| VIS, subst. fém. A. − 1. Tige cylindrique ou conique faite d'une matière dure, présentant une saillie hélicoïdale (filet), destinée à s'enfoncer en tournant dans du bois, du métal ou dans un écrou fileté en sens inverse de la vis. Vis à bois, à métaux; vis à tête carrée, à tête plate, à tête ronde; vis à ailettes, à papillons; vis et écrou; vis en cuivre, en acier; vis inoxydable. En tâtonnant, il réussit à introduire son couteau dans la tête d'une vis (...); il lui semblait que les vis étaient d'une longueur diabolique, qu'il ne finirait jamais de les arracher (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1397). − Pas de vis. V. pas2II C 1. − P. métaph. Il lui fallait se cuirasser de ce « caractère moral », de cet orgueil, de cette dureté, de ce mépris, et des petitesses qui sont les vis et les écrous de la carapace (Rolland, Beethoven, t. 1, 1937, p. 57). − Loc. verb. fam. ♦ Serrer la vis à qqn. Tordre le cou, étrangler (d'apr. Rigaud, Arg. mod., 1881, p. 347). Au fig. Traiter sévèrement. Synon. visser.Pourrait-il croire qu'il s'est trouvé des hommes pour laisser entendre à M. le président Périvier qu'il pourrait obtenir la succession de M. Manau s'il voulait présider la Cour d'assises à la hussarde et serrer la vis à MeLabori, ainsi qu'il le lui avait proposé lui-même en une énergique métaphore? (Clemenceau, Iniquité, 1899, p. 324). ♦ (Donner) un tour de vis à qqc. Rendre plus rigoureux. Les solutions du 2 % et de la T.V.A. ayant été écartées, Pierre Mauroy se résout, la mort dans l'âme, au supertour de vis fiscal qu'aucun de ses grands ministres n'accepte d'assumer (Le Nouvel Observateur, 2 sept. 1983, p. 28, col. 3). 2. MÉCAN. Vis platinée*. 3. a) Cylindre fileté en hélice dans un dispositif simple, permettant de transformer un mouvement circulaire en mouvement rectiligne. Vis de pressoir, d'une presse à bras; tire-bouchon à vis. Elle tournait déjà sur le vieux tabouret de tapisserie dont la vis fit entendre un long gémissement (Duhamel, Combat ombres, 1939, p. 187).V. pressoir A ex. de Civilis. écr. b) Vis sans fin. V. fin1A 4 a β.Vis d'Archimède. ,,Appareil dans lequel la matière est entraînée à l'intérieur d'une auge par le moyen d'une hélice (ou d'éléments d'hélice), qui la déplace à chaque tour d'une distance sensiblement égale au pas`` (Industries 1986). Quelques tables de coupe de moissonneuses-batteuses ont aussi de grosses vis d'Archimède transversales, qui tournent en sens inverse dans un auget et qui rassemblent ainsi la récolte coupée (Lar. agric.1981). c) Vis micrométrique. Vis en acier dont le pas est très petit, la tête très large et divisée en un grand nombre de parties, ce qui permet d'apprécier une rotation même très faible et, par conséquent, un avancement infime de la vis (d'apr. Lar. encyclop.). V. micrométrique ex. 4. CONCHYLIOL. Genre de coquilles univalves turriculées. Des vis, des buccins et autres coquilles littorales (Voy. La Pérouse, t. 4, 1797, p. 136). B. − Vis ou escalier à/en vis. Escalier disposé en spirale autour d'un axe ou noyau. Synon. escalier en colimaçon*.Dans l'angle d'un caveau, la torche éclaira (...) les degrés d'un escalier en vis qui s'enfonçait sous la voûte (Feuillet, Bellah, 1850, p. 85).L'enfant (...) monta l'escalier à vis en tremblant (A. Daudet, Jack, t. 1, 1876, p. 281).Par-dessous les épaules de l'ancien colonial, des hurlements vinrent du haut de la vis de l'escalier (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 150). − Vx. Vis de Saint-Gilles. ,,Escalier circulaire dont les marches portent totalement sur une voûte rampante, qui, en même temps, le couronne`` (Noël 1968). En ce qui regarde le constructeur, il existe une grande variété de voûtes. (...) celle qui, décrivant une spirale, soutient les marches d'un escalier rond, s'appelle vis de Saint-Gilles (parce que le prieuré de Saint-Gilles, dans le Languedoc, en offrait un exemple célèbre) (Ch. Blanc, Gramm. arts dessin, 1876, p. 243). Prononc. et Orth.: [vis]. Homon. vice. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. [Fin xies. viz « pièce de métal cannelée en spirale et qu'on enfonce en la faisant tourner sur elle-même » (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 1064b)]; 2emoit. du xiiies. vis « id. » (Hahnloser, Villard de Honnecourt, p. 112); 1690 vis sans fin, vis d'Archimède (Fur.); 2. ca 1170 viz « escalier tournant » (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 123); fin xiie[ms.] viz « id. » (Gl. de l'a. fr., éd. G. Gröber, p. 48); ca 1200 degré qui n'est pas a vis « escalier à sections droites » (Jean Renart, Escoufle, éd. F. Sweetser, 1421); 1600 [éd.] escalier à vis (Olivier de Serres, Théâtre d'agriculture, p. 20). Du lat. vitis « vigne, cep, vrille de la vigne », d'où prob. en lat. pop. le sens de « vis » (cf. aussi vrille) att. dans tous les parlers gallo-rom.; le mot y est très souvent masc. et le s se prononce. La forme a. fr. viz, fr. mod. vis semble représenter un vitis devenu indéclinable. Le développement de sens « escalier tournant » est propre au gallo-rom. Vites « escaliers à vis » est att. en lat. médiév. dans la description de l'église cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle (en Espagne), dans le quatrième livre qui aurait été remanié et augm. par le poit. Aymeri Picaud de Parthenay-le-Vieux vers 1140 (v. Mortet, Rec. de textes relatifs à l'hist. de l'archit. en France au Moy. Âge, p. 405). Fréq. abs. littér.: 223. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 393, b) 341; xxes.: a) 275, b) 268. DÉR. Visserie, subst. fém.a) Entreprise qui fabrique des vis, des écrous et articles analogues. (Dict. xxes.). b) P. méton. Ensemble de ces articles; en partic., ensemble de petites vis de serrage, employé dans un assemblage. Piano (...) visserie nickelée (Catal. Gaveau, 1936).− [visri]. − 1resattest. a) 1871-72 « articles tels que vis, écrous, etc. » (Alman. Didot-Bottin, p. 642 ds Littré), b) 1904 « établissement où l'on fabrique des vis » (Nouv. Lar. ill.); de vis, suff. -erie*. BBG. − Duchart (M.). Écrous, boulons, vis. Banque Mots. 1978, no15, pp. 85-86. − Quem. DDL t. 22. |