| TRANSCRIRE, verbe trans. A. − 1. Reproduire très exactement, par l'écriture, ce qui a déjà été écrit. Synon. copier, enregistrer, recopier.Transcrire des inscriptions, une lettre, un manuscrit, des notes, des passages, des phrases, des scholies, un texte, des versets; transcrire littéralement, textuellement, mot à mot. Ce qu'il copiait lui semblait si absurde, qu'il en vint à transcrire ligne par ligne, sans songer au sens (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p. 407).Je me suis demandé cent fois, en transcrivant ces pages, si Justin avait réellement tenu le rôle de « meneur de jeu » qu'il semble s'attribuer dans toute la fin de l'ouvrage (Duhamel, Nuit St-Jean, 1935, p. 10). ♦ [Avec un compl. prép. sur] Je me reproche de n'avoir pas, au jour le jour, transcrit sur un carnet spécial les phrases glanées au cours de mes lectures (Gide, Journal, 1942, p. 157). − Transcrire qqc. à qqn.Transcrivez-moi ce cahier (Ac.). Je viens de lire une bonne phrase dans l'Émancipation (...). Je te la transcris (Hugo, Corresp., 1852, p. 72). 2. DR. ,,Reproduire par copie manuscrite la teneur d'un acte sur un autre document, généralement un registre`` (Roland-Boyer 1983). Synon. enregistrer.Transcrire un acte, des jugements. Transcrire un contrat sur le registre des hypothèques (Ac. 1835-1935). L'acte fut minuté par le maître clerc, revu par les hommes d'affaires des deux fiancés et transcrit définitivement sur un beau cahier de papier timbré où il ne manquait plus que les signatures (About, Nez notaire, 1862, p. 189).V. conservateur ex. du Code civil. B. − Reproduire exactement par écrit à l'aide d'autres signes, d'un système de notation différent, d'un autre code. Transcrire du grec en caractères latins; transcrire en clair un message chiffré; transcrire un papyrus. 1. [Le compl. désigne un texte écrit ou prononcé] Les organes vocaux sont aussi extérieurs à la langue que les appareils électriques qui servent à transcrire l'alphabet morse sont étrangers à cet alphabet (Sauss.1916, p. 36).Tout cela sans écrire une seule formule, mais dans un langage si transparent et si précis qu'on peut immédiatement le transcrire en formules comme il vient d'être fait (Bourbaki, Hist. math., 1960, p. 207). − LING. [Le compl. désigne des paroles prononcées ou un texte enregistré sur un support sonore] ,,Faire correspondre terme à terme les unités discrètes de la langue parlée et les unités graphiques`` (Ling. 1972, s.v. transcription). Transcrire en alphabet phonétique. Un polytechnicien (...) qui se fait parfaitement comprendre et qui séduit son auditoire par son éloquence; une fois transcrit, son discours donne l'impression du décousu (Cl. Blanche-Benveniste, C. Jeanjean, Le Fr. parlé, 1987, p. 152): Si le français était une langue de sauvages, non fixée par l'écriture, un voyageur-linguiste, recueillant sur les lèvres des indigènes le présent du verbe aimer, le transcrirait ainsi: Jèm, tuèm, ilèm, nouzèmon, vouzémé, ilzém.
Bally, Lang. et vie, 1952, p. 25. 2. INFORMAT. Recopier des données, avec ou sans changement de code, et les transférer (d'apr. Le Garff 1975). 3. [Le compl. désigne un élément non ling., paysage ou mouvement] Comme Chardin, comme Vermeer, il [Poussin] transcrit la nature, mais il est loin de se soumettre à elle (Malraux, Voix sil., 1951, p. 296).Pour transcrire exactement la position des diverses articulations et les trajets accomplis, on exigera du chorégraphe: 1. la perception, rapide, précise et fidèle des formes; 2. certaines connaissances anatomiques (Bourgat, Techn. danse, 1959, p. 37). C. − Consigner par écrit ce qui a été prononcé, déclaré, souvent par un effort de mémoire et en respectant fidèlement la réalité à représenter. C'est là que, par une fin d'après-midi du mois de janvier 1911, il m'a parlé de sa mort. J'ai transcrit ses paroles le soir même (Martin du G., In memor., 1921, p. 575).J'ai expliqué comment les choses se sont passées jusqu'à présent, mais il se peut qu'ils se soient trompés en transcrivant ma réponse (Camus, Cas intéress., 1955, 7etabl., p. 681). ♦ Transcrire qqc. à qqn.Après les premières civilités, le dialogue suivant eut lieu entre nous, permettez-moi de vous le transcrire le plus brièvement possible (Musset, Lettres Dupuis Cotonet, 1836, p. 669). − P. anal., littér. Mettre par écrit des pensées, des idées, des impressions, des souvenirs. Synon. noter.Transcrire des paroles, des propos. Je ne compose pas; je transcris mes souvenirs tout comme ils viennent (Gide, Si le grain, 1924, p. 384).L'Immaculée-Conception, le livre où Breton et Éluard ont transcrit leurs essais de simulation de la folie (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 376). ♦ Au fig., au part. passé. Adapté, transposé, reproduit. Comme je parlais à Albertine du premier jour où je l'avais connue, elle me rappela (...) tout ce que je croyais (...) n'avoir été aperçu que de moi et que je retrouvais ainsi, transcrit en une version dont je ne soupçonnais pas l'existence, dans la pensée d'Albertine (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 875). D. − MUSIQUE 1. Réécrire une partition ou une tablature au moyen d'une nouvelle notation. L'un des derviches va chercher deux longues flûtes (...) et un carnet (...) où, récemment, ils ont transcrit selon la notation occidentale le répertoire complet de leurs airs (Gide, Journal, 1914, p. 414). 2. Adapter une composition musicale à un ou plusieurs instruments ou voix différents de ceux pour lesquels elle a été originellement écrite. Une suite de pièces pour piano à deux mains gauchement transcrites à quatre mains (Rolland, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1192).Grand trio pour (...) hautbois et cor anglais transcrit pour (...) violons et altos (Prod'Homme, Symph. Beethoven, 1921, p. 26). E. − BIOL. Inscrire un message génétique dans les molécules d'acide ribonucléique. Le texte nucléique du gène est tout d'abord transcrit, avec le même alphabet de quatre signes, en une autre espèce d'acide nucléique (Fr. Jacob, La Log. du vivant, 1970, p. 296). Prononc. et Orth.: [tʀ
ɑ
̃skʀi:ʀ], (il) transcrit [-skʀi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) 1234 « reproduire un texte en le recopiant » (G 972, A. Moselle ds Gdf. Compl.); b) 1765 « porter d'un livre comptable dans un autre » (Encyclop. t. 16); c) 1776 mus. (Rousseau, Rousseau juge de Jean-Jacques, p. 174). Empr. au lat.transcribere « copier (un texte, un rôle, un registre) » (de trans « au-delà » et scribere « écrire »); l'a. m. fr. avait le subst. transcrit « copie », très vivant de la fin du xiieau xves. (v. T.-L., Gdf.), empr. au lat. médiév. transcriptum (1200 ds Latham), part. passé subst. de transcribere. Fréq. abs. littér.: 400. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 616, b) 427; xxes.: a) 536, b) 620. |