| * Dans l'article "VERT, VERTE,, adj. et subst. masc." VERT, VERTE, adj. et subst. masc. I. − Adjectif A. − 1. a) [En parlant d'une couleur du spectre solaire] Qui se trouve entre le bleu et le jaune; en partic., ,,qualifie des radiations lumineuses dont la longueur d'onde avoisine 0,52 μ [micron], ou des radiations complexes qui produisent sur l'œil une impression analogue`` (Uv.-Chapman 1956). Lumière, raie verte. La plaque photographique est sensible aux radiations bleues, vertes et jaunes qui l'impressionnent (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 1, 1931, p. 308).En l'absence du rouge, le spectre devrait toujours être vu vert et bleu, non jaune et bleu (à moins d'admettre (...) une fondamentale double, (...) jaune et verte au niveau de la réception périphérique (...)) (Piéron, Sensation, 1945, p. 158).Rayon vert. V. rayon1A 2 c. b) [En parlant du ciel au levant, au couchant ou de ces moments de la journée] Qui présente cette couleur. La nuit (...) sera bientôt là: le ciel est vert, les nues légères, tout à l'heure rosées, bleuissent doucement (Giono, Colline, 1929, p. 88).Un petit groupe d'hommes (...) goûtaient un soir vert et or où la chaleur commençait lentement de s'affaisser (Camus, Peste, 1947, p. 1343). 2. [En parlant d'un pigment, d'un colorant] Qui produit sur l'œil l'effet de cette couleur. Coloration, teinte verte. Ces animaux (...) en bois (...) étaient recouverts d'une peinture verte destinée peut-être à figurer du bronze (D'Allemagne, Hist. jouets, 1902, p. 60). 3. [Avec une valeur symbolique] Qui évoque notamment l'espérance. La nuit les bois sont noirs et se meurt l'espoir vert Quand meurt le jour (Apoll., Alcools, 1913, p. 102).V. espérance A 2 a ex. de Zola. B. − Domaine végét. 1. a) [En parlant de végétaux] Qui est pigmenté par la chlorophylle dans les saisons de pleine végétation surtout (printemps, été). Herbe, pelouse, verdure verte; buissons, rameaux, végétaux verts; branches, feuilles vertes. Toujours le printemps et l'automne (...). Tous les ans des arbres verts (...)! qui nous délivrera des arbres verts (...)? pourquoi les feuilles ne prendraient-elles pas tour à tour les couleurs de l'arc-en-ciel? (Borel, Champavert, 1833, p. 229).La lumière solaire (...) dont l'utilisation est assurée par un groupe de pigments spéciaux, les chlorophylles, conférant justement à ces végétaux leur couleur verte (J.-M. Pérès, Vie océan, 1966, p. 8). ♦ Algues vertes. Les Algues vertes qui, de toutes les plantes chlorophylliennes, s'accoutument le mieux à l'obscurité, peuvent se reproduire par scissiparité (...). Ainsi naissent de véritables petits jardins verdoyants (Gèze, Spéléol. sc., 1965, p. 144). − P. méton. ♦ [En parlant d'une période de temps] Qui se caractérise par une grande vitalité et abondance des végétaux chlorophylliens. Printemps vert. C'est le tiède printemps, c'est la verte saison Qui m'ont mis cette sève au cœur − ou ce poison (Augier, Gabrielle, 1850, p. 323).V. locuste ex. de Saint-John Perse. ♦ [En parlant d'une odeur] Qui est propre aux végétaux ou qui évoque leur fraîche senteur. Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants, Doux comme les hautbois, verts comme les prairies (Baudel., Fl. du Mal, 1857, p. 17).V. gai I C 1 ex. de Sartre. b) GASTR. [En parlant de légumes] Qui a la couleur des végétaux chlorophylliens. Chou vert; menthe verte. Haricot* vert. Légumes verts. V. légume I B 2.Salade verte. V. salade1A 1 rem. ♦ Thé vert. Thé immédiatement torréfié après récolte pour éviter le flétrissage, la fermentation et le noircissement des feuilles. Le thé vert se fait avec les premières feuilles de l'année; le thé noir est soumis à une légère fermentation (...); le thé vert, qui est plus excitant et aussi plus parfumé, peut en contenir [de la théine] jusqu'à 5 % (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 256). − [P. méton.] Mayonnaise, sauce verte. Mayonnaise, sauce colorée avec du jus d'épinard ou des fines herbes pilées. Le filet à la broche (...) il faut avec cela une sauce verte et force épices (Mérimée, Jacquerie, 1828, p. 138). 2. Qui a un feuillage persistant. Je n'aime point ces arbres toujours verts. Il y a quelque chose de noir dans leur verdure, de froid dans leur ombrage (...) et d'épineux dans leurs feuilles (Joubert, Pensées, t. 1, 1824, p. 337).Rosier toujours vert (...). Feuillage vert persistant (Gressent, Créat. parcs et jardins, 1891, p. 266).Chêne* vert. Plante verte. V. plante2C 3. 3. a) [En parlant d'un produit végét.] Qui n'a pas encore atteint (la couleur de) la maturité. Synon. acidulé, âcre, aigrelet, âpre, sur; anton. doux, moelleux, sucré.Pommes vertes. Nous comparons infatigablement l'orange nouvelle au fruit de l'an passé et nous sommes portés à condamner comme incongrue celle qui est encore à moitié verte et qui agace les dents (Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p. 117).On songe, la langue rêche de soif, à des citrons écorchés, à des groseilles mi-mûres, à toutes les choses acides, fraîches, vertes (Colette, Music-hall, 1913, p. 50).V. jaune I A 1 a ex. de Alain. ♦ Blé vert. Blé en herbe. Les foins blondissaient prêts à mûrir. (...) la vigne montrait ses premiers bourgeons. Les blés étaient verts (Fromentin, Dominique, 1863, p. 51).P. métaph. Dans le désert de mon âme (...), il me faut arracher (...) les mauvaises herbes (...) du scepticisme. Heureusement, vous coulez encore, ô mes larmes! Vous fécondez ce sol aride, et déjà j'y vois poindre le blé vert de l'espérance! (Coppée, Bonne souffr., 1898, p. 99). ♦ Engrais vert. Végétation herbacée récoltée avant maturité et enfouie dans le sol pour servir d'engrais. La culture d'engrais verts (...) reste (...) bénéfique sur le sol du verger. La plante cultivée comme engrais vert sera (...) choisie en fonction de la nature du terrain et enfouie par brassage avec la couche supérieure du sol (Boulay, Arboric. et prod. fruit., 1961, p. 94). ♦ Fruit vert. Un fruit vert dont nous goûtions l'amère, aigre et piquante saveur (Noailles, Nouv. espér., 1903, p. 59).Au fig. V. fruit1B 1 au fig. ♦ Raisins verts (au fig.). [P. allus. à La Fontaine, Fables III, 11, Le Renard et les raisins: Ils sont trop verts (...) et bons pour des goujats] V. renard C 2 c. b) GASTR. Qui est consommé avant maturité. V. olive ex. 2, poivron ex. de Gide.Poivre* vert. − [P. méton.; en parlant d'un vin, d'un alcool] Qui a un goût âpre dû au manque de maturité du raisin, trop riche en acide, qui n'est pas fait. Prenez de ce vin, non celui de cette carafe, celui-ci est de l'année, trop vert et il travaille (Vialar, Rendez-vous, 1952, p. 197). c) P. anal. [En parlant d'un son, d'un instrument] Qui se caractérise par un timbre aigu. Semblables aux anciens vins, les cloches s'affinent, en vieillissant; leur chant devient (...) plus souple; elles perdent leur bouquet aigrelet, leurs sons verts (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 62).Le hautbois est vert, non point parce qu'il évoque fréquemment des souvenirs champêtres, mais à cause de son espèce d'acidité de jeune fruit sauvage (Bruneau, Mus. fr., 1901, p. 20). d) Au fig. − Qui est peu avancé en âge, dépourvu de maturité; qui a la fraîcheur acide, la vivacité de la jeunesse. ♦ [En parlant d'une pers., de ses qualités physiques, intellectuelles, morales] La note chantante d'Alfred de Musset nous était (...) si chère dès le premier jour, elle nous était allée si avant au cœur dans sa fraîcheur et sa verte nouveauté (...)! (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 13, 1857, p. 364).L'amoureuse au point d'excellence de sa maturité, l'amant un peu vert et mince encore, son péché que l'âge n'a pas achevé de modeler en homme (Arnoux, Rêv. policier amat., 1945, p. 286). ♦ [En parlant d'une chose abstr.] Les chances d'avenir et de triomphe qui étaient encore vertes et séduisantes (Sand, Métella, 1834, p. 185).Vertes idylles de ta jeunesse (Arène, J. des Figues, 1870, p. 14).[En parlant d'une période de temps] Elles s'écoulent, les vertes années, dans le doute, l'amertume et le désespoir! (Vallès, Réfract., 1865, p. 105).Verte jeunesse. V. jeunesse I A 1. ♦ [P. allus. à Baudel., Fl. du Mal, 1857, p. 101: Mais le vert paradis des amours enfantines, L'innocent paradis, plein de plaisirs furtifs, Est-il déjà plus loin que l'Inde et que la Chine?] Il (...) dansa avec l'étudiante, Marat avec Chloé. La fatigue de Marat était passée. − C'est le Paradis chez toi, dit-il à Chloé: « le vert paradis des amours enfantines » (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 47). − Qui a de la crudité, qui ne s'embarrasse pas des convenances. Synon. cru2, cynique, franc3, hardi, mordant, truculent; anton. apprêté, conventionnel1, doucereux, édulcoré, fade1, retenu, voilé.Mots verts. Grâce à la frivolité de son esprit (...), il avait pu garder (...) quelques illusions. Ce n'étaient déjà plus (...) ces vives allures, ces vertes saillies, ces folles équipées qui nous égayaient autrefois (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 230).Christophe appréciait la fraîcheur acide de cette verte franchise, par contraste avec la fadeur des gens du juste milieu (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1454).Langue verte. V. langue II A 2 c. ♦ En partic. Qui est leste, gaillard, grivois. Synon. égrillard, gaulois, libre, licencieux, obscène, osé, polisson, raide, salace, scabreux; anton. chaste, décent, délicat, grave1, pudibond, pudique, réservé, sérieux.Histoires vertes. Les moines de la décadence, les moines fainéants, pansus et verts gaillards, qui firent la joie de nos pères (Feuillet, Pte ctesse, 1857, p. 13).Honoré et ses garçons montraient, dans leurs entreprises auprès des femmes, plus de hardiesse (...), leurs propos [étaient] plus verts (Aymé, Jument, 1933, p. 273).Vert-galant. V. galant rem. 1. − Qui est sévère, dur, sans ménagements. Synon. acerbe, brutal, cinglant, rude, sec, virulent; anton. indulgent.Verte réprimande. Verte semonce du président irrité de tant de cynisme (A. Daudet, Tartarin Alpes, 1885, p. 230).Charles X (...) se tourna avec dépit vers M. de Martignac et lui dit: − (...) faites-moi une réponse verte et dure et digne d'un roi de France (Hugo, Choses vues, 1885, p. 58). − Loc. fam., p. ell. En dire, en entendre, en faire, etc. des vertes (et des pas mûres). Dire, etc. des choses extraordinaires, incroyables, scandaleuses. Les blagues! (...) En avons-nous joué à nos camarades moins dégourdis, des bleues et des vertes et de toutes couleurs! (L. Daudet, Temps Judas, 1920, p. 139).Pas de louches histoires de femmes comme le fils Ragueneau (...) Il en a fait des vertes et des pas mûres (G. Dormann, Je t'apporterai des orages, 1980 [1971], p. 158).En voir des vertes et des pas mûres. V. mûr I A 1 b. 4. a) Qui a (la couleur) de la fraîcheur, qui a encore de la sève. Anton. desséché, mort2, sec.Les caroubes (...) sont des gousses (...) vertes à l'état de fraîcheur, brunes-rouges foncées quand elles sont sèches (Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog., t. 1, 1821, p. 166).Le chaume Était jaune; les champs n'avaient plus cet arome Que leur donnent en juin les fleurs et le foin vert (Gautier, Prem. poés., 1830-45, p. 146).Fourrage vert. V. fourrage1A. ♦ Bois vert. Bois qui garde de la sève. Le bois vert, gorgé de liquides, a un taux d'humidité élevé (Campredon, Bois, 1948, p. 15).Donner (à qqn) une volée de bois vert. V. bois II A 2. − GASTR. Pois* vert. On cultivait déjà des pois (...) en Égypte, mais c'étaient des pois chiches (comme au moyen âge). Les petits pois verts fins, tels que nous les connaissons, ne furent apportés d'Italie que vers 1660 (Gdes heures cuis. fr.,Éluard-Valette,1964, p. 247).Café* vert. b) P. anal. [En parlant d'un produit non végét.] Qui est fraîchement prélevé ou préparé. Ivoire* vert. Morue* verte. ♦ Cuir vert. Peau fraîche qui n'a pas encore été travaillée. Les négociants en cuirs bruts, dits cuirs verts, doivent, après avoir collecté des dépouilles de toutes catégories, les classer en lots (Gobilliard, Tannage et corroyage des cuirs et peaux, Paris, Eyrolles, 1955, p. 25). c) Au fig. [En parlant d'une pers. d'un certain âge (gén. un homme) ou de son état] Qui a conservé une étonnante vigueur physique. Synon. alerte1, dynamique, énergique, fort1, ingambe, vaillant, vigoureux; anton. anémié, débile, décrépit, faible, languissant.Être encore vert pour son âge; être demeuré/resté vert. Un ecclésiastique aussi intéressant par son grand âge et par sa belle et verte santé, que par (...) la fécondité d'une mémoire que les années n'ont point encore tarie (Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 144). 5. P. méton. a)
α) [En parlant d'un lieu] Qui est couvert de végétaux, de verdure, occupé par une importante végétation. Jardin, pré vert; prairie verte. Je découvris une longue vallée verte, fraîche et reposante. Au fond, des prairies, de l'eau courante, des saules; et sur les versants, des sapins, jusques au ciel (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Chats, 1886, p. 1062).Le château (...) domine toute la verte campagne normande. Verte et blanche et rose, quand (...) pommiers et poiriers sont en fleurs (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 144). ♦ Enfer vert. Forêt vierge. Les Pygmées (...) parviennent à vivre en harmonie avec l'un des milieux les plus hostiles de la planète: la grande forêt équatoriale (...) les Pygmées nomadisent à l'aise dans cet enfer vert (Le Monde sans visa, 15 juill. 1989, p. 13, col. 2). ♦ La verte Érin. L'Irlande. V. verdoyance rem. s.v. verdoyant ex. ♦ Loc., vx. Aller, etc. au diable (au) vert (ou au diable Vauvert). V. diable1I C 3 c γ. − En partic. [En parlant notamment d'un espace urbain] Qui renferme de nombreux parcs et jardins destinés à l'agrémentation, aux loisirs; qui concerne l'aménagement d'un territoire avec des végétaux. Cité verte. Les volumes bâtis seront intimement amalgamés aux surfaces vertes qui les entoureront. Les zones bâties et les zones plantées seront réparties en tenant compte d'un temps raisonnable pour se rendre des unes aux autres (...); les agglomérations tendront à devenir des villes vertes (Le Corbusier, Charte Ath., 1957, p. 45).La progression effective des équipements corrigée par les réglementations relatives aux zones vertes (...), protégées, qui essaient de faire observer l'équilibre entre les différentes formes d'expansion (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 360). Ceinture* verte. Espaces verts. V. espace1B 2 b α.♦ Plan vert. Notre cité, qui était déjà (...) fleurie, a lancé une nouvelle campagne pour revendiquer l'appellation de Ville Verte. Elle s'en donne les moyens, se dotant d'un Plan Vert étroitement lié à la révision du Plan d'Occupation des Sols. Parce que les arbres participent à la dépollution de la ville (...), il faut développer les zones vertes (Nancy notre ville, 3etrimestre 1990, p. 16, col. 2).
β) [En parlant d'un milieu liquide ou de l'éclairage d'un lieu] Qui présente une coloration verte par suite de la présence ou de la proximité de végétaux. Ombre verte. Un canal profond dont les eaux vertes Dorment, de nénufars et de bateaux couvertes (Gautier, Prem. poés., 1830-45, p. 151).Ce demi-jour vert où les branches immobiles laissaient couler une résille de soleil (Gracq, Syrtes, 1951, p. 75). − [P. méton.] Houille* verte. Après la « houille blanche », la « houille verte » des fleuves. Après la « houille verte », voici venir la « houille bleue », celle de la mer et des marées (Brunhes, Géogr. hum., 1942, p. 36).
γ) [En parlant d'une chose] Qui est couvert de moisissure. L'église, une des plus admirables (...), mais abandonnée, toute verte d'humidité (Green, Journal, 1957, p. 347). b) Relatif à l'agriculture, aux problèmes de l'économie, de la politique agricoles (notamment au niveau européen). Ralliement au traité des milieux agraires qui souhaitaient l'établissement d'une communauté européenne agricole baptisée à l'époque « Pool vert » (Meynaud, Groupes pression en Fr., 1958, p. 268). ♦ Énergie verte; or, pétrole vert. Source d'énergie, de richesse représentée par des végétaux, des produits de l'agriculture. Le maïs (...), c'est « un nouvel or vert » (puisque la France n'a pas d'or noir) (Le Nouvel Observateur, 4 déc. 1978, p. 102, col. 3).Si l'agriculture est le pétrole vert de la France, pourquoi avoir mené depuis vingt ans une politique qui a conduit à un repli de l'agriculture et à l'exode des campagnes? (L'Express, 19 janv. 1980, p. 114, col. 1).La France va mettre un peu d'énergie verte dans ses moteurs. Une usine pilote destinée à la production de carburant d'origine végétale va être construite à Soustons, au cœur des Landes (Le Point, 27 avr. 1981, p. 182, col. 3). ♦ Europe verte. Marché commun agricole de la Communauté économique européenne. L'« Europe verte » est en effet la principale victime du système des changes flottants puisque les prix des produits de la terre restent, eux, fixés par référence à l'or, comme il avait été décidé en 1962 (Le Nouvel Observateur, 3 janv. 1977, p. 23, col. 1). ♦ Franc vert. Franc utilisé dans le Marché commun agricole. Fixée par le gouvernement français, la parité entre l'unité de compte et le franc français (qu'on appelle « franc vert » puisqu'il n'est utilisé que pour le Marché Commun agricole) est inchangée depuis le 1erjuillet 1975 (L'Express, 13 juin 1977, p. 12, col. 2). ♦ Pouvoir vert. Force économique du monde agricole. Le pouvoir monétaire, (...) le pouvoir « vert » (...) qui peut régler la vie ou la mort lente de pays privés de ressources alimentaires de base (Réalités, janv. 1978, p. 37, col. 2). ♦ Révolution verte. Introduction et adaptation dans les pays en voie de développement des techniques agricoles des pays industrialisés en vue d'obtenir de meilleurs rendements. Le spectre de la famine les menace [les pays du quart monde]. C'est le système agronomique mondial qui est en cause. La « révolution verte » (...) reposait essentiellement sur l'emploi massif d'engrais à bon marché (L'Express, 24 mai 1976, p. 144, col. 2). c) Relatif à l'horticulture, au jardinage. La fièvre verte. C'est reparti: onze millions de jardiniers du dimanche surveillent avec angoisse les premières pousses de leurs plates-bandes (Le Nouvel Observateur, 18 avr. 1981, p. 62). ♦ Téléphone vert. Deux années d'expérience du Téléphone vert − centre d'information sur tous les problèmes de plantes et de jardin mis gratuitement chaque jour à la disposition du public − ont conduit les instances du CNIH [Comité national interprofessionnel de l'horticulture] à vouloir utiliser plus largement cet outil (L'Or vert, 1974, p. 5, col. 1).[P. méton.] Numéro vert. V. infra I D 1. ♦ Avoir les doigts/les pouces verts. Synon. avoir la main verte (v. main 1reSection I H 1 d α).La première dame des États-Unis aime les produits « nature » et a, paraît-il, les doigts verts (Femme actuelle, 3-9 avr. 1989, p. 44, col. 3). d) Relatif à des activités touristiques, culturelles, sportives pratiquées à la campagne. La Maison du tourisme vert, sur l'initiative de la Fédération nationale des gîtes ruraux de France, propose des formules de vacances à la campagne dans le but de créer des contacts entre ruraux et citadins et de favoriser le tourisme de randonnée (Le Sauvage, juill. 1976, p. 126, col. 1).Au cœur du Parc national du Mercantour, véritable oasis pour des vacances « vertes » au soleil de la Côte d'Azur, la station offre un paysage typique (Vacances pour tous, été 1990, p. 36, col. 3). ♦ Classe verte. Classe transplantée momentanément à la campagne, partageant son temps entre les études scolaires et les activités de plein air. Au début d'avril, les enfants des groupes scolaires sont partis en classe verte à Pexonne. Pendant une semaine, ils ont apprécié et découvert la vie à la ferme. (...) toutes les activités prévues ont pu être réalisées, de la découverte du travail à la ferme au plaisir de nourrir les animaux (L'Est Républicain, 4 mai 1990, p. 14, col. 4). ♦ Moto(-)verte. ,,Utilisation de la motocyclette pour des randonnées dans la campagne ou en forêt, en dehors des routes et chemins`` (Gilb. 1980). Une chance apparaît: la « moto-verte » (...), une légère cylindrée tout-terrain. Mais elle prend déjà figure de défi, ce qui la rapproche plus de l'alpinisme que du motocyclisme (Réalités, janv. 1978, p. 67, col. 2). ♦ Station verte. Localité rurale située dans un cadre naturel attrayant et qui offre des possibilités d'hébergement pour les vacanciers, qui développe des activités touristiques de plein air selon des critères officiels précis. Tout récemment a été décidée (...) la création de « stations vertes » offrant des attraits naturels (rivières, plans d'eau, promenades en forêt, etc.) et répondant à des conditions précisées par une charte (...). L'institution (...) permettra de reconnaître la vocation touristique des localités qui s'équipent pour les vacances des citadins (Jocard, Tour. et action État, 1966, p. 55). e) POL., SOCIOL. Qui concerne l'écologie, le mouvement écologique. En Alsace, (...) retentit l'indicatif de Radio-Verte-Fessenheim, une radio écologiste. On y entend parler du nucléaire ou de l'avortement, de la sédentarisation des Tsiganes ou des fermetures de classes en milieu rural (L'Express, 29 sept. 1979, p. 112, col. 2).Cette opération révèle certaines ambiguïtés du vote vert. Jusque-là, bon nombre de Français assimilaient le vote écologiste à un vote contre les politiciens. Or Lalonde, en récupérant des signatures de tout bord, (...) a pris le risque de faire éclater toutes les contradictions du monde vert (Le Point, 27 avr. 1981, p. 63, col. 3). − En partic., empl. subst. masc., gén. au plur. Les verts. Parti politique du xxes. (notamment en France, en Allemagne) qui se consacre principalement à la défense de l'environnement, de la qualité de la vie. Les « verts » (...) mettant en cause les procédés de culture et recommandant l'achat de produits biologiques, sans engrais (Chr. Collange, Je veux rentrer à la maison, 1978, p. 110).Les sciences sont (...) en prise directe sur les problèmes du quotidien. Expliquer l'effet de serre (...), c'est populariser une culture, une connaissance scientifique qui permet de donner un contre-pouvoir au public, face à la technocratie. Des partis politiques comme celui des Verts facilitent cette diffusion (Le Journal du CNRS, juill.-août 1990, p. 22, col. 1). ♦ Empl. adj. Candidat vert. Membre de ce parti. Les candidats verts sont prêts. (...) 15 % des électeurs seraient disposés à voter « vert » ainsi que 30 % des moins de 30 ans (Le Sauvage, janv. 1977, p. 19). C. − Qui présente naturellement la couleur du prisme solaire située entre le bleu et le jaune. 1. [En parlant de l'aspect extérieur d'un animal, de sa peau, de son pelage, de son plumage] Pic-vert; libellule verte. Des serpens verds, des hérons bleus, des flammans roses (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 174).Une grosse sauterelle verte (...) tomba (...). Ses ailes fines aux nervures délicates comme de tendres feuilles n'étaient pas encore refermées (Pergaud, De Goupil, 1910, p. 157).V. grenouille ex. 1, lézard ex. de Zool., t. 4, 1974, p. 283 [Encyclop. de la Pléiade], mouche ex. 2.Col(-)vert*. ♦ Huître verte. Huître qui a subi l'opération du verdissement. (Dict. xixeet xxes.). ♦ Singe vert. ,,Cercopithèque nommé ainsi en raison de son pelage verdâtre`` (Quillet Suppl. 1971). Singes rouges à favoris (...) petits singes verts à figure noire (Tharaud, Randonnée Samba Diouf, 1922, p. 253). − Au fig., arg. [P. réf. au maquereau] Dos vert. V. dos I A.Jadis on l'avait vu (...) Vivre pendant trente ans de marmite en marmite. Plus d'un des jeunes dos, et des plus verts, l'imite (Richepin, Chans. gueux, 1876, p. 141). 2. [En parlant d'un minéral] Marbre, minéral vert; argile, pierre verte. Avec les flux, perle verte par combinaison de la couleur bleue du cuivre et de la teinte jaune du fer (Lapparent, Minér., 1899, p. 597).Une couleur livide descendue des schistes verts de la muraille (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 254). ♦ Roche verte. Roche métamorphique généralement de couleur verte, roche issue d'éruptions sous-marines (ophiolites) ou roche volcanique basique dont la coloration verte résulte d'une altération particulière (serpentines) (d'apr. George 1984). − ALCHIM. Lion vert. V. lion I B 3. D. − Qui présente naturellement la couleur du prisme solaire située entre le bleu et le jaune ou qui est teint dans ce ton. 1. [En parlant d'une chose] Châle, chapeau, drap, manteau, papier, rideau, ruban, taffetas, uniforme, velours, voile vert; liqueur, porte, redingote, robe, soie, toile verte; carreaux, cartons, volets verts. La mer (...) bleue et verte au large, et étincelante de diamants mobiles; jaune et terne à l'endroit où les eaux du fleuve luttaient avec ses vagues (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 82).Une belle étoffe qui ressemblait à une forêt: de belles fleurs jaunes et rouges sur un fond vert comme la brousse à la saison des pluies (Mille, Barnavaux, 1908, p. 210).Bonnet* vert. ♦ Lunettes vertes. Lunettes aux verres teintés pour protéger la vue. L'hypocrisie de ses yeux bleus est doublée de l'hypocrisie d'une paire de lunettes vertes (Goncourt, Journal, 1860, p. 754). ♦ Tapis vert. V. tapis A 3 a et b. − Arg., fam. Fée verte ♦ Absinthe. Synon. dame verte (v. dame1I C 2), muse verte (v. muse1C 2).Le temps [la IIIeRépublique] (...) où la « fée verte » entre en littérature, où Verlaine fait du breuvage sa drogue quotidienne au café François Ier(...), où Van Gogh, Degas, Maupassant, Toulouse-Lautrec, Apollinaire lui sont fidèles (Le Monde, 28 juill. 1987, p. 2, col. 2).Empl. subst. fém. (Verre d')absinthe. La bouteille d'absinthe est vide aux trois quarts. − Tu bois un coup de verte (...)? (L. Gardel, Fort Saganne, Paris, 1980, p. 22).V. purée B 1 b α ex. de Courteline. . Haschisch (d'apr. Sandry-Carr. Drogue 1983). − [Avec une valeur symbolique de nature, d'immortalité, de liberté, etc.] ♦ Feu, signal vert. Feu, signal de circulation indiquant que la voie est libre. Un conducteur de train rentrait du service, fanal en main; le balancement de son bras éclipsait tantôt le feu vert, tantôt le feu rouge (Hamp, Champagne, 1909, p. 80).La perception d'un signal vert, orange ou rouge par le conducteur d'une voiture commande des actes propres à chaque signal sans que la couleur verte soit décomposée en jaune et bleu par la mentalité du conducteur (Couffignal, Mach. penser, 1964, p. 88).Empl. subst. masc., en loc. Être, passer au vert. Avoir, donner la possibilité de circuler. Le feu au carrefour est rouge. Il ne remet le véhicule en marche que lorsque le feu passe au vert (Ruyer, Cybern., 1954, p. 40).Traverser au vert. Circuler lorsque le feu indique que la voie est libre. Plantin prit à droite la rue Rambuteau, traversa le Sébastopol au vert et au galop (Fallet, Paris au mois d'août, 1982 [1964], p. 33).Au fig. Donner le feu vert. V. feu1II A 2.Onde verte. Système informatisé régulant la circulation de façon à permettre aux automobilistes de franchir à vitesse constante le maximum de feux verts sur une voie donnée. La mission principale de ce système centralisé de régulation est de commander les feux de 60 carrefours du centre de la ville (...) [en permettant] de choisir parmi des plans de feux (...) ceux qui seront les mieux adaptés aux situations locales du moment, tout en conservant (...) les caractéristiques d'« ondes vertes » déjà existantes sur certains axes (Mesures, janv.-févr. 1975, p. 7 ds Clé Mots). ♦ Habit vert, habit à palmes vertes/brodé de palmes vertes. V. habit B 2 c.Déroulède me dit la belle satisfaction que serait pour lui l'Académie. Elle le « reclasserait ». « (...) Avec mon habit vert, je puis être appelé (...) à recevoir des injures » (Barrès, Cahiers, t. 5, 1907, p. 230).V. palme1B 2 b ex. de Coppée. ♦ Numéro vert. Numéro de téléphone gratuit mis à la disposition des clients par des établissements commerciaux (notamment pour leur permettre de passer commande en raccourcissant les délais) (d'apr. Brochure France Telecom, 1990, p. 41). Le Numéro vert est l'outil le plus performant pour favoriser le retour d'appels. Les avantages du Numéro vert: mieux connaître les besoins de vos clients (...), développer vos commandes (...), enfin, améliorer votre image (Brochure France Telecom, 1990,p. 41). ♦ Ruban vert. Décoration du Mérite agricole. Tout ruban (...) peut remonter le moral, peu importe la couleur: vert comme le « poireau », violet comme les Palmes (Chr. Collange, Je veux rentrer à la maison, 1978, p. 20). 2. a) [En parlant d'un aspect d'une pers.] Florize, dont les yeux minces et verts, pareils aux feuilles de saule, l'inquiétaient (Toulet, Demois. La Mortagne, 1920, p. 71). − [P. méton.; en parlant d'une pers.] Qui est habillé avec des vêtements verts. Le musicien fut d'abord reçu par un laquais bleu, qui le présenta à un laquais vert, qui le repassa à un laquais noir (Murger, Scène vie boh., 1851, p. 191). ♦ Les bérets verts. Troupe d'élite dans divers pays; en partic., ,,membres des unités américaines spécialisées dans la contre-guérilla`` (GDEL). Robert Moore raconte, en changeant les noms de personnes et de lieux, la vie des « forces spéciales », des « bérets verts », entraînés aux coups de main et aux infiltrations en territoire étranger. Le « béret vert » étale son mépris pour son homologue des forces spéciales vietnamiennes (Le Monde, 2 mars 1966, p. 2, col. 2-3). ♦ Les hommes verts ou, p. ell., les verts. Soldats allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Synon. vert(-)de (-)gris (v. ce mot B 3).Nos contacts avec les « Verts » se limitaient au strict minimum: le matin et le soir, un appel (...). Pour le reste, le feldwebel (...) se tenait enfermé dans son bureau (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 307).Ces bons garçons moutonniers (...) étaient prêts à suivre leurs gardiens jusqu'au bout, en attendant le jour où des hommes kakis les prendraient en charge à la place des hommes verts. (...) en juin 40 nous avions été un certain nombre (...) à refuser la honte d'être livrés aux Allemands en rangs par quatre (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 365). ♦ Fam. Les petits hommes verts. Martiens, extraterrestres. Les soucoupes volantes ont refait surface (...) mais personne n'a pu serrer la main des petits hommes verts. (...) ces engins (...) étaient pilotés par des Martiens en villégiature sur les rivages terrestres. Nourrie de palpitants récits de science-fiction, l'imagination populaire se plaisait même à les doter d'une enveloppe charnelle de petits hommes verts (L'Est Républicain, 2 mai 1990, p. 19, col. 3). b) [En parlant d'une pers., de son visage] Qui a perdu sa carnation habituelle pour prendre une grande pâleur, nuancée d'un ton entre le bleu et le jaune, sous l'effet du froid, de la dégradation physique, de l'émotion, des sentiments négatifs. Synon. blafard, livide, pâle, plombé.Vert d'envie, de rage; noyé vert; figure verte. Les petites infantes n'étaient pas des êtres éteints, des visages verts et maussades, des martyres enfermées en des robes d'apparat (...). Il suivait sur leurs faces blêmes tous les reflets du monde pitoyable (Faure, Hist. art, 1921, p. 77).Les pauvres petits étaient à la fois ravis et dévastés, tour à tour roses d'émotion et verts de peur (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 275). − Pop., fam. Être vert. Être pâle de déception, subir une grave déconvenue, tromperie. Les Boches nous foutent la paix, il faut qu'ils les emm... Total, ils bombardent le patelin et c'est nous qui serons encore verts (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 107). Rem. 1. Dans ses différentes accept., vert adj. s'associe parfois (avec ou sans trait d'union) à un autre adj. de couleur substantivé pour indiquer une couleur intermédiaire. Bleu vert, gris vert, jaune vert, or vert. Le soleil venait de disparaître, et des rayons (...) partaient du point où il était tombé (...). Ils n'étaient que des traînées obliques d'un rose vert (Psichari, Voy. centur., 1914, p. 160). 2. L'assoc. de vert avec un autre adj. préposé reste gén. inv. mais l'accord avec le subst. fém. précédent s'observe qqf. : On prescrivait l'huile d'olives et la cire jaune. (...) l'onguent obtenu a une couleur jaune verte sale (Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog., t. 2, 1821, p. 560). II. − Subst. masc. A. − 1. ,,Tonalité correspondant à la bande spectrale qui est comprise entre les bleus et les jaunes (entre 500 et 570 nm [nanomètres] environ)`` (Mill. Vision 1981). En traversant l'atmosphère terrestre, le rayon du soleil s'imprègne des trois couleurs (...) primitives (...): le rouge, le jaune et le bleu ; puis, du mélange de ces couleurs primordiales naissent (...) les trois couleurs secondes et composites, l'orangé, le vert et le violet (Ch. Blanc, Gramm. arts dessin, 1876, p. 24): 1. ... vert [it. ds le texte] (...). Phosphorescence qui suggère à la fois un ver luisant, un signal de chemin de fer et l'étoile Absinthe. (...) je mets à l'adjudication le mot Vert [it. ds le texte]! que chacun pousse l'enchère avec les idées qui lui paraissent s'y rapporter. (...) Vert chou, vert salade, herbe, feuilles, légumes (...). Le végétal, quelque chose de vireux qui du fond de sa nativité arrive lentement à la couleur. (...) Vert espérance, vert lumière, le bleu à travers le jaune, et le jaune à travers le bleu. (...) Vert mer, gros vert, vert en bouteille. La vitre. Quelque chose à la fois d'opaque et de transparent (...) Vert paon, ce qui chatoie et joue.
Claudel, Convers. Loir-et-Cher, 1935, p. 66. − [À propos du ciel au levant ou au couchant] La lune (...) s'évanouit dans l'azur du ciel, qui blanchit et prend une teinte d'un vert insensible dans le point où le soleil va se montrer (Chênedollé, Journal, 1809, p. 46). 2. Matière colorante, pigment présentant cette tonalité. Vert acide, brillant, clair, cru, foncé, frais, glauque, sombre, tendre, vif; beau vert; colorer, peindre, teindre en vert; teinté de vert. La coque (...) était peinte en vert, d'un vert agressif de jeune pousse (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 645).Comment voyez-vous cet arbre, avait dit Gauguin (...): il est vert? Mettez donc du vert, le plus beau vert de votre palette (Dorival, Peintres XXes., 1957, p. 11).Vert anglais. V. anglais I A.Vert malachite*. Vert (-)véronèse. V. véronèse.Vert de cobalt*. Vert de vessie*. ♦ Vert émeraude. Oxyde de chrome hydraté, très résistant, utilisé en peinture, teinture. On emploie toutes couleurs solides à base de fer (...), le vert émeraude, le vert de cobalt (Arts et litt., 1935, p. 30-5). ♦ Vert Victoria. ,,Vert de chrome`` (Delorme 1962). On a utilisé ses précieuses propriétés [du vert émeraude] pour le faire servir de base à une couleur préparée en Allemagne sous le nom de vert victoria : c'est un mélange de vert émeraude et de jaune de zinc (Coffignier, Manuel peintre, 1925, p. 152). ♦ Vert wagon. ,,Vert anglais additionné de noir`` (Barb.-Cad. 1963). Les verts à voitures (...), verts wagon, etc., ne diffèrent des verts anglais que par la nature de la charge (Coffignier, op. cit., p. 447). ♦ Vert de chrome. ,,Mélange (...) de jaune de chrome et de bleu de Prusse, avec ou sans charge de sulfate de baryte; pigment pour celluloïd (...), peintures`` (Delorme 1962). Préparer, avec du bleu de Paris et du jaune de chrome, (sans mélange terreux), une belle couleur verte (...) dite vert de chrome (Manuel du fabricant de couleurs, t. 2, 1884, p. 34).Vert oxyde de chrome. ,,Pigment à base d'oxyde (...) de chrome anhydre ou hydraté. (...) Le vert oxyde de chrome anhydre est vert foncé; le vert oxyde de chrome hydraté est vert pâle`` (Peint. 1978). Voir Coffignier, Coul. et peint., 1924, p. 456. ♦ Vert de Scheele. ,,Précipité d'un vert vif, qui se compose probablement d'arsénite cuivrique (...). Employé comme pigment`` (Uv.-Chapman 1956). Parmi les fabrications dangereuses, (...) la fabrication de l'acide arsénique, du vert de Scheele (arsénite de cuivre), dont le danger est la manipulation de l'acide arsénieux; et surtout du vert de Schweinfurt, obtenu par le mélange d'une solution bouillante d'acétate de cuivre et d'acide arsénieux (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 318).Vert de Schweinfurt(h). ,,Mélange précipité d'acétate et d'arsénite de cuivre. Employé comme pigment en peinture, prohibé dans certains pays en raison de sa toxicité`` (Uv.-Chapman 1956). V. supra ex. de Macaigne. ♦ Vert de zinc. ,,Mélange de jaune de zinc et de bleu de Prusse`` (Barb.-Cad. 1963). Le ton local chaud pour la chair à côté de laque et vermillon: jaune de zinc, vert de zinc (Delacroix, Journal, 1856, p. 446). − BIOL., MÉD. Vert malachite, vert de méthyle. Matière colorante présentant cette tonalité et qui est utilisée pour colorer diverses préparations ou en thérapeutique. Les coupes traitées par le mélange de (...) colorants basiques (...) montrent que la chromatine est colorée en vert par le vert de méthyle (Husson, Graf, Biol. gén., 1965, p. 82). 3. [Avec une valeur symbolique] Couleur qui évoque généralement des valeurs positives (nature, renouveau, vitalité, gaieté, espérance, calme, etc.). Le bleu marque la joie, et le blanc l'innocence: Le vert, fils du printemps, peint la douce espérance (Delille, Imagination, t. 1, 1806, p. 150).Il ne faut (...) pas se demander (...) pourquoi le rouge signifie l'effort ou la violence, le vert le repos et la paix, il faut réapprendre à vivre ces couleurs comme les vit notre corps (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p. 245). − BLAS. Toutes ces couleurs ne sont utilisées, comme les formes de l'écu (...), que selon des lois strictes (...). Elles sont des emblêmes qui représentent des sentiments (...): − sinople (vert) qui représente l'honneur, la courtoisie, la civilité, l'amour, la vigueur, la joie, l'espérance, l'abondance (M. Déribéré, La Couleur, Paris, P.U.F., 1970, p. 95). B. − 1. a) Couleur des végétaux chlorophylliens surtout au printemps et en été. Le paysage était éclairé à souhait pour un peintre. (...) la combe évasait mollement ses flancs boisés où tous les tons du feuillage, depuis le vert métallique des chênes jusqu'au vert pâle des saules, se mêlaient harmonieusement (Theuriet, Mariage Gérard, 1875, p. 132).V. bleuissant rem. s.v. bleuir ex. de Gide, pré ex. 1: 2. Les arbres sont verts, les gazons verts, les mousses vertes; le vert serpente dans les troncs, les tiges non mûres sont vertes; le vert est le fond de la nature, parce que le vert se marie facilement à tous les autres tons. Ce qui me frappe d'abord, c'est que partout, − coquelicots dans les gazons, pavots, perroquets, etc., − le rouge chante la gloire du vert...
Baudel., Salon, 1846, p. 105. b) P. méton. − Vx. Ensemble des organes végétatifs des végétaux chlorophylliens; verdure. Blanquet, mis en joie par l'odeur du vert, était (...) gai (...) en parcourant cette Île-de-France si mouillée, et les mignons paysages (Arène, J. des Figues, 1870, p. 67). ♦ Loc., vieilli. Jouer au vert. Jouer ,,à un jeu où l'on devait porter pendant tout le mois de mai une feuille verte cueillie le jour même, et où l'on payait une amende si on était pris sans cette feuille`` (DG; dict. xixeet xxes.). Au fig., vieilli. Prendre (qqn) sans vert. Prendre au dépourvu. Apporter toujours à la pratique de la vertu la méfiance et la sagacité d'un monsieur qu'on ne prend pas sans vert et qui n'est dupe que parce qu'il le veut bien (Lemaitre, Contemp., 1885, p. 206). ♦ En partic., rare. Tache de verdure, moisissure. Autrefois un abandon, qui ne manquait pas de mélancolie, oubliait sur les hautes murailles le vert du temps (Barb. d'Aurev., Memor. pour l'A... B..., 1864, p. 436).Dois-je le plaisanter sur sa chute? (...) Il a seulement son chapeau enfoncé et du vert sur la manche (R. Bazin, Blé, 1907, p. 215). − Rare, vieilli. Pré, prairie. Mettre les toiles sur le vert (DG). ♦ Loc. Mettre (un animal, un cheval) au vert. Le mettre sur le pré pour lui permettre de brouter l'herbe. Cet enclos servait aux métayers pour mettre au vert, durant les nuits d'été, leur jument (Sand, Jeanne, 1844, p. 391). − Rare. Campagne. Il nous prend une horrible envie de campagne, (...) l'odeur du théâtre qui nous pousse au vert! (Goncourt, Journal, 1865, p. 192). ♦ Se mettre/être/rester au vert (fam.). [Le suj. désigne une pers.] (Aller) se reposer à la campagne pour reprendre des forces au contact de la nature et oublier les tracas habituels. C'était l'époque où il venait se mettre au vert. Dès l'aube, il descendait au jardin, vêtu d'un minuscule caleçon et se livrait sur la prairie à des mouvements rythmés (Mauriac, Robe prétexte, 1914, p. 158). − GASTR. [À propos de légumes] Ce qui a la couleur caractéristique des végétaux chlorophylliens. Des salades (...), tout ce qu'il pouvait ramasser de frais et de vert dans ses maraudes nocturnes (les matelots sont friands de ces choses rares qui guérissent (...)) (Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 67).Louise parlait encore de la salade de poireaux (...): « Il prenait tout le blanc et me laissait le vert » (Sartre, Mots, 1964, p. 4).P. méton. Vert d'épinard*. ♦ Anguilles au vert. Anguilles présentées avec une préparation à base d'épinards, d'oseille et de persil (d'apr. Mont. 1967). Le Belge sait apprécier les mérites d'une table bien garnie. (...) un poisson froid (...), des anguilles au vert peuvent venir compléter l'entrée. (...) Anguilles au vert (...): revenues au beurre avec persil, cerfeuil, oseille, sauge, citronnelle, oignon, finement hachés (Belgique, Grand-Duché de Luxembourg, Paris, Michelin, 1978, p. 34 [Guide Vert]). − VITIC. Gros vert. ,,Cépage donnant des raisins de table blancs, d'une qualité inférieure à celle du chasselas, mais qu'il concurrence à cause de sa maturité plus tardive et de son prix moins élevé`` (Fén. 1970). V. vignoble B 2 b ex. de Levadoux. 2. Couleur immuable des arbres à feuillage persistant. Le brun de la mousse, le vert inchangeable des sapins (...) servirent seulement à faire ressortir les teintes émouvantes de cette autre végétation qui renaît avec chaque printemps (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 113). 3. a) [À propos d'un produit végét.] Ce qui manque de maturité. Les femmes assises autour des clayettes d'osier y triaient la récolte, détournant le vert et le pourri. Le beau grain (...) tombait seul dans le panier de choix (Hamp, Champagne, 1909, p. 136). ♦ Loc. Couper les blés, etc. en vert. Les couper avant maturité, en herbe. Les pauvres (...) s'imposaient par la crainte (...) d'attentats contre (...) les arbres, la moisson surtout qu'ils pouvaient couper en vert (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p. 137).Au fig., vx. Manger son blé en vert. Manger son blé en herbe. (Dict. xixeet xxes.). − VITIC. Opération, taille en vert. Opération pratiquée avant la maturité. L'incision annulaire est (...) comprise parmi les opérations en vert (...). L'incision annulaire pratiquée avant floraison permet de réduire la coulure (Levadoux, Vigne, 1961, p. 58). b) P. méton.,
ŒNOL. Acidité, âpreté due au manque de maturité du raisin. Le Vouvray trouble, à goût de vert (Morand, Eur. gal., 1925, p. 159). 4. a) Rare. Fourrage frais, non séché. Une vache au père Caillaud, qui avait pris l'enflure pour avoir mangé trop de vert (Sand, Pte Fad., 1849, p. 218).Au printemps, il est profitable de mettre au régime du vert les chevaux vivant à l'écurie. (...) la ration de vert est d'environ 15 kg par jour, en remplacement d'une partie de foin sec (...). Les meilleurs verts sont: la luzerne, le trèfle et le sainfoin (TondraCheval1979). − Loc. fig. Donner, employer, manger... le vert et le sec. V. sec IV A 2 a. b) P. anal. Sardines en vert. Sardines conservées sans être séchées, couvertes d'un peu de sel. (Dict. xixeet xxes.). C. − Couleur analogue à celle du prisme solaire se situant entre le bleu et le jaune et qui est présentée naturellement 1. [par certains animaux] Les plus beaux bleus ne sont pas, dans le règne animal, le fait de pigments, mais de jeux optiques structurels. Les plus beaux verts allient les deux: fond à pigment jaune sur élément structurel diffusant (oiseaux, caméléons, lézards) (M. Déribéré, La Couleur, Paris, P.U.F., 1970, p. 55).V. gai I C 1 ex. de France. 2. [par certains minéraux] Pline soupçonnait déjà l'émeraude d'être une variété du béryl ; (...) l'émeraude est la variété la plus noble de ce minéral, celle dont la couleur d'un vert spécifique intense est (...) vivement recherchée (Metta, Pierres préc., 1960, p. 77). − P. méton. Vert antique. ,,Marbre brèche composé de fragmens anguleux, de calcaire blanc veiné et de serpentine. Ce marbre était connu des anciens (...) qui le tiraient (...) de la Macédoine`` (Brard 1838). Cinq cents colonnettes de porphyre, de vert antique, de serpentine (...) de l'église Saint-Marc de Venise (Taine, Voy. Ital., t. 2, 1866, p. 273).Vert Campan. ,,Marbre vert clair, avec des marbrures de vert foncé, coupées de traits gris. Ce marbre, originaire des Pyrénées, était tiré de la vallée de Campan``(Havard 1890; dict. xixeet xxes.). Vert de Corse. Roche primitive qui contient du jade. (Dict. xixeet xxes.). Vert de Florence. ,,Marbre vert antique`` (Jossier 1881; dict. xixeet xxes.). Vert de Suse. ,,Marbre vert du Piémont`` (Jossier 1881; dict. xixeet xxes.). − ALCHIM., CHIM. ANC. Vert de Vénus*. D. − 1. Couleur analogue à celle du prisme solaire se situant entre le bleu et le jaune et qui est présentée naturellement par certaines choses ou qui les teinte artificiellement. Sur la mer, une longue traînée couleur de prairie, une sorte d'oasis d'un vert lumineux et profond, pareil à celui de ces champs d'orge (Saint-Exup., Terre hommes, 1939, p. 210).Une magnifique porte (...) d'un vert profond, somptueux, aux reflets parfaits, aux deux marteaux de cuivre (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 7). 2. P. méton. a) Matière, étoffe de cette couleur. Volumes reliés en vert et ornés de gravures (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 219). − Loc. Aimer le vert, être/s'habiller en vert, porter du vert, vêtu de vert. Elle avait cru coquet de s'habiller tout en vert, couleur qui jurait grossièrement avec le ton de ses cheveux rouges (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 180). b) FIN., fam. ,,Fascicule [à couverture verte] édité après le vote de la loi de Finances et contenant notamment une analyse détaillée des moyens budgétaires en emplois et crédits accordés à un Ministre`` (Budgét. 1978). REM.1. Dans ses différentes accept., vert subst. s'associe parfois (avec ou sans trait d'union) à un adj. de couleur pour indiquer une couleur intermédiaire.Vert bleu, vert bleuâtre, vert doré, vert jaunâtre, vert jaune, vert noirâtre. La jupe de satin vert froid, brochée de fleurs de velours vert brun (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 209).La prairie, où l'ombre des peupliers étale des rayures vert noir et vert or (Barbusse, Feu, 1916, p. 96).V. plante2B 2 ex. de Zola.2. Vert subst. s'associe (avec ou sans trait d'union ou relié par la prép. de) à d'autres subst. désignant une couleur typique ou à des noms propres, pour évoquer un ton spécial.a) [Associé à un terme du domaine végét.] Vert amande*. Vert artichaut*. Vert-chou. V. chou A ex. de Gide.Vert épinard*. Vert (de) mousse. V. mousse1A 1.Vert-olive. V. olive II A 2 ex. de Jouy.Vert(-)pistache. V. pistache.Vert(-)pomme. V. pomme A ex. de Stendhal.Vert (de) prairie. V. prairie A ex. de Elle.
α) Vert (d')herbe. Vert vif. Un costume de grisette (...) en soie toute ruchée vert herbe tendre, et rose coeur de rose-thé (Mallarmé, Dern. mode, 1874, p. 846).
β) Vert(-)pré. Synon. de vert (d')herbe (supra
α).V. longicorne s.v. longi- ex.
γ) Vert-sapin. Vert assez soutenu. Très beaux lainages (...) Coloris: Pourpre (...), Vert-sapin (Le Figaro, 22 nov. 1951, p. 5, col. 7-8).
δ) Vert tilleul. Vert pâle tirant sur le jaune. Le jersey aux couleurs tendres: vert tilleul ou rose pâle (Écho de la mode, 17 avr. 1966, p. 42, col. 2).b) [Associé à un terme du domaine minéral] Vert-bronze, vert de bronze. V. bronze ex. 2.Vert(-)émeraude. V. émeraude I A ex. de Lapparent.Vert (de) jade*. c) [Associé à un terme désignant une chose colorée] Vert purée* de pois.
α) Vert(-)bouteille, vert de bouteille. Une eau d'une limpidité qui a l'air de laver les pierres moussues, vert de bouteille (Goncourt, Journal, 1858, p. 520).
β) Vert d'eau. Vert très clair, tirant sur le bleu. La pièce (...) avec ses boiseries gris perle, ses tentures d'un vert d'eau très doux, devenait la salle des festins rêvée (Zola, Travail, t. 1, 1901, p. 106).
γ) Vert(-)de(-)mer. Vert glauque. Vos yeux (...) pourraient bien être bleus s'ils n'avaient par instants des reflets vert de mer (Feuillet, Scènes et prov., 1851, p. 15).d) [Associé avec un nom propre]
α) Vert(-)céladon. V. céladon B 1.[Le chapeau de sa mère] était en crêpe vert, d'un délicieux vert céladon très pâle (Loti,Prime jeun.,1919,p. 35).
β) Vert(-)nil. Vert pâle, tirant sur le bleuté. L'ourlet satiné de sa jupe-bébé, vert nil, et qui tourne au jaune (Colette, Music-hall, 1913, p. 83).
γ) Vert de Saxe. Madame la Dauphine était en robe de velours vert de Saxe (vert clair, mais vif et brillant) (J. dames et modes, 1829, p. 61). REM. 1. Verdage, subst. masc.,agric. Végétation herbacée récoltée avant maturité et enfouie dans le sol pour servir d'engrais. Synon. engrais vert (supra I B 3 a). (Dict. xixeet xxes.). 2. Verdoré, -ée, adj.,hapax. Qui est vert nuancé d'or. Toutes les feuilles sont luisantes (...); pas d'équivalent de celles du coudrier (...), dont la consistance molle et feutrée (...) donne au rayon qui les traverse une coloration verdorée, et fait aux halliers normands leur mystère (Gide, Voy. Congo, 1927, p. 763). 3. Verdouillade, subst. fém.,péj., hapax. Substance végétale verte, verdure d'aspect peu plaisant. Quelle chance de ne plus être en France! (...) Que tout ce fourrage me paraissait fade et acqueux! Quel dégoût que cette verdouillade! (Claudel, Part. midi, 1906, I, p. 1013). Prononc. et Orth.: [vε:ʀ], fém. [vε
ʀt]. Homon. vair, ver, verre, vers. Ac. 1694-1740: verd, verte; dep. 1762: vert, -e. ,,Plusieurs écrivent Vert`` (Ac. 1694-1740). Vedette verd renvoyant à vert, n. m. ds Ac. 1798-1878. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1100 désigne la couleur (Roland, éd. J. Bédier, 1612: herbe verte), fém. vert att. jusqu'au xvies. 1532 (Rabelais, Pantagruel, éd. V.-L. Saulnier, XXI, 59, p. 168); 1549 subst. verd (Est.), forme encore ds Boiste 1847; b) 1393 vert + adj. désigne une nuance de vert vergay (Ménagier de Paris, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, 219, 7) supplanté par verd clair 1606 (Nicot, s.v. verdbrun); 2. ca 1185 adj. se dit de ce qui n'est pas assez mûr pour être consommé (Aliscans, éd. E. Wienbeck, 7585: verdes feves); ca 1350 loc. fig. entre deux vertes mie meure « entre deux mensonges une vérité » (Gilles le Muisit, Poésies, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 1, p. 90, 13); 1283 bles vers (Philippe de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon,1401); 1486 fig. menger son blé en vert « manger ses revenus d'avance » (Guillaume Alexis, Passetemps des deux Alecis freres, éd. A. Piaget et E. Picot, t. 2, p. 14, vers 36); 3. a) 1260 vers adj. se dit d'un végétal coupé qui a encore de la sève (Estienne Boileau, Livre des métiers, éd. G.-B. Depping, 104); 1460-83 bois verd (J. de Roye, Chron., éd. B. de Mandrot, p. 105); 1784 volée de bois vert, v. volée; b) 1282 loc. en vert et en sec « sur pied et en grange (d'une récolte) » (Sept., C'est dame Piernain Laikebroke, chirog., S.-Brice, Arch. Tournai ds Gdf. [déjà 1281 fig. en vert et en seich « absolument » (Déc., Affranchissem. par Clarin de Namèche, Arch. de l'Etat à Namur, ibid.)]); 1586 loc. proverbiale employer le vert et le sec « employer tous les moyens » (20 janv., Lett. miss. de Henri IV, t. II, p. 183, Berger de Xivrey, ibid.); 4. a) ca 1277 adj. fig. varde saison « jeune saison » (Adam de La Halle, Jeu de la Feuillée, éd. O. Gsell, 58); 1498 vers « plein de verdeur, vif » (Eustache Deschamps, Miroir de mariage, éd. G. Raynaud, t. 9, p. 31); 1546 verte vieillesse « vieillesse saine et robuste » (Rabelais, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, p. 197, 32); ca 1550 verd gallant (Farce de Tout Mesnage ds Anc. Théâtre fr., éd. Viollet le Duc, t. 2, p. 412); b) ca 1400 loc. proverbiale bailler de belles, de vertes et de meures « raconter des choses assez libres » (Quinze joyes de Mariage, XII, 42, éd. J. Rychner, p. 91); 1820-40 langue verte, v. langue; 1857 vert « leste, grivois » (Feuillet, loc. cit.); 1904 loc. proverbiale en raconter de vertes (Nouv. Lar. ill.); 5. a) ca 1470 adj. vert « emporté » (de qqn) (Georges Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 3, p. 41); b) fin xves. « vif, rude » (Mém. d'Ol. de la Marche, éd. H. Beaune et J. d'Arbaumont, t. 2, p. 202: un vert debat); 6. a) 1604 adj. se dit de produits fraîchement prélevés cuir vert (Coutumes de Marsan ds Nouv. Coutumier gén., éd. A. Bourdot de Richebourg, t. 4, p. 910a); 1676 pierre verte (Félibien, s.v. verte); b) 1690 se dit de produits fraîchement préparés (Fur.: le poisson verd, est celuy qui vient d'être salé); 1827 loc. en vert (Baudr. Pêches: Sardines en vert, celles qu'on ne couvre que d'un peu de sel); 7. a) 1636 adj. se dit de produits frais que l'on consomme avant une maturité complète (Monet); b) 1660 se dit de produits que l'on consomme à l'état frais poids verds (Oudin Fr.-Esp., s.v. pois); 8. a) 1954 vert « relatif à la nature » espace vert (Lar. mens.); b) « relatif à l'agriculture »
α) 1958 Pool vert (Meynaud, loc. cit.);
β) 1964 Europe verte (Le Monde, 16 déc. ds Gilb. 1980); c) « relatif à des activités pratiquées à la campagne »
α) 1966 station verte (Jocard, loc. cit.);
β) 1971 classe verte (Réalités ds Gilb. 1980); d) 1957 « relatif à l'aménagement d'un site » ville verte (Le Corbusier, loc. cit.); e) « relatif à la défense de l'environnement »
α) 1973 manifestations vertes (La Croix, 29 mars ds Gilb. 1980);
β) 1979 candidat vert « celui qui prône la défense de l'environnement » (Le Sauvage, loc. cit.);
γ) 1978 subst. plur. les verts (Chr. Collange, loc. cit.). B. Subst. désignant des choses vertes 1. 1377 vert « verdure, feuillage » (Statut d'Edouard III ds Du Cange, s.v. viride 1); ca 1445 loc. proverbiale prendre qqn sur le vert « prendre quelqu'un au dépourvu » (Farce joyeuse ds Rec. gén. des sotties, éd. E. Picot, t. 1, p. 45, 432) p. allus. au jeu du vert où chacun devait porter une feuille verte cf. 1542 (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder, XX, p. 138 entrelignes 178 et 180: Là jouoyt à je vous prens sans verd); 1636 jouër au vert (Monet); 1546 prendre qqn sans verd « id. » (Rabelais, Tiers Livre, XI, p. 88, 31); 2. a) 1596 vert « fourrage herbacé » (15 mars, Lett. miss. de Henri IV, t. IV, p. 528 ds Gdf. Compl.); 1609 laisser sur le vert « abandonner » (Régnier,
Œuvres compl., Satyre IX, éd. G. Raibaud, p. 96, 61); 1668 mettre au vert « laisser un animal brouter en liberté » (La Fontaine, Fables, V, 8); 1884 fig. et fam. se mettre au vert « se reposer à la campagne, prendre des vacances » (Villatte Parisismen); b) 1872 vert des plantes « partie verte des végétaux » (Littré); 3. a) 1501 désigne une matière colorante fournissant une couleur verte vert de fesie (Despenses de la passion ds G. Cohen, Le Livre de conduite du régisseur, p. 544); 1549 verd de vessie (Est.); b) 1562 désigne certains minéraux verd d'azur (Du Pinet, L'Hist. du Monde de Pline Second, t. 2, p. 639) − 1771, Trév.; 1756 vert antique « marbre jaspé de vert et noir » (Livre journal de Lazare Duvaux, t. II, p. 279 ds Havard); 4. 1866 fém. verte « absinthe » (Delvau). Du lat. viridis « vert », « frais, vigoureux » et « jeune ». Fréq. abs. littér.: 8 172. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 8 486, b) 16 035; xxes.: a) 14 489, b) 10 206. Bbg. Bidu-Vrănceanu (A.). Syst. des noms de couleurs... Bucuresti, 1976, p. 220. − Kristol (A. M.). Color. Les Lang. rom. devant le phénomène de la couleur. Berne, 1978, pp. 271-291. − Leduc-Adine (J.-P.). Polysém. des adj. de couleur, Cah. Lexicol. 1980, t. 2, no37, pp. 67-90; Rhét. et néol.: à propos d'un adj. de couleur. In : [Mél. Guilbert (L.)] Paris, 1979, pp. 148-166. − Quem. DDL t. 6, 12, 16, 17, 18, 20, 21, 25, 27, 28, 30, 33, 36, 37, 40. |