| UTOPIQUE, adj. A. − SOCIOPOL. [Corresp. à utopie A] 1. [En parlant d'un inanimé] a) Relatif à une utopie, à des utopies. On ne s'étonnera donc pas qu'il [Marx] ait pu mêler dans sa doctrine la méthode critique la plus valable et le messianisme utopique le plus contestable (Camus, Homme rév., 1951, p. 233). ♦ Socialisme* utopique. b) Qui exprime, constitue une utopie. Il y a une grande causerie sur l'éducation. Sainte-Beuve, avec une jeunesse et une violence d'idées révolutionnaires, presque utopiques, veut la réformer du tout au tout (Goncourt, Journal, 1862, p. 1182).Cabet (1788-1856) (...) dans son roman utopique Voyage en Icarie et dans ses tentatives de réalisation de colonie communautaire au Texas, a évoqué l'idée du communisme et d'un partage absolu des biens (Lesourd, Gérard, Hist. écon., 1968, p. 163). 2. Rare. [En parlant d'une pers.] Qui est un adepte de l'utopie. Synon. utopiste.Comment ne s'est-il trouvé personne pour montrer à ces esprits religieux et utopiques que le puritanisme a une tradition militaire...? (Barrès, Fam. spir., 1917, p. 99). B. − [Corresp. à utopie B] 1. [En parlant d'un inanimé] Qui appartient à l'utopie, qui n'est pas (actuellement) réalisable. Cette réorganisation politique exigerait directement l'utopique participation désintéressée des pouvoirs mêmes qu'elle doit à jamais éteindre (Comte, Philos. posit., t. 4, 1893 [1839], p. 52).Il semble utopique de penser que les critères contextuels par lesquels on assignerait des sens équivalents à des mots ou noyaux différents, et les critères contextuels de résolution des polysémies puissent être découverts et compilés par un automate (Coyaud, Introd. ét. lang. docum., 1966, p. 77). 2. [En parlant d'une pers.] Qui n'existe que dans l'imaginaire. [Jenny] prétendait n'accorder son cœur et sa main qu'à un amant digne d'elle, personnage utopique qu'elle avait rencontré dans les livres (Sand, Melchior, 1853, p. 236). Prononc. et Orth.: [ytɔpik]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1529 lettres Utopiques « lettres utilisées dans l'impression d'un ouvrage intitulé Insula Utopia » (G. Tory, Champfleury, LXXIII vo, alinéa 3), attest. isolée; 2. 1839 « qui tient de l'utopie, irréalisable » (Comte, loc. cit.). Dér. de utopie*; suff. -ique*; cf. également utopien att. une fois chez Rabelais (1543, Tiers Livre, chapitre 1, éd. M. A. Screech, p. 22), puis au xviiies. (dep. 1717, MmeManley, Mém. secrets concernant les mœurs et coutumes des personnes de qualité de la Nouvelle Atlantis, II, 148 ds Quem. DDL t. 14), au sens littéral « habitant d'Utopie » et fin xviiies. au sens de « utopiste » (1789, Mirabeau, in Cour. de Provence, no41, Archives parlementaires, IX, p. 584, ibid.). Fréq. abs. littér.: 45. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 441. − Laurent (P.). Contribution à l'hist. du lex. fr. Romania. 1925, t. 51, p. 45. |