| TRAPPE1, subst. fém. A. − CHASSE. Piège pour prendre des animaux consistant en une fosse creusée dans la terre recouverte de branchages ou d'une planche qui bascule. Synon. chausse-trappe.Trappe à loups; tendre des trappes; visiter ses trappes. Ils (...) retrouvèrent les trappes parfaitement intactes. Aucun animal n'y était tombé, et, cependant, les empreintes étaient nombreuses aux alentours (Verne, Île myst., 1874, p. 202). − P. anal. Piège formé par une planchette sur laquelle s'abat une pièce métallique mue par un ressort; piège constitué par une cage qui se referme sur l'animal vivant. On faisait des trappes à rats en fil de fer (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 376).Il avait des idées. À dix ans il avait inventé une trappe à mouches (Queneau, Loin Rueil, 1944, p. 223). − Au fig. Piège. Tomber dans une trappe. À peine engagée dans le vestibule, elle se sentait prise dans une trappe, et le moindre bruit, devant ou derrière elle, lui donnait une suffocation (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Rendez-vous,1889,p. 1112).Et vous, vous êtes un piège. Croyez-vous qu'ils n'ont pas prévu vos paroles? Et qu'il ne s'y cache pas des trappes que nous ne pouvons pas voir? Tout est piège (Sartre, Huis clos, 1944, V, p. 149). B. − 1. Porte à charnière (ou parfois munie d'une grille) posée horizontalement pour fermer une ouverture pratiquée dans un plancher ou dans un plafond et donnant accès à une cave, à un grenier,... Trappe ouverte; trappe de grenier; trappe d'avion, de bateau; ouvrir, refermer, soulever une trappe; accéder à (une pièce) par une trappe. Les quatre Allemands montèrent dans leur logis par l'échelle qui leur servait tous les soirs. Dès que la trappe fut refermée, la vieille enleva l'échelle (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, Mère sauvage,1884,p. 237).La grande cuisine dallée, les placards aux lits clos, une lourde trappe de cave taillée dans le chêne du plancher, semblaient des images de l'ancien eux-mêmes (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 194). 2. P. méton. Ouverture ainsi ménagée. Trappe béante; passer par une trappe; disparaître dans une trappe. Au travers d'une trappe pratiquée au plancher, et à l'aide d'une échelle de vaisseau, on arrivait au gîte de mon fils (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 252).Les péniches glissent, portant d'étranges familles. L'homme emmitouflé s'appuie contre la barre, une femme descend dans une trappe (Chardonne, Éva, 1930, p. 51). − Au fig. Envoyer qqc. à la trappe. Sand a ses propres ambiguïtés, mais pour la marginalité « ouverte » elle ne craint personne: avec sa pipe, son pantalon, ses amants, son « gauchisme », elle envoie à la trappe tous les conformismes et déchaîne contre elle d'ignominieuses campagnes (Les Signes du destin, Poissons, Monaco, éd. du Rocher, 1981, p. 42). 3. P. anal. a) Petite porte à charnières fermant un compartiment, une boîte, etc. Ces tirs au pigeon où des trappes fermées reposent sur des boîtes toujours garnies (Vogüé, Morts, 1899, p. 291).Son bureau, meuble monumental à tiroirs, trappes et casiers (Duhamel, Journal Salav., 1927, p. 163). b) Porte ou fenêtre qui s'ouvre ou se ferme en se déplaçant dans des glissières. Trappe d'une chatière, d'un poulailler; coulisse de la trappe. L'univers de Sagon se limitait à la manivelle qui commande la trappe coulissante, à une certaine poignée du parachute dont l'emplacement le préoccupa (Saint-Exup., Pilote guerre, 1942, p. 292).[Les loges] ont à leurs deux bouts des portes qui glissent de haut en bas dans des rainures. Toutes ces trappes, d'un bout à l'autre de l'enfilade, sont levées, c'est-à-dire ouvertes (T'Serstevens, Itinér. esp., 1963, p. 156). 4. Spécialement a) Plaque de tôle placée dans une cheminée pour intercepter l'air froid. Quelle singulière science! ruminait Durtal, en relevant la trappe de sa cheminée et en se chauffant les pieds (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 134). b) Petite porte placée sur une cheminée, en général, sur le coffre, pour le ramonage. Thénardier, en arrivant sur le toit du bâtiment-neuf, avait trouvé le reste de la corde de Brujon qui pendait aux barreaux de la trappe supérieure de la cheminée (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 177). c) BÂT. Trappe d'accès. ,,Ouvrage permettant l'accès sur la couverture`` (Barb.-Cad. 1963). d) TECHNOL. Petite porte permettant de fermer un conduit, d'accéder à un mécanisme, à un moteur. Trappe de réservoir (à combustibles); trappe de visite (d'un appareil ménager). La question des ordures ménagères est importante; leur évacuation par des trappes et des conduits ne peut être prévue que dans les agglomérations urbaines (Lar. mén.1926, p. 466). e) THÉÂTRE Emplacement rond, ovale ou carré pratiqué dans le plancher de la scène et pouvant s'ouvrir et se fermer mécaniquement pour permettre les apparitions et disparitions de personnages. Soudain, de derrière un rocher surgissent (par une trappe) Don Rodrigue et le Chinois (Claudel, Soulier, 1944, 1repart., 1rejournée, 6, p. 965). 5. Arg. Bouche, gosier. Fermer sa trappe. Je vais lui écraser la trappe!... Je veux plus qu'il cause! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 388). Prononc. et Orth.: [tʀap]. Homon. trapp, trappe2. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1174-77 « piège formé d'une fosse creusée dans le sol et recouverte d'une bascule ou de branchages » (Renart, éd. M. Roques, IIIa, 4766); b) 1176 au fig. « piège, ruse insidieuse » (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 6384); 2. 1260 « panneau, porte fermant une ouverture pratiquée dans un plancher ou un plafond » (Étienne Boileau, Métiers, éd. G.-B. Depping, p. 106); 3. 1694 « porte ou fenêtre mobile dans une coulisse » (Ac.); 4. a) 1755 « plaque mobile de l'ouverture de devant d'un fourneau, par où l'on introduit le bois » (Encyclop. t. 5, p. 201); b) 1872 « porte en tôle d'une cheminée » (Littré); 5. 1761 « partie mobile du plancher de la scène d'un théâtre qui s'ouvre et se referme mécaniquement » (Rousseau, La Nouvelle Héloïse ds
Œuvres compl., éd. B. Gagnebin et M. Raymond, t. 2, p. 284); 6. 1936 « bouche, gosier » (Céline, loc. cit.). De l'a. b. frq. *trappa « piège » (cf. le m. néerl. trappe « id. »), att. au vies. sous la forme trappa dans la Loi salique VII, 10 (éd. K. A. Eckhardt, t. 2, 1, 1955, p. 138), de la même famille germ. que le m. néerl. trappe « marche », le b. all. treppe, trappe « id. », et le m. all. treppe « id. ». DÉR. Trappillon, subst. masc.,théâtre. Ouverture pratiquée dans le plancher de la scène pour le passage et le jeu des décors. Le trappillon laisse passer les fermes et les chassis (Moynet, Machinerie théâtre, 1893, p. 11).P. métaph. Pour que passe un rayon, Quel brave machiniste Ouvre ce trappillon Sur notre monde triste? (Rostand, Musardises, 1890, p. 36).− [tʀ
ɑpijɔ
̃]. − 1resattest. a) 1772 « ouverture pratiquée dans le plancher de la scène d'un théâtre pour livrer passage aux décors » (Encyclop. t. 31, Machines de théâtre, planche 1), b) 1872 « dispositif qui tient une trappe fermée » (Littré); de trappe1, suff. -illon (-ille*, -on1*). BBG. − Guinet 1982, p. 194. − Hotier Cirque 1973 [1972] p. 130. − Poirier (Cl.). L'Anglicisme au Québec et l'héritage fr. Trav. de ling. québécoise. 2. Québec, 1978, p. 59. − Quem. DDL t. 12. |