| * Dans l'article "UBIQUITÉ,, subst. fém." UBIQUITÉ, subst. fém. A. − THÉOL. Faculté divine d'être présent partout en même temps. Synon. omniprésence.[Pour Origène] l'immensité et l'ubiquité sont affirmées du Verbe quant à sa divinité (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 1050).Ce qui distinguait surtout pour lui son âme de son corps, c'était une sorte d'ubiquité et d'éternité virtuelles, la participation de son âme à ces deux qualités qui n'obtiennent toute leur réalité qu'en Dieu (Jouhandeau, M. Godeau, 1926, p. 170). B. − 1. Faculté d'être présent physiquement en plusieurs lieux à la fois. Il y avait à Montmartre, dans la rue de l'Abreuvoir, une jeune femme prénommée Sabine qui possédait le don d'ubiquité. Elle pouvait à son gré se multiplier et se trouver en même temps, de corps et d'esprit, en autant de lieux qu'il lui plaisait souhaiter (Aymé, Passe-Mur., 1943, p. 23). − Loc. Avoir le don d'ubiquité. Le plus souvent à la forme nég., p. exagér. Ne pas avoir le don d'ubiquité. Le secrétaire général n'a pas le don d'ubiquité, et il ne peut pas en même temps présider le conseil de préfecture et y exercer les fonctions de commissaire du Gouvernement (Baradat, Organ. préfect., 1907, p. 180). 2. P. anal. Fait de donner l'impression d'être partout à la fois. Gavroche était un tourbillonnement. On le voyait sans cesse, on l'entendait toujours. Il remplissait l'air, étant partout à la fois. C'était une espèce d'ubiquité presque irritante; pas d'arrêt possible avec lui (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 333).Elle est sur sa chaise longue, mais par ubiquité ne cesse pas de fréquenter simultanément de vagues golfs et de quelconques tennis (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 881). − P. méton. Rapidité étonnante pour maîtriser l'espace considéré. Godefroid (...) croyait voir voltiger une âme en admirant l'ubiquité des regards de Vanda (Balzac, Initié, 1848, p. 40).Ce petit doigt d'acier qui trouve tout à coup la touche et tous les points du clavier et la frappe avec une implacable ubiquité! (Claudel, Pain dur, 1918, I, 2, p. 421). C. − Caractère de ce qui existe partout. À l'universelle présence de l'insecte, à l'ubiquité du nombre, répond celle de l'oiseau, de la célérité, de l'aile (Michelet, Oiseau, 1856, p. 176).La crise, politique, économique, sociale, morale, dont il [le conflit] est issu, revêt une telle profondeur et présente un tel caractère d'ubiquité qu'elle aboutira fatalement à un bouleversement complet de la situation des peuples et de la structure des états (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 23). − P. méton. Ce qui peut exister partout. Des millions d'hommes coincés, entre les Vosges et le Rhin par l'impossibilité d'être hommes: cette forêt plate allait leur survivre, comme si l'on ne pouvait demeurer dans le monde, à moins d'être paysage ou prairie ou n'importe quelle impersonnelle ubiquité (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 131). − En partic. Caractère de ce qui peut s'appliquer à des objets multiples. Dans la cour du château (...) sur chaque route de la forêt (...) asiles innombrables et alternatifs, où venaient simultanément se réfugier, dans l'incertaine ubiquité de ses espérances, son cœur heureux (Proust, Swann, 1913, p. 294). REM. Ubiquiter, verbe trans.,rare. Rendre présent partout. Ainsi, mon idéal sans bride t'ubiquitait de ses sanglots (Laforgue, Complaintes, 1885, p. 144). Prononc. et Orth.: [ybikɥite]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1585 ubiquidité « caractère d'un être qui est présent partout » (N. Du Fail, Contes et discours d'Eutrapel, XIX ds
Œuvres facétieuses, éd. J. Assézat, t. 2, p. 110); 1611 ubiquité (Cotgr.); 2. 1822 « faculté d'être présent physiquement en deux ou plusieurs lieux en même temps » (Courier, Pamphlets pol., Réponses aux anon., 1, p. 135); 1842 avoir le don de l'ubiquité (Mozin-Biber t. 2) ; 3. 1856 « caractère de ce qui existe partout, se rencontre dans tous les lieux du monde » (Michelet, loc. cit.). Dér. sav. du lat. ubique « partout, en tout lieu », d'apr. les mots en -ité (v. -té). Fréq. abs. littér.: 56. Bbg. Barb. Loan-words 1921, p. 148. |