| VERTUGADIN, subst. masc. A. − 1. HIST. DU COST. Armature arrondie, bourrelet porté aux xvieet xviies. autour de la taille pour faire bouffer la jupe au niveau des hanches et lui donner une forme de cloche. Un des plus ridicules ajustemens de la toilette des femmes d'autrefois, le vertugadin, date du 16esiècle (...). Cette parure, abandonnée pendant plus d'un siècle, reparut avec éclat sous le nom de panier (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 269).Je ne me lassais pas de la donzelle ni de sa grosse chair blonde, qu'elle revêtait de cotillons noirs épais et maintenus sur le cercle d'un vertugadin d'osier (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 351). ♦ Robe à vertugadin. Les touristes vont méditer sur la mort en regardant de près dans des cercueils de verre des fillettes en robes à vertugadin (Nizan, Conspir., 1938, p. 70). − P. méton. Jupon, robe muni(e) de cette armature. Leurs vertugadins chamarrés de galons, leurs bonnets à carcasse élevés de six toises (Gautier, Albertus, 1833, p. 137).Des présidentes à vertugadins, des petits maîtres aux bas à fourchettes d'or (E. de Goncourt, Mais. artiste, t. 2, 1881, p. 94). ♦ En vertugadin. Des infantes fardées, en vertugadins (Mérimée, Mosaïque, 1833, p. 521). 2. HIST. DU MOBILIER. (Chaise/siège à) vertugadin. Chaise, siège sans accoudoirs, utilisé(e) par les femmes portant un vertugadin. La chaise à femme qui remonte à l'époque de François Ier, commence vers le milieu du siècle à s'appeler chaise à vertugadin. Le système de bourrelets dit vertugadins donnait aux jupes une ampleur considérable et empêchait les femmes de s'asseoir sur une chaise à bras (Viaux, Meuble Fr., 1962, p. 67). B. − P. anal., HORTIC. ,,Suite de pelouses gazonnées disposées en amphithéâtre, terrasses ou glacis`` (Agric. 1977). Prononc. et Orth.: [vε
ʀtygadε
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Var. étymol. -du- (Rob. 1985). Étymol. et Hist. 1. 1604 anc. mode (La Mode qui court au temps présent, p. 6 ds Quem. DDL t. 21); spéc. 1626 chaise à vertugadin (Invent. des meubles du château de Limours ds B. archéol. du Comité des travaux hist. et sc., 1883, p. 210); 1705 p. métaph. « vieillerie démodée » (Boileau, Satire XII, 40, éd. A. Cahen, p. 210); 2. 1694 hortic. (Corneille). Dér., à l'aide du suff. -in*, de vertugade (dep. 1544, vertugadde, Arch. nat. KK 105, fol. 14 vods Gay), d'abord verdugalle (dep. 1534, Rabelais, Gargantua, chap. 44, éd. R. Calder, M. A. Screech, V.-L. Saulnier, p. 297, 17), empr. à l'esp. verdugado « id. » (dep. xvies. d'apr. Al.), dér. de verdugo « baguette (spécialement celle que l'on coupe verte) », dér. de verde (vert*); la forme verdugal(l)e est due à la dissim. des deux dentales. Voir FEW t. 14, pp. 514b-515a. Fréq. abs. littér.: 19. Bbg. Quem. DDL t. 12, 39. − Reinh. 1963, p. 66. − Schmidt 1914,122, 125. |