| VEILLEUR, -EUSE, subst. A. − Subst. masc. ou fém. 1. Personne qui assiste à une veillée. Les vieux veilleurs m'ont raconté (...) que, certaines nuits (...) les mécaniques causent entre elles (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 218). 2. Personne qui ne dort pas. La lumière venant d'un veilleur solitaire, d'un veilleur obstiné prend une puissance d'hypnotisme (Bachelard, Poét. espace, 1957, p. 50). 3. Personne qui veille un malade ou un mort. Veilleurs du mort adoré (Goncourt, Journal, 1889, p. 965).Le marmottement des vieilles femmes, des veilleuses funèbres (Bernanos, Mouchette, 1937, p. 1291). − Empl. subst. ou adj., p. métaph. Le coq chante, veilleur exact et diligent (Verlaine,
Œuvres compl., t. 1, Jadis, 1884, p. 354).Ce que j'entends, c'est bien, comme à nos fermes, les animaux veilleurs échanger une minute leurs cris, le chien hululer, la chouette aboyer (Giraudoux, Suzanne, 1921, p. 217). B. − Subst. masc. 1. Personne qui est de garde la nuit. Synon. garde2, surveillant.On organisait la défense: vers la tombée du jour, des veilleurs se tenaient à l'entrée des villages, prêts à donner l'alarme (A. France, Île ping., 1908, p. 108).Il fallait veiller ces carrés de choux comme un trésor. Les gens avaient donc établi des baraques où dormait un veilleur armé d'un bâton (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 322). 2. En partic. a) Soldat de garde, en particulier la nuit. Synon. garde2, sentinelle.Mon tour de veille est terminé, et les autres veilleurs, enveloppés de toiles de tente humides et coulantes (...) se dégagent de la terre où ils sont encastrés, se meuvent et descendent (Barbusse, Feu, 1916, p. 251). b) Vieilli. Veilleur (de nuit). Employé municipal chargé de surveiller la ville la nuit et d'annoncer les heures. À Douai ou Cambrai, le veilleur doit encore, à minuit, sonner la trompe aux quatre vents. Quant aux heures, elles ne sont plus dites que par une crécelle (Michelet, Chemins Europe, 1874, p. 194).Les cris du veilleur de nuit disent l'heure et le temps qu'il fait (Morand, Londres, 1933, p. 44). c) [Dans un bâtiment, une entreprise] Veilleur (de nuit). Gardien de nuit. Synon. vigile2.La consigne du veilleur était des plus rigoureuses. Il devait s'occuper, jusque vers une heure du matin, à laver les bagnoles (...). Ensuite, il était libre de s'asseoir sur un pliant, à la condition, toutefois, d'arpenter toute la bâtisse au moins deux fois l'heure, de veiller à la porte et de répondre au téléphone (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 215).Un paquebot vide que parcourt un veilleur de nuit (Gracq, Beau tén., 1945, p. 189). − [Dans un hôtel] Employé chargé du service de nuit, en particulier de la réception de la clientèle. Le téléphone sonna. Le veilleur y alla, y parla, revint. − Ce sont, dit-il, les deux dames du 15 qui demandent des citronnades (Queneau, Pierrot, 1942, p. 201). REM. Veilleux, subst. masc.,région. Personne qui participe à une veillée. Un baquet de bois placé à l'envers reçoit l'unique chandelle fournie à tour de rôle par chacun des veilleux et qui projette sur l'assemblée sa lumière jaunâtre (Menon, Lecotté, Vill. Fr., 2, 1954, p. 87). Prononc. et Orth.: [vεjœ:ʀ], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. I. 1. 1200 veilliere subst. « celui qui surveille, qui exerce une garde » (Jehan Bodel, Jeu St Nicolas, éd. A. Henry, 486); 1355 villeur (Instr. ann. 1355 ex. Tabul. Duac. ds Du Cange, s.v. vigilator); 2. 1832 veilleur de nuit « personne qui parcourait autrefois les villages en annonçant les heures de la nuit » (Dumas père, Tour Nesle, I, 1ertabl., 1, p. 4); 1833 veilleur (Quinet, Ahasvérus, p. 178); 3. 1845 veilleur « personne chargée de surveiller un établissement public ou privé la nuit en effectuant des rondes » (Besch.); 1922 en partic. dans un hôtel veilleur de nuit (Proust, Sodome, p. 1117). II. Mil. xixes. adj. ou subst. « celui, celle qui participe aux veillées » (d'apr. Rob. 1985). Dér. de veiller*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér.: 556. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 289, b) 595; xxes.: a) 1 102, b) 1 135. |