| TONIQUE1, adj. A. − MÉD., PHYSIOL. 1. ,,Qui est relatif au tonus. Ce terme est surtout utilisé à propos des phénomènes qui se rapportent au tonus musculaire. P. ex., les contractions musculaires sont dites toniques lorsqu'elles présentent une forme lente, soutenue, caractérisée par des mécanismes physiologiques dont l'activité est constante`` (Thinès-Lemp. 1975). Babinski insiste ainsi sur les caractères de la paralysie faciale centrale qui est faite de troubles toniques parallèles et non systématiques comme dans la paralysie hystérique (Ce que la Fr. a apporté à la méd., 1946 [1943], p. 260). 2. Qui a du tonus. Le ventre est augmenté de volume, mais peu étalé car les muscles sont toniques (Quillet Méd.1965, p. 159). ♦ Contraction tonique, convulsion tonique ou spasme tonique. ,,Se dit d'une contraction musculaire prolongée, de convulsions provoquant un état de rigidité, de contracture continue`` (Man.-Man. Méd. 1980). Synon. spasme* clonique.La tension superficielle (...) reste augmentée (...) sans qu'il y ait dépense énergétique. Cette contraction de type spécial s'appelle la contraction tonique (Policard, Histol. physiol., 1922, p. 329). − Rare. [En parlant de qqn.] Fort. − « Mon appétit? » − « Ta santé. Ce corps où le sang circule bien. Tu es tonique!... Moi aussi, la carcasse est bonne » (Martin du G., Thib., Belle sais., 1923, p. 969). B. − MÉD., PHARM. Qui (re)donne du tonus. 1. Qui raffermit la peau tout en lui gardant son élasticité. Lotion tonique et astringente. Empl. subst. masc. D'une exceptionnelle efficacité, le Tonique Hydro-Cure de Biotherm est plus qu'un simple rinçage: il laisse déjà sur votre visage un film de douceur (Elle, 8 mars 1982, p. 31, col. 2). 2. Qui (re)donne des forces physiques et de l'élan vital à l'organisme. Synon. fortifiant, reconstituant, remontant (fam.).Médicaments, remèdes toniques; boisson, vin tonique; climat, froid tonique. Un thé tonique, reconstituant, excellent pour les circonvolutions (Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], 1905, p. 57).Tous les vins ont des propriétés stimulantes et nutritives justement appréciées. Les vins rouges sont toniques, excitants et constituent un aliment d'épargne (Brunerie, Industr. alim., 1949, p. 77). ♦ Avoir une action tonique. Il emprunte ses propriétés stimulantes à ses matières sapides, (...) qui, aux doses usuelles, par votre voie digestive, ont une action tonique excitant le cœur et les vaisseaux, à la façon du café (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 228). ♦ Eau tonique. Boisson gazeuse peu sucrée, aromatisée au quinquina (d'apr. Rob. 1985). V. tonic rem. infra. − Empl. subst. masc. Substance employée comme médicament tonique. L'anémie, qui persiste en nombre de cas, est traitée par les toniques amers, la liqueur de Fowler et par les ferrugineux (Nocard, Leclainche, Mal. microb. animaux, 1896, p. 426).On pourra tenter un régime nutritif riche et abondant, l'administration de toniques généraux, eau rouillée, quinquina (Garcin, Guide vétér., 1944, p. 28). ♦ En partic. Toniques du cœur. Tonicardiaques. Le traitement de toutes les affections cardiaques: repos et toniques du cœur (Garcin, Guide vétér., 1944, p. 187). 3. Au fig. Qui redonne de l'élan, de la vitalité. Synon. stimulant, tonifiant.Roman tonique. Je me suis fait peu à peu (...) un panthéon portatif composé d'hommes-éclairs (...) La contemplation de ces surhommes est aussi tonique que l'audition d'une marche militaire. Ce sont mes saints patrons (Morand, Homme pressé, 1941, p. 109).Pour moi les exigences de Robert avaient toujours été toniques, mais elles avaient fini par décourager Nadine (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 66).V. tonicité A ex. de Du Bos. − Il est tonique de + inf.Il est bon, à certaines heures, il est tonique de regarder en face cette mort qui menace notre patrie (Mauriac, Journal 4, 1950, p. 24). − Empl. subst. masc. Quel tonique, ces œuvres de Marc-Aurèle! (Goncourt, Ch. Demailly, 1860, p. 173). REM. Tonic, subst. masc.,synon. de eau tonique (supra B 2).Un peu d'Indien sur un glaçon, de l'eau naturelle ou gazeuse et votre tonic est prêt (L'Express, 10 juill. 1972, p. 2 ds Rob. 1985). Prononc. et Orth.: [tɔnik]. Homon. et homogr. tonique2. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1538 tonicque « qui présente une tension, une élasticité en parlant des tissus vivants » (J. Canappe, 13elivre de la méthode thérapeutique de Galien ds Fr. mod. t. 18, p. 271); 1618 tonique (Ch. Guillemeau, Ostomyologie ou discours des os et des muscles du corps humain, p. 339); 1694 convulsion, spasme tonique (Corneille); 2. 1762 adj. remèdes toniques « propres à accroître les forces physiques » (Ac.); 1785 subst. (Grouvelle, L'Épreuve délicate ds Gaiffe, Drame en France, 505 ds Brunot t. 6, 2, 1, p. 1184); 3. a) 1832 fig. « qui stimule, augmente la force vitale » (Sand, Indiana, p. 296); b) 1841 subst. masc. (Balzac, Tén. affaire, p. 86: le tonique d'une haine); c) 1922 « qui redonne de l'énergie psychique » (Alain, Propos, p. 438); 4. 1941 subst. « qui est propre à maintenir l'élasticité de la peau, à la raffermir » (L'Œuvre, 3 févr.); 1970 adj. id. (Rob. Suppl.); 5. 1970 eau tonique « boisson gazeuse peu sucrée et aromatisée au quinquina » (ibid.); 1972 tonic (L'Express, loc. cit.). Empr. au gr.
τ
ο
ν
ι
κ
ο
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ς « qui concerne la tension, qui se tend »; 5 de l'angl. tonic water « eau tonique », de tonic (1756 méd.) et water « eau » (v. Rey-Gagnon Anglic. 1981). |