| UNIFORME1, adj. I. A. − Dont les éléments sont, dans leur ensemble, identiques où perçus comme tels. Synon. similaire.Ces réponses uniformes, revenant à des intervalles égaux, avoient quelque chose de touchant, surtout lorsqu'on faisoit attention aux paroles du pasteur et à la condition du troupeau (Chateaubr., Martyrs, t. 1, 1810, p. 257).M. Fieuzet est avec nous depuis trois jours et fait un peu diversion à nos causeries assez uniformes: toujours champs ou moutons, à moins qu'il n'arrive des lettres; il n'en vient pas tous les jours (E. de Guérin, Journal, 1838, p. 166). B. − 1. Qui est toujours le même, qui ne varie pas. Synon. constant, égal, invariable.Bruit, ton uniforme. L'homme ne supporte pas impunément le mode d'existence et le travail uniforme et stupide imposé aux ouvriers d'usine, aux employés de bureau (Carrel, L'Homme, 1935, p. 327). − LITT. Style uniforme. ,,Style dont les détails, le ton, le mouvement manquent de variété`` (Littré). 2. En partic. a)
α) Où l'on n'aperçoit aucune variété. Paysage, plaine uniforme. Les embouchures réunies de la Meuse, de l'Escaut et du Rhin. Terres basses, uniformes et monotones, ourlées parfois d'un cordon de dunes (Van der Meersch, Empreinte Dieu, 1936, p. 136).Les champs gris, uniformes, striés seulement de frais labours, se déroulaient comme un drap de lin tendu (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 18). − [En parlant d'une couleur] Synon. de uni.La terre n'a plus l'air jeune qu'elle me semblait avoir encore, il y a un mois; les blés coupés ou prêts à l'être lui donnent une teinte plus uniforme; ces vastes champs jaunâtres me semblaient répondre à ce ciel tendu de gris (Michelet, Journal, 1820, p. 99).
β) Qui ne présente pas d'inégalités. Synon. uni.Surface uniforme. Regardez, me disait-il, cette immense et uniforme surface de gel où toutes les âmes ici sont prises (Mauriac, Th. Desqueyroux, 1927, p. 226).Si l'univers était une sphère uniforme au lieu d'être « bosselée » par la répartition irrégulière de la matière, il n'y aurait pas de nombre (Ruyer, Esq. philos. struct., 1930, p. 238). b)
α) Qui est constant dans son déroulement. Synon. régulier.Pouls uniforme. Notre siècle reliera le règne de la force isolée, abondante en créations originales, au règne de la force uniforme, mais niveleuse, égalisant les produits, les jetant par masses, et obéissant à une pensée unitaire, dernière expression des sociétés (Balzac, Gaudissart, 1834, p. 3).Elle (...) dirigeait la phrase qui finissait vers celle qui allait commencer, tantôt pressant, tantôt ralentissant la marche des syllabes pour les faire entrer, quoique leurs quantités fussent différentes, dans un rythme uniforme (Proust, Swann, 1913, p. 43).
β) Au fig. Qui s'écoule sans changements marquants. Synon. calme, monotone, tranquille, uni (vieilli).Existence, vie uniforme; journées uniformes. Puis les jours uniformes et sereins se déroulèrent dans la vie de la lointaine amie (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 788). c) Qui présente un caractère identique, une ressemblance, une similitude. Ces programmes et ces disciplines sont ordonnés à la formation uniforme des jeunes esprits (Valéry, Variété III, 1936, p. 271). − [En parlant de pers.] Dieu sait qu'elles n'avaient rien d'aristocratique, qu'elles n'étaient pas plus aristocrates que parisiennes! Pas même le courage de porter une robe de quatre sous, des Galeries Lafayette, snobs jusqu'à la couleur des ongles, au sac, au bijou... uniformes jusque dans leurs petites excentricités de rigueur! (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 197). − Vx. Costume, habit uniforme. Synon. de uniforme2(v. ce mot B).Gamelin lui répondit que les juges se coiffaient d'un chapeau à plumes noires, mais que les jurés n'avaient point de costume uniforme, qu'ils portaient leur habit ordinaire (A. France, Dieux ont soif, 1912, p. 106). C. − Vx. Qui fait l'unanimité; qui ne présente aucune discordance. Synon. unanime.Le vœu commun et uniforme de l'Assemblée nationale (Robesp., Discours, Contre veto, t. 6, 1789, p. 93).Les conseils, victorieux, n'auraient pas été trois ou quatre jours sans se diviser violemment; car si ses membres étaient uniformes dans leur marche contre le Directoire, on savait qu'ils étaient loin de l'être dans le but ultérieur qu'ils se proposaient (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 757). II. − MATH., PHYS. A. − ,,Qualifie une grandeur, soit constante dans une région de l'espace (ex: champ uniforme) soit constante au cours du temps (ex: mouvement uniforme)`` (Mathieu-Kastler 1983). B. − Fonction uniforme dans un domaine. ,,Fonction de la variable complexe f(z) qui, en tout point z de ce domaine, ne peut prendre qu'une seule valeur`` (Lar. Lang. fr.). Prononc. et Orth.: [ynifɔ
ʀm]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1375 « qui ne présente aucune variété dans son déroulement ou dans sa composition » le mouvement est uniforme (Oresme, Ciel, éd. A. D. Menut, livre II, chap. 13, p. 410); 1636 mouvement uniforme (Monet); 2. 1459 « qui a la même forme, pareil » (Coustumes générales du pays de Bourgogne, ch. XV, ds Nouv. Coutumier gén., éd. Bourdot de Richebourg, t. 2, p. 1180); 3. 1657 « unanime » (Retz, Remontrance... sur la remise des places... de Flandres aux Anglois ds
Œuvres, éd. A. Feuillet, Y. Gourdault et R. Chantelauze, t. 5, p. 320); 4. 1674 « qui reste toujours semblable, égal » stile... uniforme (Boileau, Art poétique, I, 71 ds
Œuvres compl., éd. Ch.-H. Boudhors); 5. 1964 math. fonction uniforme (Lar. encyclop.). Empr. au lat. d'époque impérialeuniformis « simple, uniforme », comp. de unus, v. un1et de forma, v. forme. Fréq. abs. littér.: 785. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 121, b) 1 055; xxes.: a) 1 279, b) 1 050. Bbg. Quem. DDL t. 41. |