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TONNERRE, subst. masc.
A. −
1. Manifestation sonore de la foudre; bruit plus ou moins violent, perçu plus ou moins longtemps après l'éclair selon la distance qui sépare le phénomène du lieu où il est entendu, et intervenant souvent plusieurs fois au cours d'un orage. Tonnerre assourdissant, continu, éloigné, grondant, ininterrompu, lointain, roulant, sourd; bruit, grondement(s), roulement de/du tonnerre; fracas du tonnerre; le tonnerre retentit; avoir peur du tonnerre. En ce moment, un éclair sillonna la nue. Le tonnerre gronda; une grêle furieuse mêlée d'une pluie abondante fondit sur la plaine (Sandeau, Sacs, 1851, p. 60).Maintenant le tonnerre ébranlait la vallée (Rollinat, Névroses, 1883, p. 131).
[Ce phénomène est envisagé dans une durée] La journée a été orageuse; le tonnerre a grondé pendant deux heures et la foudre a éclaté non loin de la maison (Delécluze, Journal, 1825, p. 212).
Au plur., littér. Une puissance occulte envahissait son âme, Des tonnerres lointains roulaient au fond des cieux (Bouilhet, Melaenis, 1857, p. 201).
Coup de tonnerre, éclat de tonnerre (vieilli). Manifestation ponctuelle de la foudre; bruit sec, violent de la foudre s'accompagnant souvent d'un phénomène de résonance. Un coup de tonnerre éclate. La nature (...) se réveille par des torrents de pluie et des éclats de tonnerre terribles (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 523).D'épais nuages avaient obscurci le ciel; un orage se préparait. Un éclair rapide brilla, suivi d'un violent coup de tonnerre, et la pluie commença à tomber lourdement (Musset, Mouche, 1854, p. 288).
2. P. méton., vieilli. Foudre. Être frappé du tonnerre. Ce jour-là de terribles orages éclatèrent du côté de Paris; la grêle dévasta les campagnes, et le tonnerre tomba en plusieurs lieux (Barante, Hist. duc Bourg., t. 4, 1821-24, p. 234).
Objet représentant la foudre, généralement sous la forme d'une flèche ou d'un faisceau enflammé. Quand Napoléon visita la Chapelle, au monde que portait dans ses serres l'aigle d'Othon on ajouta la foudre que j'ai vue encore aujourd'hui fixée aux deux côtés du globe impérial. Le suisse dévisse ce tonnerre à la demande des curieux (Hugo, Rhin, 1842, p. 74).
Loc., littér. Le maître du tonnerre. Jupiter. Jupiter insulte à sa défaite [de Typhon] par un rire moqueur (...). Le maître du tonnerre retourne au ciel, porté sur son char (Dupuis, Orig. cultes, 1796, p. 164).La région, le séjour du tonnerre. Le ciel. Ainsi l'aigle superbe au séjour du tonnerre S'élance (Lamart., Médit., 1820, p. 147).L'oiseau qui porte le tonnerre. L'aigle. Ou tel encore l'oiseau qui porte le tonnerre, Orgueilleux de sa force et dédaignant la terre Plane vers le soleil dans son vol assuré (Chênedollé, Journal, Append., 1833, p. 182).
Expr. fig. Toutes les fois qu'il tonne, le tonnerre ne tombe pas. Les menaces ne sont pas toujours mises à exécution. (Dict. xixeet xxes.).
MINÉR. Pierre de tonnerre. Synon. de céraunie:
... au moyen âge, les chroniqueurs nous ont conservé de naïfs dessins de ces chutes inexpliquées; plusieurs naturalistes les désignaient sous les noms de pierres de foudre, pierres de tonnerre, parce qu'on les regardait comme des matières lancées par la foudre. Flammarion, Astron. pop., 1880, p. 687.
3. THÉÂTRE. Machine qui sert à imiter le tonnerre. On dressait alors un véritable théâtre. Il y avait un magasin de décors ad hoc, une rampe, un tonnerre (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 239).
B. − P. anal.
1.
a) Bruit violent, assourdissant. Tonnerre des camions, des eaux, des orgues, des roues, d'un train; tonnerre souterrain; dans le tonnerre de qqc.; un tonnerre, des tonnerres d'applaudissements, de bravos, de cris, de rires, de vivats. Le petit commerce du quartier Saint-Roch s'en allait sous une pioche invisible, avec de brusques tonnerres de charrettes qu'on décharge (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 747).Bien des jours encore s'écouleraient avant qu'on entendît de nouveau le tonnerre lointain des grandes chutes (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 238).
Coup de tonnerre. Bruit sec, violent. Les coups de tonnerre à l'intérieur, lorsque les obus éclataient, faisaient briller les hautes fenêtres peintes (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 119).
b) P. méton. Dans l'assourdissement de ce tonnerre rebondi et secoué aux pavés de la rue [un camion chargé de charpentes de fer], on perçut les clameurs affolées du pauvre homme (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, p. 128).
En partic., littér. Canon. Les jeunes princes étaient dès longtemps investis des commandements généraux qui mettaient dans leurs mains tous les tonnerres du mont Calvaire et de Vincennes (Vigny, Mém. inéd., 1863, p. 143).
Expr. C'est un tonnerre. C'est un homme à la voix forte, puissante. (Dict. xixeet xxes.).
ARMUR. Partie du canon d'une arme à feu portative où se place la charge et où se produit l'explosion. Les soldats sortirent du cabaret, marchant avec précaution, la main au tonnerre du fusil et regardant au loin sur la route (Coppée, Vingt contes nouv., 1883, p. 14).
2. Locutions
a) Loc. adj. De tonnerre. Qui a des caractéristiques rappelant le bruit violent du tonnerre. Nous avions pourtant (...) un bruit de tonnerre sur la route d'Orléans à Paris toute pavée (E. de Guérin, Lettres, 1838, p. 192).Prédicateur à la voix de tonnerre (Bremond, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 591).
b) Loc. adv. En tonnerre. Avec des caractéristiques rappelant le bruit, la violence du tonnerre. Une immense ovation roule en tonnerre, s'élève, retombe (Martin du G., J. Barois, 1913, p. 440).En coup de tonnerre. Avec des caractéristiques rappelant le bruit, la violence, la brutalité d'un coup de tonnerre. [Le grand leit-motiv] monte, il monte avec fureur (...) et il éclate en coup de tonnerre (Rolland, Beethoven, t. 2, 1937, p. 474).
C. − Au fig.
1. Événement violent, qui survient brutalement. Depuis le tonnerre de la révolution (Bonstetten, Homme Midi, 1824, p. 211).Ce fut à cette minute, à deux heures moins un quart, que le tonnerre éclata en pleine Bourse: l'Autriche cédait la Vénétie à l'empereur, la guerre était finie (Zola, Argent, 1891, p. 210).
Expr. vieillie. Attirer le tonnerre. Attirer le malheur. Malheureux enfants, vous avez tous deux un nom qui attire le tonnerre (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 269).
Coup de tonnerre. Événement étonnant, imprévu; en partic., catastrophe imprévue. Le coup de tonnerre qui tombe sur l'Autriche en 1809, qui la ruine (...):la prise de Vienne par Napoléon (Rolland, Beethoven, t. 1, 1937, p. 68).Le neutron était découvert. Ce fut un coup de tonnerre dans le monde scientifique (Leprince-Ringuet, Atomes et hommes, 1957, p. 29).
2. Colère, puissance de quelqu'un; manifestation, expression de colère, de puissance. Livre qui n'atteint en rien le génie propre à Mirabeau et ne cherche point à lui dérober ni à lui soutirer son tonnerre (Sainte-Beuve, Portr. contemp., t. 2, 1834, p. 285).Et nous questionnons en vain notre âme pleine De tonnerre et de nuit! (Hugo, Contempl., t. 3, 1856, p. 245).
En partic. Colère, puissance divine. Dans leur démence avide, ils [des bandits] bravaient les tonnerres De Zeus (Banville, Exilés, 1874, p. 31).Ce monument étant une injure gratuite au Pape, on peut espérer le voir réduit en poudre, au jour de l'achèvement, par le tonnerre de Dieu! (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 125).
D. − [Loc. à valeur superl. ou jurons]
1. Loc. pop., fam.
a) Du tonnerre
α) Loc. adj. Formidable, extraordinaire; admirable. Synon. fam. terrible.C'est du tonnerre! Une fille du tonnerre. Pour une fois qu'il avait un jeu du tonnerre (Aragon, Rom. inach., 1956, p. 59).
β) Loc. adv. Formidablement. Ça marche du tonnerre (GDEL).
b) Un tonnerre de + subst.[Avec la valeur d'un superl.; exprime l'admiration] Un tonnerre de pays où chacun pouvait prendre ses arpents de terre (Balzac, Méd. camp., 1833, p. 174).
c) Loc. adv. Le tonnerre. Très bien, très vite; puissamment et violemment. La Reine: J'ai galopé comme une rafale. Pollux allait le tonnerre (Cocteau, Aigle, 1946, iii, 6, p. 398).Jouer le tonnerre (Esn.1965).
SPORTS. Marcher le tonnerre. ,,Tenir la grande forme`` (Petiot 1982).
2. [Sert de juron ou entre dans de nombreuses loc. interj. à valeur de jurons] Tonnerre de sort! Tonnerre de tonnerre! Tonnerre de Brest, de Zeus, du diable! Tonnerre et sang! Nom d'un tonnerre! Mille (millions de) tonnerres! Tonnerre! je veux me fâcher bien fort; ma malle n'est pas encore arrivée (Stendhal, Corresp., t. 1, 1804, p. 83).Sacré tonnerre de nom de nom! Eh bien, me voici dans de beaux draps! (Martin du G., Gonfle, 1928, ii, 8, p. 1213).
[Dans des formules imprécatoires] (Que) le tonnerre l'emporte, l'enlève! Que le tonnerre écrase cette vieille qui nous fait droguer pour rien! (Sue, Myst. Paris, t. 7, 1843, p. 3).
3. Tonnerre de Dieu. V. ce mot 2eSection II B 3 b α et γ.
Au tonnerre de Dieu/dieu. Très loin. Il y avait des étoiles jusqu'au tonnerre de dieu! (Giono, Baumugnes, 1929, p. 188).Je suis à Toul, tu comprends? Toul! Une ville moisie, au tonnerre de Dieu (Duhamel, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 154).
Prononc. et Orth.: [tɔnε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 tuneire « bruit retentissant qui accompagne la foudre » (Roland, éd. J. Bédier, 1424); 2. a) 1552 tonnoirre « grand bruit » (Rabelais, Quart Livre, éd. R. Marichal, p. 267); b) 1553 voix de tonnerre (Bible, R. Olivetan, Apoc., VI, t. 2, fo96 ro); 3. a) 1623 coup de tonnerre « événement fatal » (Viau, Œuvres poét., 2epart., p. 46); b) 1646 (Maynard, Poésies, p. 57: l'auguste potentat dont l'Espagne craint le tonnerre); 4. a) 1790 jurons triple million de tous les cinq cens milliards de tonnerres de Dieu, Tonnerre de Dieu (Jean Bart, no67, p. 6; no93, p. 3 ds Quem. DDL t. 19); b) 1873 (Zola, Ventre Paris, p. 725: Il fait un froid du tonnerre de Dieu). Du lat. tonitrus « tonnerre » et « bruit retentissant comme le tonnerre »; la forme régulière tonnoire est att. jusqu'en 1572 (Amyot ds Hug.), cf. aussi tonnaire ds Dupuys 1573-Nicot 1606. Fréq. abs. littér.: 1 716. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 097, b) 3 175; xxes.: a) 3 336, b) 1 799. Bbg. Göhri (K.). Die Ausdrücke für Blitz und Donner im Galloromanischen. R. de dialectol. rom. 1912, t. 4, p. 45, 140. − Quem. DDL t. 12, 16, 17, 19, 21, 32.