| VIGIE, subst. fém. MARINE A. − 1. Vx. Guetteur placé en observation sur une côte, dans un bâtiment élevé ou un phare, chargé de surveiller le large et de faire des signaux. Si un voyageur inexpérimenté s'égare de quelques pas, le sable trompeur le saisit, l'aspire, l'enveloppe, l'engloutit, avant que la vigie du château et la cloche du port aient eu le temps d'envoyer le peuple à son secours (Nodier, Fée Miettes, 1831, p. 79). 2. Surveillance exercée à bord d'un navire par un matelot de veille, depuis un poste élevé (hune ou nid de pie); ce poste d'observation lui-même. Être en vigie. Le matelot de vigie cria: « Terre à bord! (...) » (Sue, Atar-Gull, 1831, p. 4).Debout à son poste de vigie, entre la mer et les étoiles, il ne tourne pas la tête vers nous, on pourrait le croire inattentif aux querelles de l'équipage (Mauriac, Bâillon dén., 1945, p. 471). − P. méton. Matelot placé en vigie. Synon. sentinelle.Une vigie était placée sur le beaupré, une autre dans le petit hunier du grand mât (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 356).Fabrizio (...) hissa une vigie dans le mât d'avant. Sa lorgnette ne quittait plus le bord de l'horizon (Gracq, Syrtes, 1951, p. 224). − P. anal. Surveillance exercée depuis un endroit élevé. On avait mis Corentine en vigie dans le sentier vert pour annoncer notre retour (Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 275).L'invalide (...) montait lui aussi reprendre (...) son service de vigie, surveiller de son observatoire l'ascension des cordées, et signaler par téléphone les disparus (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 46). 3. P. anal. a) AÉRON. ,,Partie supérieure de la tour de contrôle ou du bloc technique disposant de parois vitrées, permettant la vision directe des aéronefs évoluant sur l'aérodrome et à ses abords`` (Industries 1986). b) CH. DE FER, vx. Cabine surélevée et vitrée, installée sur un wagon en tête ou en queue de train et constituant un poste d'observation. Montant s'asseoir dans sa vigie, il donna, en arrière et en avant, selon son habitude, un coup d'œil sur la voie. Il restait là, assis dans cette guérite vitrée, toutes ses heures libres, en surveillance (Zola, Bête hum., 1890, p. 224). B. − Vx. Petit écueil isolé et à fleur d'eau dont l'existence a été signalée mais non certifiée; p. méton., balise signalant un tel écueil. Les trois Vigies ou roches situées dans le Sud-Sud-Ouest de l'île de S. Jago, une des îles du cap Vert (...) sont placées d'après la carte anglaise de l'océan Atlantique, publiée à Londres en 1777, en quatre feuilles (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. 62). Prononc. et Orth.: [viʒi]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. A. 1. 1686 « guetteur chargé, depuis la terre, de surveiller le large » à propos des colonies esp. de l'Amérique latine (De Frontignières, Hist. des avanturiers qui se sont signalez dans les Indes, p. 280 ds Arv., p. 496); 2. 1714 « matelot posté en sentinelle en haut d'un mât » (Le P. Louis Feuillée, Journal des observations physiques [...] sur les côtes Orientales de l'Amerique Meridionale, t. 1, p. 90, ibid., p. 498); p. ext. 1722 être en vigie « être en sentinelle » (P. J.-B. Labat, Nouv. voyage aux Isles de l'Amerique, t. 1, p. 219); 1872 spéc. ch. de fer (Littré). B. 1687 « rocher caché sous l'eau » à propos des Açores (Desroches, Dict. des termes propres de mar., pp. 549-550 ds Arv., p. 498). Empr., prob. par l'intermédiaire de l'esp.vigia (v. Arv., pp. 496-498), au port. vigia « guetteur » (dep. le xiiies. d'apr. Mach.; au sens 1 dep. 1508 ds Jal1), déverbal de vigiar « guetter », du lat. vigilare (cf. veiller). FEW t. 14, pp. 437b-438a. Fréq. abs. littér.: 115. |