| TOLÉRANT, -ANTE, adj. A. − Qui fait preuve d'esprit de tolérance. Synon. compréhensif, indulgent.Très libre et tolérante, elle avait le scepticisme sain du peuple de Paris, qui doute, comme on respire, allégrement (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1285).Profondément sociale aussi est la piété du cycloïde, consciencieuse et douce, sans bigoterie ni pédantisme, modeste et tolérante, sujette à de légères dépressions suivant celles de son état général (Mounier, Traité caract., 1946, p. 744). B. − Qui, en matière d'opinions philosophiques, politiques, religieuses, d'engagements sociaux, etc., pratique la tolérance, témoigne de la tolérance. Synon. libéral.Ces Juifs, qu'on se représente comme un peuple farouche et intolérant, étoient cependant, à certains égards, le plus tolérant de tous, au point qu'on a peine quelquefois à comprendre comment les professeurs exclusifs de la vérité se montroient si accommodans avec les religions étrangères. On connoît la manière tout à fait libérale dont Élisée résolut le cas de conscience proposé par un capitaine de la garde syrienne (J. de Maistre, Soirées St-Petersb., t. 2, 1821, p. 196).Depuis deux mille ans les certitudes chrétiennes avaient eu le temps de faire leurs preuves (...) c'était le patrimoine commun. La bonne société croyait en Dieu pour ne pas parler de lui. Comme la religion semblait tolérante! (Sartre, Mots, 1964, p. 80). − Empl. subst. Personne qui dans ces domaines pratique la tolérance. Dans toutes les classes de la société républicaine, les tolérants et les sceptiques de la veille redevinrent fanatiques et persécuteurs (Maurras, Kiel et Tanger, 1914, p. 49). Prononc. et Orth.: [tɔleʀ
ɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. V. tolérer. Fréq. abs. littér.: 145. DÉR. Tolérantisme, subst. masc.,relig. Attitude, opinion de ceux qui préconisent ou pratiquent une tolérance religieuse excessive. (Dict. xixeet xxes.). P. anal. Tolérance excessive, relâchement du style. On a bien les deux systèmes en présence: d'un côté, le zèle, l'exactitude suprême, mais avec un penchant au purisme, − de l'autre, une liberté qui va au relâchement, une largeur poussée jusqu'à la latitude, l'indifférence en matière de style, le tolérantisme (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 6, 1863, p. 384).− [tɔleʀ
ɑ
̃tism̭]. Att. ds Ac. dep. 1762. − 1resattest. a) 1721 « opinion, système de ceux qui préconisent la tolérance religieuse » (Trév.), qualifié de ,,vx`` ds Rob. 1964, b) 1768 « opinion, attitude de ceux qui poussent trop loin le tolérantisme » (Voltaire, Corresp., lettre du 26 février ds
Œuvres compl., Paris, Garnier, t. 45, p. 536); de tolérant, suff. -isme*. |