| TOURNÉE, subst. fém. A. − 1. a) Voyage, déplacement professionnel ou officiel suivant un itinéraire fixé et comportant des arrêts, des visites déterminés. Tournée d'inspection; tournée du boulanger, du boucher; tournée pastorale. Quel candidat vous deviez faire, pendant vos tournées électorales! (Blanche, Modèles, 1928, p. 7).Il faisait sa tournée de facteur en commençant par le commencement et en suivant (...). Le dimanche, il faisait sa tournée comme les autres jours et il ne s'en plaignait pas: c'était son métier (Aymé, Jument, 1933, p. 155). − SPECTACLES. Voyage d'une compagnie d'acteurs, d'artistes ou d'un artiste seul qui donne des représentations, des concerts en province ou à l'étranger. Tournée théâtrale; tournée d'un chanteur; faire une grande tournée. Une jeune pianiste (...) faisant également la même tournée de virtuose (D'Indy, C. Franck, 1906, p. 3).Le cirque Barnaboum achevait une tournée qui devait l'amener à Paris par étapes (Aymé, Nain, 1934, p. 7). − Loc. En tournée. En train d'effectuer une tournée. M. le sous-préfet est en tournée. Cocher devant, laquais derrière, la calèche de la sous-préfecture l'emporte majestueusement au concours régional de la Combe-aux-Fées (A. Daudet, Lettres moulin, 1869, p. 131).Il n'était question que de voyages, de théâtre, et de jouer « Chéri » en tournée (Colette, Naiss. jour, 1928, p. 52). b) Visite l'un après l'autre de lieux de même sorte. Faire la tournée des cafés; la tournée des magasins, des popotes. Nous étions allés avec la voiture de l'oncle J. faire une tournée de « châteaux historiques » dans le Bazadais (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p. 246). − Loc., fam. (Faire la) tournée des grands-ducs. V. grand-duc I B. 2. Fam. Ensemble des consommations offertes par quelqu'un au café. Offrir une tournée; payer sa tournée; la tournée du patron. Elle semblait sauvée de la faim une fois encore, sa belle humeur revint si vive, qu'elle commanda une nouvelle tournée de chopes (Zola, Germinal, 1885, p. 1270).Avec une pirouette qui amusa, il dit: − Je régale d'une tournée générale, les gars! (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 25). 3. Pop. Volée de coups, correction, raclée. Donner, recevoir une tournée. Et papa m'a dit que si j'étais pas rentré avant onze heures et demie j'y couperais pas d'ta tournée (J. Lévy, Gosses Paris, 1898, p. 87).Lui, tel que je le vois et ces deux autres (des gros) sont descendus exprès de Saint-Crépin pour foutre une tournée à la vache qui se cache derrière moi [son copain] (Giono, Gds chemins, 1951, p. 70). B. − Vieilli. Pioche composée d'un pic et d'une houe fixés à l'opposé l'un de l'autre, utilisée pour ameublir les terrains alternativement durs et pierreux (d'apr. Fén. 1970). Prononc. et Orth.: [tuʀne]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1225 tornée « houe servant à défoncer la terre » (Péan Gatineau, Vie de Saint Martin, éd. W. Söderhjelm, 6904); 1395 tournée (ds Du Cange, s.v. tornaglium) − 1876, Lar. 19e; 2. a) ca 1225 « retraite, fuite » (Hist. G. le Maréchal, 2209 ds T.-L.), seulement en a. fr., v. T.-L.; b) 1594 « action d'aller çà et là » (Satyre Ménippée, Deuxieme advis de l'imprimeur, éd. Ch. Read, p. 8: après beaucoup de tournées et virées); c) 1680 (Rich.: Tournée. Ce mot se dit entre gens qui vont ç'à et là par Paris pour leurs afaires); d) 1719 p. ext. faire sa tournée « aller à différents endroits » (La Motte, Fables, Les Grillons, p. 149); e) 1863 (Gautier, Fracasse, p. 22: des comédiens de province en tournée); 3. a) 1549 par tournees « à tour de rôle » (Est.); b) 1828 (M. Raymond, Le Maçon, mœurs populaires, Paris, Ambroise Dupont, t. 1, p. 22 ds Fr. mod. t. 14, p. 227: entrez dans le cabaret pour boire avec nous une tournée de vin blanc); 4. 1790 « volée de coups » (Journal de la Râpée, noV, p. 3 ds Nisard, Ét. sur le lang. pop. ou pat. de Paris et de sa banlieue, p. 316). Part. passé subst. au fém. de tourner*. Fréq. abs. littér.: 645. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 538, b) 944; xxes.: a) 1 102, b) 1 118. |