| * Dans l'article "VENIMEUX, -EUSE,, adj." VENIMEUX, -EUSE, adj. A. − 1. [En parlant d'un animal] a) Qui produit du venin et peut l'injecter par piqûre ou par morsure à un autre animal ou à l'homme. Scorpion venimeux; araignée venimeuse. Les serpens du second ordre qui ont la mâchoire inférieure formée de deux branches distinctes (...) sont toutes les couleuvres non venimeuses et les boas (Cuvier, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 82).Une pancarte sévère et un grillage serré mettent le visiteur en garde contre le plus traître des périls: c'est ici le séjour des serpents venimeux et mortels, lovés sous l'herbe (Morand, Londres, 1933, p. 133). b) Dont le venin n'est pas injecté, mais dont le contact peut irriter ou intoxiquer. Crapaud, poulpe venimeux. Stellio, nom donné par les Romains à un lézard venimeux, à cause des points étoilés dont sa peau est mouchetée (Châteaubriant, Lourdines, 1911, p. 97). 2. P. anal. [En parlant d'une plante] Qui contient une substance toxique. V. nopal ex. de Gide. − Vx. Vénéneux. Ce qui frappa M. de Saint-Amans, ce fut d'y voir que chaque plante venimeuse y était, en général, voisine de celle qui lui sert d'antidote (Dusaulx, Voy. Barège, t. 2, 1796, p. 123). 3. Qui contient du venin. Aiguillon, dard venimeux; glande venimeuse; morsure, piqûre venimeuse. La pauvre enfant sentit à la poitrine une souffrance aiguë, comme si (...) toutes les vipères royales des couronnes pharaoniques lui eussent planté leurs crochets venimeux au cœur (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 276). B. − Au fig. [En parlant d'une pers.] Qui se montre malveillant, méchant, haineux. Personne venimeuse. Une bigote qui jase d'une dévote est plus venimeuse que l'aspic (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 793).Faugerolle, qui est une langue d'aspic, le plus venimeux de tous vos futurs collègues (Duhamel, Passion J. Pasquier, 1945, p. 88). ♦ Empl. subst. L'image de Souris l'obsédait. (...) Essouflé de sa course, la gorge bloquée par une indignation furieuse, il étranglait: − Un crapaud, une ordure, une venimeuse (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 270). − P. méton. Où se manifeste de la malveillance, de la haine. Insinuations, paroles venimeuses; regard venimeux; langue, voix venimeuse; lettre venimeuse. Il lui faudrait subir les questions venimeuses de sa mère (Bloy, Femme pauvre, 1897, p. 94).N'était-ce point plutôt, pour une dernière et miséricordieuse tentative, l'écluse levée aux secrets hideux de l'âme, aux pensées venimeuses étouffées vingt ans (Bernanos, Imposture, 1927, p. 368). REM. Venimeusement, adv.,littér. a) D'une manière empoisonnée. Ces rives [des marais] se dessèchent venimeusement; les odeurs semblent salies (La Varende, Homme aux gants, 1943, p. 86).b) Au fig. Avec des intentions malveillantes. Parler venimeusement. Livide, le marquis s'inclina dans un petit rire fourbe de théâtre, regarda la princesse (...) venimeusement et (...) sortit posément du salon (Péladan, Vice supr., 1884, p. 144). Prononc. et Orth.: [vənimø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) 1remoit. xiies. venimus adj. subst. « celui qui opère avec un charme » (Psautier d'Oxford, LVII, 5, éd. Fr. Michel, p. 75: Laquele [le serpent, auquel ressemblent les impies] nen orrat la voiz des encantauz, e del venimus [lat. veneficus] encantant sagement), empl. isolé; b) ca 1175 « qui a du venin (en parlant de bêtes) » (Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 133); c) xiiies. méd. « qui provoque l'infection » (Livre des simples medecines, éd. P. Dorveaux, p. 33: venimouse morsure); d) 1314 choses venimeuses « id. » (Chirurgie Henri de Mondeville, éd. A. Bos, t. 2, p. 108,1748); e) 1534 « pourri (d'objets en bois) » (Statuts des buvetiers, vinaigriers et moutardiers, ap. A. Thierry, Rec. de monum. inéd. de l'Hist. du Tiers État, II, 592 ds Gdf. Compl.); f) 1559 venimeux soucy, venimeux dessein (O. de Magny, Odes, éd. Courbet, t. 1, p. 51 et t. 2, p. 76); g) 1573 venimeux Amour (R. Garnier, Hippolyte, 993, éd. W. Foerster, t. 2, p. 38); h) 1580 herbes venimeuses (Id., Antigone, 146, t. 3, p. 11). Dér. de venin*; suff. -eux*; malgré la précision donnée par Ac. 1694: ,,Il ne se dit proprement que des animaux``, la distinction d'empl. entre venimeux et vénéneux ne s'est réalisée que peu à peu (cf. Littré: ,,animaux vénéneux, ceux qui, ingérés comme aliments, agissent sur l'économie à la manière des poisons, par opposition à animaux venimeux, ceux qui portent un venin``) et en fonction d'un ensemble d'éléments, v. vénéneux et toxique. Fréq. abs. littér.: 170. DÉR. Venimosité, subst. fém.a) [Corresp. à supra A 1] Caractère de ce qui est venimeux. Venimosité de certains serpents. Non contents de passer en férocité le tigre, en ruse le renard et la vipère en venimosité, nous avons su encore ajouter à ces avantages bestiaux la vertu purement humaine qu'est l'esprit de vengeance (Milosz, Amour. init., 1910, p. 92).b) [Corresp. à supra B] Caractère venimeux de quelque chose. Venimosité d'un propos. (Dict. xxes.). − [vənimozite]. − 1resattest. a) fin xiiie-déb. xives. « animal venimeux » (Secr. d'Arist., Richel. 571, fo133b ds Gdf.: Reines, serpens et autres venemosetez), b) 1314 « qualité de ce qui corrompt, cause l'infection ou la maladie » (Chirurgie Henri de Mondeville, éd. A. Bos, t. 2, p. 134: et est aucune fois la matiere entre simple desatemprance et desatemprance venimeuse, et aucune fois est pure venimosité ou pur venin si com ou mors de chien enragié); de venimeux, suff. -(i)té*. Le synon. vénénosité, employé à propos de la matière, de plantes ou d'animaux, v. Paré,
Œuvres, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 1, p. 324 et t. 3, p. 334 (dér. de vénéneux*, lat. médiév. venenositas, ca 1220 ds Latham), est att. de la fin du xives. (Roques t. 2, I, 13309), au déb. du xviies. (v. Hug.), repris par Littré (avec un ex. de Paré), Guérin et la série des Larousse dep. Lar. 19e. BBG. − Goug. Mots t. 1 1962, pp. 87-88. − Quem. DDL t. 18 (s.v. venimeusement). |