| VRILLE, subst. fém. A. − BOT. Organe de fixation filiforme de certaines plantes grimpantes, s'enroulant en hélice, en spirale autour d'un support. Vrilles du houblon, du liseron, des pois, de la vigne, du volubilis. Une plante grimpante, qui a des vrilles pour s'attacher aux arbres (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 95).La présence de vrilles sur le sarment (...) nous rappelle que la vigne appuie normalement sa tige à un support (Levadoux, Vigne, 1961, p. 14).V. pampre ex. de Gautier. B. − TECHNOL. Outil formé d'une tige métallique munie d'un manche et terminée par une vis, servant à percer le bois. Synon. percerette (dér. s.v. percer), tarière.Mèche d'une vrille. En deux minutes, Octave eut percé un trou de vrille à travers les planches de chêne (Verne, 500 millions, 1879, p. 222).Les serruriers du XIVeet du XVesiècles connaissaient parfaitement l'usage des vrilles servant à faire les avant-trous dans le bois (Fillon, Serrurier, 1942, p. 13). − P. compar. ou p. métaph. ♦ [À propos d'une chose qui provoque une impression de pénétration aiguë] La Fièvre tourne en moi ses plus creusantes vrilles (Rollinat, Névroses, 1883, p. 99).L'idée fixe (...), exaspérée par un mois d'ivresse, et grandissant sans cesse dans l'absolue solitude, s'enfonçait en lui à la façon d'une vrille (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Aub., 1886, p. 1084). ♦ [À propos d'yeux petits et pénétrants et, p. méton., d'un regard] Yeux perçants comme une/des vrille(s); yeux comme des trous de vrille, pareils à des trous de vrille, en trous de vrille; yeux en vrille; regard de vrille. Ses yeux minces, percés à la vrille dans la graisse de son visage, furetaient partout, revenaient sans cesse le fouiller jusqu'à l'âme (Zola, Argent, 1891, p. 144).Yeux plantés en vrille sur l'impudent (Estaunié, Tels qu'ils furent, 1927, p. 23). ♦ [À propos d'un son aigu, strident] Son perçant comme une/des vrille(s); voix en vrille; vrille d'un oiseau. Entre ses petits dents (...), siffle une voix aiguë et ferme qui s'enfonce en vrille dans l'oreille d'un tribunal (Vallès, J. Vingtras, Insurgé, 1885, p. 77).Une sonnerie, ce n'est pas un bruit comme les autres; c'est une vrille qui vous transperce soudain le corps, qui embroche vos pensées et qui arrête tout (Duhamel, Confess. min., 1920, p. 7). C. − Synon. de hélice, spirale.Mouvement de vrille; escalier en vrille; se tortiller en vrille; pendre en vrille; fumée qui monte en vrille. Des cheminées (...) s'échappaient de petites vrilles de fumée légère (Gautier, Fracasse, 1863, p. 89).Pommes (...) qui, pelées d'un seul glissement de couteaux, donnent une belle épluchure en vrille (H. Bazin, Huile sur feu, 1954, p. 306). − AVIAT. Mouvement, figure d'acrobatie d'un avion qui descend en tournant sur lui-même. Pour se mettre en vrille, il suffit de réduire les gaz, de tirer le manche en arrière, puis d'amorcer un virage (La Science et la vie, avr. 1940ds Petiot 1982).Si je réduis le moteur de gauche, je pars en vrille. Je n'aurai donc d'autre ressource que de prendre le risque de dépasser, au cours de ma descente, le régime théorique de rupture (Saint-Exup., Pilote guerre, 1942, p. 303). − GYMN. Vrille avant, arrière. Un mouvement est exécuté en vrille lorsque le corps tourne autour de son axe de longueur (Féd. Intern. de Gymnastique, Terminol., 1971ds Petiot 1982). − NATATION Plongeon du tremplin qui comporte le saut carpé, puis la torsion en se dépliant (d'apr. Petiot 1982). Prononc. et Orth.: [vʀij]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1375 technol. vrille (Bail, A. N. MM 30, fo18 vods Gdf. Compl.); p. anal. a) 1808 yeux percés avec une vrille « yeux très petits » (Hautel, s.v. yeux); 1872 yeux percés en vrille (Littré); 1874 petits yeux de vrille (A. Daudet, Fromont jeune, p. 73); b) 1879 en vrille « strident comme le bruit d'une vrille » (Id., Rois en exil, p. 107); 1920 vrille (Noailles, Forces étern., p. 126: la vrille du chant d'un oiseau); 2. a) 1551 bot. (Cotereau, Colum., IV, 14 ds Gdf. Compl.); b) 1611 arts, ici archit. vrilles (Cotgr.); 3. 1839 en vrille « en vis » (Balzac, Cabinet ant., p. 126); 1888 escalier en vrille (Verlaine,
Œuvres compl., t. 2, Amour, p. 12); 1892 vrille (Renard, Journal, p. 113: mes bretelles font vrille sur mon dos); 4. a) 1916-18 arg. des aviateurs en vrille, vrille (ds Esn. Poilu 1919, p. 545); 1918 vrille « figure de voltige aérienne » (H. Bordeaux, Le Chevalier de l'air. Vie héroïque de Guynemer, chant II, I, p. 93 ds Quem. DDL t. 16, s.v. pilotage); b) 1924 natation (Encyclop. des Sports ds Petiot 1982). Du lat. viticula « cep de vigne; tige d'une plante grimpante » (dér. de vitis « vigne ») d'où les anc. formes judéo-fr. vedile « id. » fin xies. (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 144, no1047), v. aussi G. Schlessinger, Die altfranzösischen Wörter im Machsor Vitry, p. 48, no67: vedille, xiiies.; a. fr. veïlle mil. xives. [ms.] (Martyre de Saint Baccus ds Nouv. rec. de contes, éd. A. Jubinal, t. 1, p. 255); 1542 vehille ds Gdf. Compl. (cf. l'ital. viticchio « id. » xives., Buti ds DEI) et le sens de « outil de fer à vis » 1295 veile ds Gdf. Compl., avec -r- mal expliqué, peut-être par épenthèse (S. Bugge ds Romania t. 3, p. 160), ou sous l'infl. de mots de la famille de virer* (Baist ds Z. rom. Philol. t. 24, p. 407). Fréq. abs. littér.: 134. DÉR. 1. Vrillé, -ée, adj.a) Bot. [En parlant d'une plante ou d'une partie de plante] Muni de vrilles. Tiges vrillées (Lar. 19e). V. grapillon dér. s.v. grappe1ex. de Balzac.b) Tordu plusieurs fois sur lui-même. Camisole nouée au cou par des cordons vrillés (Balzac, Pierrette, 1840, p. 7).Une bande [magnétique] vrillée se bobine mal et risque de sauter (Radio1972).c) Technol. Percé avec une vrille. Planche vrillée (Lar. 19e). P. métaph. [En parlant des yeux] Petits et pénétrants. Deux yeux vrillés et artificieux (Brissac, Souv. prison, 1880, p. 78).− [vʀije]. − 1resattest. a) bot. 1778 (Lamarck Flore fr. t. 1, p. 64: Vrillées [cirrhosa] lorsqu'elles se terminent par un ou plusieurs filets qui s'entortillent, s'accrochent aux corps voisins, et qu'on nomme vrilles), b) 1840 (Balzac, loc. cit.); de vrille, suff. -é*. 2. Vrillée, subst. fém.,bot. Synon. pop. de liseron, renouée. (Dict. xixeet xxes.).− [vʀije]. − 1reattest. 1750 (Mén.: vrillée. Herbe. C'est le volubilis des Latins); de vrille, suff. -ée*. 3. Vrillon, subst. masc.,technol. a) [Corresp. à supra B] Petite vrille. (Dict. xixeet xxes.). b) Petit copeau en forme de vrille. Elle a retiré les cotrets, les copeaux trop rugueux qui risqueraient d'écorcher Rroû, et n'a laissé que les vrillons moelleux (Genevoix, Rroû, 1931, p. 45).V. copeau ex.− [vʀijɔ
̃]. − 1reattest. 1785 (Encyclop. méthod. Arts et Métiers, p. 811); de vrille « outil », suff. -on2. BBG. − Bugge (S.). Étymol. fr. et rom. Romania. 1874, t. 3, 160. − Quem. DDL t. 16, 36. |