| TORPIDE, adj. A. − [En parlant d'un être vivant] Tombé dans un état de torpeur. Synon. engourdi.Elle resta chez elle, couchée pendant des journées entières (...) buvant des grogs, anéantie et torpide (Huysmans, Marthe, 1876, p. 113). B. − Qui provoque la torpeur, qui accable, engourdit. Synon. accablant, engourdissant.Sa mère le voyait s'éteindre. La poitrine du pauvre enfant s'embarrassait, une chaleur torpide le dévorait. Il s'en allait (Gobineau, Nouv. asiat., 1876, p. 252).La terre est un éclat de diamant tombé, On ne sait quand, jadis, des couronnes du ciel. Le froid torpide et lent, l'air humide et plombé Ont apaisé son feu brusque et torrentiel (Verhaeren, Mult. splendeur, 1906, p. 13). C. − Qui a les signes, le caractère d'un état de torpeur. Cinq petits enfants agenouillés (...) ne comprenaient sans doute point ce dont il s'agissait, ils regardaient, ils écoutaient avec la curiosité torpide en apparence qui distingue le paysan, mais qui est l'observation des choses physiques poussée au plus haut degré (Balzac, Curé vill., 1839, p. 96).Et sitôt que son esprit n'était pas surtendu, il retombait dans un engourdissement torpide et dont il lui semblait alors que même le bruit du canon proche ne le sortirait pas (Gide, Journal, 1914, p. 484). D. − MÉD., PATHOL. [En parlant d'une lésion ou d'une affection] ,,Qui évolue sans manifestation aiguë et sans grand changement favorable ou défavorable`` (Méd. Flamm. 1975). REM. 1. Torpidement, adv.D'une manière torpide; en état de torpeur. Trois ou quatre pauvres diables (...) atteints de bougeotte anxieuse ou torpidement résignés, observent la grande trouée du boulevard de Port-Royal (Arnoux, Double chance, 1958, p. 201). 2. Torpidité, subst. fém.État de torpeur. Enfin, maussade, aigre et taciturne, je ne cherche pas de refuge, d'échappatoire à ma condition, où je somnole et me corromps depuis des années dans ma torpidité qui m'agrée (Arnoux, Crimes innoc., 1952, p. 142). Prononc.: [tɔ
ʀpid]. Étymol. et Hist. 1531 « froid, stagnant, engourdi » (Vignay, Mir. hist., XX, 122 ds Delb. Notes mss) − 1634, ibid.; puis 1823 (Boiste: Torpide, de la torpeur; qui l'a); spéc. 1845 méd. (Journ. de méd. et de chir. prat., XVI, p. 98 ds Quem. DDL t. 8). Empr. au lat.torpidus « engourdi », dér. de torpere « être engourdi ». Dans l'accept. pathol. cf. l'angl. torpid dès 1807 ds NED. Fréq. abs. littér.: 25. Bbg. Quem. DDL t. 8, 29 (s.v. torpidité). |