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VAUDEVILLE, subst. masc.
A. −
1. HIST. DE LA LITT. ET DE LA MUS. Chanson comprenant couplets et refrains rimés sur un air connu et populaire, qui fut au départ une chanson à boire puis une satire d'individus ou d'événements du jour. Chanter un vaudeville; recueil de vaudevilles. Le Censeur: (...) pourquoi, dans des vaudevilles, mêlez-vous toujours quelques traits de satire relatifs aux circonstances? Collé: Que ne me demandez-vous plutôt pourquoi je fais des vaudevilles? La chanson est essentiellement du parti de l'opposition (Béranger, Chans., t. 1, 1829, p. XXXV).Vous voyez aujourd'hui les symphonies les plus compliquées attirer la foule dans cette France où la musique nationale s'était jusqu'ici réduite au vaudeville et à la chanson (Taine, Philos. art, t. 1, 1865, p. 100).
2. THÉÂTRE
a) HIST. DU THÉÂTRE. Petite comédie légère, entremêlée de ballets et de chansons sur un air populaire, jouée surtout au théâtre de la Foire; genre artistique que constituent ces comédies. Jouer un vaudeville; mettre un sujet en vaudeville. C'était [Nos bons chasseurs] un vaudeville entremêlé de danses et de couplets par Paul Bilhaud et Michel Carré (L. Schneider, Maîtres opérette, 1924, p. 230).V. opéra-comique ex. de Rolland.
b) [Dep. le xixes.] Comédie sans prétentions psychologiques ni morales, fondée sur un comique de situations, d'intrigues et de quiproquos. Scénario, personnage de vaudeville; les vaudevilles de Courteline, de Feydeau, de Labiche. La farce et le vaudeville les recherchent [les jeux de mots], et souvent en abusent (Jouy, Hermite, t. 5, 1814, p. 227).Chacun prend son plaisir où il le trouve; depuis le rire épais qu'excite le gros sel du vaudeville jusqu'au sourire entendu qui fleurit entre les lignes de la comédie parisienne, la scène dispense la gaîté sous tous ses masques (Arts et litt., 1935, p. 88-5).
Théâtre du Vaudeville ou, absol., Le Vaudeville. Théâtre destiné tout d'abord au vaudeville, construit en 1792 rue de Chartres puis place de la Bourse et boulevard des Capucines où il fut transformé en salle de cinéma. Acteur du Vaudeville. Moi, dit Bouvard, je me payais quelquefois un parterre au Vaudeville pour entendre des farces! (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 49).Plutus, sous forme de comédie en vers, avait été représenté avec succès au théâtre du Vaudeville, qui, à ce moment, était dirigé par Carvalho (L. Schneider,Maîtres opérette,1924,p. 224).
P. anal., CIN., LITT. Film, roman comique proche du vaudeville de théâtre. Où est Queneau dans ce vaudeville [le Vol d'Icare] ? C'est l'homme qui tire les ficelles (...). On remarquera sa gentillesse pour ces pantins qu'il agite et fait parler (Le Nouvel Observateur, 25 nov. 1968, p. 37, col. 4).
B. − Au fig., péj. Ce qui a le caractère léger, superficiel du vaudeville, ce qui en rappelle l'intrigue burlesque et compliquée. Une nuit, après quelques singeries, vous déclarerez, entre deux baisers, deux cent mille francs de dettes à votre femme, en lui disant: « Mon amour! » Ce vaudeville est joué tous les jours par les jeunes gens les plus distingués (Balzac, Goriot, 1835, p. 127).L'aigre vaudeville qu'est ce monde (Léautaud, Théâtre M. Boissard, 1943, p. 54).
En appos. avec valeur d'adj.
[En parlant d'une chose concr.] Vieilli. Quelconque, petit bourgeois. Il prit en grippe les ornements élégants du petit salon ovale de Madame Grandet. Il avait tort: rien n'était plus élégant et moins vaudeville (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 30).
[En parlant d'un sentiment] Ce qu'il haïssait le plus dans la figure courante de l'amour, l'aspect vaudeville et frivole, (...) voici qu'il en avait été tout éclaboussé (Butor, Passage Milan, 1954, p. 236).
REM.
Vaudevillisme, subst. masc.,théâtre, rare, péj. [Corresp. à supra A 2] Caractère de ce qui relève de la technique du vaudeville. Je trouvai dans le fameux trio: Je n'y puis rien comprendre... la partie du bouffe trop dissonnante avec le reste. Avec tout le génie de Boïeldieu, il ne peut vaincre le faux du genre, le vaudevillisme (Michelet, Journal, 1842, p. 375).
Prononc. et Orth.: [vodvil]. Att. ds Ac. dep. 1694. Ac. 1798: on ne mouille pas les l. Étymol. et Hist. 1. 1507 chançons de vaul de ville « chanson de circonstance le plus souvent satirique » (Nic. de La Chesnaye, Condamn. de Blancquet, sign. lz 4d ds Gdf. Compl.); 1549 vaudeville (Du Bellay, Vers Lyriques, éd. H. Chamard, t. 3, p. 3); 2. 1721 « chanson insérée dans une pièce de théâtre de foire » (Le Sage, Théâtre de foire ou l'Opéra Comique [...] avec une table de tous les vaudevilles et autres avis); d'où 1776 pièces en vaudevilles (Restif de La Bret., Le Paysan perverti, t. 2, p. 214); 1782 pièces à vaudevilles (L. Mercier, Tableau de Paris, t. 1, p. 39); 1783 opéra en vaudevilles (Florian, Galatée, p. 24); 3. 1811 « pièce de théâtre » (Jouy, Hermite, t. 1, p. 188: je vais employer mes loisirs à composer un vaudeville où je tournerai les créanciers en ridicule); 4. fig. a) α) 1830 de vaudeville « tel qu'on le rencontre dans une pièce légère » (Vigny, Journal poète, p. 931: elle [la classe moyenne] reçoit, surtout à Paris, une sorte d'éducation de vaudeville qui suffit à la dose de mélodie et d'esprit qu'elle est en état de comprendre); β) 1844 « scène de la vie courante pouvant être comparée à un vaudeville » (Balzac, Gaudissart II, p. 286); b) 1835 empl. adj. (Stendhal, loc. cit.). Altér. d'apr. ville de vau de vire (1452-78, Actes des apost., vol. I, fo149b, éd. 1537 ds Gdf. Compl.: chanson du vau de vire), rattaché traditionnellement à val de vire, région du Calvados d'où est originaire le chansonnier Olivier Basselin (xves.), dont les chansons furent publiées au xvies. (FEW t. 14, p. 210b). D'apr. Guir. Lex. fr. Étymol. obsc., vaudeville serait issu du comp. tautologique vaudevirer, comp. de virer et de *vauder « tourner » avec attraction de ville. Fréq. abs. littér.: 400. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 687, b) 1 190; xxes.: a) 523, b) 161.
DÉR.
Vaudevillesque, vaudevillier, -ière (surtout chez Goncourt), vaudevillique (chez Stendhal), adj.a) Qui ressortit au vaudeville. α) [Corresp. à supra A 1] Saint-Georges excelle dans les rondeaux, et ses petits airs vaudevillesques lui avaient attiré (...) une véritable notoriété (La Laurencie, Éc. fr. violon, 1923, p. 498). β ) [Corresp. à supra A 2] [Rodenbach] constate avec Bauër l'affamement que dans ce moment le Théâtre-Français aurait de pièces gaies, de pièces vaudevillières, de pièces convoitées par Féraudy et la majorité du comité (Goncourt, Journal, 1894, p. 557).Style dans l'ensemble d'une simplicité et d'une précision extrêmes [dans le Vol d'Icare], avec de rares jeux grammaticaux: rien ne doit risquer de ralentir le mouvement de la mécanique vaudevillesque (Le Nouvel Observateur, 25 nov. 1968, p. 37, col. 4).b) Qui rappelle les comédies de vaudeville. Je désire n'avoir pas d'autre monument, rien de parisien, rien de vaudevillique, j'abhorre ce genre. Je l'abhorrais bien plus en 1821. L'esprit français que je trouvais dans les théâtres de Paris allait presque jusqu'à me faire m'écrier tout haut: Canaille! (Stendhal, Souv. égotisme, 1832, p. 66).Les deux personnages d'Elsa et de mon père enlacés dans l'ombre des pins m'apparaissaient vaudevillesques et sans consistance, je ne les voyais pas (Sagan, Bonjour tristesse, 1954, p. 178). [vodvilεsk], [-lje], fém. [-jε:ʀ], [-lik]. 1resattest. 1832 vaudevillique (Stendhal, loc. cit.), 1886 déc. vaudevillier (Goncourt, Journal, p. 625), 1891 vaudevillesque (J. Caraguel, in J. Huret, Enquête sur l'évolution littéraire, p. 224 ds Quem. DDL t. 15); de vaudeville, suff. -ique*, -ier*, -esque*. Fréq. abs. littér.: 100.
BBG.Guir. Étymol. 1967, p. 17. − Matthes (L.). Vaudeville: Untersuchungen zu Geschichte und literatursystematischem Ort einer Erfolgsgattung. Heidelberg, 1983, 244 p., passim. − Quem. DDL t. 22, 30.