| * Dans l'article "TUNNEL,, subst. masc." TUNNEL, subst. masc. A. − Galerie souterraine, généralement voûtée, percée à travers une montagne, sous un cours d'eau ou sous une grande ville pour permettre le passage d'une voie de communication. Court, long tunnel; tunnel ferroviaire, routier, sous-marin; tunnel sous le Mont-Blanc; sous la Manche; ouverture, entrée, sortie du tunnel; percement d'un tunnel; creuser, percer un tunnel; s'engouffrer dans un tunnel. Quand le train s'est remis en marche pour s'enfoncer dans le tunnel, la lumière n'était pas encore allumée (...); il y a eu quelques instants de noir absolu, puis l'issue vert émeraude, cette trouée de ciel crépusculaire au-dessus des vallées sombres, raides et vastes du Piémont (Butor, Modif., 1957, p. 192). ♦ Loc. fam. Un combat de nègres dans un tunnel. V. nègre I A. − P. anal. ♦ [À propos d'une galerie creusée dans la terre par un animal] Tunnel d'une taupe; tunnels d'une fourmilière. [Le blaireau] creuse des galeries et s'enfonce dans le sol. Il multiplie les tunnels (Pesquidoux, Chez nous, 1921, p. 9). ♦ [À propos d'un objet naturel ou fabriqué] Tunnel de feuillage, de verdure. On ne rencontrait ses yeux qu'au fond d'un petit tunnel formé par le tuyautage raidi de sa coiffe godronnée (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 286).Soudain le tunnel d'une forêt feuillue, désertée, au sol rebondissant sous les gouttes (Gracq, Beau tén., 1945, p. 72). B. − Au fig. Longue période de difficultés, de souffrances physiques ou morales dont on ne voit pas la fin. Être dans le tunnel; arriver au bout, voir la fin du tunnel. L'impression de sortir d'un tunnel, de trouver la lumière, de commencer vraiment une nouvelle vie! (Martin du G., J. Barois, 1913, p. 546).Je parle des incurables, de ceux dont la maladie n'est pas un tunnel vite traversé (Mauriac, Journal 1, 1934, p. 53). − Arg. du théâtre. Long monologue où l'acteur peut être sujet à un trou de mémoire. Entrer dans un tunnel. J'attaque le grand monologue de don Carlos (...) le plus sacré tunnel de tous les tunnels (Arnoux, Zulma, 1960, p. 296). C. − Spécialement 1. CIRQUE. ,,Accessoire utilisé dans les numéros équestres: sorte de tonneau sans fond à travers lequel passe l'écuyère`` (Giteau 1970). ,,Couloir de grilles qui amène les fauves de la voiture-ménagerie à la cage centrale`` (Giteau 1970). 2. HORTIC. Abri de forme demi-cylindrique utilisé pour les cultures maraîchères. Le tunnel est fait d'arceaux métalliques recouverts de feuilles de plastique clair (Bén.-Vaesk.Jard.1981). 3. GÉOL. Tunnel (de lave). Cavité située sous la croûte d'une coulée de lave. Si la lave s'échappe de sous la carapace par flots successifs (...), il se forme des cavernes de lave (...) des tunnels (Baulig1956). 4. MAR. Espace bordé de tôles qui abrite l'arbre entre la chambre des machines et le presse-étoupe. J'avais 4 ou 5 ans, et l'on ne voyait que moi à bord, escorté de mon matelot (...) me promenant dans les machines et jusqu'au bout du tunnel des arbres de couche, là où il faut se glisser en rampant pour atteindre le point où l'on sent gargouiller les hélices, vibrer la coque comme une membrane (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 26). 5. MÉCAN. DES FLUIDES. Tunnel (aérodynamique). Chambre d'expérience d'une soufflerie. On essaye la maquette de l'avion complet au tunnel (Guillemin, Constr., calcul et essais avions, 1929, p. 247). 6. PHYS., en appos. Effet tunnel. Phénomène de microphysique par lequel un électron peut franchir une barrière de potentiel en raison des lois de la mécanique des fluides (et contrairement aux lois de la mécanique newtonienne). Une diode découverte par Esaki en 1957 a permis de construire des amplificateurs de faible puissance. Elle est caractérisée par une jonction extrêmement mince, que les électrons et les trous peuvent traverser par « effet tunnel », ainsi que le prévoit la mécanique ondulatoire (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 308). 7. TECHNOL. Appareil, chambre d'expérimentation de forme très allongée et dans lequel se déroule une opération. Tunnel de congélation. Four à tunnel, séchoir à tunnel (Duval 1959). REM. 1. Serre-tunnel, subst. fém.Serre en forme demi-cylindrique. Une serre-tunnel à double paroi d'une surface de 105 m2et d'un volume d'air de 211 m3(Le Sauvage,1erjuill. 1977, p. 36, col. 3). 2. Tunnelier, subst. masc.,technol. Foreuse rotative comprenant un cylindre métallique de dimensions comparables au gabarit du tunnel à creuser, utilisée pour le forage des tunnels et des galeries de travaux publics. Synon. taupe.Le tunnelier qui fore le lien fixe transmanche entre Sangatte (Pas-de-Calais) et l'Angleterre est « inutilisable » après quelques semaines de fonctionnement (L'Est Républicain, 8 mai 1988, p. 426, col. 3). 3. Tunnellisation, subst. fém.,chir. ,,Création d'un conduit artificiel au sein d'un tissu`` (Man.-Man. Méd. 1980). Prononc. et Orth.: [tynεl]. Att. ds Ac. dep 1878. Étymol. et Hist. 1. 1794 subst. fém. tonnelle, trad. du mot angl. tunnel dans la description du tunnel du canal de Boisgelin à Orgon (Soulès, Trad. Voyages d'A. Young, 2, 400 ds Wexler 1955, p. 64); 1825 tonnelle donné comme nom angl. désignant le passage souterrain creusé sous la Tamise (Encyclopédie méthodique. Architecture, 3, 504, ibid., p. 67); 1825 citat. du mot angl. tunnel (J. hebdom. des arts et métiers de l'Angleterre, 1, 157, ibid.); 1825 chemin souterrain: dit Tunnel (B. Schlick, Rapport à l'Ac. des Beaux Arts, 25 Nov., ibid.); 1827 nom commun fém. tunnel (Trad. Lettre de W. Smith, 4 sept., A.N. F1411173, ibid., p. 68); 1829 nom commun masc. tunnel (Bulletin des sciences technologiques, XIII, 82 ds Höfler Anglic.); 2. a) 1857 p. ext. « galerie, passage à travers ou sous quelque chose » (Michelet, Insecte, p. 334); b) 1929 technol., p. anal. « dispositif qui forme une voûte » (Guillemin, loc. cit.); c) 1964 cirque (M. Cheret, Pinder, nov. ds Hotier Cirque 1973, p. 81); 3. 1897 « période de difficulté » sortir du tunnel (France, Mannequin, p. 138). Empr. à l'angl.tunnel, att. dep. le xves., d'abord sous la forme tonel et pour désigner un type de filet de chasse à la perdrix en forme de tube évasé, puis un conduit de cheminée ou autre (v. NED) et dep. 1765 au sens 1 (NED Suppl.2, v. aussi Wexler 1955, p. 62), dep. 1911 à l'empl. att. en 2 b et dep. 1879 au sens 3 (NED Suppl.2). L'angl. tonel, tonnell, tunnel est empr. au fr. tonnelle*. Fréq. abs. littér.: 282. Fréq. rel. littér. : xixes.: a) 14, b) 158; xxes.: a) 791, b) 625. Bbg. Bonn. 1920, p. 162. − Quem. DDL t. 27. − Wexler 1955, pp. 61-75, p. 80, 93, 128. |