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VOYELLE, subst. fém.
Son musical du langage dû aux vibrations du larynx répercutées librement dans les cavités supérieures du chenal expiratoire et modifié par le volume et la forme de la cavité buccale, la position de la langue et des lèvres, le degré d'ouverture de la bouche.
A. − LING., PHONÉT. Phonème constituant à lui seul un son et n'ayant pas de trait consonantique. Synon. vx voix (v. ce mot I A 1).Système des voyelles françaises. On compte généralement en français seize voyelles (Phél.Ling.1976).Nous proposons un système phonique minimum, constitué comme suit: Voyelles: 7 voyelles orales ([a], [e], [i], [o], [y], [ø], [u]) avec 3 variantes de position (], [ɔ], [ œ ]) et le ] caduc; 4 voyelles nasales ([ɑ ̃], [ε ̃], [õ], [ œ ̃ ]) (N. Catach, L'Orth. fr., 1980, p. 37).
Voyelle cardinale (rare). V. cardinal1II C 1 b.
Triangle des voyelles. (Ds Mar. Lex. 1951, s.v. triangle). Synon. de triangle vocalique*.
I voyelle/I consonne. V. I prononc.
En compos. Semi-voyelle*.
1. [Dans des syntagmes présentant des oppos. et classant le phonème en fonction de son timbre, de son mode d'articulation, de sa durée]
Voyelle antérieure, palatale/voyelle postérieure, vélaire. Voyelle dont le point d'articulation est situé dans la partie avant de la cavité buccale (palais dur) par opposition à celle dont l'articulation est située dans la région du voile du palais. On appelle les voyelles de la série a-è-é-i voyelles palatales ou voyelles antérieures, parce que, durant leur réalisation, la langue articule dans la direction du palais dur (B. Malmberg, La Phonét., 1968, p. 38).La voyelle vélaire qui est articulée le plus en avant est ò ouvert, puis vient u et enfin ó qui est la voyelle la plus postérieure (C. Brichler-Labaeye, Les Voy. fr., 1970, p. 66).
Voyelle ouverte/voyelle fermée. Voyelle dont la prononciation demande l'ouverture ou la fermeture du canal vocal. Notons que ce sont les voyelles ouvertes: a, è, ê (o bref aussi, mais moins bien) qui sonnent le mieux dans ce registre (Potiron, Mus. église, 1945, p. 44).On peut donc dire que [i] est une voyelle fermée, antérieure et rétractée et que [u] (fr. ou) est une voyelle fermée, postérieure et arrondie. La voyelle [a] peut être dite ouverte (Martinet1967, p. 42).
Voyelle arrondie, labiale, labialisée/voyelle non arrondie. Voyelle dont la prononciation demande ou non des lèvres arrondies. Les voyelles vélaires s'articulent avec projection labiale et réduction, par arrondissement, de l'ouverture buccale (...). Toutes les voyelles ainsi affectées sont dites labialisées ou arrondies (G. Zink, Phonét. hist. du fr., 1986, p. 22).
Voyelle orale*/voyelle nasale*. Voyelle longue*/voyelle brève (v. bref1B).
Voyelle moyenne, neutre, centralisée/voyelle franche. ,,On appelle neutre (...) une voyelle de timbre mal défini, qui comporte pour les organes vocaux une position moyenne et de quasi-inertie, à laquelle peut aboutir dans des conditions déterminées une voyelle dite franche`` (Mar. Lex. 1951, s.v. neutre). Une voyelle est dite neutre lorsqu'elle n'est ni très fermée, ni très ouverte, ni franchement antérieure ou postérieure, ni rétractée, ni arrondie. La voyelle neutre se note [ ə] (...). Une voyelle dont l'articulation tend vers celle de la voyelle neutre est dite centralisée (Martinet1967, p. 43).
Voyelle tendue/lâche, relâchée. ,,Une voyelle est dite tendue et comporte une netteté particulière de prononciation lorsqu'une certaine tension des muscles de la langue donne à cet organe une forme convexe, relâchée si, cette tension faisant défaut, la langue s'aplatit, ce qui détermine un timbre plus indistinct`` (Mar. Lex. 1951).
[Dans des syntagmes qui permettent de classer le phonème selon sa place dans la syllabe, le mot] Voyelle initiale, finale.
Voyelle tonique. ,,Voyelle de la syllabe accentuée d'un mot`` (Phél. Ling. 1976). Voyelle atone*.
Voyelle accentuée. Voyelle qui porte l'accent, est prononcée plus fortement. L'élévation de la voix a porté sur la voyelle accentuée au détriment des autres syllabes du mot latin. Tandis que la voyelle accentuée persiste toujours en français (...), il n'en est pas de même des syllabes atones voisines, qui, dans certaines conditions, se sont effacées (Bourc.-Bourc.1967, p. 32).Voyelle inaccentuée*.
Voyelle libre*/voyelle entravée*.
Voyelle thématique*.
Voyelle d'appui. V. appui I B 4.
2. LITT., POÉSIE. Phonème considéré en raison de son timbre, pour sa valeur expressive. Voyelle aiguë, claire, sombre, sonore. La voyelle a est la voyelle de l'immensité (...). Dans le mot vaste, la voyelle a conserve toutes ses vertus de vocalité agrandissante (Bachelard, Poét. espace, 1957, p. 180).Nous pouvons donc distinguer des voyelles étouffées (la vélaire [u]), les nasales [ ε ̃, œ ̃, ɑ ̃] et mieux encore [ɔ ̌], des voyelles éclatantes (celles des grandes apertures, et des voyelles que nous appelons percutantes [i, y, e]) (Morier1975).
B. − Signe graphique, lettre consacrée par l'usage à la notation de ces sons. Voyelle simple, double. Nous n'avons que cinq voyelles; mais il est bien notoire que nous avons plus de cinq voix (Desttut de Tr., Idéol. 2, 1803, p. 369).J'inventai la couleur des voyelles! − A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert (Rimbaud, Saison enfer, 1873, p. 228).V. bleu ex. 1, lettre e ex. 1.
[Empl. dans l'écriture avec un signe diacritique ou en combinaison avec d'autres lettres pour noter un son simple] Les seules rimes masculines sont désormais celles que donnent les mots terminés par une voyelle nasalisée: ent, in, on, ant, oin (Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p. 224).V. supra A ex. de N. Catach.
En compos. Point-voyelle. V. point1I B 2 b.
Prononc. et Orth.: [vwajεl]. Littré: ,,vo-iè-l'; quelques-uns disent voi-iè-l'``. V. aboyer. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Av. 1483 [éd. 1501] voielle (L'Instructif de la seconde rhétorique ds Le Jardin de plaisance, éd. E. Droz et A. Piaget, t. 1, foa iiii roa). Réfection, d'apr. le genre de consonne*, de l'anc. subst. voieul « voyelle » (1310 [date du ms.] voioele fém., Brunet Latin, Trésor, éd. P. Chabaille, p. 481, var. du ms. S; ca 1320 voieul masc., Ovide moralisé, éd. C. de Boer, III, 263), également adj. « vocal » (1284, Jean de Meun, Art de chevalerie, éd. U. Robert, p. 83), qui est issu, sous l'infl. du plur. voieus, de *voiel « vocal », du lat. vocalis « qui fait entendre un son; voyelle », v. vocal. Fréq. abs. littér.: 132. Bbg. Catach (N.). L'Orth. fr. Paris, 1980, 334 p. − Deloffre (F.). Élém. de ling. fr. Paris, 1980, 104 p. − Donchue-Gaudet (M.-L.). Le Vocalisme et le consonantisme fr. Paris, 1969, 232 p. − Lombard (A.). Le Rôle des semi-voyelles et leur concurrence avec les voyelles correspondantes dans la prononc. parisienne. Lund, 1964, 45 p. − Lonchamp (Fr.). Analyse acoustique des voyelles nasales fr. Verbum. 1979, t. 2, pp. 9-54. − Malmberg (B.). Observations sur le syst. vocalique du fr. Arch. ling. 1940-41, t. 2, pp. 232-246. − Martinet (A.). Les Voyelles nasales du fr. Linguistique. Paris. 1965, t. 2, pp. 117-122. − Mrayati (M.). Et. des voyelles nasales fr. B. de l'Inst. de phonét. de Grenoble. 1975, t. 4, pp. 1-26. − Peytard (J.), Genouvrier (É.). Ling. et enseign. du fr. Paris, 1970, pp. 39-40. − Quem. DDL t. 39 (s.v. voyelle-tampon). − Rossi (M.). L'Intensité spécifique des voyelles. Phonetica. 1971, t. 24, pp. 129-161. − Straka (G.). Rem. sur les voyelles nasales... R. Ling. rom. 1955, t. 19, pp. 245-274; Syst. des voyelles du fr. mod. B. de la Fac. des Lettres de Strasbourg, 1950, t. 28, pp. 1-41, 220-233; Voyelle et consonne. B. Ling. Bucarest. 1941, t. 9, pp. 29-39. − Zink (G.). Phonét. hist. du fr. Paris, 1986, pp. 20-24, 69-74; 203-205.