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* Dans l'article "VÉNÉNEUX, -EUSE,, adj."
VÉNÉNEUX, -EUSE, adj.
A. −
1. [En parlant d'un végét.] Qui contient du poison; dont la consommation peut empoisonner l'homme ou l'animal, dont le contact peut être irritant. Fruit, suc vénéneux; herbe, plante vénéneuse; champignons vénéneux. La ciguë vireuse (...) est une plante très-vénéneuse (Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog., t. 1, 1821, p. 194).La luxuriance séductrice et le suc empoisonné de certaines fleurs vénéneuses (Proust, Fugit., 1922, p. 611).
P. métaph. Il parut à Joseph que c'était [la sonnerie du téléphone] une sonnerie verte, une sonnerie d'un vert chimique, toxique, cruel et vénéneux (Duhamel, Passion J. Pasquier, 1945, p. 144).
PHARMACOL. [En parlant de produits extraits de ces plantes] Substances vénéneuses en pharmacie. ,,Ces substances sont définies par l'arrêté du 21 janvier 1957, qui fixe, dans sa section II, celles d'entre elles qui peuvent être utilisées en thérapeutique humaine ou vétérinaire`` (Lar. Méd. t. 3 1972). [P. méton.] Qui est propre à ces substances. On connaissait depuis longtemps les propriétés éminemment actives ou vénéneuses de l'opium (...) et d'un grand nombre d'autres substances végétales, employées pour la plupart en médecine (Berthelot, Synth. chim., 1876, p. 116).
P. méton. Qui contient des végétaux vénéneux. Humus vénéneux. V. colchique. ex.
2. Vieilli. Qui agit à la manière d'un poison. Synon. toxique.
a) [En parlant de chair animale ingérée comme aliment] La viande gâtée est vénéneuse. Certains poissons ont une chair vénéneuse au moment du frai; d'autres fois, ce sont leurs œufs qui sont toxiques (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 232).Les moules sont parfois vénéneuses (Thomas1956).
b) [En parlant d'une substance minér.] Le cuivre forme des sels vénéneux (Ac. 1878, 1935). [L'allumette chimique] ne prit toutefois sa plus grande diffusion qu'à partir de 1844, quand le chimiste suédois G. E. Pasch eut réussi à remplacer, dans la composition inflammable, le phosphore blanc vénéneux par l'inoffensif phosphore rouge (P. Rousseau, Hist. techn. et invent., 1967, p. 226).
3. Synon. de venimeux (v. ce mot A 1 b).V. acinète ex. 2.
Rem. Vénéneux s'applique princ. aux plantes, aux minéraux et aux animaux lorsque ceux-ci agissent comme un poison. Venimeux s'applique aux animaux à venin et à tout organe communiquant ce venin.
B. − Au fig., littér.
1. [En parlant d'une pers.] Qui a un caractère pernicieux; qui est dangereux moralement pour autrui. Son papa [d'un avocat] perché lui-même sur le barreau, lui a sévèrement interdit tout contact avec un écrivain aussi vénéneux que moi (Bloy, Journal, 1892, p. 32).
[P. méton.] Je lui reprochai sa beauté, ses yeux vénéneux (Morand, Ouv. la nuit, 1922, p. 142).
2. [En parlant de productions de l'esprit] Qui peut faire mal, pernicieux. La sainteté du travail est un de ces principes vénéneux qui ne se sont pas imposés de tout temps (Martin du G., Devenir, 1909, p. 39).J'introduisais dans ma tête, par les yeux, des mots vénéneux, infiniment plus riches que je ne savais (Sartre, Mots,1964, p. 43).
REM.
Vénéneusement, adv.,rare. D'une manière, d'un aspect vénéneux. De longues mousses et des champignons vénéneusement zébrés pointillés perlés couvrent le pavé du sanctuaire (Cendrars, Du monde entier, Documentaires, 1924, p. 145).
Prononc. et Orth.: [venenø], fém. [-ø:z]. Ac. 1694, 1718: veneneux; dep. 1740 vénéneux. Étymol. et Hist. a) 1478 méd. anc. « qui corrompt, provoque l'infection, la maladie » (Nicolas Panis, Le Guidon de Guy de Chauliac, e 4 vo: Andrac de toute sa nature est maladie tres perilleuse ague et brifve car est de matiere venenose pestillencielle et contagieuse); b) 1478 morsures des bestes venenouses (Id., ibid., k 5 vo); c) 1536 veneneux langages (J. Bouchet, Triomphe de la Noble Dame, sign. A IIdds Gdf. Compl.); d) 1545 (Paré, Œuvres, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 2, p. 190, note 1: aultres playes qui ne sont veneneuses); e) 1575 bestes veneneuses ; champignons veneneux (Id., ibid., p. 285, note 1, p. 335 [cf. bestes venimeuses, p. 283, note 1]). Empr. au b. lat.venenosus « qui empoisonne » (de venēnum, v. venin), empl. au fig. par les aut. chrét. à propos de l'hérésie (v. Blaise Lat. chrét.); moins att. que venimeux dep. le xvies. (cf. Rich. 1680: ,,Mot qui est ecorché de Latin et qui ne se dit pas``). La spécialisation d'empl. (vénéneux à propos du monde végétal et venimeux à propos du règne animal) plus marquée dep. le xviiies., n'a cependant jamais été complètement réalisée. Pour les empl. fig., qualifiant des êtres humains, leurs paroles ou écrits, leurs actes (avec des termes comme: engeance, espèce, secte; voix, regard, sourire; parole, livre, pensée, ironie...) venimeux domine du xvieau xxes. D'autre part les deux termes (avec une préférence pour vénéneux aux xviiieet xixes.) ont été empl., du xvieau xixes., avec des subst. désignant des matières (comme humeur, sang, eau, substance, matière, suc, exhalaison...) ou qui permettent d'exprimer le caractère de toxicité (aspect, principe, qualité, propriété). Dans la 2emoit. du xixes., toxique* commence à les concurrencer dans ces empl.: le fait qu'il puisse désigner de façon gén. la toxicité (sans présomption d'orig., animale ou végétale) et que, de plus, il puisse être adj. ou subst., explique prob. que toxique soit le terme qui prédomine au xxes., dans la lang. cour. et dans la lang. techn., et qu'il ait tendance à évincer vénéneux. Au xxes., vénéneux s'emploie surtout à propos de végétaux (et principalement les champignons) et semble connaître un regain de vitalité dans les empl. fig. (à propos d'êtres humains et de leurs actes) où il coexiste avec venimeux*. Fréq. abs. littér.: 139. Bbg. Goug. Mots t. 1 1962, pp. 87-88.