Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
VISAGE, subst. masc.
A. − Partie antérieure de la tête d'un être humain, limitée par les cheveux, les oreilles, le dessus du menton.
1. [Considérée en elle-même]
a) [Comme ayant des caractéristiques physiques] Synon. balle1(arg.), bille1(fam.), binette2(fam.), bobine (pop.), bouille4(pop.), face, figure, frimousse (pop.), gueule (pop., fam.), museau (fam.), poire (pop.), portrait (arg., pop.), tête, trogne1(fam.), trombine (pop.), tronche (pop.).Vous ne savez donc plus mon visage et mon nom? Maï, regardez-moi bien; car, pour moi, jeune belle, vos traits et votre nom, Maï, je me les rappelle (Brizeux, Marie, 1840, p. 65).Il ne voyait du visage que le front, les oreilles délicates et l'attache si pure des mâchoires avec l'imperceptible creux d'ombre où il eût voulu poser ses lèvres (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1452).
Rem. D'apr. Rob. 1985 appartient plutôt à la lang. littér. alors que la lang. parlée préfère figure ou tête.
SYNT. Visage asymétrique, étroit, irrégulier, régulier; visage allongé, anguleux, bouffi, émacié, étroit, fin, gras, joufflu, maigre, mince, ovale, rond, triangulaire; visage enfantin, jeune; visage basané, blafard, blême, bronzé, brun, hâlé, livide, pâle, rose, rouge, tanné; visage fané, flétri, lisse, ridé, tuméfié; visage fatigué, vieilli; visage grimé; visage d'ange, d'enfant, de femme, d'homme; beau, charmant, gracieux, joli visage; visage en pleurs, en sang, en sueur; visage de face, de profil, de trois-quarts; lignes, traits du visage; beauté d'un visage; tendre, tourner son visage vers qqc./qqn; frapper qqn au visage; cracher au visage de qqn.
Locutions
Loc. adv.
À visage découvert. V. découvert II A 1 c.Les danseurs de l'Opéra, qui paraissaient autrefois masqués sur le théâtre, se montrent aujourd'hui à visage découvert (Ac.1835, 1878).La comtesse: Oh! que je voudrais voir un bal masqué (...)! Martou (...): C'est là que madame brillerait! elle qui, à visage découvert, a de l'esprit (...), sous le masque, elle en aurait (Dumas père, Mariage sous Louis XV, 1841, ii, 7, p. 142).Au fig. Sans masque, sans chercher à dissimuler. À Vienne, j'avais à combattre des jalousies tantôt agissant à visage découvert, tantôt cachées sous le masque de l'intérêt (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 195).V. découvert II B 1 ex. de Sartre.
À plein visage (vieilli). Avec fougue. Elle le saisit [son fils] à pleins bras et l'embrassa à plein visage (Maupass., Pierre et Jean, 1888, p. 392).Au fig. À plein visage (vieilli). En face, ouvertement. Ces éloges à plein visage n'embarrassaient jamais Louis XIV: il était comme le soleil et ne s'éblouissait pas lui-même (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 11, 1854, p. 20).
Loc. verb.
Avoir bon/mauvais visage (vieilli). Avoir bonne/mauvaise mine. Vous avez bon visage et votre habit me paraît tout neuf (Musset, Lorenzaccio, 1834, I, 4, p. 107).Ma sœur Fanny a mauvais visage depuis hier et ressent des vertiges et des hauts de cœur (Amiel, Journal, 1866, p. 181).
Faire visage (vx). ,,Se tourner vers, faire face`` (Ac. Compl. 1842).
Jeter au visage (de qqn) qqc. Portez à votre lèvre le petit gant de la belle Anna, elle me le jeta au visage dans un moment de triste humeur, parce que j'avais dansé avec Julie (Janin, Âne mort, 1829, p. 213).Au fig. [Le compl. désigne des paroles] Dire à quelqu'un quelque chose de manière brutale pour le blesser ou le décontenancer. Est-ce que mon premier devoir n'est pas de faire en sorte qu'on ne puisse pas, un jour, lui jeter au visage certaines relationstout accidentelles, je sais bien,mais d'un caractère, si je puis dire, éminemment... préjudiciable? (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 599).
Expressions
Paraître/se voir comme le nez au milieu du visage, et, p. iron., cela ne se voit pas plus que le nez au milieu du visage. ,,Se dit d'une chose qui se voit beaucoup et qu'on s'efforcerait en vain de cacher`` (Ac. 1835-1935).
[P. allus. au dieu de la myth. romaine: Janus, représenté avec deux visages opposés] Montrer un visage de Janus. Au fig., littér. Montrer deux aspects différents. De tous temps, le 16 de la rue de Béarn avait montré un visage de Janus. Côté cour, deux files de lumières verticales (...) Côté place, au contraire, jamais plus d'une fenêtre éclairée par étage (Estaunié, Ascension M. Baslèvre, 1919, p. 97).
P. métaph., poét. Sur les portes d'argent, la lune au doux visage Luira comme une enfant qui baise son miroir (Noailles, Éblouiss., 1907, p. 138).
P. anal., arg. ou pop., vieilli. (Gros) visage/visage sans nez. ,,Derrière − Allusion aux rondeurs qui font office de joues`` (Larch. 1880).
b) [Comme étant le lieu où s'expriment les émotions, les sentiments, l'état d'esprit; souvent p. oppos. à masque1] Synon. physionomie.Cet enfant dont le visage rayonne d'une joie si paisible et si profonde (Dupanloup, Journal, 1871, p. 326).Alban, le visage sombre comme si le tonnerre était tombé sur sa maison (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 481).P. anal., rare. [En parlant d'un animal] Les héros, les éléphants, les tigres gardiens du temple ou qui bordent les avenues (...) ont malgré leurs massues, leurs griffes, leurs dents, un visage d'indulgence et un sourire d'accueil (Faure, Hist. art, 1912, p. 175).
SYNT. Expression(s) du visage; visage expressif, fermé, hermétique, impassible, impénétrable; visage immobile, mobile; visage attentif, bouleversé, contrit, décomposé, défait, énergique, étonné, expressif, grave, heureux, hilare, maussade, mélancolique, rayonnant, réjoui, renfrogné, rieur, serein, sévère, souriant, torturé, triste, volontaire; visage qui s'anime, s'assombrit, se décompose, se durcit, se ferme, s'illumine, se rembrunit; lire un sentiment sur un visage.
Vrai, véritable visage. Véritable caractère traduit par l'expression du visage. Sur la première marche de l'échafaud, la mort arrache le masque qu'on a porté toute la vie, et le véritable visage apparaît. Il faut en convenir, celui d'Andrea n'était pas beau à voir... Le hideux coquin! (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 510).
Montrer, révéler son vrai visage, loc. verb. [Le suj. désigne une pers.] Laisser paraître son véritable caractère, sa personnalité par relâchement involontaire du contrôle exercé sur l'expression du visage. Je n'ai jamais observé sans surprise la solennité presque religieuse du marché conclu. Le même homme, qui dissimule si bien, montre soudain son vrai visage lorsque la main de l'autre a frappé dans la sienne (Alain, Propos, 1921, p. 202).Rendre son vrai visage à qqn, loc. fig. Rendre sa personnalité à. Bizet, par le sortilège de sa musique, allait rendre à Carmen son vrai visage de fille passionnée, en faire la créature de sang et de volupté pour qui rien ne compte hormis son caprice (Dumesnil, Hist. théâtre lyr., 1953, p. 152).
Locutions
Loc. adj. inv., au fig. À deux visages, à double visage. [En parlant d'une pers.] Hypocrite, trompeur, plein de duplicité. Dans toutes les provinces de France, dans tous les villages, dans les villes, il voyait grouiller ces gens à double visage (Aymé, Uranus, 1948, p. 22).[En parlant d'un inanimé abstr.] Vérité à deux visages. Celle qui devait être une si grande reine [Catherine de Médicis] joua le rôle de servante. Elle fit ainsi l'apprentissage de cette politique à deux visages qui fut le secret de sa vie (Balzac, Cather. de Médicis, Introd., 1843, p. 37).
Loc. verb. [Le suj. désigne une pers.]
Changer de visage. Changer d'expression, pâlir ou rougir d'émotion; prendre un air différent selon les diverses occasions. Quelquefois (...) un mot suffisait pour le faire changer de visage et le jeter dans un silence embarrassant (Fromentin, Dominique, 1863, p. 23).
Composer son visage, se composer le/un visage. Lui donner un caractère qui ne correspond pas aux sentiments éprouvés. Arrivé sur les pas de sa femme, il la laissa pleurer copieusement, se composa, séance tenante, un visage non point recueilli, mais sérieux (Duhamel, Le Voyage de Patrice Périot, 1930, p. 181 ds Rob. 1985).Pour leur donner le change, j'avais marché vite, je séchais mes pleurs, je reprenais souffle, et composais mon visage (Mauriac,La Pharisienne,1941,p. 53, ds Rob. 1985).
Faire bon/mauvais visage (à qqn/qqc.). Faire bon/mauvais accueil à quelqu'un/quelque chose, en particulier lorsqu'on lui est hostile. Je résolus donc de faire bon visage au festin, selon mon devoir et mon plaisir (Villiers de L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 130).Il admira le don que possédait cet homme d'être désagréable. Il ignorait ses raisons de faire mauvais visage aux riches snobs qui venaient le gratifier de leurs visites indiscrètes (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1489).P. anal., rare, littér. [Le suj. désigne un animal] Pendant que le baudet contemple le savant, Et que le vautour fait au hibou bon visage (Hugo, Art d'être gd-père, 1877, p. 18).
Faire/offrir/montrer (un) visage de bois (à qqn) (fam.). Fermer la porte au nez de quelqu'un. P. métaph. L'oncle Lannuzel aurait voulu que les gens restassent dans leurs maisons et que l'île offrît un visage de bois aux envahisseurs, mais il s'agissait là d'une discipline inhumaine (Queffélec, Recteur, 1944, p. 202).Empl. pronom. Se faire un visage de bois (au fig., fam.). Prendre un visage fermé, mécontent. Chacun pérorait (...) empêchant les autres de l'interrompre, se faisant soudain un visage de bois quand l'un d'eux disait qu'il avait fait ceci, cela, comme si c'était une part de sa propre gloire qui lui était enlevée (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 436).
Trouver visage de bois. (au fig., fam.). Trouver porte close en allant voir quelqu'un ou ne trouver personne. Synon. trouver porte* de bois.Tu n'as donc pas vu que le khan d'en bas était abandonné? Je l'ai si bien vu, que j'y ai trouvé visage de bois (About, Roi mont., 1857, p. 63).Les Laharanne, eux, allaient à Hargouët voir les Sainte-Mary. Mais ils ont trouvé visage de bois (Toulet, J. fille verte, 1918, p. 9).[Parfois p. ell. sous la forme visage de bois] Visage de bois, personne n'ouvre quand je frappe (Arnoux, Calendr. Fl., 1946, p. 330).
2. Partie antérieure de la tête considérée comme singularisant l'être humain; p. méton., être humain caractérisé par son visage. Visage ami, familier, connu, étranger, inconnu, nouveau; visage de connaissance; mettre, placer un nom sur un visage. Quelques visages de connaissance sont passés dans la rue rapides, joyeux, insouciants. Pas un n'a levé les yeux sur mes fenêtres (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p. 281).Autour des fauteuils à coquilles dorées, impérieux et vides, se tenaient les humbles visages de malheur de toutes les guerres (Malraux, Espoir, 1937, p. 545).
Visage pâle. V. pâle A 1.
Sans visage, loc. adj. inv. Qui exécute un destin aveugle ou représente une force aveugle:
... le conflit n'en apparaîtra qu'avec une force plus dramatique entre les deux adversaires qui, dès aujourd'hui, s'affrontent sous d'autres apparences, la personne et la masse, c'est-à-dire, plus profondément, entre ce qui se soumet aux destins et ce qui leur résiste, entre les dieux sans visage et l'homme. Daniel-Rops, Ce qui meurt et ce qui naît, 1937, p. 10 ds Rob. 1985.
B. − P. anal. ou au fig.
1. Littér. Apparence, aspect que prend ou présente une chose; image.
a) Domaine concr.Le calme visage de sa terre natale lui était plus fraternel que la gigantomachie alpestre (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1435).Tout était propre, ciré, brillant. Le salon en prenait un visage d'une intensité extraordinaire comme celui d'une vieille qui porte des rides (Saint-Exup., Terre hommes, 1939, p. 181).
b) Domaine abstr.Visage de la fortune, de la justice; visages de la vérité. C'est si simple, n'est-ce pas, l'amour? Tu ne lui prêtais pas ce visage ambigu, tourmenté? (Colette, Vagab., 1910, p. 277).Ils ne comprirent plus rien à rien (...) tant le même acte montrait de visages divers, noble sous telle lumière, bas sous telle autre, cruel à la fois et généreux (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 51).Vrai visage. Ensemble des caractéristiques véritables de quelque chose, sous les apparences. Voir les choses sous leur vrai visage. La communauté de sentiments et d'intérêts aboutit à donner à la liberté son vrai visage qui est enthousiasme, union, unité (Vedel, Dr. constit., 1949, p. 224).
Loc. adj.
Subst. + à visage humain
[Le subst. désigne une notion abstr. notamment un système pol. ou écon., une instit., un organisme, une collectivité, une activité] Mesuré, modéré, à dimension humaine; qui respecte le plus possible l'individu, la personne. Un homme dynamique [Giscard], en bonne santé, décidé à promouvoir un capitalisme à visage humain (Le Nouvel Observateur, 31 mai 1976, p. 76, col. 2).La ferme française du début du XXIesiècle ne sera ni un kolkhoze aux centaines d'ouvriers ni un big business à l'américaine. Une entreprise à visage humain, restée familiale, un peu plus grande qu'aujourd'hui (Le Point, 7 nov. 1983, p. 96, col. 1).
En partic. Socialisme à visage humain. Socialisme qui tient compte de l'individu, prend en compte les aspirations individuelles. Par socialisme libéral, j'entends socialisme à visage humain. Je suis contre la bureaucratie, la centralisation (Le Sauvage, 1erjanv. 1977, p. 123, col. 1).
[Le subst. désigne une pers. qui sait humaniser une activité, une fonction réputée impersonnelle, voire inhumaine] Les mères travailleuses qui ne peuvent pas écouter France-Inter entre quinze et seize heures pourront enfin s'imprégner de la sagesse d'une psychanalyste à visage humain [Françoise Dolto] (Le Nouvel Observateur, 5 sept. 1977, p. 65, col. 3).
Subst. + à visage + adj.Propre à une idéologie, une nation ou une région, etc., (désignée par l'adjectif). Tenter de saisir comment le sionisme, utopie à visage laïque et socialiste, a pu passer du projet textuellieu par excellence où s'exerce l'utopie à une réalité historique qui clôt la fable tout en l'incarnant (Le Nouvel Observateur, 19 juill. 1980, p. 61, col. 1).Le socialisme, un socialisme à visage breton, est la vraie foi de la maison (Le Nouvel Observateur, 16 nov. 1984, p. 113, col. 2).
2. Ensemble des traits moraux caractéristiques d'une personne, d'une nation, etc. Le visage d'un pays. J'aurais voulu vous composer plus habilement les différents visages de mon illustre prédécesseur [Anatole France] (Valéry, Variété IV, 1938, p. 47).Après tout, moi-même, n'ai-je pas plusieurs visages, celui des affaires et celui de la famille, (...) celui de l'échéance et celui des rentrées? (Arnoux, Paris, 1939, p. 38).
Prononc. et Orth.: [viza:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1100 « partie antérieure de la tête de l'homme » (Roland, éd. J. Bédier, 283: vairs out les oilz e mult fier lu visage); b) 1636 expr. (J. Auvray, Banquet des muses, p. 199: il n'y paroit non plus qu'un nez en un visage); 1690 (Fur.: il y paroist comme le nez au visage); 1718 (Ac., s.v. nez: cela paroist [...] comme le nez au milieu du visage); c) α) 1580 en visage descouvert fig. « ouvertement » (Montaigne, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 545); 1651 à visage découvert (Corneille, Nicomède, Avis au lecteur, classiques Bordas, p. 31); β) 1700 à visage découvert « sans masque, sans voile » (Dangeau, Journal, éd. Soulié, Dussieux, de Chennevières, t. 7, p. 240); 2. ca 1330 faux visage « masque » (Guillaume de Digulleville, Pélerinage vie hum., éd. J. J. Stürzinger, 8373: hors en sacha Ceste boiste et [ce] fauz visage). B. 1. a) Fin xiies. expr. faire lait visage à (Moniage Guillaume, éd. W. Cloetta, 2eréd., 2620: Lors li rekigne si li fait lait visage), attest. isolée; à nouv. fin xves. faire bon/mauvais visage à (Philippe de Commynes, Mém., éd. J. Calmette, V, 4, t. 2, p. 127: il [...] luy fist très bon visaige; VII, 10, t. 3, p. 61: que tout homme luy fit mauvais visaige); b) 1388 expr. faire visage de bois (Arch. du Nord, B 1681, fo47 ds IGLF Moy. Âge: je en viens et m'y a l'on fait visage de bos); fin xves. trouver visage de bois (Jean Molinet, Chron., éd. G. Doutrepont et O. Jodogne, t. 2, p. 100: ilz trouverent visaige de boix); c) 1538 expr. changer de visage (Est.: Mutare vultum, changer de visage); 1549 (Est.: Ung homme qui change de visage quand il veult, Vertumni facies); d) 1900 expr. (Moréas, Iphigénie, I, 4, p. 31: ... cet homme soumis S'est montré tout à coup avec son vrai visage); 1927 montrer son vrai visage (Du Bos, Journal, p. 142); 2. déb. xves. « expression des traits de la face » (Christine de Pisan, Mutation de fortune, éd. S. Solente, t. 3, p. 184, 18646: a visages desconfortez). C. 1. a) 1342 (à) deux visages, pour exprimer la tromperie, la duplicité (Renart le Contrefait, éd. G. Raynaud et H. Lemaître, t. 2, p. 74, 29656: paroles qui ont deux visages); fin xives. (Froissart, Chron., éd. G. Raynaud, t. 9, p. 204: une paix à deux visages); b) 1862 le vrai visage de qqc./qqn « ce qu'il est en réalité » (Hugo, Misér., t. 2, p. 664: mon vrai visage, je l'aurais caché); 1869 (Id., Corresp., p. 217: vous avez rendu à l'Homme qui Rit son vrai visage); 1894 (France, Lys rouge, p. 50: le vrai visage de Napoléon); c) 1864 expr. sans visage « dont le véritable caractère est inconnu » (Barb. d'Aurev., Memor. pour l'A... B..., p. 424: une foule sans visage dans l'église); d) 1968 à visage humain (à propos des événements du printemps 1968 en Tchécoslovaquie) (Le Monde, 22 août, p. 1, col. 4: à Prague, un leader communiste parle de donner au socialisme « un visage humain »); 1968 (L'Aurore, 28 août, p. 6, col. 1: le socialisme au visage humain); 1971 p. ext. (M. Wandruszka, Pour une linguistique à visage humain ds Fr. mod. t. 39, p. 3) [cf. en 1904, Noailles, Visage émerv., p. 57: tout cela [les péchés, les fautes] a un visage humain]; 2. 1580 « aspect (d'une chose) » (Montaigne, op. cit., I, 38, p. 235: nostre ame [...] se la represente [la chose] par un autre visage). D. 1. a) 1560 p. méton. « la personne elle-même » (Ronsard, Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 7, p. 131, 3 [var.]: pour aimer sottement un visage trop beau); 1627 (Ch. Sorel, Le Berger extravagant, t. 1, p. 826: Combien y a t'il que vous n'avez veu ce visage? ce visage m'a voulu quereller. C'est un fort plaisant visage); b) ca 1629 expr. épouser un visage (Corneille, Mélite, I, 1, vers 110: j'espouse un visage); 2. 1855 visages pâles « les Blancs, pour les Indiens d'Amérique » (Mérimée, Mél. hist. et littér., p. 56). Dér. de l'a. fr. vis « visage » (cf. vis-à-vis); suff. -age*. Au sens D 2, cf. l'angl. pale-face (1822 ds NED). Visage a concurrencé, puis supplanté vis, usuel jusqu'au xves. (cf. vis-à-vis) et chère*, usuel jusqu'au xvies. À partir de cette époque, visage se trouve en concurrence avec face, mais l'emporte largement en fréq. sur ce dernier, jusqu'à nos jours, et ne voit son hégémonie éclipsée que temporairement au xixes. par figure, dont le sens de « visage » est apparu au xviiies. (v. Renson, pp. 664-681). Fréq. abs. littér.: 19 948. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 15 134, b) 21 854; xxes.: a) 26 759, b) 44 125.
DÉR. 1.
Visagisme, subst. masc.Art de mettre en valeur la beauté, le caractère d'un visage, par des soins, des techniques esthétiques, par l'harmonie des lignes et des couleurs entre la coiffure et le maquillage, etc. Dans sa retraite, elle apprend tout sur la diététique, dévore des traités de psychologie, s'initie au visagisme (Écho de la mode, 19 mai 1968, p. 69, col. 2). [vizaʒism̭]. 1resattest. [1936 (n. déposé par F. Aubry d'apr. Rob. Suppl. 1970)], 1956 (Le Monde, 15 nov. ds Gilb. 1971); de visage, suff. -isme*, sur le modèle de paysagisme*.
2.
Visagiste, subst. masc.Esthéticien(ne), coiffeur spécialisé(e) dans le visagisme. C'est en rencontrant un jardinier que Fernand Aubry a trouvé à enclore son ambition en un mot (...). Vous êtes horticulteur? Je suis paysagiste. (...) Et voilà Aubry courant comme un fou jusqu'à la rue du Cirque (...). On clouerait sur la porte le panonceau: « Visagiste » (Combat, 7 oct. 1960, p. 9, col. 4).Visagiste-coiffeur. Check-up Coiffure, vous assure pendant quatre heures les services d'un visagiste-coiffeur qui vous apprend à tirer le meilleur parti de vos cheveux (Elle, 9 déc. 1977, p. 148, col. 3).En appos. à valeur d'adj. Devenir esthéticienne, c'est bien, mais devenir « esthéticienne visagiste », c'est mieux (Elle, 12 sept. 1977, p. 14, col. 2).P. anal. Lorsque, par extension, des fabricants spécialisés de portes et de fenêtres s'intitulent « les visagistes de votre maison », pourquoi en serions-nous choqués? Les portes, les fenêtres ne sont-elles pas les yeux et les bouches de nos demeures, qu'elles contribuent à « personnaliser »? (Giraud-PamartNouv.1974). [vizaʒist]. 1resattest. [1936 (n. déposé par F. Aubry d'apr. Rob. Suppl. 1970)], 1937 (B. officiel de la propriété industr. t. 57, 3epart., p. 890, no272283: Fernand Aubry, « visagiste » [marque déposée le 6 avril 1937 par M. F. Aubry, 5, rue du Cirque, Paris]), 1946 (M. De Trailles ds Carrefour, 28 février, p. 8 c: les spécialistes que l'on nomme parfois « visagistes »); de visage, suff. -iste*, sur le modèle de paysagiste*. Mot créé par F. Aubry (cf. l'anecdote rapportée ds Combat, 7 oct. 1960, p. 9, col. 3 et 4).
BBG.Hemming (T. D.). Lexicology and old Fr. Mod. Lang. R. 1968, t. 63, pp. 820-821. − Mudimbe (V. Y.). Air: ét. sém. Wien, 1979, pp. 452-453. − Renson 1962, pp. 160-213; 222-223 (s.v. visagiste). − Stefenelli (A.). Der Synonymenreichtum der altfrz. Dichtersprache. Wien, 1967, pp. 114-117.