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TRAIT, subst. masc.
A. − Action de tirer quelque chose.
1.
a)
α) Action de tirer un attelage, une voiture hippomobile. Sa manie de n'employer pour le trait que des chevaux entiers (Jammes, Mém., 1921, p. 239).On pouvait réaliser (...), pour le trait lourd, l'attelage en flèche (trois ou quatre chevaux de front), ou en file par un; et, pour le trait léger, l'attelage à quatre (deux paires placées l'une derrière l'autre) (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p. 169).
Animal, bête de trait; cheval de trait (anton. cheval de selle*). Voyez le chien, que l'homme appelle son ami! (...) Que n'en a-t-on pas fait? Chien courant, chien d'arrêt, Chien gardeur de moutons, chien portier, chien de trait (Pommier, Colifichets, 1860, p. 98).Nous étions forcés de mettre en réquisition les voitures, les chevaux de selle et de trait (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 3).
β) Vx. Trait de corde. [Dans l'estrapade, corresp. à corde II B] Fait de monter et de laisser retomber plusieurs fois le patient (d'apr. Ac. 1798). On lui donna dix traits de corde, mais il persévéra dans son dire qu'il était injustement accusé (Tharaud, Chron. frères enn., 1929, p. 247).
b) P. méton.
α) Corde, lanière, pièce de harnais servant à tirer une voiture attelée. Une paire de traits (Ac.). D'un revers, en me relevant, je fendis la figure d'un gueux de charretier en train de couper les traits pour se sauver (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 187).Un accident survient, il [le cocher] casse un trait (Lorrain, Sens et souv., 1895, p. 172).
β) CHASSE. Longe à laquelle est attaché un limier. Laisser aller un limier de la longueur du trait; (r)accourcir, allonger le trait. Javert, en se préoccupant trop de mettre les limiers de meute sur la voie, alarma la bête en lui donnant vent du trait et la fit partir (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 570).La rumeur d'une forêt familière (...) ne couvre pas (...) l'aigre sifflement d'un limier qui raidit son trait (Genevoix, Dern. harde, 1938, p. 174).Lancer à trait de limier. ,,Suivre une bête avec le limier, jusqu'à ce qu'elle soit debout`` (Baudr. Chasses 1834). [Le suj. désigne le limier] Bander sur le trait. Faire effort pour s'avancer du côté du gibier (d'apr. Baudr. Chasses 1834).
c) Spécialement
NAV. FLUVIALE, vx. Trait de bateaux. Ensemble des bateaux attachés les uns aux autres pour remonter une rivière (d'apr. Ac. 1798-1878).
MINES. ,,Le charbon tel qu'il sort de la mine`` (Duval 1959); ,,cordée d'extraction`` (Lexis 1975). La demande de puissance d'une machine d'extraction (...) au cours même du trait, (...) présente, pendant la période de démarrage, une valeur considérable (Haton de La Goupillière, Exploitation mines, 1905, p. 100).P. méton. Personnel à l'intérieur d'une houillère (d'apr. Littré). [Les mineurs travaillent] de l'aube au soir, ou du crépuscule au matin, suivant qu'ils appartiennent à tel ou tel trait (La Petite lune, 1878-79, no46, p. 3).
TECHNOL., COMM., vx. Poussée qui fait bouger le fléau ou le plateau d'une balance. Aux marchandises qui sont en grand volume et d'un grand poids, le trait doit être plus fort (Ac.).
2. Loc. adv.
a) D'un trait, d'un seul trait, tout d'un trait. Sans interruption. Synon. (tout) d'une traite (v. traite2), d'un (seul) coup*.Dormir d'un trait; avaler, boire qqc., vider son verre d'un trait. Elle dormait à poings fermés, onze heures, tout d'un trait (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1567).D'un seul trait aujourd'hui j'ai relu presque toutes Les Nourritures Terrestres (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p. 20).
Parcourir (tout) d'un trait. V. parcourir II B 1 ex. de A. Daudet.
b) À longs traits. À longues gorgées. Ne te souviens-tu pas d'avoir un jour, dans tes réflexions lugubres, porté la main, creusée au fond, sur ta figure maladive mouillée par ce qui tombait des yeux; laquelle main ensuite se dirigeait fatalement vers la bouche, qui puisait à longs traits, dans cette coupe (...) (Lautréam., Chants Maldoror, 1869, p. 128).P. métaph. Mademoiselle Armande savourait cette lettre à longs traits, comme le devait une fille sage (Balzac, Cabinet ant., 1839, p. 82).
[P. méton.] Quantité bue en une seule fois. Elle mangea donc et but un long trait d'eau fraîche (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 249).
c) Spécialement
INDUSTR. TEXT. Fil de métal très fin destiné à la passementerie (d'apr. Boudet-Gomond 1981). On appelle trait le fil métallique fin destiné à la passementerie (Gasnier, Dépôts métall., 1927, p. 334).
PLAIN CHANT. Psaume entier ou versets de psaume chanté(s) sans reprises, à la place de l'alléluia, entre le graduel et l'évangile, aux messes des défunts, et des dimanches et féries pénitentielles (d'apr. Foi t. 1 1968). La Grand'Messe (...) comprend aussi les parties propres à chaque office: Introït, Graduel, Alleluia (ou Trait), Offertoire, Communion (Potiron, Mus. église, 1945, p. 10).
B. − Ligne.
1.
a) Ligne tracée sur une surface, notamment sur du papier, à l'aide d'un instrument. Trait(s) de burin, de crayon, de diamant, d'encre, de sang; trait bleu, noir, rouge; trait fin, continu, lumineux; tirer, tracer un trait (sur qqc.). Une ligne noire, mince et nette comme le trait tracé à la règle sur un plan d'architecte se dessina (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 171):
Si l'on fixait un stylet enregistreur sur la main d'un homme, l'épaisseur du trait, les déviations, les tremblements et les crochets dessineraient les orages intérieurs, et les moindres vicissitudes de l'équilibre vivant et pensant. Alain, Propos, 1921, p. 306.
Loc. verb. et adv.
(Barrer, supprimer) d'un/par un trait de plume. Au fig. V. plume1II A 3.
Tirer un trait (sur qqc.). V. tirer I C 1.
P. anal. Trait de feu, de lumière; trait enflammé. Dans le ciel où croulait une avalanche de nuages ronds, le moulin de la prison se profilait, étonnamment précis encore. Son aile unique barrait d'un trait appuyé l'étroite balafre rouge du couchant (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 233).
Trait de lumière (au fig.). Éclaircissement, compréhension subite de quelque chose. Ce discours fut pour Charles un trait de lumière: il eut comme une révélation, et vit, dans ce voyage, le moyen d'arriver à la fortune et à une place brillante s'il pouvait plaire à Pauline et l'intéresser (Balzac, Annette, 1824, p. 87).
Spécialement
HÉRALD. ,,Rangée horizontale d'un échiqueté`` (Thiébaud Blason 1982). Synon. tire1.Champagne. Pièce formée par un trait qui coupe la base de l'écu et qui occupe le quart environ de la surface de l'écu (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 758).
MAR., vieilli. Navire à traits carrés. Bâtiment dont les voiles principales sont quadrangulaires (du nom « trait carré » donné par les charpentiers des galères à l'équerre qu'ils traçaient sur le plancher de la salle des gabarits pour dessiner les pièces de charpente de l'étrave et de l'étambot) (d'apr. Jal1).
b) Signe graphique. Cet immonde Bonaparte Qui maintenant porte à son cou, En gros traits, sur une pancarte, L'arrêt qui le sacre filou! (Glatigny, Fer rouge, 1870, p. 61).
LING., ÉCRITURE. Trait oblique
Signe de ponctuation, représenté par une ou deux barres obliques, marquant une rupture, une articulation dans le texte, par exemple pour indiquer que le texte cité va à la ligne (d'apr. Dupr. 1980). Les traits obliques // entourent la transcription d'un sème (Dupr.1980,s.v. assise rem. 7).[Pour indiquer parfois une pause] Les écrivains se contenteraient de placer (...) des traits obliques aux pauses (Dupr.,1980,s.v. vers libre rem. 2).[Pour indiquer une césure] On peut l'indiquer [la césure] par un trait léger ondé vertical ou par un trait oblique (Dupr.,1980,s.v. césure rem. 4).[Pour indiquer une coupe rythmique] On remarque le passage d'une mesure à la suivante: (...) Graphiquement, au moyen de traits verticaux ou obliques appelés barres de scansion (Dupr.,1980,s.v. coupe rythmique).
[Dans le structuralisme notamment] Marque de relation (souvent à valeur antithétique). Vickery écrit (...): Le trait oblique représente la « relation »particulièrement celle d'influence ou effet. Ainsi par exemple: 6s/4f est « salinité en relation avec irrigation » (Coyaud, Introd. ét. lang. docum., 1966, p. 56).[Parfois dans une coupe rythmique] Les séries alternées sont marquées sur le plan sonore par un changement de ton; sur le plan graphique, on pourrait mettre un trait oblique. Ex.: Corneille, le Cid, 1, 6 deviendrait: « Père/maîtresse; honneur/amour » (Dupr.1980, s.v. sériation rem. 1).[Dans la double lecture pour opérer une distinction de sens] Double lecture (...) On emploie aussi le trait oblique. L'image sexuelle est à la fois abritée et découverte par l'écriture qui la restitue dans le secret sexuel/textuel de sa totalité (R. Jean,Les signes de l'Éros,ds Cl. Simon, Entretiens, p. 129, ds Dupr. 1980, s.v. double lecture).
Rem. ,,Il n'est pas rare de voir le trait oblique confondu avec le trait d'union, en dépit du fait que sa valeur d'emploi est inverse. C'est que le trait oblique n'est pas encore très usité. Ex.: la dialectique violence-tendresse chez Thériault`` (Dupr. 1980, s.v. trait oblique rem. 3).
TÉLÉCOMM. Signe de l'alphabet morse, représentant le son long, en marque de tiret. Anton. point (v. point1I B 2 f).V. alphabet ex. 7.
Trait d'union. V. trait d'union.
c) Trait de repère. Marque de repère. En regard de la division [d'un cercle astronomique], sont disposés deux traits de repère fixes, situés sensiblement aux extrémités d'un même diamètre (Danjon, Cosmogr., 1948, p. 19).
2. En partic.
a) Ligne, contour d'un dessin, d'un tableau. Je pris un crayon et traçai quelques traits sur l'estampe (Musset, Confess. enf. s., 1836, p. 312).Ces petits nuages circonscrits d'un trait épais qui sortent de la bouche des personnages sur les dessins des comics (Sarraute, Ère soupçon, 1956, p. 121).
b) P. méton., gén. au sing., BEAUX-ARTS. Manière de dessiner. (Peindre) à grands traits. Cet Étranger [le héros d'Albert Camus] a l'acuité vigoureuse du trait, la richesse de palette d'un grand peintre (Sarraute, Ère soupçon, 1956, p. 19).
Dessin, gravure, cliché au trait. Dessin, gravure, cliché exécuté(e) uniquement au tracé de ligne, p. oppos. à lavis (de teinte) (dessin), à similigravure (reprogr.). Aimeriez-vous des vues de Naples au simple trait? (Stendhal, Corresp., t. 3, 1832, p. 67).La Toscane est un pays sec, de lumière dure et glacée, très acide de couleur, où les collines et les arbres et les maisons se dessinent comme au trait sur une vitre (Faure, Espr. formes, 1927, p. 81).
Bois de trait. Procédé de gravure représentant les contours du dessin, p. oppos. à bois de teinte* (reproduisant un dessin en demi-teintes au pinceau). Gravure en bois de trait. [Chez Doré] le bois de trait ou de fac-similé cède la place au bois de teinte ou d'interprétation (Dacier1944, p. 126).
Faux(-)trait. Tracé d'un faux décalque (d'apr. Bég. Dessin 1978). Faux trait: trait d'un dessin que l'on a corrigé, tout en le laissant subsister (Hugues, Expr. atelier, s.d.).
Trait de force. Renforcement du contour à un endroit pour rehausser un relief ou une lumière (d'apr. Bég. Dessin 1978). [La répartition des grandes masses sombres et claires] s'opère (...) par courts accents (...): légers éclairs ou traits de force (Tintoret, le Gréco) (Arts et litt., 1935, p. 30-9).
c) CHARPENT., MENUIS., BÂT. Profil de tracé d'une pièce d'ouvrage. Art du trait. Il avait résolu d'étudier le trait, c'est-à-dire le dessin linéaire applicable à l'architecture, à la charpenterie et à la menuiserie (Sand, Compagn. Tour de Fr., 1840, p. 25).
Trait de Jupiter. Assemblage en forme de zigzag destiné à rallonger le bois. On assemble [les bois] en trait de Jupiter (Haton de La Goupillière, Exploitation mines, 1905, p. 719).
Trait (de scie). Marque de repère; entaille dans une coupe de bois, de pierre servant à guider la scie. Le chêne, scié à deux traits seulement (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 51).
3.
a) Gén. au plur. Ligne caractéristique du visage. Presque partout nous avons trouvé des figures que le pinceau européen n'a jamais tracées (...); des traits d'une finesse et d'une pureté si exquises (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 217).Je levais un instant les yeux vers le beau profil de ma mère; ses traits étaient naturellement graves et doux (Gide, Si le grain, 1924, p. 455).
SYNT. Traits fins, épais, délicats, charmants, hideux, réguliers, irréguliers, menus, rudes, saillants, accusés, effacés, flétris, décomposés, calmes, altérés, bouleversés, crispés, creusés, tirés; les traits de la figure, du visage de qqn; expression, altération des traits; beauté, douceur, harmonie, noblesse, pureté des traits; les traits se contractent, se détendent, expriment (un sentiment); qqc. (est) imprimé sur les traits de qqn; se peindre sur les traits de qqn; lire sur les traits de qqn; qqc. (un sentiment), la joie illumine les traits de qqn; contempler, distinguer les traits de qqn.
b) Au sing., plus rare. Sur chaque trait rieur, interrogatif et gêné du visage d'Albertine, je pouvais épeler ces questions (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 351).
Trait pour trait. Exactement. V. pour I A 2 b ex. de Nodier.
C. − Signe distinctif.
1. Particularité remarquable de quelqu'un ou de quelque chose. C'était, non plus avec des membres de sa famille, mais avec certains écrivains de son temps que d'autres traits de son élocution lui étaient communs (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 555).Je vois par quels traits un écrivain authentique se distinguerait de moi (J. Bousquet, Trad. du sil., 1936, p. 131).
SYNT. Trait(s) caractéristique(s), distinctif(s), dominant(s), essentiel(s), majeur(s), particulier(s), commun(s), semblable(s); traits fondamentaux, frappants, généraux, principaux, saillants, constants; traits individuels, culturels; traits de race, de ressemblance; traits d'un caractère, d'une époque.
LING. Unité pertinente, minimale ou non, permettant de distinguer un composant phonique, syntaxique ou sémantique. Trait distinctif d'un phonème. Traits lexicaux, phonologiques (Ling. 1972). Chaque mot du lexique peut être représenté par une matrice composée d'une série de traits, c'est-à-dire de renseignements donnant la description de ce mot. Chaque mot possède des traits phonologiques, des traits syntaxiques et des traits sémantiques. Les traits phonologiques nous renseignent sur les consonnes et les voyelles qui forment le mot (voisée, nasale, etc.). Les traits syntaxiques précisent de quelle catégorie il fait partie (N, V, etc.) et dans quel contexte il peut se trouver (devant un V, etc.). Les traits sémantiques indiquent s'il est animé ou non, concret ou abstrait, etc. (Fr. auj.,1972,no19, p. 62).Trait pertinent*.
Loc. verb. Avoir trait à (qqc. ou qqn). Se rapporter à. Synon. ressortir à, concerner, intéresser, relever de, avoir rapport à, dépendre de.Ici, intercaler quelque chose sur les passages ayant trait à Anne (Du Bos, Journal, 1924, p. 38).
2. Acte ou parole remarquable. Trait de caractère, d'éloquence, de génie, d'audace, de bonté, de courage, de dévouement, de vertu; trait d'histoire. Et, avec tout cela, des traits de désintéressement, des mouvements d'honneur, devant lesquels on reste indécis, ne sachant s'il faut louer ou blâmer (Montherl., Célibataires, 1934, p. 757).
Absol., vieilli. Fait saillant, anecdote. Citer un trait, le trait de qqn; cent, mille traits pareils, semblables. Dans chaque anecdote pouvant servir à porter la lumière dans quelque coin du cœur humain, il retenait toujours ce qu'il appelait le trait, c'est-à-dire le mot ou l'action qui révèle la passion (Mérimée, Portr. hist. et littér., 1870, p. 180).
En partic. Trait (d'esprit). Expression vive, spirituelle. Elle avait de ces traits, de ces reparties soudaines, et dans l'esprit, un tour singulier à dire les choses les plus communes (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 63).Le grand poète, si connu, si familier en ses préparations, étonne toujours par le trait sublime, qui n'existe jamais qu'un moment par la voix, et ne laisse point de sillage (Alain, Propos, 1921, p. 263).V. esprit 2eSection I D 2 b ex. de Alain.
Loc. verb. Avoir du trait. Avoir de la repartie, de l'esprit. À gauche se déploie il Duomo, « cette montagne d'or changée en marbre! » a dit François II, qui avait du trait (Balzac, Œuvres div., t. 3, 1840, p. 378).Saint-Simon savait peindre l'espèce humaine; bien d'autres ont eu du trait (Chardonne, Ciel, 1959, p. 165).
3. ,,Suite de notes rapides qu'on exécute sur un instrument ou avec la voix`` (Rougnon 1935). Trait brillant. Je voulais désarticuler, précisément, ce Rigodon, pour y introduire des symétries de son à l'envers, pour développer des cadences dont le départ serait donné par tel trait de trompette, repris, imité, déformé de toutes les façons possibles (Schaeffer, Rech. mus. concr., 1952, p. 38).
D. −
1.
a)
α) Projectile lancé à la main ou à l'aide d'une arme bandée (flèche, carreau). Arme de trait; décocher, lancer un trait. Esclaves solides, à l'épreuve de la crainte, ils savaient rester impassibles, les jours de bataille, sous les traits lancés, du haut des navires ennemis, par des archers placés dans les châteaux d'avant et d'arrière (Mille, Barnavaux, 1908, p. 300).
P. métaph. [P. allus. hist.: simulant une fuite, les Parthes décochaient une flèche par-dessus l'épaule] Le trait du Parthe. Mot lancé, en partant, qui porte. Synon. la flèche du Parthe (v. flèche1I A 2).La lettre de M. Zurlinden est tout simplement le dernier trait du Parthe Félix Faure (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 206).
Loc. [P. compar., pour marquer une grande vitesse]
Plus vite qu'un trait d'arbalète* ou comme un trait d'arbalète*.
Comme un trait. Très vite. Partir comme un trait. Elle entra comme un trait, non sans bredouiller, très vite (Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 216).
β) HIST. DE L'ARM. Gens, hommes de trait. Archers, arbalétriers. Si l'un d'entre eux avait affaire pour garder son honneur ou ses pays, terres et seigneuries, chacun des autres serait tenu de lui fournir cinq cents hommes d'armes ou de trait (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 400).
b) P. méton. Portée d'un tel projectile. À deux traits d'arc. Les deux armées dormirent à un trait d'arbalète l'une de l'autre (A. France, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 27).
c) P. métaph. ou au fig., littér. Ce qui frappe, blesse, cause une vive impression. Traits de l'amour; traits de feu; traits enflammés; décocher, lancer un trait. Darder un trait, des traits (à qqn). V. darder I A 1 b ex. de Sainte-Beuve et Faral.
Loc. verb., arg., vieilli. Faire des traits à (sa femme, à son mari). Être infidèle. Synon. tromper.Que prenne garde à moi la femme qui voudrait tromper son époux, et que se garde aussi l'époux qui ferait des traits à sa femme! (Crémieux, Orphée, 1858, i, p. 4).C'est-il qu'elle découcherait?... C'est-il qu'elle m'f'rait des traits? Non mais... (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 151).
2. En partic.
a) JEUX (dames, échecs). Avoir le trait. Jouer le premier coup (d'apr. Ac. 1935). Donner le trait. Donner l'avantage de jouer le premier (d'apr. Ac. 1935). Donner deux traits (Ac. 1935).
b) Vx ou région. (Canada). Avoir le trait sur (qqn). L'emporter sur (quelqu'un). C'est égal, Provençal m'a parlé le premier. J'ai le trait sur lui. À c't'heure, je chasserai tant que je voudrai (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 18).
Prononc. et Orth.: [tʀ ε]. Homon. très. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1160 « acte, action, tour (ici, en parlant de l'amour) » (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 8003: Ne te di ge les traiz d'amer [gloss.: trait de caractère, particularité]; 8071: Tu ses des traiz, de sa nature); b) ca 1280 avec adj. (Adenet Le Roi, Cleomades, éd. A. Henry, 11518: vilain trait); c) ca 1280 (Gérard D'Amiens, Escanor, 4518 ds T.-L.: trait de vilonie; 18359: Or est il li pluz fox du mont, Qui li veut jouer de tel trait); d) 1580 en partic. un beau trait (dans un texte) (H. Estienne, Deux dialogues du nouv. langage fr. italianizé, II, 154 ds Quem. DDL t. 25); e) 1587 jouer un trait à qqn « jouer un tour à quelqu'un » (Cholières, Apresdisnees, fo174 rods Gdf. Compl.); f) 1635 trait d'esprit (Corneille, Place Royale, p. 257); g) 1737 trait de caractère (Marivaux, Vie de Marianne, 7epart., p. 324); 2. a) ca 1160 trait d'une arbaleste « trajectoire, portée d'une flèche tirée par une arbalète » (Eneas, 7287); b) α) ca 1340 « tir, action de lancer (des projectiles) » (Batard de Bouillon, 3022 ds T.-L.); β) 1417-22 gens de trait qualifiant les archers et arbalétriers (à côté des gens d'armes) (Cl. de Fauquemberge, Journal, éd. A. Tuetey et H. Lacaille, p. 156); c) fin xves. « flèche » (Ol. de La Marche, Mémoires, éd. H. Beaune et J. d'Arbaumont, t. 2, p. 232), très empl. au xviies. à propos de l'amour dans le lang. précieux; d) α) 1640 viste comme un trait d'arbaleste « très rapidement » (Oudin Curiositez); β) 1668 comme un trait (La Fontaine, Fables ds Œuvres, éd. H. Régnier, t. 2, p. 34); 3. 1170-80 tret au jeu d'échecs « coup » (Mort Aymeri de Narbonne, éd. J. Couraye du Parc, 2205); d'où 1690 jeux donner le trait « donner le droit de jouer le premier » (Fur.); cf. dès 1655 « donner la première impulsion à (quelque chose) » (Molière, L'Étourdi, IV, 1); 4. a) α) ca 1200 « action de tirer quelque chose » (Escoufle, 6933 ds T.-L.: a un seul trait); β) xiiies. spéc. le trait des chevaulx (Geste de Monglane ds Romania t. 2, p. 7); γ) 1549 cheval de tret (Est., s.v. cheval); b) α) mil. xiiies. « attache du harnais » (Jehan de Tuim, Hystore de Julius Cesar, éd. F. Settegast, p. 8, 14); β) ca 1250 « corde ou lanière de cuir avec laquelle les chevaux tirent une voiture » (Gautier le Leu, Soh is, 112 ds Ch. H. Livingston, Le Jongleur Gautier le Leu, Havard Studies in Romance languages, vol. 24, p. 144); γ) 1377 vén. « longe du limier » (Gace de La Buigne, Roman des deduis, éd. Å. Blomqvist, 7964); δ) 1376 « corde » (Modus et Ratio, éd. G. Tilander, t. 1, p. 283); c) 1690 trait de bateaux (Fur.). B. 1. a) Ca 1160 (boire) a grant trait (Eneas, 3549); b) 1176 tret « ce qu'on avale d'une seule haleine » (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 3274: De la poison un grand tret boit); 2. a) 1176-81 (faire qqc.) a tret « doucement, lentement » (Id., Chevalier Lion, éd. M. Roques, 472) − Stoer, Dict. fr.-all.-lat., 1628 d'apr. FEW t. 13, 1, p. 149; b) ca 1245 « durée, longueur de temps » (Philippe Mousket, Chron., éd. de Reiffenberg, 5851); 3. a) ca 1270 (filer la laine) a granz trais « avec des gestes rapides » (Rutebœuf, Vie Sainte Elysabel, 1707, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 2, p. 152); b) 1384 [éd. 1541] (d'un oiseau) voler a longs traictz (Jean de Brie, Bon Berger, éd. Lacroix, p. 51); c) 1530 d'ung mesme trayct (Palsgr., p. 830); d) 1672 sentir (la douleur) à longs traits (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 1, p. 447). C. 1. a) Ca 1225 « forme du visage, tracé du visage » (Durmart le Gallois, éd. J. Gildea, 114: En la semblance de son vis Estoit fiers et antres hardis [lire: an très d'apr. T.-L.]), attest. isolée; puis 1538 le traict du visage (Est., s.v. duco); b) fin xiiie-déb. xives. [date ms.] « ligne, dessin (d'une partie du visage) » (Raoul de Houdenc, Meraugis, éd. M. Friedwagner, 58, var.: Sourcilz ot a delie tret); 2. a) 1remoit. xiiies. trais « action de tracer une ligne » (Villart de Honnecourt, Album, éd. H. R. Hahnloser, p. 11, 2b); b) déb. xvies. spéc. (Jean D'Auton, Chron., éd. R. de Maulde la Claviere, t. 1, p. 117: le trect de leur dorée plume [des historiographes]); c) 1539 traicts des lettres « tracé » (Est.); d) 1606 (Nicot, s.v. traict: Ores une ligne ou tirée d'un peinctre ou d'un escrivain, Selon ce on dit, Voilà un beau traict et un traict hardy), lang. class.; e) 1671 n'avoir qu'un trait de plume « écrire d'un premier jet, sans recherche de style » (Mmede Sévigné, op. cit., p. 355); cf. ca 1675 écrire d'un trait de plume « id. » (Retz, IV, 227 ds Littré); f) 1671 traits de plume ou de pinceau, les premiers traits d'une peinture (Pomey); g) 1671 trait pour trait « exactement » (Th. Corn., Comt. d'Orgueil, II, 7 ds Littré); h) 1690 (Fur.: Un financier peut estre ruiné par un trait de plume d'un Surintendant); i) av. 1788 peindre, dessiner à grands traits « esquisser » (Fér. Crit. qui cite Moreau); j) 1746 subst. arts le trait (Batteux, Beaux-Arts, p. 248); 3. a) 1398 « tracé des opérations nécessaires pour tailler la pierre et le bois et pour appareiller les matériaux d'une construction » (doc. ds Les Ducs de Bourgogne, éd. de Laborde, 2epart., t. 3, no5854, p. 165); b) 1508 trait de Sye « chaque coupe qui est faite avec la scie dans un morceau de bois ou un bloc de pierre » (Comptes de dépenses de la construction du château de Gaillon, éd. A. Deville, p. 55); c) 1676 (Félibien: Sçavoir le trait et coupe des pierres; c'est sçavoir l'art de tracer les pierres pour estre taillées et coupées hors de leurs angles quarrez); d) 1690 (Fur.: Les Ouvriers appellent trait d'equerre ou trait quarré les pièces de bois ou de pierre taillées en angles droits); e) déb. xviies. (d'un navire) a trait carré (Aubigné, Hist. univ., II, 301 ds Gdf. Compl.); 4. 1581 blason « rangée de petits carreaux dans une pièce d'armoiries échiquetée » (De Bara, Le Blason des armoieries); 5. a) 1606 donner le trait « faire pencher la balance en faveur de, décider de (quelque chose) » (v. Hug.); cf. xvies. dial. de Mézières « supplément de poids qui fait trébucher la balance » (d'apr. FEW t. 13, 2, p. 150a); b) 1640 « id. » (Oudin Ital.-Fr.); 6. 1579 avoir trait à « avoir un rapport avec [cf. a. fr. traire à « ressembler »] » (Lett. miss. de Henri IV, t. 1, p. 234 ds Gdf. Compl.: Lois qui ont traict et suite à la conscience), attest. isolée, att. dans la lexicogr. dep. Trév. 1752 (d'abord avec réf. à la lang. jur.); 7. a) α) 1713 « la marque, l'élément caractéristique de » (Fénelon, Traité de l'existence de Dieu, p. 108: voilà le trait de la divinité même); β) 1724 (Marivaux, Spectateur fr., p. 226: Et certainement c'est ce qu'on peut regarder comme le trait du plus grand maître); b) α) 1939 phonol. trait pertinent (v. pertinent); β) 1962 (Pottier, p. 121: on se voit obligé à chaque instant d'augmenter le nombre des traits pertinents différenciateurs; p. 241: traits pertinents sémantiques). Du lat. tractus (de tractum, supin de trahere « tirer », v. traire), « action de lancer un projectile, de tirer, de traîner », « trajectoire d'un objet lancé », « espace déterminé, région », « action de durer, période de temps », « action de tracer une ligne » et au fig. « cours, façon dont se déroule (un discours) », « succession, série (de causes) »; le développement des sens du fr. s'est réalisé en interaction avec les sens de traire* très fréq. en a. m. fr. (v. FEW t. 13, 2, pp. 148-150, s.v. tractus et pp. 177-187, s.v. trahere). Fréq. abs. littér.: 9 062. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 14 646, b) 10 105; xxes.: a) 11 061, b) 13 975. Bbg. Nies (F.). Textarten-Appellative. Z. rom. Philol. 1982, t. 98, p. 329.