| VOLIÈRE, subst. fém. A. − [Désigne soit une réalité en rapport avec des animés, soit un ensemble d'animés] Lieu ordinairement grillagé, cage où l'on nourrit et élève des oiseaux, d'une capacité assez grande pour que ceux-ci puissent y voler. − [Pour oiseaux d'agrément, tels que bengalis, linottes, chardonnerets, etc.] Il songeait à ces volières dans lesquelles on suspend parfois une petite glace scintillante, à côté de l'os de seiche sur lequel les oiseaux diaprés viennent s'affûter le bec (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 281).V. estime B 1 ex. de Coupin. − [Pour oiseaux rares, présentant un intérêt sc.] Volière d'un zoo. Mais, Allemagne, ton heure vient peu à peu. Déjà, la Bolivie a repris sa mission vétérinaire allemande, déjà la station zoologique de Naples a rappelé un directeur allemand, déjà les volières de New-York ont demandé du personnel à Hagenbeck (Giraudoux, Siegfried et Lim., 1922, p. 170). − [Pour des oiseaux destinés à l'alim. hum., tels que faisans, pigeons, etc.] On suspendit leur cage d'osier [des tourterelles] dans une volière aux grillages à demi crevés qui faisait pendant à l'orangerie, et où vivaient deux ou trois poules (Gide, Si le grain, 1924, p. 446). − P. métaph. On essaye d'approfondir certaines physionomies qui se présentent avec un relief de touche émouvant dans cette ménagerie d'ombres, cette volière de reflets. Mais on ne peut pas. On les voit, mais on ne voit rien au fond d'elles (Barbusse, Feu, 1916, p. 201). − P. méton. Ensemble d'oiseaux vivant en cage. Tournoyant comme une volière rapportée d'Amérique par les princes pour leur jardin d'Aranjuez, le carnaval dégringolait vers la gare sous les arcades de briques (Malraux, Espoir, 1937, p. 655). ♦ P. métaph. Elle est loin l'époque où nous avions les visites des Khérubs. La volière du ciel s'abattait sur vous, quand vous aviez violé la loi de Dieu (Giraudoux, Sodome, 1943, I, 1, p. 24). − P. anal. (d'activité). (Lieu où évolue un) ensemble de personnes qui souvent s'agitent en tous sens et bavardent à voix haute. Troisième leçon à la pension Prugnières. Sur cette volière de seize jeunes fillettes, il y a plusieurs beautés, charmantes à regarder (Amiel, Journal, 1866, p. 453).V. gracieuser B 1 ex. de Huysmans. ♦ Arg. Espace entièrement grillagé dans lequel sont enfermés les détenus à Paris, avant d'être transférés au Palais de justice (d'apr. Intérieur prisons, 1846, p. 33). Maison de tolérance. [Marinette] tolérait pas (...) la malhonnêteté. Dans sa volière, la mise en l'air du client n'avait pas cours (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 89).La volière cipale. La municipalité de Paris. Si les birbes de la volière cipale avaient été − ce qui est impossible à une collection d'élus − des socialos francs du collier, ils auraient arboré le drapeau noir à l'Hôtel de Ville et auraient acheté pour quinze cents balles de frusques et de miches (France1907). − ART CULIN. (Dressage) en volière. Mode de présentation des gibiers de plume, dans lequel on place, sur l'oiseau cuit et à leurs places respectives, sa tête, sa queue et ses ailes déployées (d'apr. Mont. 1967). Faisan servi en volière. Le dressage en volière, qui s'appliquait surtout aux faisans et aux bécasses, a été en vogue jusqu'aux dernières années du XIXesiècle (Mont.1967). B. − P. anal. (de forme, de fonction), SYLVIC. Bouquet d'arbres conservé dans son intégrité en bordure d'une parcelle de taillis sans futaie et souvent tout autour d'une coupe, pour protéger le sol, les jeunes pousses contre le vent, l'incendie, la dent des troupeaux, pour abriter les oiseaux et améliorer l'aspect de la forêt (d'apr. Plais. 1969). Prononc. et Orth.: [vɔljε:ʀ]. Ac. 1694, 1718: voliere ; dep. 1740: -lière. Étymol. et Hist. A. 1. a) Fin xives. « grande cage à oiseaux » (Eustache Deschamps,
Œuvres compl., éd. De Queux de Saint-Hilaire, t. 5, p. 85 [ici dans un sens fig.]); 1481 (Douët d'Arcq, Comptes de l'Hôtel des rois de France, p. 393: une volliere a oiseaulx); b) 1611 « petit colombier » (Cotgr.); 2. a) 1847 arg. « maison de tolérance » (Dict. compl. arg., p. 196); 1953 (Simonin, loc. cit.); b) 1866 « groupe de personnes qui bavardent et s'agitent » (Amiel, Journal, p. 439); 3. 1938 art culin. (Mont.-Gottschalk). B. 1930 sylvic. (Brutt. Sylvic.). Dér. de voler1*; suff. -ière (-ier*). Au sens B, mot région. du Centre (1864, Jaub.: volière, s.f. Menues cépées, négligées de place en place par les bauchetons (bûcherons) dans un taillis en exploitation). Fréq. abs. littér.: 177. Bbg. Quem. DDL t. 34. |