| TRIMER, verbe intrans. A. − Pop., vx 1. Faire du chemin, marcher; en partic., marcher beaucoup et avec peine. Synon. cheminer.Mes souliers étaient usés, mes habits décousus, à force d'avoir trimé dans ces chemins-là, qui ne sont pas commodes du tout! (Balzac, Méd. camp., 1833, p. 183).Nous avions fait plus de dix lieues depuis quatre heures du matin quand nous arrivâmes (...) Depuis le matin qu'on trimait (Richepin, Morts biz., 1883, p. 242). − [Dans une tournure factitive] Faire trimer qqn.Faire courir quelqu'un, lui faire faire des déplacements inutiles. J'espère pourtant que vous allez vous tenir tranquille et ne pas trop me faire trimer la nuit dans les bois avec des transes mortelles (Sand, Meunier d'Angib., 1845, p. 248). 2. Vagabonder sur les routes; en partic., courir les chemins à la recherche de menus travaux. Synon. trimarder (v. ce mot A 1).Pauvre patarin, voué dès son bas âge à trimer sans cesse par monts et par vaux, comme le Juif-Errant (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 138).V'là quinze jours que j'trime pour chercher du bouleau (Bruant1901, s.v. trouver). B. − Familier 1. Travailler très durement pour assurer sa subsistance; p. ext., faire des besognes pénibles. Synon. besogner, marner1(pop.), peiner, turbiner2(pop.).Le vieux Dominique songeait à la vie qui se faisait plus âpre chaque jour. On trimait toute sa chienne de vie pour amasser quatre sous et on n'y arrivait pas (Moselly, Terres lorr., 1907, p. 4).On va, on pousse sa charrue, on trime, les jours se défont et on n'a pensé à rien (Aymé, Jument, 1933, p. 194). − [Dans une tournure factitive] Faire trimer qqn.V. bicot2ex. − Trimer à + inf.S'échiner à faire quelque chose. Moi, je trime toute la journée à porter du lait, à puiser de l'eau, à casser du bois (Labiche, Pied ds crime, 1866, III, 3, p. 417). 2. Étudier, travailler intellectuellement avec acharnement. Synon. bosser1, bûcher2.Il se plaignait avec amertume de ces écoles du gouvernement, où l'on trimait tant d'années, et qui n'assuraient pas même une position à tous ceux qu'elles jetaient sur le pavé (Zola, L'Œuvre, 1886, p. 170).J'avais trimé trois ans, seul, les yeux fixés sur mon but; j'avais donné là tout l'effort d'intelligence, de volonté, d'application, dont j'étais capable (Martin du G., Souv. autobiogr., 1955, p. LVII). Prononc. et Orth.: [tʀime], (il) trime [tʀim]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. a) 1619 « cheminer, vagabonder » (L'Affronterie des usuriers descouverte, p. 15 ds Michel 1856); 1628 (O. Chéreau, Le Jargon ou Lang. de l'arg. réformé, p. 18); b) 1800 « marcher vite et longtemps, avec fatigue » (Boiste); 2. ca 1730 « travailler durement » (Caylus, Le Bordel ou le jean-foutre puni, 55 ds Aufsätze zur Sprachwissenschaft, 2, 1980, p. 37). Prob. issu de trumer « courir » (fin du xives., Eustache Deschamps,
Œuvres, éd. Queux de Saint-Hilaire, t. 5, p. 292), qui appartient à la famille de trumel « jambe » (v. trumeau); le verbe aurait donc signifié littéral. « jouer des jambes ». Fréq. abs. littér.: 63. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 295. − Quem. DDL t. 1. |