synon. authenticité, exactitude.M. le Procureur, − à présent, M. le Président, pourrait témoigner de la véracité de tout ce récit (Verlaine, Œuvres compl., t. 4, Prisons, 1893, p. 373).[Dans le droit anglais, dans un procès en diffamation, le prévenu] doit surtout établir la véracité entière du fait imputé, et, en cas d'échec, même partiel, la tentative faite par lui constitue une circonstance aggravante (Civilis. écr., 1939, p. 44-12).
SYNT. Affirmer, attester, compromettre, contester, contrôler, discuter, garantir, prouver, reconnaître la véracité (d'un document); être convaincu de, persuadé de, douter de, s'enquérir de la véracité (d'une nouvelle); se prononcer sur, faire des réserves sur la véracité (d'une déclaration); conclure à la véracité (d'un témoignage); critères, règles de véracité; véracité absolue, apparente, certaine, indiscutable, suspecte.
b) Souci, recherche de l'exactitude, de la fidélité au réel, notamment dans la création artistique et littéraire. J'ai fait de mon mieux. Je n'ai jamais menti. Mes bustes (...) ont certainement un mérite: la véracité. Qu'elle leur serve de beauté! (Rodin, Art, 1911, p. 192).Le livre d'Ernst Jünger sur la guerre de 14, Orages d'Acier, est incontestablement le plus beau livre de guerre que j'aie lu; d'une bonne foi, d'une véracité, d'une honnêteté parfaites (Gide, Journal, 1942, p. 147).
B. − THÉOL., PHILOS. (cartésienne). Véracité de Dieu, véracité divine. Attribut de Dieu qui ne peut ni se tromper, ni nous tromper. Bien que notre injustice fasse valoir la justice de Dieu, Dieu, en déchaînant sa colère, n'est pas injuste, car, autrement, comment jugerait-il le monde? De ce que la véracité de Dieu ressort avec éclat, pour sa gloire, du mensonge de l'homme, il n'y a pas lieu de faire le mal pour que le bien arrive (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 1020).Dieu, étant parfait, ne peut être trompeur: la véracité divine garantit notre pensée, notre méthode, notre science. Bien que limité, notre entendement connaît sans erreur ce qu'il connaît vraiment (F. Alquié, La Découverte métaphys. de l'homme chez Descartes, 1966, p. 240).
Prononc. et Orth.: [veʀasite]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1458 « qualité de ce qui exprime la vérité » (Arnoul Gréban, Passion, éd. O. Jodogne, 34332), attest. isolée; 2. de nouv. 1644 « attribut en vertu duquel Dieu ne peut ni tromper ni se tromper » (Descartes d'apr. FEW t. 14, p. 274a); 3. 1735 « attachement constant à la vérité » (Bibliothèque brit. ou Hist. des ouvrages des savants de la Grande-Bretagne, V, 196); 4. 1752 « qualité de ce qui est conforme à la vérité » (Trév.). Dér. du lat. verax, veracis « véridique » (vérace*); suff. -ité*. Fréq. abs. littér.: 126.