| VAGABONDAGE, subst. masc. A. − 1. Fait de vagabonder, d'aller çà et là, à l'aventure. Synon. errance, vadrouille2(fam.).Vagabondage en mer, en forêt; vagabondage dans la campagne, dans les rues; vagabondage à travers l'Europe; années de vagabondage. C'était cette coureuse de Lydie qu'elle avait enfermée, disait-elle, pour la punir de n'être rentrée qu'à cinq heures, après toute une journée de vagabondage (Zola, Germinal, 1885, p. 1360).Mes longs vagabondages m'ont donné l'habitude d'une liberté intransigeante. Je ne puis en voyageant supporter la contrainte des étapes prévues, du logement banal, des repas à heure fixe (T'Serstevens, Itinér. esp., 1963, p. 15). 2. Fait de voyager beaucoup, d'effectuer de nombreux déplacements. Les hasards de ses tournées ne l'avaient jamais conduit sur les bords de la Néva. Mais, il était un peu du Tout-Europe, par les vagabondages cosmopolites de ses représentations (Bourget, Conflits int., 1925, p. 104). B. − Fait de mener une vie errante. À sa nombreuse population sédentaire, brave, endurcie, dévouée, passive, se joignaient d'immenses peuplades, dont le dénuement et le vagabondage sont l'état naturel (Las Cases, Mém. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 276).On ne saurait douter, en effet, que le vagabondage ne soit, au fond, très naturel à l'homme (Comte, Philos. posit., t. 5, 1894 [1841], p. 67). − DR. Délit de toute personne n'ayant ni domicile, ni moyen de subsistance et n'exerçant habituellement aucun métier, ni profession. Le gendarme déclara: « Je vous prends en flagrant délit de vagabondage et de mendicité, sans ressource et sans profession, sur la route, et je vous enjoins de me suivre » (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Vagabond, 1887, p. 674).Mais, au cours du « Tour de France », il faut vivre; la loi sur le vagabondage est impitoyable et le gendarme est parfois sans pitié (Fillon, Serrurier, 1942, p. 34). ♦ Vagabondage (de mineur, d'enfant). Délit d'un enfant mineur ayant quitté sans cause légitime le domicile de ses parents ou de ses tuteurs et n'ayant ni travail, ni domicile ou tirant ses ressources de la débauche ou de métiers prohibés. Les mineurs de 18 ans et au-dessous qui, ayant quitté leur famille, se livrent au vagabondage sans travail ni domicile fixe tombent sous le coup du décret-loi du 30 octobre 1935 (Encyclop. éduc., 1960, p. 202). ♦ Vagabondage spécial. ,,Délit qui consiste à aider, assister ou protéger habituellement le racolage public en vue de la prostitution d'autrui pour en partager les profits`` (Cap. 1936). Synon. proxénétisme.Le vagabondage spécial est aujourd'hui plus volontiers désigné sous l'expression de métier de souteneur ou encore assistance à la prostitution d'autrui (Cap.1936). − P. anal. Fait de pacager librement pour des animaux domestiques. Longtemps le vagabondage du bétail fut libre, et le laboureur devait protéger ses récoltes contre d'éventuelles dégradations (Meynier, Paysages agraires, 1958, p. 44). C. − Au fig. Fait d'aller sans cesse d'un objet à un autre sans pouvoir se fixer. Vagabondage des idées, de l'esprit, de la mémoire; vagabondage spirituel, métaphysique, sentimental. C'est un dîner amusant par le vagabondage de la conversation, qui va de l'envahissement futur du monde par la race chinoise à la guérison de la phtisie par le docteur Koch (Goncourt, Journal, 1890, p. 1268).Le fait est qu'il n'est pas de plus commode observatoire, ni de plus propice au vagabondage de l'imagination et au coup d'œil de la pensée que cette humble place de dessus d'omnibus (A. Daudet, Crit. dram., 1897, p. 228). Prononc. et Orth.: [vagabɔ
̃da:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. [1767 d'apr. Bl.-W.2-5sans précision de sens] 1. 1783 « fait, habitude d'errer çà et là » interrogé sur son vagabondage (Linguet, Annales polit., civiles et litt., Londres, t. 14, p. 239 ds Gohin, p. 238); 2. 1810 « état d'une personne qui mène une vie errante, sans domicile fixe ni moyens de subsistance reconnus » (Code pénal, livre III,269); 1936 vagabondage de mineurs (Cap.); 3. 1817 fig. les vagabondages de l'imagination (Stendhal, Rome, Naples et Flor., t. 1, p. 405); 4. 1885 vagabondage spécial (B. des lois, 27 mai ds Lar. Lang. fr.). Dér. de vagabonder*; suff. -age*; 1836 vagabonderie « errance, promenade » (Barb. d'Aurev., Memor. 1, p. 68) dér. de vagabonder*; suff. -erie*. Fréq. abs. littér.: 121. Bbg. Quem. DDL t. 18, 40. |