| VERBAL, -ALE, -AUX, adj. I. A. − [P. oppos. à écrit] Qui se fait de vive voix. Convention, instruction verbale; engagement verbal; ordres, rapports verbaux. Il n'y a rien d'écrit!... Anatole n'a pas eu l'esprit de faire faire un projet de contrat, lui! Ce n'est pas comme Monsieur Delcroix. En voilà un qui n'aurait pas la niaiserie de se contenter d'une promesse verbale! (Barrière, Capendu, Faux bonsh., 1856, iii, 14, p. 117).La signature de notre accord, signature qui pourrait avoir lieu sous dix jours, à compter de votre acceptation verbale (Duhamel, Notaire Havre, 1933, p. 174). − DIPLOM. Note verbale. Note résumant une conversation échangée entre un ministère des Affaires étrangères et un agent diplomatique. La réaction du gouvernement de Londres est très vive. Le représentant de ce gouvernement à Alger nous a communiqué une note verbale très âpre qui laisse présager de grandes difficultés du côté anglais (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 599). − DR., empl. subst. masc., vx. Synon. de procès-verbal.[Les gardes forestiers] regardent votre fagot, et s'il y avait une seule branche coupée, une seule baguette de méchant coudrier, ils prendraient le fagot et vous feraient le verbal (Balzac, Paysans, 1850, p. 340). B. − 1. Qui concerne les mots, se rapporte aux mots. Expression, image verbale; substance, forme verbale. La mémoire verbale est un des signes les plus apparents de la vocation littéraire, l'usage des phrases toutes faites se retrouve à toutes les époques (Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p. 296).Victor Hugo, le maître des constructions verbales, le rhéteur génial du rythme et du mot (Gaultier, Bovarysme, 1902, p. 83). − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. La littérature latine a été plus fréquemment que la grecque et plus continûment éprise du pur verbal et vierge d'activité intellectuelle (Benda, Fr. byz., 1945, p. 166). − Empl. subst. Personne qui parle beaucoup, qui se préoccupe plus des mots que des idées. La légende qui fait de Victor Hugo un verbal qui ne pense pas est due à des hommes qui sont eux-mêmes mangés par la copie, comme Faguet (Thibaudet, Hist. litt. fr., 1936, p. 162). 2. [P. oppos. à d'autres moyens d'expression] Qui se fait, se manifeste, s'exprime par les mots, le langage. Délire verbal; violence verbale. Les qualités supérieures de l'intelligence verbale et spéculative (Mounier, Traité caract., 1946, p. 640).Il ne fallait pas essayer de les arrêter quand ils commençaient à vous jeter leurs souvenirs à la face (...): il s'agissait (...) d'une crise verbale utile à leur hygiène intime (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 384). 3. [P. oppos. aux faits, à la pratique] Qui relève des mots, qui se limite au discours (sans être concrétisé). Explication purement verbale. Nous allons voir que l'explication est toute verbale, que nous sommes encore dupes des mots (Bergson, Évol. créatr., 1907, p. 58).Leurs sentiments sont profonds et le patriotisme verbal offense leurs âmes éprises de calme et de sérieux (Barrès, Cahiers, t. 10, 1913, p. 87). − P. plaisant. Paroles verbales. Simples paroles qui n'engagent pas. (Dict. xxes.). II. − GRAMMAIRE A. − Du verbe, relatif au verbe, qui concerne le verbe. Catégorie, désinence, forme verbale; système verbal. Voyez ce qui se passe en français pour dites et faites, qui correspondent directement à latin Dic-itis, fac-itis, mais qui n'ont plus de point d'appui dans la flexion verbale actuelle; la langue cherche à les remplacer; on entend dire disez, faisez (Sauss. 1916, p. 237).Projet, souhait, commandement désignent pratiquement. Ce sont des modes originaux de la pensée que la langue exprime par des modes verbaux également originaux (Ricœur, Philos. volonté, 1949, p. 45). ♦ Adjectif verbal. Participe employé comme adjectif. Cet endroit de la grammaire qui était de tous (...) le plus embarrassant (...) surtout en ce qui concerne la distinction de l'adjectif verbal et du participe présent (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 275). ♦ Nom verbal. Forme nominale et adjective du verbe (infinitif et participe) (d'apr. Ling. 1972). ♦ Racine verbale, thème verbal. Radical servant de base à la conjugaison d'un verbe (d'apr. Ling. 1972). B. − Qui contient un verbe. Phrase verbale. On appelle syntagme verbal (...) un syntagme constitué soit d'un verbe (...) et de son auxiliaire (...) suivi ou non d'un syntagme nominal ou d'un syntagme prépositionnel (...) soit de la copule être et de l'auxiliaire suivis d'un syntagme nominal (...), adjectival (...) ou prépositionnel (Ling. 1972). C. − Qui équivaut à un verbe. Locution verbale. Le substantif se joint sans article à des verbes comme: avoir, rendre, donner, faire... pour former des locutions verbales (Gramm. Lar.1964). REM. Verbo-, élém. de compos.représentant l'adj. verbal (supra I), entrant dans la constr. d'adj. du vocab. de la psychol., désignant des relations entre la parole et la fonction évoquée par le 2eélém.a) Verbo-auditif, -ive. -De la parole et de l'audition. [Les] désordres de l'activité verbo-auditive (M. Lobrot, Troubles de la lang. écrite et remèdes, 1972ds Gilb. 1981). b) Verbo-conceptuel, -elle. -Qui concerne l'expression de la pensée et la conceptualisation. Sa pédagogie [de l'enseignement secondaire], de type verbo-conceptuel est orientée vers la spéculation, l'analyse et le jeu des idées (J.-M. Gabaude, La Pédag. contemp., 1972ds Gilb. 1981).Empl. subst. Personne qui exprime mieux sa pensée par oral. Les verbo-conceptuels s'accommodent mieux d'épreuves orales (Capelle, Éc. demain, 1966, p. 149). c) Verbomoteur, verbo-moteur, -trice. -De la parole et de la motricité. Des activités verbomotrices sont à un certain degré décelables chez tous les sujets (P. Oléron, Lang. et développement mental, 1972ds Gilb. 1981). Prononc. et Orth.: [vε
ʀbal], plur. masc. [-o]. Étymol. et Hist. A. 1. [1337 indirectement att. par verbalement* « qui se fait de vive voix »] fin xives. (Songe du Vergier, éd. M. Schnerb-Lièvre, II, 74, t. 2, p. 58); 2. 1694 subst. (Ac.: On dit aussi substantiellement, Un verbal, pour dire, Un procez verbal). B. Ca 1325 gramm. non verbal (Donat, Ars minor, ms. Mazarine, 3794, 28 ds Städtler Gramm., p. 296); 1690 substantif, adjectif verbal (Fur.). Empr. au b. lat. gramm.verbalis « dérivé d'un verbe » ives. ds Gaff., et « de paroles » fin ves., ibid., dér. de verbum (verbe*). Fréq. abs. littér.: 560. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 274, b) 150; xxes.: a) 678, b) 1 659. DÉR. Verbalement, adv.a) [P. oppos. à par écrit] De vive voix. On peut louer ou par écrit, ou verbalement (Code civil, 1804, art. 1714, p. 313).Javert (...) avait rendu verbalement compte au Préfet en personne, dans une courte audience (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 563).b) Avec des mots. On peut toujours, sans doute, interpréter verbalement ces phénomènes de sensibilité, en termes qui font quelque illusion (Valéry, Variété V, 1944, p. 50).− [vε
ʀbalmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1718. − 1reattest. 1337 verballement (Commiss. du roy, B.N. Dupin 338, pièce 220 ds Gdf. Compl.); de verbal, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér.: 52. BBG. − Gohin 1903, p. 230. |