| VENDANGE, subst. fém. A. − Récolte du raisin destiné à faire le vin. Aller en vendange; faire la/les vendange(s); saison des vendanges. Le ciel me fera-t-il ce bonheur sans mélange Qu'il donne au vigneron ardent à sa vendange, Oui,... dans sa treille..., Cueille le raisin mûr (Dumas père, Caligula, 1837, prol. 2, p. 11).Lorsque les raisins sont arrivés à maturité, on procède à la cueillette ou vendange et on les transporte tout de suite aux celliers (Brunerie, Industr. alim., 1949, p. 76). ♦ Vendange tardive. Dans certains vignobles, vendange effectuée tardivement, et donnant des vins de très grande qualité qui ne peuvent être obtenus tous les ans; dénomination attribuée selon une stricte réglementation à ces vins. Les vins de vendange tardive de riesling sont certainement parmi les plus grands vins d'Alsace. Les critères pour l'attribution de la dénomination « vendange tardive » sont sévères: c'est ce qui explique la rareté de ces vins et par conséquence, leur prix relativement élevé (Guide Hachette des Vins de Fr., Paris, Hachette, 1987, p. 103). − Loc. proverbiale. Adieu paniers, vendange(s) est/sont faite(s). Il est très bien, ce jeune homme, madame, lui dit-il en lui serrant le bras. Adieu, paniers, vendanges sont faites! Il vous faut dire adieu à Mademoiselle Grandet, Eugénie sera pour le Parisien (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 68).V. adieu I B 1 ex. de Mauriac. − P. métaph. Nous nous moquions bien de leurs alarmes [de nos parents] et, indifférents à leurs calculs angoissés, nous faisions notre vendange d'images, d'émotions et de songes (Mauriac, Journal 1, 1934, p. 18).Au moment des vendanges électorales, qui cueillera les raisins de la colère lorraine? (L'Express, 22 nov. 1971, p. 58, col. 1). − P. anal., rare. Récolte de fruits autres que le raisin. Les filles des beaux villages de Provence qui se louent pour la vendange des oliviers (Lamart., Cours litt., 1859, p. 251). B. − P. méton. 1. Le raisin à récolter ou récolté. La vendange est mûre; fouler, presser la vendange. Si, au moment de porter la vendange au pressoir, on en réserve une partie pour l'exposer au soleil sur les terrasses, ce raisin, après quinze jours d'évaporation, fournit un vin plus doux, plus spiritueux et plus facile à conserver (About, Grèce, 1854, p. 116). − Loc. fig., fam. Prêcher sur la vendange. V. prêcher B 3. − P. anal., littér. Couleur de vendange(s) ou, absol., vendange. D'un rouge tirant sur le roux. Elles qui portaient émeraude et rubis en frange Par qui je fus ivre de chair et d'odeur étrange À dire leur chevelure forêt ou vendange! (Régnier, Prem. poèmes, Apaisement, 1886, p. 37).Les teintes rousses d'un ciel où se couchait un soleil couleur de vendanges (Vialar, Morts viv., 1947, p. 8). − P. métaph. Toute cette terre lépreuse et crevée de plaies sur laquelle ruisselle la vendange des jeunes hommes (Giono, Solit. pitié, 1932, p. 88). 2. Le plus souvent au plur. Temps où se fait la récolte du raisin. Pendant les vendanges; depuis les vendanges. J'aurai vingt-cinq ans, comme César, aux vendanges (Labiche, Deux papas, 1845, 14, p. 426).V. ébouillantage ex. de Brunet. ♦ Ban des vendanges. V. ban1. 3. Rare. Ensemble des vendangeurs. Enfin, toute la vendange fit fête à Suzanne. Elle embrassa des enfants qui avaient grandi, elle émotionna des vieillards en leur rappelant des souvenirs (Zola, Terre, 1887, p. 351). C. − Au fig., fam., vx. Source de profit. Si elle vient avec son fils le peintre, c'est sans doute pour r'avoir la succession du bonhomme, et adieu ta vendange (Balzac, Rabouill., 1842, p. 384).Faire vendange. Faire un gain considérable, tirer du profit de. Il comptait faire vendange dans cette place, on l'a chassé (Ac.1835, 1878). Prononc. et Orth.: [vɑ
̃dɑ
̃:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 « vin, cru » (Jean Bodel, Jeu de St Nicolas, éd. A. Henry, 1051: chi a bonne vendenge); 2. ca 1200 « période de l'année où on récolte le raisin » (Guiot de Provins, Bible, 2041 ds
Œuvres, éd. J. Orr, p. 73: En vendange quierent lou vin); 3. 1265 « fait de cueillir et de rassembler les raisins pour faire le vin » tens de venenges (Jostice et plet, éd. Rapetti, II, XIII, § 5, p. 97); 4. 1268 venoinges « grappes, raisins récoltés pour faire le vin » (Cart. de Dijon, Bibl. nat. 4654, fol. 11 vods Gdf.); 1291-95 vendeignes (Guiart des Moulins, Bib. hist., Maz. 312 [2etiers xives.], fol. 81b ds Gdf. Compl.). Du lat. vĭndēmĭa, sens 2, 3, 4 et « cueillette, récolte » (en général). Fréq. abs. littér.: 403. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 418, b) 611; xxes.: a) 777, b) 561. DÉR. Vendangette, subst. fém.a) Ornith., région. (Savoie et Suisse romande). Grive des vignes. Synon. vendangeuse.Les fruits qu'elle [la Grive] prend volontiers à terre quand ils sont tombés, mais aussi à l'arbre ou à l'arbuste. La liste varie selon l'époque et la région: myrtilles, mûres, groseilles (...) sans oublier les raisins dont la « vendangette » se gave goulûment à l'automne, en compagnie de la Mauvais (P. Geroudet, Les Passereaux, t. 2, 1963, p. 185).b) Vitic. Petit sécateur pour vendanger (d'apr. Tuaillon Région. Vourey 1983). − [vɑ
̃dɑ
̃
ʒ
εt]. − 1resattest. a) 1636 « petite vendange » (Monet, p. 938 a dans l'art. vendange), b) 1789 vendagette « grive commune » pays de Vaud (Razoumowski, Hist. nat. du Jorat d'apr. Roll. Faune t. 2, p. 237), également relevé en Savoie, à Genève, plus gén. en Suisse romande, FEW t. 14, p. 466b; de vendange, suff. -ette (-et*). BBG. − Martin (J.-B.). Ét. du vocab. de la vitic.... Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1977, t. 15, no1, p. 155 (s.v. vendangette). |