| VASSALITÉ, subst. fém. A. − HISTOIRE 1. Fait d'être vassal; condition de vassal. Synon. vasselage.Lien, serment de vassalité. En prenant soin d'exiger d'Henri III l'hommage de vassalité, saint Louis marquait assez qu'il réservait l'avenir (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 72).Sur les aveux, c'est-à-dire sur les actes de vassalité, Pierre Corneille a signé de sa main, qu'il lui fallait donner au seigneur de Saint-Vaubourg sept œufs à Pâques et deux poules à Noël (Brasillach, Corneille, 1938, p. 175). 2. Lien personnel de dépendance d'hommes libres, né de la recommandation, puis pacte d'assistance mutuelle prenant un aspect militaire accentué sous les Carolingiens et se doublant d'un lien réel par le fief. Certains Français expient aujourd'hui le crime de fidélité − d'une fidélité égarée, d'une fidélité corrompue. Pourtant c'est bien de fidélité qu'il s'agit, de fidélité à un homme en qui on s'est remis; cet instinct en nous remonte du fond des âges de la vassalité (Mauriac, Bâillon dén., 1945, p. 421).La vassalité s'est developpée progressivement (...) et sous la pression des circonstances qui poussaient les hommes libres à rechercher une protection plus proche et plus précise que celle de l'État (Fr. Olivier-Martin, Hist. du dr. fr., 1984 [1950], p. 82). 3. Système social précédant la féodalité, fondé sur un lien personnel de dépendance entre un homme libre et le roi, puis entre un homme libre et son seigneur qui lui doit, en échange, protection et assistance. Ce chasement, casamentum [fait d'installer un vassal sur un domaine dont il a la jouissance], des vassaux devient la règle au IXesiècle. Au lien personnel de la dépendance qui découle de la vassalité se joint, dans la pratique, le lien réel qui résulte de la concession d'une terre en bénéfice (Fr. Olivier-Martin, Hist. du dr. fr., 1984 [1950], p. 86). B. − 1. DR. INTERNAT. PUBL. Forme de dépendance d'un État devant tribut et assistance à un autre État, qui, de son côté, assure la protection militaire et diplomatique (d'apr. Jur. 1985). Le Traité de Francfort (...) plaçait la France sous une menace latente qui ne lui laissait, au fond, que le choix entre une vassalité perpétuelle à peine déguisée et quelque lutte désespérée (Valéry, Variété IV, 1938, p. 66). 2. Etat de sujétion, de dépendance étroite. Quoique je voulusse (...) m'affranchir de la vassalité fraternelle (Balzac, Lys, 1836, p. 172).Des dirigeants incapables nous ont jetés dans la guerre, parce que l'emprise anglaise s'étendait sur eux (...). Il n'est que de se souvenir en quelle posture de vassalité furent pendant l'année folle les misérables gouvernements français (L'Œuvre, 25 juin 1941). Prononc. et Orth.: [vasalite]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. 1491 [date de l'éd.] vassaultes « devoirs du vassal envers son seigneur » (Chron. de S. Denis, II, fo264a ds Gdf.), attest. isolée; 1740-50 (Saint-Simon, Mém. complets et authentiques, Paris, H.-L. Delloye, t. XI, 1840, p. 68: M. de Chevreuse [...] était toujours en liaison avec eux, parce que tantôt par ordre du roi, et quelquefois à la prière des parties, il avait essayé de les accommoder avec les Bouil-lon dans l'affaire de la vassalité de Turenne); 1745 (Ch.-P. Duclos, Histoire de Louis XI, p. 327: Le duc de Bourgogne ayant conclu cette ligue, donna une déclaration portant que tous ses pays etoient exempts de vassalité envers la couronne de France); 2. a) 1836 « état d'assujettissement, de soumission » (Balzac, loc. cit.); b) 1914 en parlant d'un État (Maurras, Kiel et Tanger, p. 188). Dér. sav. de vassal*; suff. -(i)té*. Fréq. abs. littér.: 44. |