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TRAITE1, subst. fém.
A. − COMMERCE
1. HIST., vx
a) Transport de marchandises d'un état à un autre, d'une province à une autre. La traite du blé, des grains, du maïs. (Dict. xixeet xxes.).
b) HIST. FISCALE. Taxe douanière prélevée sur ces marchandises. On payait la traite des marchandises en Bretagne, en Dauphiné (Littré). Ne transportant pas de marchandises il n'eut point à passer par les « traites », c'est-à-dire les douanes (Druon, Roi de fer, 1955, p. 147).
Traite foraine. Droit perçu sur toute marchandise entrant dans le royaume. Traites foraines. Il y a presque autant de taxes pour les acquits qu'il y a de buralistes (Cahier de doléances Insming, 1789ds Doc. hist. contemp., p. 35).
2. HIST. COLONIALE. Trafic effectué du xvieau xixes. par certains navires de commerce, principalement sur les côtes d'Afrique, qui consistait à échanger des denrées contre des marchandises et des spécialités locales. Synon. commerce.La traite des bois précieux, des épices, de la gomme, de l'ivoire; article, économie, marchandise de traite. Il examinera (...) quelles marchandises, quels objets seraient les plus convenables pour la traite des fourrures (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. 36).Le collègue au « corocoro » achetait du caoutchouc de traite, brut, qu'on lui apportait de la brousse, en sacs, en boules humides (Céline, Voyage, 1932, p. 172).
En partic.
Traite des esclaves, des noirs, des nègres. Trafic consistant à échanger des marchandises contre des noirs africains ou à les acheter pour les employer ou les revendre en qualité d'esclaves. Abolition de/abolir la traite des noirs, des esclaves. Un monstre de petit moricaud qui naviguait depuis l'âge de sept ans sur un navire de commerce, et que je soupçonne (...) d'avoir fait la traite des noirs (A. France, Livre ami, 1885, p. 54):
... il s'aperçut que le meilleur moyen d'arriver à la fortune était, dans les régions intertropicales, aussi bien qu'en Europe, d'acheter et de vendre des hommes. Il vint donc sur les côtes d'Afrique et fit la traite des nègres, en joignant à son commerce d'hommes celui des marchandises les plus avantageuses à échanger sur les divers marchés où l'amenaient ses intérêts. Balzac, E. Grandet, 1834, p. 231.
Absol. Abolir, supprimer la traite; la traite en Afrique. Mais la traite est favorable aux Africains; elle les soustrait au plus pénible esclavage, à tout ce que la barbarie a de plus cruel parmi eux, et elle devient un des moyens de population pour un continent immense: ainsi, la politique, d'accord avec l'humanité, exige que l'esclavage y soit continué (Baudry des Loz., Voy. Louisiane, 1802, p. 109). − (...) dis-moi, d'où viens-tu? Je viens de la côte d'Afrique, je fais la traite, j'ai mon chargement, et je vais à la Jamaïque pour y vendre des noirs (Sue, Atar-Gull, 1831, p. 10).
P. anal.
Traite des blanches. Trafic, toujours vivant de nos jours, qui consiste à enlever des jeunes filles et des jeunes femmes pour les livrer à la prostitution en France ou à l'étranger (Amérique du Sud, Moyen-Orient notamment). J'ai en horreur cette honteuse parodie de l'amour, la prostitution, la traite des blanches et autres gentillesses de même ordre (L. Daudet, Brév. journ., 1936, p. 231).P. plaisant. Traite des blancs. Track: Vite! les malles, les paquets! nous quittons Paris! (...) (Désignant Mouillebec) J'emmène cet homme (...) (Désignant Alidor) J'emmène aussi celui-là! (...) Rosa: Mais c'est la traite des blancs (Labiche, Deux merles bl., 1858, ii, 15, p. 209).
Arg. milit., vx. Traite des blancs. Opération consistant à trouver un remplaçant qui accepte de faire son service militaire à la place d'un autre, moyennant finances. Il résolut de se vendre, de s'offrir comme remplaçant pour le service militaire (...) Il alla donc trouver un de ces hommes qui font la traite des blancs (Balzac, Vendetta, 1830, p. 216).
B. −
1. FIN. Synon. de lettre* de change.Monsieur vient de me dire: Mes lettres de change seront acquittées, ajouta-t-il en présentant des traites souscrites par le comte, toutes protestées (Balzac, Gobseck, 1830, p. 415).Il s'agissait, en effet, d'une somme importante; cent mille francs à payer en deux traites (A. Daudet, Fromont jeune, 1874, p. 279).
SYNT. Traite acceptée, avalisée, émise, impayée, refusée; traite à échéance, à vue, à 30, à 60 jours, à trois mois, à un ordre, au profit de, à payer; accepter, émettre, escompter, faire, fournir, payer, présenter, signer, tirer une traite; payer, payable en/par traites; agent de traite.
2. Au fig. (Tirer) une traite sur + subst. abstr.Prendre une assurance sur (l'avenir, la chance, etc.). Au Quartier, tout le monde travaillait à préparer sa vieillesse (...). De quinze à vingt-cinq ans, on tirait des traites sur sa vieillesse (Magnane, Bête à concours, 1941, p. 372).Non, je n'hésite pas à acheter un billet de la loterie, à tirer une traite sur la fortune et le destin (Arnoux, Double chance, 1958, p. 65).
Prononc. et Orth.: [tʀ εt]. Ac. 1694, 1718: traitte; dep. 1740: traite. Étymol. et Hist. 1. 1350 traicte « droit perçu aux frontières sur la circulation des marchandises » (Confirmation de privilèges de Jean Ierds Ordonnances des rois de France, t. 2, p. 340), répertorié comme terme de civilis. dès Raymond 1832; 2. 1675 « action de retirer l'argent d'une lettre de change » (Savary, p. 141); 1723 « lettre de change tirée sur un correspondant » (Savary des Bruslons); 3. 1375 traitte « transport de marchandises entre différents pays (ou différentes provinces) » (doc. Inventaire mobilier des ducs de Bourgogne, éd. B. Prost, t. 1, p. 408, note 2); 1611 « traffic que font les bâtiments de commerce » (Cotgr.); 1680 (Rich.: Traite c'est un commerce entre des vaisseaux et les habitans d'une côte); spéc. 1690 traitte des Negres (Fur.); 1846 traite des blanches (Balzac, Les Petits bourgeois, chap. 18, t. 5, p. 340b ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 10, p. 139). Subst. au fém. du part. passé de traire* « tirer » avec peut-être infl. de traiter* au sens 3. Bbg. Quem. DDL t. 16, 21.