| * Dans l'article "VALSE,, subst. fém." VALSE, subst. fém. A. − 1. Danse à trois temps, lente à l'origine, dans laquelle les couples enlacés tournent sur eux-mêmes et autour de la salle. Valse tournoyante; valse à l'envers; mouvement de la valse; tour de valse; aimer, adorer, danser la valse. Elle montra à Stephen le pas de la valse; (...) et, suivant la musique enivrante, il entraîna Joséphine en tourbillonnant à travers les allées (Karr, Sous tilleuls, 1832, p. 209).Une valse de salon aux mouvements simples et perpétuellement repris, liée à la musique étroitement, n'a aucun rapport avec la chorégraphie construite à l'Opéra sur un air de valse (Arts et litt., 1935, p. 44-11). − P. anal. Las de l'effort mental, il s'intéressait au moucheron en valse dans le rai de soleil (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 5). − P. métaph. La vie de moi s'écoule à la mort enlacée. Leur valse lente et lourde à l'envers est dansée Chacune dévidant sa sublime raison L'une à l'autre opposée (Genet, Poèmes, 1948, p. 48). 2. Air sur lequel s'exécute cette danse. Valse de guinguette; valse à danser; orchestre, accordéon qui joue, entame une valse. C'est le jour de la fête à Charmes, les valses d'un bal public viennent se perdre jusque sur le cimetière (Barrès, Cahiers, t. 7, 1909, p. 306).Écoute, cette valse... Mon père valsait, tu sais, comme un dieu (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 419). − P. méton. Partition de cette musique. Avez-vous là ces valses de Strauss? Prêtez-les moi, si vous n'en faites rien (Musset, Caprice, 1840, 2, p. 179). 3. En partic. ♦ Valse chaloupée*. ♦ Valse lente. Synon. de boston2.Je viens de chanter à tue-tête une valse lente d'avant guerre, amoureuse (Montherl., Lépreuses, 1939, p. 1486).La valse anglaise ou « valse lente » est arrivée en Europe vers les années 1920, venant d'Amérique (de Boston, d'où l'autre dénomination de « boston ») (Mus.1976). ♦ Valse musette. V. musette1. ♦ Valse viennoise. Valse au tempo accéléré et à pas glissés, immortalisée au xixes. par les chefs-d'œuvre de J. Strauss et de ses successeurs. La valse viennoise est fille des Ländler d'Autriche, danse paysanne avant d'être adoptée par la société de la capitale au détriment du menuet (P. Germa, Depuis quand?1982, p. 332). B. − Composition musicale (ou mouvement d'une œuvre musicale) à trois temps mais non destinée à la danse, écrite pour un ou plusieurs instruments. Valse brillante, mélancolique; valses de Chopin, de Brahms, de Schubert. Elle se leva, ouvrit son piano et se remit à jouer l'Invitation à la valse, jusqu'à ce fameux passage en majeur qui l'arrêtait toujours (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p. 143). − P. méton. Partition de cette musique. Laure (...) ouvrit le recueil. C'était la valse en la mineur qu'elle préférait: elle avait lu que Chopin la chérissait lui-même, cette œuvre de la jeunesse (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 77). C. − Au fig., fam. Valse de + subst. 1. Changement de personnes à intervalles très rapprochés et sur un même poste, dans une même fonction. Valse des ministres. Contribuer à la « valse » des portefeuilles ministériels sans songer réellement au bien public (Jeux et sports, 1967, p. 734). 2. Modification, changement continuel, circulation rapide de choses qui apparaissent et disparaissent. Valse des millions. Le système monétaire international est réformé. Mais la valse des monnaies n'est pas terminée (Le Nouvel Observateur, 12 janv. 1976, p. 31, col. 4). ♦ Valse des étiquettes. Changements fréquents d'étiquetage sur une marchandise, dû à des hausses successives des prix. La « valse des étiquettes » [au Portugal] est si générale − et généreuse − qu'une « commission de lutte contre la vie chère et le blocage des salaires » s'est créée (Le Nouvel Observateur, 12 janv. 1976, p. 33, col. 2). REM. Valse-hésitation, subst. fém.,fam. a) Type de valse caractérisée par des pas en avant puis en arrière. On attaque justement une valse-hésitation. Faites comme ces danseurs. Hésitez mais allez-y (Bourget, Conflits int., 1925, p. 278).b) Au fig. Comportement marqué par des hésitations successives et contradictoires du ou des tenant(s) d'un pouvoir. [Livre] où il est question, noir sur blanc, de notre « masochisme politique » de nos dérobades, couardises, bévues, déboires tissés d'aveuglement, de la valse-hésitation de nos gouvernants (Le Figaro-magazine, 26 sept. 1987, p. 64, col. 3). Prononc. et Orth.: [vals]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. a) 1787 walz plur. « danse à trois temps dans laquelle les couples tournent sur eux-mêmes en se déplaçant » (P. d'Albis, Lettre ds Trav. Ling. Philol. t. 28, 1990, p. 81); 1800 valse (Boiste); b) 1824 « air, musique qui accompagne cette danse » (Raymond); c) 1824 « morceau de musique instrumentale de forme libre composé sur le rythme de cette danse » (Delécluze, Journal, p. 47); 2. a) 1921 valse-hésitation (Bourget, Drame, p. 139); b) 1964 « suite de décisions, d'actes contradictoires » (Le Canard enchaîné, 29 janv., p. 5, 1 ds Blochw.-Runk., p. 450); 3. a) 1963 « mouvement de choses qui se succèdent et disparaissent rapidement » (ibid., 20 nov., p. 2, 4, ibid.); b) 1964 « succession de titulaires à un poste, intervenant à intervalles rapprochés » (Rob.). Empr. à l'all.Walzer, att. au sens 1 a dep. 1781 (Kluge20), dér. de walzen, att. au sens de « danser en tournant » dep. 1760. Au sens 2 a, cf. l'angl. hesitation waltz, att. dep. 1914 ds NED Suppl.2. Fréq. abs. littér.: 461. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 363, b) 1 032; xxes.: a) 742, b) 655. Bbg. Behrens D. 1923, p. 96. − Boulan 1934, p. 174. − EWFS2, p. 883. |