| TRANSVASER, verbe trans. A. − 1. Verser, faire passer d'un récipient dans un autre. Transvaser du vin. Pour transvaser le liquide [à évaporer] d'un bac dans le suivant, on descend le siphon et on fait plonger l'une de ses branches dans le liquide (Ser, Phys. industr., 1890, p. 358).La verrerie culinaire est d'un emploi économique: elle se nettoie plus facilement, parce que les aliments ne s'y attachent pas (...) comme elle est très propre on n'a pas besoin de transvaser les mets, on peut présenter ces derniers dans le plat même sur la table (Lar. mén.1926, p. 157). − P. métaph. La religion se constituait. Son dogme passait d'Italie en France après avoir été filtré et transvasé par les missionnaires dévots que Colbert envoyait à Rome (Faure, Hist. art, 1921, p. 93). 2. P. anal. Faire passer d'un contenant à un autre. Ceci prend une énorme importance, si vous venez à songer qu'il y a eu trente millions transvasés le mois dernier des poches de ce public qui lit les journaux dans les poches des amis du ministère (Balzac,
Œuvres div., t. 3, 1840, p. 371). B. − P. anal. ou au fig. 1. Transférer, transporter d'un lieu à un autre. Ce n'était pas une mince besogne de transvaser d'un bord du fleuve à l'autre une population de plus d'un million d'âmes (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 207). − Au part. passé. Hélas! mon estimable ami, que c'est cruel (...) je dirai plus, que c'est sciant, de s'éloigner de son endroit et de se voir en si peu de jours transvasé à cent vingt lieues de sa patrie! (Sand, Corresp., t. 1, 1829, p. 64). − Empl. pronom. réfl. Padoue est une ville propice à l'intrigue. Dès qu'un sensuel de Venise veut être intelligent il vient à Padoue (...) Maintenant, on s'y transvase à toute vitesse par l'autoroute. C'est l'affaire d'une demi-heure (Giono, Voy. Ital., 1953, p. 174). 2. Déverser, répandre. Mon oreille et mes yeux se remplissaient d'extase, Et je contemplais l'être en qui l'amour transvase La beauté d'un soir calme et lent (Noailles, Forces étern., 1920, p. 410).Cette villa, cette baignoire, où Mmede Guermantes transvasait sa vie, ne me semblaient pas des lieux moins féeriques que ses appartements (Proust, Guermantes 1, 1920, p. 35). − Empl. pronom. passif. Ces choux-fleurs décoratifs (...) inspiraient à Savrit et au Marquis des pensées consolantes qu'ils laissaient, qu'ils ne se communiquaient pas par le langage qui, cependant, ne restaient pas inexprimées et se transvasaient, se répandaient de l'un à l'autre (Arnoux, Nuit St-Avertin, 1942, p. 56). 3. Transcrire, traduire, transposer. J'ai passé six mois à me fendre le cul sur des livres russes, et, sur le point de transvaser en prose in-12 les élucubrations d'un tas de moines, je suis saisi du démon des romans (Mérimée, Lettres Fr. Michel, 1851, p. 27). Prononc. et Orth.: [tʀ
ɑ
̃svɑze], [tʀ
ɑ
̃z-], (il) transvase [-va:z]. Barbeau-Rodhe 1930, Martinet-Walter 1973 (14/17) [tʀ
ɑ
̃z-]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. 1564 « verser (un liquide) d'un récipient dans un autre » (Estienne, L'Agric. et maison rustique, Paris, J. du Puis, livre V, chap. 41, fol. 114 ro: ils transvasoyent le vin); 2. 1770 « transférer, faire passer d'un endroit à un autre » ici, des abeilles (Encyclop. œconomique, t. 1, Yverdon, art. II,VII, p. 93, 96); 1823 « id., en parlant de personnes » (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, p. 416: on nous transvasa du Bellerophon sur le Northumberland). Comp. de l'élém. formant trans-*, et de vase1*, dés. -er. Fréq. abs. littér.: 23. DÉR. Transvasement, subst. masc.a) Action de transvaser; résultat de cette action. Transvasement d'un vin d'un tonneau dans un autre. Pipette de Berthelot, pour transvasement commode des gaz et leur stockage momentané (Catal. instrum. lab. (Prolabo), 1932, p. 105).P. métaph. C'était un transvasement continu et murmurant de l'âme de l'un dans celle de l'autre; un échange sans réserve de nos deux natures; une transmutation complète d'elle en moi et de moi en elle par la communication réciproque de tout ce qui vivait, sentait, pensait ou brûlait en nous (Lamart., Raphaël, 1849, p. 275).b) Action de transporter, de transférer d'un lieu à un autre; en partic., action de transporter les abeilles d'une ruche dans une autre. (Dict. xixeet xxes.). − [tʀ
ɑ
̃svɑzmɑ
̃], [tʀ
ɑ
̃z-]. Att. ds Ac. dep. 1878. − 1resattest. a) 1611 « action de transvaser un liquide » (Cotgr.), b) 1770 « action de transporter d'un endroit dans un autre » ici, des abeilles (Encyclop. œconomique, loc. cit.), av. 1856 « id., en parlant de personnes » (Salvandy cité par Pautex ds Littré); de transvaser, suff. -ment1*. |