| VILLE, subst. fém. A. − 1. Agglomération relativement importante dont les habitants ont des activités professionnelles diversifiées, notamment dans le secteur tertiaire. Synon. agglomération* urbaine, cité.Belle, nouvelle ville; ville maritime, industrielle, portuaire, touristique; ville de province; centre, cœur, faubourg, quartier de la ville; habiter la ville; habiter, travailler, vivre à la/en ville. Il lui apportait comme un présent magnifique un monde éblouissant, la magie des villes; il la délivrerait de l'accablement de la campagne glacée et des bois sombres (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 197).V. agglomération ex. 20, 21, 22, 23, 27, banlieue ex. 4, campagne ex. 1, 3. ♦ Par personnification. Poumons de la ville. Entendre la voix naturelle de la ville lointaine et bavarde, (...) comprendre le sens mystérieux de sa voix sans mots (Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], 1907, p. 56). 2. Spécialement a) HIST. (en partic. au Moy. Âge) − [En parlant d'une agglomération gén. fortifiée] Synon. cité.Enceinte, murs, portes, remparts de la ville; armoiries, blason d'une ville. Klotz avait défendu au peuple de Paris de chanter l'Internationale au Père-Lachaise, puis, pris de peur, avait permis cette démonstration dans les fossés de la ville, hors de la ville, comme si son pouvoir se fût arrêté aux murs (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 336).V. clef I B 1 ex. de Lorrain, fossé A 1 ex. de Du Camp, rempart A 1 ex. de Pourrat. ♦ Ville forte, fortifiée. Ville entourée d'une enceinte, de remparts. Anton. ville ouverte*.La partie de la vallée du Gave où réapparaissent les roches calcaires, propres à édifier châteaux et villes fortes (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 361).Le décret du 27 germinal expulsa les nobles et les étrangers de Paris et des villes fortifiées (Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 420). ♦ Tour de ville. Boulevard circulaire autour d'une ville. À Goettingen, les remparts constituent une promenade, un « tour de ville » célèbre (Brunhes, Géogr. hum.,1942, p. 104).SPECTACLES. Défilé, cavalcade, parade. La « parade » et le « tour de ville », si spectaculaires, ont pour objet principal de recruter des spectateurs (Hist. spect.,1965, p. 1528). − DROIT Ville franche. V. franc3I B.Ville affranchie. La moralité finaliste s'affirme (...) dans les villes affranchies tout particulièrement (elles sont très agitées par les luttes entre les groupes qui les constituent) (Traité sociol.,1968, p. 165).Bonne ville. Ville fortifiée, importante; en partic., ville privilégiée ayant des magistrats jurés et tenant du roi le droit de bourgeoisie avec affranchissement de la taille. Il était aussi réglé que tous les seigneurs du sang royal, les gens d'église, les nobles et les gens des bonnes villes se soumettraient, et jureraient aussi bienveillance, union et concorde (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 4, 1821-24, p. 242).Ville consulaire. ,,Commune du Midi de la France qui était administrée par un corps de consuls`` (GDEL). Ville impériale. V. impérial I A 1.Ville libre*. Ville royale. ,,Ville dont la seigneurie et la justice appartenaient au roi`` (GDEL). Ville seigneuriale. ,,Ville où le seigneur avait un droit de justice`` (GDEL). Ville hanséatique*. b) ADMIN. RELIG. Ville métropolitaine. Ville qui est une métropole, qui est le siège d'un archevêché, capitale d'une province ecclésiastique. V. métropolitain1A 1 ex. de Chateaubriand. c) ART MILIT. Ville bombardée, détruite, envahie, investie, occupée, rasée, saccagée; ville martyre; assiéger, prendre une ville; possession, siège d'une ville. Ils prêtèrent serment de (...) s'entendre avec lui pour la garde, la conservation et la défense de la ville (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 4, 1821-24p. 278). ♦ Ville ouverte*. Anton. ville forte, fortifiée (supra). ♦ Loc. fig., vieilli. Loc. verb., fam. Avoir ville gagnée. Avoir surmonté les difficultés, être maître de la situation. V. gagner II B 3 ex. de Fabre.Loc. proverbiales. Ville qui parlemente est à demi/à moitié rendue. V. parlementer.,,Villes et filles qui parlementent sont à moitié rendues; ville prise, château rendu``. (Ds Rey-Chantr. Expr. 1979). d) JEU (de dames). Un jeu qui était (...) très anciennement en usage chez les Romains était le jeu de la ville, ainsi nommé parce que toutes les combinaisons rappelaient les péripéties d'un siège et la lutte établie entre les assiégeants et les assiégés (D'Allemagne, Récr. et passe-temps, 1904, p. 51). 3. Le plus souvent dans le domaine de l'admin., de l'urban.
α) Ville + adj. ♦ Ville artificielle, créée. Anton. ville naturelle, spontanée (infra).Les villes spontanées seront pour nous celles qui ne se sont pas développées suivant un plan arrêté d'avance. Nous réserverons aux autres le nom de villes créées (P. Lavedan, Urban.,1926, p. 22). ♦ Grande ville. Agglomération urbaine importante. Au Moyen-Âge, la « grande ville » avait 10 000 habitants. Aujourd'hui, il lui faut dix fois plus pour mériter ce titre (Univers écon. et soc.,1960, p. 6-15): 1. Un centre urbain voisin de Paris ou de Londres aura des chances de rester stationnaire, à moins qu'il ne soit très voisin (...) de l'agglomération centrale, à moins qu'il ne soit précisément situé dans sa zone d'extension. La grande ville se vide même en son centre, fait qui se vérifie à Paris comme à Londres.
Brunhes, Géogr. hum.,1942, p. 222. ♦ Villes jumelles, jumelées. ,,Deux villes contiguës associées par leur économie, tout en étant distinctes. Cas des villes séparées par un fleuve`` (George 1984). ♦ Ville morte. Ville sans présence ou activité humaine. Même dans les villes mortes, la place vaste et irrégulière, faite pour les rassemblements populaires, évoque le souvenir des foules d'autrefois (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 82).En partic., mod. Ville dont toute activité commerciale, industrielle est arrêtée en signe de protestation et comme moyen de revendication. Journée ville morte. À Longwy, elle aussi « ville morte », autre climat. Il est 9 heures vendredi matin, sur la grand-place. Dans le jour gris et froid, une trentaine de jeunes militants (...), le visage dissimulé par un passe-montagne, s'attaquent à la grande porte aux barreaux de fer de l'immeuble de l'Union patronale (Le Point,19 févr. 1979, p. 32, col. 3). ♦ Ville moyenne. Les divers auteurs, du moins en Europe occidentale, parlent de ville moyenne pour une agglomération de 20 000 à 200 000 habitants, ayant des fonctions diversifiées et exerçant un certain rayonnement (CabanneGéogr.1984). ♦ Ville naturelle, spontanée. Anton. ville artificielle, créée (supra).Pour l'organisation des espaces libres, en particulier l'aménagement artistique ou utilitaire de la place publique, il n'y a plus de différence entre villes spontanées et villes artificielles (P. Lavedan, Urban.,1926p. 6). ♦ Ville neuve, nouvelle. Ensemble urbain ne résultant pas de l'extension d'une agglomération existante mais d'une création autonome dans laquelle est prévu le développement simultané des fonctions économiques et de résidence. Ville nouvelle de Cergy-Pontoise, de Marne-La-Vallée. En 1960-1961 (...), le loyer annuel d'un HLM de 3 pièces dans une ville neuve de 10 000 habitants, devrait s'établir à 500 000 anciens francs pour équilibrer l'ensemble des dépenses (Gds ensembles habit.,1963, p. 23).Jean-Pierre Fourcade veut faire dans les villes nouvelles un test de grande dimension (15 000 maisons) pour réconcilier la ville et la maison (Le Point,11 juill. 1977, p. 58, col. 1). ♦ Ville sainte. Synon. de cité* sainte.La ville sainte de Jérusalem, de Rome. La Mecque est la ville sainte des musulmans (Quillet1965). ♦ Ville tentaculaire*. ♦ Ville universitaire. Ville possédant une université. Les autres villes universitaires britanniques, Cambridge, Oxford, Édimbourg, constituèrent aussi progressivement de riches collections [de météorites] (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 369). ♦ Ville verte. Ville pourvue de nombreux espaces verts. Synon. ville-jardin, ville verdure (infra).Les agglomérations tendront à devenir des villes vertes (Le Corbusier, Chartes Ath.,1957, p. 45). ♦ La Ville éternelle*. − En partic. Partie d'une agglomération constituant une entité particulière. Synon. quartier. ♦ Ville basse. V. bas1I A 2 a.Basse(-)ville. Quartier bas d'une ville qui possède une individualité. Anton. ville haute (infra).Enragé libéral (...), Petit-Claud fut le promoteur, l'âme et le conseil secret de l'opposition de la basse-ville, opprimée par l'aristocratie de la ville haute (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 682).V. bas1ex. 15 et cité ex. 14. ♦ Ville haute. V. haut1I A 7 b.Anton. ville basse, basse(-)ville (supra). ♦ Vieille(-)ville, ville(-)vieille. Quartier le plus ancien de la ville, généralement central. Habiter, visiter la vieille ville; rénovation de la vieille ville. Statuts déposés, bureau désigné, la très officielle « Vivre en vieille ville » est née, association créée par une poignée d'habitants « constatant le besoin d'amélioration de la qualité de la vie en ville vieille » (L'Est Républicain,25 févr. 1991, p. 605, col. 5).
β) Ville + subst.[Ville, 1erélém. de compos. entrant dans la formation de subst. comp. dont le 2eélém., le plus souvent relié par un trait d'union, indique une fonction, une caractéristique de la ville ou du type d'agglomération considéré] ♦ Ville(-)capitale. Capitale. Accroître l'emprise de Chirac sur la ville-capitale n'aurait certes pas d'incidence politique sur le présent (Le Nouvel Observateur,25 févr. 1983, p. 24, col. 1).V. capitale1ex. 1. ♦ Ville(-)carrefour. Ville qui, grâce à sa situation géographique et/ou à la diversité de sa population est le point de rencontre d'éléments divers ou opposés. Jane Jacobs (...) défend (...) la ville odorante, diverse, grouillante, multiraciale, la ville carrefour (La Nef,juin 1970, p. 43 ds Quem. DDL t. 24).Paris, pour moi, c'est encore et toujours le pays des libertés, de pensée, de circulation. Plus qu'un simple lieu, qu'un point sur une carte, cette ville-carrefour ouvre sur l'univers (Le Nouvel Observateur,19 juill. 1980, p. 62, col. 2).Ville carrefour de qqc. Ville point central de quelque chose. Car Marseille est aujourd'hui la ville-carrefour du trafic de la drogue. C'est un Chicago, dans un autre genre (Le Nouvel Observateur,11 juin 1966, p. 18 ds Quem. DDL t. 24). ♦ Ville(-)centre. Anton. de ville de banlieue (infra).Nos villes-centres et leurs banlieues tendent à se développer en différenciant de plus en plus leurs deux organismes (M. Simart, inMercure de France,16 mars 1917, pp. 203-204 ds Quem. DDL t. 15). ♦ Ville(-)champignon. V. champignon B 4.Sydney a été bâtie sans nul souci d'harmonie géométrique. La conception des villes-champignons était en effet ignorée à l'époque de sir Phillip (Cottreau, Le Chartier,Indes, Extrême-Orient, Océanie,1911,p. 160, ibid.). ♦ Ville-dortoir. Synon. de cité-dortoir (v. cité II B 2 b).Une nouvelle fois, Soweto, la ville-dortoir qui abrite un million de Noirs, s'est soulevée (Le Nouvel Observateur,27 sept. 1976, p. 38, col. 4). ♦ Ville-jardin, ville-verdure. Synon. de ville verte (supra), cité-jardin.La ville-jardin de Roissy, un ensemble de 1 500 pavillons, un des plus importants réalisés en Île-de-France (L'Express,9 mai 1977, p. 174, col. 2). ♦ Ville-musée. Ville possédant de nombreux monuments historiques ou musées. Ni ville-musée ni cité-dortoir, elle [Dijon] a réussi, mieux peut-être qu'aucune ville de France, à faire coexister les vieilles pierres et l'eau chaude aux étages (L'Express,6 sept. 1980, p. 182, col. 1). ♦ Ville-phare. Ville importante au point de vue économique, etc. dans une région. La ville, c'est Lens: 40 000 habitants, la ville-phare du bassin minier, ceinturée de ses tristes cités minières en brique rouge (Le Point,31 janv. 1977, p. 40, col. 1). ♦ Ville-satellite. V. satellite II A. ♦ La Ville Lumière. Paris. C'est grâce à mes pareils que cette ville [Paris] mérite de s'appeler la ville lumière (Larbaud, F. Marquez,1911, p. 156).
γ) Ville de + subst. ♦ Ville de banlieue. Agglomération urbaine périphérique à une ville-centre plus importante. Anton. ville-centre (supra).Jusqu'en 1914, le port de Paris desservait non seulement les besoins de la ville, mais aussi ceux des villes de banlieue (Nav. intér. Fr.,1952, p. 54). ♦ Ville d'eaux. Station thermale. M. d'Orsel se rendait à une ville d'eaux, sous prétexte de promenade et de santé (Fromentin, Dominique,1863, p. 85).
δ) [Ville, 2eélém. de compos. entrant dans la formation de subst. comp. dont le 1erélém. indique une fonction, une caractéristique de la ville ou du type d'agglomération considérée] Centre-ville. Partie centrale d'une ville. Habiter le centre-ville; travailler, vivre au centre-ville. Au beau milieu de ces constellations formées de dizaines de cités satellites, les centres-villes sont obligés de financer des équipements (...) qui servent à tous. Et notamment à ces cités suburbaines qui (...) ,,profitent de la « ville centre » un peu comme le gui sur la branche`` (Le Point,11 oct. 1976, p. 96, col. 3). B. − P. méton. 1. Ensemble des habitants d'une ville. Dires, racontars de la ville; toute la ville en parle, est en émoi, en fête. Il disait comment la foudre, une seconde fois, venait d'éclater sur Paris, le 3 septembre: les espérances broyées, la ville ignorante, confiante, abattue sous cet écrasement du destin (Zola, Débâcle,1892, p. 497): 2. ... les poèmes [de Boris et d'Oleg] paraissaient le lendemain matin dans les deux journaux rivaux de la ville et toute la ville s'en gaussait car les deux poèmes étaient adressés à la même femme (...), et comme pour la politique la ville se scindait en deux, et il y avait les partisans de Boris et il y avait les partisans d'Oleg...
Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 223. − En partic., vx. [P. oppos. à la Cour, à Versailles ou à la province] Paris et la vie mondaine, sociale, intellectuelle qu'on y mène; la bourgeoisie parisienne. Quelle gloire pour une compagnie, que de donner ainsi le ton et de régner sur l'uniforme! La faveur de la ville et de la Cour, les applaudissements de la foule (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 175). 2. [P. oppos. à la campagne] Manière de vivre des habitants des villes; séjour que l'on fait en ville. Préférer la ville à la campagne; la ville énerve, fatigue. Changeant toujours de dégoûts et d'asile, Il accuse les champs, il accuse la ville; Tous deux sont innocents (Delille, Homme des champs,1800, p. 35). C. − Locutions 1. À la ville, en ville, loc. adv. a) [P. oppos. à la campagne, aux champs, au village]
α) Dans la ville, dans une ville; à l'intérieur de l'agglomération où l'on est; dans le centre, dans la partie la plus commerçante. Aller; habiter, vivre en ville; article que l'on trouve en ville; faire un tour en ville. Elle me rejoindra dans la tombe... piètre rendez-vous! J'aimerais mieux une chambre en ville (Miomandre, Écrit sur eau,1908, p. 88). ♦ Loc. proverbiales fig., vieilli. Être aux champs et à la ville (v. champ1I A). Avoir un œil aux champs et l'autre à la ville (v. champ1I A). − En partic. En ville ♦ [Gén. sous la forme de l'abrév. E.V.] Mention portée sur l'enveloppe d'une lettre quand celle-ci n'est pas adressée par la voie postale mais directement déposée par quelqu'un dans la boîte du destinataire. (Dict. xxes.). ♦ Hors de chez soi; dans un restaurant, un théâtre, chez des amis. Faire des visites en ville. Excepté quand il déjeunait en ville, il ne quittait donc jamais son lit avant onze heures (Miomandre, Écrit sur eau,1908p. 96).Le soir, ils sortent, ils sont en ville (GDEL).Dîner en ville. Dîner mondain rassemblant des personnalités littéraires ou politiques, des notables de la ville, etc. L'ambassadeur avait été habitué autrefois dans la diplomatie à considérer les dîners en ville comme faisant partie de ses fonctions, et à y déployer une grâce invétérée (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 438).Dîner en ville. Participer à un dîner mondain. Je dîne tous les soirs en ville avec des dames décolletées (...) et avec des messieurs qui rient tout le temps par politesse (Blanche, Modèles,1928, p. 42).Dîneur en ville. Personnage mondain qui participe à ce genre de dîner. Cet artiste rare [Henry James] fut avant tout un homme de salon, comme Marcel Proust, un « dîneur en ville » (Blanche, Modèles,1928p. 149).
β) Dans la ville voisine, dans celle dont on parle. Aller à la ville, en ville; vendre ses bêtes à la ville, en ville. Dans ses voyages à la ville, elle brocanterait des babioles, que M. Lheureux, à défaut d'autres, lui prendrait certainement (Flaub., MmeBovary,t. 2, 1857, p. 139). b) [P. oppos. à l'écran, à la scène; à propos d'un comédien] À la ville. Dans la vie quotidienne ou dans la vie privée. MmeX à la ville. Vedette habillée à la ville par un petit couturier de quartier (GDEL). 2. De la ville, des villes, loc. adj. [Gén. avec valeur caractérisante; en parlant d'une pers. ou de son comportement; p. oppos. à campagnard, rural, villageois] Synon. citadin.Fille, homme, personne de la ville, des villes. Je te dis que cette petite doit être flattée, qu'elle doit s'estimer heureuse de penser qu'un monsieur de la ville a jeté les yeux sur elle (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p. 215).Les jeunes filles des villes l'eussent trouvée niaise; mais elle n'était que simple et sincère, et proche de la nature, qui ignore les mots (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 192). 3. De ville, loc. adj. a) Gaz* de ville. b) [En parlant d'une chose concr.]
α) Vieilli. Pour la vie en ville. Anton. de campagne.J'ai à Milan une voiture à la fois de ville et de campagne (Napoléon ier, Lettres Joséph.,1796, p. 52).La maison de ville, comme la maison de campagne, n'avaient à se prémunir que contre le dehors (Viollet-Le-Duc, Archit.,1872, p. 272).
β) [En parlant d'un élément vestimentaire; p. oppos. à de cérémonie, de soirée, d'intérieur, de sport, de travail] Costume, habit, tenue, toilette de ville. Après avoir parcouru en chaussures de ville les allées cirées du dortoir (Billy, Introïbo,1939, p. 24). − En appos. avec valeur d'adj. inv. [Le plus souvent relié au 1erélém. par un trait d'union] Complet(-)ville. Été − la liberté, dont le premier signe est pour nous d'abandonner tous les vêtements-carcans, les vêtements-bureau, vêtements-ville qui nous briment toujours un peu (Elle,30 juill. 1979, p. 2, col. 1).Nos produits, chaussures de sport et chaussures « hommes ville » sont principalement distribués auprès des détaillants et succursalistes (Le Point,29 oct. 1984, p. 157). c) Spécialement
α) IMPR., TYPOGR. Ouvrage*, travail* de ville. Synon. de bibelot (v. ce mot C 2), bilboquet (v. ce mot B 1). Anton. labeur (v. ce mot B 1).
β) MÉD. Médecine de ville. ,,Médecine exercée par les praticiens libéraux par opposition à la médecine hospitalière ou de dispensaire`` (GDEL). Honoraire de ville. Anton. de honoraire hospitalier*, d'hôpital.L'arrêté interministériel du 5 janvier 1948 (...) a posé comme principe que les honoraires médicaux à l'hôpital seraient établis sur la base des honoraires dits de ville (Organ. hospit. Fr.,1957, p. 16). D. − Administration municipale; personne morale que constitue la municipalité. La ville et l'État; budget, emprunt de la ville; projets, travaux de la ville. Je viens du bureau des échevins, autrement dit bureau de la ville. La municipalité vous refuse votre alignement (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 250).Être chauffé par la ville; personnel de la ville (GDEL). − Vx. Corps de ville. Ensemble des magistrats municipaux. Le corps de ville fut présenté au roi (Ac.1835). − De ville, loc. adj. Hôtel* de ville ou maison* de ville (vieilli). Sergent* de ville. Tambour* de ville (vieilli). REM. 1. Villasse, subst. fém.,fam., péj., rare. Ville désagréable, mal bâtie ou peu peuplée. Crémone est une grande villasse où l'on meurt d'ennui et de chaleur (Stendhal, Journal,t. 1, 1801-02, p. 21). 2. Baise-en-ville, subst. masc.,arg., fam. ,,Petit nécessaire de voyage (sac, petite valise) qui contient ce qu'il faut pour passer la nuit hors de chez soi`` (Cellard-Rey 1980). − Avec salle de bains? me demande la dame de la réception. Il n'y a plus qu'en France qu'une telle alternative est offerte! (...) Elle me file le 12. Un groom me monte mon petit baise-en-ville avec une mine dégoûtée (San Antonio,Passez-moi la Joconde,1954,p. 130, ds Cellard-Rey 1980). Prononc. et Orth.: [vil]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xes. vile « réunion de maisons habitées, disposées par rues » ici, désigne une petite agglomération (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 18: vil' es [Betfage] desoz mont Olivet; cf. Hjerusalem qualifié de ciptad, ibid., 49 et passim); v. H. Baader ds Mél. Gamillscheg (E.) 1968, pp. 35-48; ca 1100 désigne une agglomération importante, ici Saragosse (Roland, éd. J. Bédier, 3660); spéc. 1549 habit d'homme de ville (Est., s.v. habit); 2. fin xiies. vile « propriété rurale » (Moniage Guillaume, éd. W. Cloetta, 2777) seulement a. et m. fr., v. FEW t. 14, p. 449b. Du lat. villa « maison de campagne, propriété rurale » qui prit dès les ve-vies. le sens de « groupe de maisons adossées à la villa », c'est-à-dire à peu près « village » (St Augustin et St Jérôme ds Blaise Lat. chrét.; v. FEW t. 14, pp. 451b-452a). Fréq. abs. littér.: 24 328. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 41 132, b) 41 510; xxes.: a) 29 360, b) 28 465. DÉR. 1. Villette, subst. fém.,fam., vieilli. Petite ville. Après un grand nombre de zigzags dans l'Apennin, de Narni à Terni, je suis arrivé dans cette villette par un clair de lune à neuf heures du soir (Stendhal, Corresp.,t. 2, 1825, p. 409).En partic. ,,Commune suburbaine possédant de 10 à 20 000 habitants vivant en majorité en maisons individuelles (opposé à grand ensemble)`` (Rob. 1985). ,,Ce mot, conservé dans certains noms de lieu, est remplacé dans la langue courante par petite ville`` (Lar. Lang. fr.). − [vilεt]. Att. ds Ac. 1762-1878. − 1reattest. fin xiies. vilete « petite ville » (Sermons St Bernard, éd. W. Foerster, p. 54, 24); de ville*, suff. -ette (-et*). 2. Villotte, subst. fém.a) Fam. Synon. de villette (supra).Malgré le mauvais an, le grand marché d'été a rempli la villotte. Il y a des hommes et des chars sur toutes les routes, des femmes avec des paquets, des enfants habillés de dimanche (Giono, Regain,1930, p. 184).P. méton. Ensemble des habitants d'une villotte. Toute la villotte attendait donc le fonctionnaire qui devait l'éblouir de son éloquence (La Varende, Trois. jour,1947, p. 201).b) Vx, fam. ou région. (Normandie), agric. Synon. de moyette. (Dict. xixes.; ds Lar. encyclop., Quillet 1965, Lar. Lang. fr.).− [vilɔt]. − 1reattest. 1561 (Du Pinet, Dioscoride, V, 73, éd. 1605 ds Gdf.); de ville*, suff. -otte (-ot*). 3. Vil(l)otier, -ière,(Vilotier, Villotier) subst.,vx, littér., péj. [La ville étant parfois considérée comme un lieu de débauche et de perdition; le plus souvent à propos d'une femme] Personne débauchée, libertine. Vous avez un rendez-vous ce soir. − Oui, répondit Phœbus (...). − Chez la Falourdel (...). − La vilotière du Pont Saint-Michel (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 335).− [vilɔtje], fém. [-jε:ʀ]. Rob. 1985: villotier. − 1resattest. a) au fém. ca 1260 « (femme) de mauvaise vie, de mœurs légères » (Les Quatre âges de l'homme, éd. M. de Fréville, 21, p. 14), 1462 subst. villotiere (Fr. Villon, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 1511), b) au masc.
α) fin xiiies. agn. adj. vilotir « qui s'enfuit (d'un oiseau de chasse) » (Le medicinal des oiseus, fol. 50 ds Tilander Glanures),
β) ca 1470 subst. « homme simple, naturel » (G. Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 1, p. 179),
γ) [1539 id. « coureur, débauché » sens incertain (Est.)], 1571 adj. « id. » (La Porte, Epithètes, 172, rods Hug.), 1589 subst. (Matthieu, Aman, III, p. 72, ibid.); de ville*, suff. -(ot)ier*. On ignore quel sens, de a ou de b β, est le plus anc. Le sens originel est prob. « celui qui ne reste pas sur le domaine rural auquel il appartient mais va d'un domaine à l'autre », mais c'est ensuite ville « agglomération » considérée comme lieu de vices qui a influencé le sens a. Voir FEW t. 14, p. 449b et 452 note 1. BBG. − Bruppacher (V.). Zur Geschichte der Siedlungsbezeichnungen im Galloromanischen. Vox rom. 1961, t. 20, pp. 105-160. − Chaurand (J.). Notes à propos de qq. distinctions médiév.: cité, ville et château. R. intern. Onom. 1963, t. 15, pp. 169-172; 1964, t. 16, pp. 241-243. − Quem. DDL t. 19, 24, 36, 37. |