| TRAÎNARD, -ARDE, subst. et adj. I. − Substantif A. − Péj. [Désigne des pers.] 1. [Corresp. à traîner II A 3 b] Personne qui traîne, qui est en retard à la suite d'un groupe de personnes. Synon. clampin (pop.), retardataire.Le bon saint Benoît ayant prévu quelque retard, déclare, dans sa règle, que l'on doit réciter un peu longuement, afin d'accorder aux traînards le temps d'arriver, le psaume 66 (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 232).Ne semons pas les derniers... ça serait affreux. Tout le monde est là? Les traînards se rapprochèrent (Romains, Copains, 1913, p. 272). − En partic. Soldat attardé derrière une troupe en marche. Synon. traîneur.Traînard d'une colonne, d'un corps; laisser des traînards; pousser, surprendre des traînards. Les officiers venaient d'avertir leurs hommes de ne pas s'attarder, tout traînard pouvant être enlevé par les reconnaissances de la cavalerie ennemie (Zola, Débâcle, 1892, p. 98).Les chemins furent infestés de traînards, de déserteurs, de soldats égarés et pillards (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 90). 2. [Corresp. à traîner II A 3 a] Personne qui s'attarde, traîne dans les rues. Synon. flâneur, traîne-savates.[Au café] Glaces et banquettes démodées, vieux traînards du Quartier Latin, lecteurs assoupis des Débats, tout paraissait à Armand l'éclat même de la capitale (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 313). − En partic. Prostituée. C'était plein de branleuses notre pourtour... tout des traînardes à vingt ronds... Et même encore moins... une tous les trois ou quatre piliers avec un ou deux clients (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 469). 3. Personne qui est lente dans une activité, un travail, par rapport aux autres. Synon. lambin.Je n'ai pas voulu vous envoyer des rapports trop noirs au cours de l'année scolaire, mais il est certain que votre fils se tient loin derrière ses camarades. C'est le traînard de mon établissement (Lacretelle, Hts ponts, t. 3, 1935, p. 14). B. − Spéc. [Désigne des choses] 1. INDUSTR. ,,Dans un tour, organe coulissant sur le banc de tour, mû à la main ou automatiquement. Il porte à sa partie supérieure des glissières sur lesquelles coulisse le chariot transversal`` (Peyroux Techn. Métiers 1985). 2. MAR. ,,Filin à la traîne`` (Merrien 1958). On file souvent deux traînards, en fuite, quand la mer est creuse et dangereuse; ou encore, pour franchir une barre (Merrien1958). 3. MAR. MILIT. Câble souple reliant une tourelle d'artillerie, un poste de tir télécommandé à la partie fixe d'un navire. (Dict. xxes.). II. − Adj., péj. A. − [En parlant d'une pers.] Qui s'attarde, n'avance pas ou avance trop lentement. Mademoiselle (...) nous rentre à l'hôtel, traînardes, égrenées, si musardes qu'elle doit toujours en attendre quelqu'une au détour des rues (Colette, Cl. école, 1900, p. 236).Ces femmes lentes et sentimentales abandonnées aux bras de leurs cavaliers traînards (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 262). − [P. méton.] Allure traînarde; pied traînard. Le charretier disparut à son tour d'un pas traînard d'invalide (Zola, Germinal, 1885, p. 1142). B. − [En parlant de la voix, du son] Qui traîne sur les dernières syllabes, qui module trop longuement. Synon. traînant.Chant, ton traînard. Avec un accent traînard de Parisien, il se vante de ses conquêtes (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 50). REM. Traînardement, adv.,rare, péj. D'une manière traînarde, trop lente. Une école de gamins (...) piaulant traînardement des litanies (Laforgue, Mor. légend., 1887, p. 93). Prononc. et Orth.: [tʀ
εna:ʀ], fém. [-aʀd]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. 1611 « qui se traîne » (Cotgr.); 2. 1660 « valétudinaire » (Oudin Fr.-Esp.); 3. 1811 accent traînard (Journal de Louis Crozet, Voyage au Havre ds Stendhal, Journal, éd. H. Martineau, p. 1364). B. Subst. 1. 1793-94 « personnes lentes à agir » (Desmoulins ds Vx Cordelier, p. 116); 2. 1819 « personne qui marche lentement », « soldat qui reste en arrière de la troupe » (Boiste). C. 1. Subst. 1928 techn. « ensemble coulissant sur les glissières du banc d'un tour » (Gorgeu, Machines-outils, p. 151); 2. 1904 mar. « corde maintenue derrière un bateau et traînant dans l'eau » (Nouv. Lar. ill.); 1964 « câble reliant une tourelle, etc. au reste du navire » (Lar. encyclop.). Dér. de traîner*; suff. -ard*. Fréq. abs. littér.: 133. Bbg. Glaser (K.). Le Sens péj. du suff. -ard en fr. Rom. Forsch. 1910, t. 27, p. 975. |