| TROT, subst. masc. A. − 1. Allure naturelle du cheval (et de quelques espèces voisines) entre le pas et le galop, à deux battues, qui consiste en un mouvement alternatif des quatre membres avec appui et suspension simultanés des deux bipèdes diagonaux. Son trot [du poulain], d'une élasticité surprenante, était aimable à regarder et séduisait comme une danse (Gide, Immor., 1902, p. 416).Elle longeait un chemin de terre molle, et se retourna en entendant le trot d'un cheval; un cavalier passa, serré dans une jaquette grise (Chardonne, Épithal., 1929, p. 253). SYNT. Trot d'un âne, d'une jument, d'une mule, d'un mulet, d'un pur sang, d'une rosse; trot allongé, balancé, cahotant, égal, lent, lourd, menu, mesuré, paisible, puissant, rapide, sec, soutenu, superbe, vif; petit, grand trot; aller, filer, marcher, partir au trot; prendre le trot; mettre sa monture au trot; l'allure du trot. ♦ P. métaph. J'irai plus loin, continue M. Meltour, dont la langue prend le trot (Renard, Lanterne sourde, 1893, p. 92). ♦ Au trot! [Injonction destinée à faire prendre le trot à sa monture] Au galop! au galop! il passe sous les branches Avec ses plumes blanches. Au trot! au trot! au trot! et son grand lévrier Saute près de l'étrier (Moréas, Cantil., 1886, p. 174). − En partic. Allure habituelle d'un attelage (naguère moyen de transport usuel). Trot d'un attelage. La berline nous emmenait au tapage des grelots et des grands trots, aux claquements de fouets, aux cris du postillon rouge (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 89).[P. méton.] Trot d'un break, d'une calèche, d'une diligence, d'un équipage, d'un fiacre, d'un landau, d'une voiture attelée; rouler au trot. La calèche repartit au grand trot et disparut dans un nuage de poussière (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 57).Importante et ridicule, compensant la marche au pas dans la longue campagne, la diligence commence un petit trot triomphal (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 31). − MANÈGE ♦ Trot assis ou à la française. Trot dans lequel le cavalier ne se soulève pas de sa selle. Le trot assis sans étriers est un excellent exercice d'assiette (TondraCheval1979). ♦ Trot enlevé ou à l'anglaise. Trot régulier dans lequel le cavalier se soulève de sa selle en s'appuyant sur les étriers, une battue sur deux. (Dict. xxes.). ♦ Trot allongé. ,,Dans le trot allongé, le temps de suspension est plus long`` (Petiot 1982). ♦ Trot raccourci. ,,Trottinement`` (St-Riquier-Delp. 1975). − COURSES. ♦ Trot de course. Allure du cheval consistant en quatre battues (au lieu de deux) et un allongement des foulées (d'apr. Villemin 1975). ♦ Course au/de trot ou, absol., trot. Course dans laquelle l'allure du trot est réglementaire, le galop étant rigoureusement banni. Au trot comme au galop les courses commencent à l'âge de deux ans (Zitrone, Courses, 1962, p. 43). ♦ Trot attelé. Course dans laquelle le trotteur est attelé à un sulky. Depuis trois semaines, les courses au trot attelé font fureur (Le Sport, 26 oct. 1859ds Petiot 1982).Demain, à Vincennes. Le prix d'Amérique 2.600 m. au trot attelé 10 millions de prix (Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p. 1, col. 8). ♦ Trot monté. Course où le trotteur est monté par un cavalier. La même solution doit être adoptée pour les chevaux qui boitent au trot attelé et non au trot monté, ou vice-versa (Brion, Jurispr. vétér., 1943, p. 262). 2. [À propos d'autres quadrupèdes] Trot d'un chameau, d'un éléphant, d'un ours, d'un rat, d'un renard, d'une souris. Ils s'arrêtaient, souriants, laissant passer à quelques pas une bande joueuse de jeunes chevreuils, ou des couples de cerfs sérieux qui ralentissaient leur trot pour les regarder (Zola, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1392).Le troupeau [de cochons] arrivait, au petit trot, la queue en tire-bouchon (Pourrat, Gaspard, 1930, p. 98). ♦ Petit trot (de souris). Trottinement. Aussitôt que les clefs grinçaient dans les serrures, on entendait un petit trot de souris et l'on entrait à temps pour voir deux yeux fixes comme des perles noires (Lemaitre, Contemp., 1885, p. 172). B. − P. anal. [À propos d'une pers.] 1. Allure d'une personne qui avance à petits pas rapides. Elle filait droit devant elle, d'un trot élastique et précipité, et, de temps en temps, inconsciemment, elle jetait un cri perçant (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Hist. fille de ferme, 1881, p. 34).À chaque salve, on se terrait, tapi sous le sac, guettant la torche rouge de l'explosion. Puis on repartait d'un trot cahotant (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 225). − Loc. fam. Au trot, au grand trot. À vive allure, rapidement, sans tarder; de manière expéditive. Mener une affaire au grand trot. C'est un mauvais esprit que te soufflent tes jésuites du diable. Chasse-moi au trot ces sottises (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 302).Le saucier, pressé par les commandes, poussait son cri de guerre: − Des filets de soles! Le Gascon lui apporta, au trot, les suprêmes des poissons de la Marie-Rose (Hamp, Marée, 1908, p. 67). ♦ Au trot! [Injonction invitant une pers. à se rendre quelque part ou à accomplir une action dans les plus brefs délais] Passe-moi la valise. Bon! Et la clef! Ne t'occupe pas de nous. Habille-toi, au trot! (Romains, Copains, 1913, p. 176).Va te coucher. Au trot! (Van der Meersch, Empreinte dieu, 1936, p. 48). 2. Au fig. Rythme personnel; en partic., chez un écrivain, style alerte, conduite enlevée dans le déroulement d'une action. M. de Lamartine veut prendre, en quelque sorte, dans son rhythme le trot de Victor Hugo ; ce qui ne lui va pas (Sainte-Beuve, Portr. contemp., t. 1, 1839, p. 369).Sir Arthur se résigna à faire prendre à son roman une allure plus grave que le grand trot excentrique sur lequel il l'avait commencé (Sand, Jeanne, 1844, p. 319). Prononc. et Orth.: [tʀo]. Homon. trop. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1160-74 « allure du cheval et de certains quadrupèdes, intermédiaire entre le pas et le galop » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 2314); 2. 1690 « allure d'une personne qui se presse, marche vite, ne s'attarde pas » (Fur.). Déverbal de trotter*. Fréq. abs. littér.: 566. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 403, b) 1 381; xxes.: a) 1 173, b) 616. |