| UNIVERSEL, -ELLE, adj. et subst. masc. I. − Adjectif A. − 1. Qui s'étend à l'univers entier, qui embrasse la totalité des êtres et des choses. Ordre, déterminisme universel; détermination, harmonie, nécessité universelle; lois universelles de la méthode scientifique; le principe de causalité est universel. L'universel entrelacement des phénomènes fait que sur chacun d'eux porte le poids de tous les autres (Bourget, Disciple, 1889, p. 63).Je crois qu'il est impossible de ne pas éprouver une espèce de vertige, à ces premiers contacts avec la science, lorsqu'on commence à distinguer, pour la première fois, quelques-unes de ces grandes lois qui ordonnent la complexité universelle! (Martin du G., J. Barois, 1913, p. 228). ♦ Âme* universelle. Cause* universelle. Principe d'intelligibilité* universelle. ♦ L'Être universel. Dieu. La vraie pensée de Platon est que « le degré de divinité est proportionnel au degré d'être; l'être le plus divin est donc l'être le plus être; or, l'être le plus être, c'est l'Être universel ou le Tout de l'être ». Comment, après cela, ne pas comprendre que (...) chez Platon, c'est l'être universel, c'est-à-dire Dieu (Gilson, Espr. philos. médiév., 1931, p. 51). 2. Qui est relatif, propre au cosmos. Fuite universelle des galaxies; loi de la gravitation universelle. Immense et majestueuse harmonie des mondes! Un mouvement universel emporte les astres, atomes de l'infini (Flammarion, Astron. pop., 1880, p. 284).Avant la formation définitive de la nouvelle chimie, l'attention a été tentée par l'idée du cosmos unique, par la recherche d'une force unique, retenant l'univers. Cette force était cherchée dans l'attraction universelle newtonienne (Vernadsky, Géochim., 1924, p. 45). B. − Le plus souvent p. hyperb. 1. Qui s'étend à la terre entière. Synon. mondial, planétaire.Triomphe universel; domination, monarchie, célébrité, gloire, notoriété, renommée universelle; catastrophe, guerre, paix, famine, peste universelle. Cette femme dont la réputation de beauté, d'inconduite et d'élégance était universelle (Proust, Swann, 1913, p. 421).V. national-socialiste ex. de Camus: 1. Du retard causé au ravitaillement de la France, des Pays-Bas, de l'Italie par le prolongement de la guerre, de la misère qui étreindrait les populations germaniques, tchèques, balkaniques, n'allait-il pas sortir des secousses sociales qui jetteraient, peut-être, tout l'Occident dans la révolution? Le chaos universel serait, alors, la dernière chance ou, tout au moins, la vengeance d'Hitler.
De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 158. ♦ Conflagration* universelle. Déluge* universel. 2. a) Qui s'étend à tout ou à tous; qui se rapporte, s'applique à l'ensemble des hommes, à la totalité des choses. Savoir universel. Les gens du monde appartiennent à une race particulière, remarquable surtout par une ignorance universelle et par une admirable facilité à parler de tout avec un air d'esprit (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Comment on cause, 1887, p. 1083).V. astrologie ex. 3 et musculature ex. de Sartre. − [En parlant d'un état d'esprit, d'un sentiment, d'une manière d'être] Dédain, dégoût universel; bienveillance, indifférence universelle. Combien il y avait là d'esprits, dont la richesse, la liberté, la curiosité universelle eût attiré Christophe, s'il avait pu les connaître! (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 700).Son universelle tendresse voilait les heures d'abandon. Comme ceux qui aiment tout ce qui vit, tout ce qui meurt, tout ce qui est, il semblait indifférent aux drames intimes du cœur (Faure, Hist. art, 1921, p. 24). Rem. On relève chez Proust le plur. universaux: Un de ces sourires collectifs, universaux, que, quand ils en ont besoin − comme on se sert du chemin de fer et des voitures de déménagement − empruntent les individus (Proust, Sodome, 1922 p. 1003). − En partic. Qui vaut pour tout, pour tous. Explication universelle; valeur, vérité universelle. Regardez ce que les pontifes de la IIIeRépublique ont fait de leur fameuse morale universelle, laïque ou kantienne. Un code d'excellents alibis pour combinaisons malpropres et brigandages coloniaux (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 144).La validité d'un jugement n'est jamais universelle, car elle se rattache à un cadre de référence précis (...). Si la vérité et les jugements étaient toujours universels, on ne pourrait établir de distinctions ni entre les sciences particulières, ni entre les genres de connaissances (Traité sociol., 1968, p. 121). − Spécialement ♦ Exposition universelle. Exposition où tous les pays sont invités et la plupart représentés. Je suis sûr que le petit nombre d'anciens élèves restés en France se rappellent aujourd'hui avec reconnaissance notre vieux collège, plus cosmopolite qu'une exposition universelle (Larbaud, F. Marquez, 1911, p. 12).P. métaph. L'Europe de 1914 était peut-être arrivée à la limite de ce modernisme. Chaque cerveau d'un certain rang était un carrefour pour toutes les races de l'opinion; tout penseur, une exposition universelle de pensées (Valéry, Variété[I], 1924, p. 19). ♦ MÉD. Donneur universel. ,,Tout sujet qui appartient au groupe sanguin O, parce que ses globules rouges n'étant agglutinés par le sérum d'aucun groupe, son sang est en principe toléré par n'importe quel type de receveurs`` (Méd. Biol. t. 1 1970). On n'a pas toujours, en cas d'accident, le loisir ni le moyen de rechercher par les épreuves d'usage à quel groupe appartient le blessé. On emploie alors du sang de donneur universel (Cuénot, J. Rostand, Introd. génét., 1936, p. 91).Panacée* universelle. ♦ RELIG. Jugement universel. Synon. de jugement* dernier.Dès cette époque se précisa (...) la croyance (...) à une survie consciente après la mort physique et à un retour des défunts à la vie, lors d'un jugement universel qui décidera du destin éternel de chacun (Philos., Relig., 1957, p. 48-9). b) [En parlant d'une pers.] Qui a des aptitudes pour tout; qui a des connaissances dans tous les domaines. Esprit universel. Léonard de Vinci a beaucoup écrit, et ses livres, qui traitent d'une infinité de sujets, ont contribué à lui faire la réputation d'un homme universel (R. Ménard, Hist. Beaux-Arts, 1882, p. 51).Quel artiste! Vous êtes le fils des êtres universels de la Renaissance (Blanche, Modèles, 1928, p. 65).V. génie ex. 10. − Au compar. Aucun artiste n'est plus universel que lui (Hugo ds Lar. Lang. fr.). 3. a) Qui est commun à tous les hommes. Besoin, préjugé universel; conviction, conscience, croyance, opinion universelle. Si l'amour est un sentiment universel, commun à tous les êtres, les façons de le satisfaire sont soumises à des exigences d'une complication infinie (Miomandre, Écrit sur eau, 1908, p. 177).Freud croit à l'existence universelle du complexe d'Œdipe, ce qui paraît difficilement conciliable avec le pluralisme culturel (Hist. sc., 1957, p. 1526).Au superl. La tendance des hommes vers le bonheur est la plus universelle et la plus active de toutes (Staël, Allemagne, t. 4, 1810, p. 285).La musique est la voix la plus universelle et la plus vague, celle dont usent toujours pour se rejoindre les hommes les plus dispersés (Faure, Hist. art, 1921, p. 124).V. amour ex. 49. ♦ Langue, langage universel(le). Langage universel des mathématiques. La musique, quoi qu'on dise, n'est pas une langue universelle (Rolland, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1176).Peut-être le seul langage authentique et universel est-il précisément celui du rêve (Choisy, Psychanal., 1950, p. 168).V. latin I A 1 ex. de Goncourt.LING. Langue artificielle auxiliaire. L'espéranto, langue universelle. Une langue universelle est aussi impossible que le mouvement perpétuel. Je vois même une raison péremptoire de cette impossibilité; c'est que, quand tous les hommes de la terre s'accorderaient aujourd'hui pour parler la même langue, bientôt, par le seul fait de l'usage, elle s'altérerait et se modifierait de mille manières différentes dans les divers pays (Destutt de Tr., Idéol. 2, 1803, p. 395). − En partic. Reconnu de tous. Cela seul est rationnel qui est universel. Ce qui déroute l'entendement, c'est le particulier et le concret. Nous ne pensons bien que le général (Durkheim, Divis. trav., 1893, p. 275).Je ne cherche pas ce qui est universel, mais ce qui est vrai. Les deux peuvent ne pas coïncider (Camus, Sisyphe, 1942, p. 185). b) Relatif, propre à tous les hommes, à l'ensemble des sociétés humaines. Histoire universelle; déclaration universelle des droits de l'homme. La cause de la révolution est universelle. Elle n'est pas la cause d'un seul pays. C'est une fièvre d'honneur et de dignité commune à tous les peuples (Guéhenno, Journal « Révol. », 1937, p. 52).Il n'existe peut-être pas, dans la littérature universelle, une découverte plus surprenante que la triste douceur de ce jeune Brutus, assassin de son père, de son maître, de son ami... car César était tout cela pour lui (Mauriac, Journal 2, 1937, p. 200). c) Qui provient de tous, qui est le fait de tous; que tout le monde partage. Assentiment, blâme universel; admiration, compassion, consentement, joie, solidarité universelle; exécration, réprobation universelle; avoir, obtenir l'approbation, l'adhésion, la confiance universelle; jouir de l'estime, de la sympathie universelle; inspirer une aversion universelle. Êtes-vous responsable des infamies d'une presse dont le mépris universel a depuis longtemps fait justice (Courteline, Client sér., 1897, 1, p. 15).L'homme courageux [Zola] qui, dans l'universelle lâcheté où nous nous décomposons, osait l'acte hardi pour la justice et pour la vérité (Clemenceau, Iniquité, 1899, p. 129). C. − 1. Qui s'étend à l'ensemble de ce que l'on considère. Chérouvier s'est coupé la barbe. C'est un scandale universel dans tout le Vearrondissement (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 41). − [En parlant d'ouvrages didact. ou sc.] La Géographie universelle, conçue et mise sur pied par Vidal de La Blache, et dont la publication s'achève (Civilis. écr., 1939, p. 26-11).Le Dictionnaire universel de médecine, de chirurgie, de chimie, de botanique de Robert James (Guéhenno, Jean-Jacques, 1948, p. 169). − MÉD., vieilli. Qui affecte tout l'organisme. Bouffissure, hydropisie universelle. Lorsque le scorbut commence, on sent une lassitude universelle, difficulté de se mouvoir, pesanteur dans les jambes (Geoffroy, Méd. prat., 1800, p. 457).Les malades succombent, en réalité, avec tous les symptômes de l'empoisonnement diphtérique: refroidissement général, (...) pâleur universelle de la peau (Trousseau, Hôtel-Dieu, 1895, p. 165). 2. En partic. a) Qui s'étend à la totalité d'une collectivité humaine donnée. Si la nature vous a donné des talents, vous pouvez les développer, et ils ne seront perdus ni pour vous, ni pour la patrie. Ainsi, l'instruction doit être universelle, c'est-à-dire, s'étendre à tous les citoyens (Condorcet, Organ. instr. publ., 1792, p. 453).Tout service militaire et universel obligatoire sera aboli en Allemagne (Traité de Versailles, 1919ds Doc. hist. contemp., p. 293). ♦ [En parlant d'un sentiment] Cette tendresse universelle pour les femmes l'alanguissait (Giraudoux, Bella, 1926, p. 233). ♦ Enseignement universel. ,,Enseignement qui peut être reçu par la totalité des individus satisfaisant à des conditions données, ou qui comporte des disciplines, des connaissances pouvant servir à de multiples usages, à atteindre des fins, des objectifs nombreux et divers`` (Leif 1974). ♦ Suffrage* universel. − En partic. Qui provient, qui est le fait d'un groupe donné, considéré dans sa totalité. Agitation, clameur, vocifération universelle. L'opinion universelle des anthropologistes est que la plus forte quotité de variations chez les Africains parleurs de langues Bantou (...) est due à des influences raciales venues du dehors et non pas à l'action du milieu (Haddon, Races hum., trad. par A. Van Gennep, 1930, p. 269). b) Qui est partout, répandu dans tous les lieux. L'eau a tout pris; elle s'est répandue partout, et la prédiction des hommes de la nuit s'est réalisée: il n'y a plus de tranchées, ces canaux ce sont les tranchées ensevelies. L'inondation est universelle (Barbusse, Feu, 1916, p. 351): 2. La dissémination par hameaux ou par cases ne prévaut que dans le Bas-Bengale, où de toutes parts, les groupes s'éparpillent entre des haies de bambous, et sur la lisière étroite de Malabar et de Travancore, régions où l'abondance des pluies et la présence universelle des eaux permettent et favorisent l'éparpillement.
Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 193. D. − Spécialement 1. LING. Grammaire universelle. ,,Étude des mécanismes nécessaires et communs à toutes les langues`` (Ling. 1972). Le projet de grammaire universelle (dite parfois « grammaire générale ») s'inscrit dans une perspective de recherche systématique des universaux de langage (D. D. L.1976). 2. LOG., LOG. FORMELLE a) Qui convient à tous les individus d'une classe pris un à un. Attribut, prédicat universel. Un terme est universel lorsqu'il est pris dans toute son extension (Foulq.-St-Jean1969). b) Proposition universelle. ,,Proposition qui énonce une relation vraie de chacun des individus qui composent l'extension du sujet`` (Lal. 1968). Subst. fém., p. ell. Une universelle. Une proposition universelle. (Dict. xixeet xxes.). c) Quantificateur universel. Symbole noté ∀ (qui s'énonce pour tout), exprimant qu'une certaine propriété appartient à tous les éléments d'un ensemble. (Dict. xxes.). 3. DR. CIVIL a) Communauté universelle, à titre universel. Régime matrimonial conventionnel en vertu duquel tous les biens présents et à venir de chacun des époux tombent dans la communauté. De la communauté à titre universel. Les époux peuvent établir par leur contrat de mariage une communauté universelle de leurs biens tant meubles qu'immeubles, présens et à venir, ou de tous leurs biens présens seulement, ou de tous leurs biens à venir seulement (Code civil, 1804, art. 1526, p. 282). b) Héritier universel. Synon. de légataire* universel.Mademoiselle de Meilhan est-elle héritière de M. Clavier? En est-elle l'héritière universelle? (Gozlan, Notaire, 1836, p. 243). c) Legs universel. Le legs universel est la disposition testamentaire par laquelle le testateur donne à une ou plusieurs personnes l'universalité des biens qu'il laissera à son décès (Code civil, 1804, art. 1003, p. 182). 4. RELIG. L'Église universelle. L'Église catholique. On employa toutes les pieuses fraudes pour prouver que Saint Samson avait été métropolitain; mais les cadres de l'Église universelle étaient déjà trop arrêtés pour qu'une telle intrusion pût réussir (Renan, Souv. enf., 1883, p. 3).Catholique, membre de cette Église universelle, je n'attends du bouddhisme et du taoïsme aucun message sauveur (Maritain, Primauté spirit., 1927, p. 144). 5. MÉTROL. Temps* universel. E. − TECHNOLOGIE 1. a) Qui sert à de multiples usages. Couvercle universel; clef universelle. Le bras est un instrument universel, un assemblage puissant et souple de leviers, de poulies et de ligaments (Claudel, Poète regarde Croix, 1938, p. 111).À partir du tour universel se sont créés peu à peu des tours spécialisés: le tour à fileter, né en 1800, est un premier pas dans l'automatisation du travail (Traité sociol., 1967, p. 445). ♦ Pince* universelle. ♦ Mandrin universel. ,,Mandrin permettant de serrer rapidement toutes les mèches cylindriques à l'aide d'une clef`` (Peyroux Techn. Métiers 1985). ♦ Serrure universelle. ,,Serrure qui s'emploie indifféremment en tirant ou en poussant, à droite ou à gauche`` (Peyroux Techn. Métiers 1985). b) [En parlant d'une machine-outil] Qui peut exécuter les diverses opérations successives d'usinage d'une pièce, sans qu'il soit nécessaire de changer son montage. Une fraiseuse universelle est une fraiseuse pourvue d'une tête orientable dans tous les sens, qui permet à la fraise d'occuper une position quelconque dans l'espace et de travailler sous tous les angles (Lar. encyclop.). 2. ÉLECTROTECHN. Qui peut être alimenté indifféremment en courant continu ou en courant alternatif. Lampe ophtalmologique universelle du Dr Cantonnet, à fort éclairage (1 000 bougies) (Catal. instrum. chir.(Collin),1935, p. 115). ♦ Moteur* universel. 3. INFORMAT. Ordinateur universel, calculateur électronique universel. Machine électronique programmée pour assurer la résolution de problèmes différents, et pour prendre des décisions logiques au fur et à mesure du déroulement des calculs (d'apr. Lhoste-Pèpe 1964). 4. RADIOTECHN. Récepteur universel. ,,Récepteur radioélectrique dont l'accord peut être réglé sur une gamme de fréquences très étendue, et qui peut être adapté à différentes classes d'émission, notamment la radiotélégraphie et la radiotéléphonie en modulation d'amplitude ou de fréquence`` (GDEL). II. − Subst. masc. A. − Ce qui est universel. S'élever du particulier à l'universel. On a mal posé, depuis toujours, la question de la conscience créatrice. Grâce à un point de départ faux, on a confondu ou voulu confondre avec la recherche des effets dits « littéraires » par tant de mauvais peintres, ce sens de l'universel que toute œuvre traduit (Faure, Espr. formes, 1927, p. 137).Je combattrai pour la primauté de l'homme sur l'individu − comme de l'universel sur le particulier. Je crois que le culte de l'universel exalte et noue les richesses particulières − et fonde le seul ordre véritable, lequel est celui de la vie (Saint-Exup., Pilote guerre, 1942, p. 383). B. − PHILOS., LOG. 1. ,,Ce qui est exprimé par un terme général, c'est-à-dire tel qu'il puisse être prédicat de différents sujets`` (Lal. 1968). − [Pour les nominalistes] Ce terme général lui-même. [Selon saint Thomas] l'universel n'a pas seulement une existence post rem dans notre intellect, une existence in re dans les choses particulières; il a une existence ante rem dans l'esprit divin (Janet, Séailles,Hist. de la philos.,p. 511, ds Lal. 1968). Rem. En ce sens, universel fait universaux au plur. 2. Universel concret a) [Chez Hegel] ,,Unité des éléments logiques antérieurs dont le concept est la synthèse, à la fois universelle, puisqu'il est susceptible d'un nombre indéfini d'application, et concrète, en tant qu'il est une totalité unique et indivisible`` (Lal. 1968). b) Universel concret, universel abstrait. ,,On peut distinguer l'universel concret de l'universel abstrait, en disant que le premier est le type idéal dont les choses tirent leur existence, tandis que le second est formé par une opération de l'esprit qui dégage les éléments communs à diverses choses et les exprime par un concept`` (Lal. 1968). Prononc. et Orth.: [ynivε
ʀsεl]. Buben 1935, p. 129: Contrairement à d'autres langues, ,,le français conserve s sourd après r``. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Adj. 1. a) ca 1200 universal « qui s'étend à la terre entière » (Dialoge Gregoire le Pape, éd. W. Foerster, p. 97: les religious hommes de la glise universale [lat.: catholicae ecclesiae religiosos viros]); b) 1890 heure universelle, temps universel (Lar. 19eSuppl., s.v. heure); 2. ca 1265 log. proposition universele (Brunet Latin, Trésor, éd. F. J. Carmody, II, 39, p. 206); 1370 subst. universele « proposition universelle » (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 347); 1370 jugement universel (Id., ibid., p. 312); 1377 nom universel (Id., Le livre du ciel et du monde, éd. A. D. Menut, p. 154); 1662 terme universel (A. Arnauld et P. Nicole, La Logique ou l'art de penser, p. 125); 1690 principe universel (G. Daniel, Voiage du monde de Descartes, p. 383); 1968 quantificateur universel (Lar. encyclop. Suppl.); 3. a) ca 1265 « qui s'étend, s'applique à la totalité des objets que l'on considère » (Brunet Latin, op. cit., II, 49, p. 223: les particuleres et les universaus choses; II, 38, p. 205: universel regle); b) 1909 technol. clef universelle (Lar. pour tous, s.v. clef); 1932 pince universelle (Lar. 20e, s.v. pince); 1932 machine universelle (Catal. instrum. lab. [Prolabo], p. 182); 1949 moteur universel (Nouv. Lar. univ.); 1960 récepteur universel (Électron.); c) 1975 math. « dans un ensemble ordonné, se dit de l'élément unique, s'il existe, plus grand que tous les autres » (Lar. encyclop. Suppl.); 4. a) 1412 « qui concerne la totalité des hommes, le monde, ou la totalité d'un groupe » (N. de Baye, Journal, éd. A. Tuetey, t. 2, p. 42: pour le bien universal de ce royaume); b) 1580 consentement universel (Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, I, 51, p. 307); c) 1602 histoire universelle (Cl. Fauchet, Declin de la maison de Charlemagne, p. 83); d) 1765 et 1828 suffrage universel, v. suffrage; e) 1851 exposition universelle (A. Blanqui, Lettres sur l'Exposition universelle de Londres, Paris ds Catal. gén. des l. imprimés de la B.N.); f) 1922 méd. donneur universel (Policard, Histol. physiol., p. 262: le groupe des donneurs dits universels); 5. a) 1442 dr. universel heritier (Antoine de La Sale, Salade, éd. F. Desonay, p. 198); 1529 (Charte de Ponthieu, Grenier 300, no324, Richel. ds Gdf., s.v. legateur: Anne le Normand, legatteresse particuliere et universelle de deffunct maistre Jehan); 1607 légataire universel, v. légataire; 1804 légataire à titre universel (Code civil, art. 1011, p. 184); b) 1690 legs universel (Fur., s.v. legs); 1804 legs à titre universel (Code civil, art. 1010, p. 184); 6. 1567 homme universel « homme qui a des connaissances dans tous les domaines » (J. Amyot, Vies des hommes illustres, Demosthenes et Cicéron, éd. J. Normand, p. 122: Ciceron estoit homme universel meslé de plusieurs sciences); 1576 esprit universel (Noël Du Fail, A Messire Loys de Rohan ds
Œuvres, éd. J. Assézat, t. 2, p. 370: vostre esprit tant vif et universel); 7. 1751 gravitation universelle (D'Alembert, Discours préliminaire ds Encyclop. t. 1, p. XXVIII). II. Subst. ca 1300 (Jean de Meun, trad. Boece, Consolation, éd. V. L. Dedeck-Héry, V P 5 ds Mediaeval Studies t. 14, p. 269: est vaine et fausse la concepcion de raison qui regarde et comprent ce qui est sensible et singulier aussi comme un universel); 1370 (Oresme, Ethiques, p. 227: en universel et en singulier); 1621 log. (P. du Moulin, Éléments de logique, p. 3: l'Universel est un assemblage de plusieurs singuliers sous une nature commune à tous, comme cheval, homme, arbre). Empr. au lat. d'époque impérialeuniversalis « universel, général », dér. au moyen du suff. -alis (-al*) de universus (univers*). Fréq. abs. littér.: 5 325. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 8 566, b) 6 184; xxes.: a) 8 665, b) 6 811. Bbg. Fr. et gramm. universelle. Par H. G. Obenauer, J.-Y. Pollock. Lang. fr. 1983, no58 (Phénomènes propres au fr. et gramm. universelle), 129 p. − Richard Kirchenterminologie 1959, p. 61. − Vom homme universel zum contestataire. Frz. Gesellschaftsideale von der Renaissance bis zur Moderne. Frankfurt-Berlin-München, 1973, 38 p. |