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VÉRITABLEMENT, adv.
A. − [Exprime qu'un fait ou une dénomination est conforme à la réalité, à la vérité objective]
1.
a) Conformément à la vérité, sans se tromper ou sans mentir. Si je venais à m'être trompé dans quelque citation, les pièces officielles m'ont manqué; et si je ne me trouvais pas dans le vrai pour toute autre chose, je serais du moins dans l'erreur de bonne foi; j'ai pensé ou j'ai senti véritablement tout ce que j'ai écrit (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 482).[L'hypothèse la plus ingénieuse] ne saurait prétendre ramener la multiplicité observée à quelques principes généraux qui, de proche en proche, expliqueraient véritablement et totalement le réel (Marrou, Connaiss. hist., 1954, p. 191).
b) D'une manière juste, conforme à la réalité et non aux apparences. Peuple sensible, m'écriai-je, que deviendras-tu, quand Aaron n'existera plus?... À ces mots, je vis briller la joie dans les yeux du calife. Oui, oui, dit-il, c'est alors qu'ils sentiront véritablement le prix de tout ce que je fais pour eux (Genlis, Chev. Cygne, t. 2, 1795, p. 199).
2.
a) Dans la réalité, et non en rêve ou dans une fiction. Il est bien certain que ce qu'on appelle l'illusion, ce n'est pas s'imaginer que ce qu'on voit existe véritablement (Staël, Allemagne, t. 2, 1810, p. 245).Vous jouissez [devant une peinture] de la représentation réelle de ces objets, comme si vous les voyiez véritablement, et en même temps le sens que renferment les images pour l'esprit vous échauffe et vous transporte (Delacroix, Journal, 1853, p. 97).
[Exprime les manifestations physiques d'une action] Je l'ai vu les larmes aux yeux déplorant sa position. Oui, il en pleurait véritablement! (Balzac, Mais. Nucingen, 1838, p. 599).
b) En fait, en dépit des apparences. Les deux Cavalcanti saluèrent le comte et sortirent. Le comte s'approcha de la fenêtre, et les vit qui traversaient la cour bras dessus bras dessous.En vérité, dit-il, voilà deux grands misérables! Quel malheur que ce ne soit pas véritablement le père et le fils! (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 826).Je le nommais Caton, mais il s'appelait véritablement Zwack (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 337).
c) [Avec valeur intensive] Le plus authentiquement. Regardez ce qu'il y a d'éternel et d'infini en vous; car là est véritablement votre être, là est véritablement votre vie (P. Leroux, Humanité, 1840, p. 1000).Tu as peur de la chaîne. C'est un vieux préjugé. Justement c'est dans le mariage, dans ce milieu paisible, que l'homme est libre, c'est-à-dire véritablement lui-même (Chardonne, Épithal., 1929, p. 157).
3.
a) [Exprime la relation de conformité d'une définition, d'une qualité à son objet] Quant à ma triste maîtresse, quelle part eut-elle dans cette affaire? Fut-elle véritablement complice, ou bien un misérable instrument entre les mains de ceux qui voulaient me faire disparaître? (Tharaud, Fête arabe, 1912, p. 262).[Dans l'éducation scolaire grecque] l'éphèbe est celui dont la puberté est accomplie; ce n'est plus l'adolescent, ce n'est pas encore véritablement l'adulte: c'est, dirions-nous, le jeune homme (Encyclop. éduc., 1960, p. 8).
b) [Exprime l'absence de tricherie]
D'une manière incontestable quant à son origine. [À un repas] j'admirais un luxe de damassé véritablement russe, et une très-belle argenterie; mais ce que j'admirais le plus, c'est la confiance de l'amphitryon, qui exposait des richesses pareilles aux mains de ses compatriotes (About, Grèce, 1854, p. 432).
Avec sincérité ou sans qu'il y ait simulation. Vous prétendez-vous toujours mourant? dit Camusot. Si vous aviez véritablement éprouvé les souffrances dont vous vous êtes plaint depuis votre arrestation, vous devriez être mort, reprit le juge avec ironie (Balzac, Splend. et mis., 1846, p. 420).Dès l'instant que genres, unités, lieux communs sont tenus détestables, mais les seules œuvres dignes d'estime sont celles qui surprennent et déroutent, il ne reste au critique, s'il veut témoigner son admiration, qu'une ressource: qu'il s'avoue surpris, dérouté, en désarroi, qu'il le soit véritablement et s'indigne (Paulhan, Fleurs Tarbes, 1941, p. 160).
c) [Avec valeur intensive]
α) [Exprime qu'une dénomination ou une qualité est prise dans son sens le plus complet, son plus haut degré]
[Modifie un verbe] L'enthousiasme est de tous les sentiments celui qui donne le plus de bonheur, le seul qui en donne véritablement (Staël, Allemagne, t. 5, 1810, p. 213).Poësy (...) fut une sorte de grand frère, et le plus merveilleux des copains. Je le dis et pour une fois sans pudeur, Jean Poësy est le seul homme dans ma vie que j'ai véritablement aimé (J. Gabin ds A. Brunelin, Gabin, Paris, J'ai lu, t. 1, 1989 [1987], p. 65).
[Modifie un adj. ou un subst.] [Jean-Jacques] mettait à part les véritablement grands hommes, les « précepteurs du genre humain » (Guéhenno, Jean-Jacques, 1948, p. 291).Je me retournai, véritablement affolée, je me jetai sur la porte et me fis très mal à l'épaule (Sagan, Bonjour tristesse, 1954, p. 127).
[Avec répét. du subst. en empl. apposé] Un homme, véritablement homme, ne hait point; sa colère et sa mauvaise humeur ne vont point au delà de la minute (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 369).
β) [Pour renforcer la justesse d'une affirm., invite à prendre concrètement ou littéral. l'empl. métaph. ou fig. d'une dénomination] Interprétée ainsi [par Monet], (...) la nature simplifiée dans le détail et contemplée dans ses grandes lignes, devient véritablement un rêve vivant (Mauclair, Maîtres impressionn., 1923, p. 74).Il avait son visage le plus haïssable, cet air véritablement félin, la bouche tendue, les yeux luisants, que je lui avais vu souvent lorsqu'il racontait quelque anecdote cruelle (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 332).
B. − Adv. d'énonciation
1.
a) [Pour insister sur la vérité de ce qu'on dit] Synon. réellement.Ce qu'on m'a reproché encore, c'est (...) de m'être cru, dès cet instant [de mon alliance avec la maison d'Autriche], Alexandre devenu le fils d'un dieu! Mais tout cela était-il bien juste? Ai-je donc prêté véritablement à de tels travers? (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 858).Il l'apaisa, voulut visiter minutieusement les bâtiments avec elle et le Nanne, et lui releva si bien le cœur que, lorsqu'il partit, elle doutait de ce dont elle avait été certaine la semaine précédente. On ne sut jamais si un homme s'était véritablement caché dans le domaine (Pourrat, Gaspard, 1922, p. 205).
b) [Pour inviter à une réponse sincère] La rougeur de l'indignation colora les joues de Dantès.Sans vous! s'écria-t-il; m'avez-vous véritablement cru capable de cela?À présent, je vois bien que je m'étais trompé, dit le malade. Ah! je suis bien faible, bien brisé, bien anéanti (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 216).Elle réfléchissait, le front tendu. Elle finit par dire: Domitien, véritablement, est-ce moi que tu veux suivre? Ne mens pas (...). Wilfrida, fit-il gravement, je ne peux pas me passer de toi (Van der Meersch, Empreinte dieu, 1936, p. 165).
2. [Pour renforcer une affirm., une nég.] Il m'a été impossible de refuser. Cela me contrarie d'autant plus que j'avais l'intention de ne pas sortir ce soir. Et maintenant, je ne sais véritablement pas à quelle heure je pourrai rentrer (Reider, MlleVallantin, 1862, p. 210).J'ai regretté véritablement de ne pouvoir pas aller à Orsay (Valéry, Corresp., [avec Gide], 1912, p. 427).
[En tête de phrase ou de prop.] Le baronnet s'arrêta devant elle et se prit à la contempler. Véritablement, murmura-t-il, la petite est fort belle (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 375).Chigalev: Je demande la parole. Virguinsky: Vous l'avez. Prenez-la. Liamchine joue plus fort. Le séminariste: Permettez, Monsieur Liamchine, mais véritablement, on ne s'entend plus (Camus, Possédés, 1959, 3epart., 12etabl., p. 1047).Synon. de à la vérité*, à vrai* dire.Véritablement les Saducéens étaient plutôt des athées que des disciples de Moïse. Le présent seul les occupait (P. Leroux, Humanité, 1840, p. 677).
3. [Pour affirmer la pertinence et le caractère incontestable d'une évaluation, d'un jugement de valeur] Le sentiment que les petites filles éprouvent pour leur poupée est véritablement assez bizarre, et je l'ai ressenti si vivement et si longtemps que, sans l'expliquer, je puis aisément le définir (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 181).À l'angle d'une rue, nous tombâmes sur un train électrique qui sillonnait la vitrine d'un magasin de jouets. C'était véritablement l'un des plus beaux, l'un des plus chromés qu'il m'ait été donné de voir au cours de ma longue carrière de fanatique de trains modèles réduits (A. Jardin, Bille en tête, 1988 [1986], p. 80).
4. [Pour modifier un verbe désignant l'acte de croire, pour exprimer le degré d'adhésion de celui qui parle] Véritablement, je crois que chez cette créature inoffensive, le célibat par moments lui monte à la tête et la rend enragée (Goncourt, Journal, 1878, p. 1257).
Prononc. et Orth.: [veʀitabləmɑ ̃]. Ac. 1694, 1718: ve-; dep. 1740: vé-. Étymol. et Hist. 1. Ca 1145 veritaulement « conformément à la vérité » (Guillaume de St Thierry, Epître St Bernard a Mont-Deu, fol. 20 ro, éd. V. Honemanu, p. 231); 2. ca 1200 « réellement, vraiment » estre ueritablement (Dialogues Grégoire, éd. W. Foerster, p. 194, ligne 10); 3. 1369 « d'une manière conforme à ce qui doit être » (ds H. Caffiaux, Nicole de Dury, Pièces justificatives, no30, p. 28); 4. déb. xviies. « d'une manière conforme aux caractères que la dénomination suppose » véritablement hommes (Malherbes, Paraphrase du Psaume CXLV, 11 ds Œuvres compl., éd. L. Lalanne, t. 1, p. 274). Dér. de véritable*; suff. -ment2*. Fréq. abs. littér.: 1 695. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 513, b) 2 770; xxes.: a) 1 328, b) 1 927. Bbg. Hansén (I.). Les Adv. prédicatifs fr. en -ment... Göteborg, 1982, pp. 114-119.