| * Dans l'article "TENTE1,, subst. fém." TENTE1, subst. fém. A. − 1. Abri portatif, fait généralement d'une toile tendue sur des supports, utilisée par d'anciens peuples et des populations nomades, plus spécialement des tribus du désert, dont la forme et la matière varient selon les époques et les ethnies. Tente de cuir, d'écorce, de feutre, de poil de chameau; tente d'indien; tente des bédouins, des esquimaux, des hébreux, des nomades; tente algérienne, arabe, mongole. Ces Tartares, dont quelques-uns habitaient des tentes de peaux de brebis au pied de la grande muraille de la Chine (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 535).On a peine à concevoir un art des peuples nomades, allant devant eux dans la steppe à l'aventure, ne se fixant jamais où ils s'arrêtent pour camper, vivant sous la tente de peau qui se roule et se transporte (Faure, Espr. formes, 1927, p. 88). − P. méton. Ensemble des peuplades vivant en campement sous les tentes et appartenant à la même tribu; grande famille. On me dit que c'est un fils de grande tente des environs de Boghar (Fromentin, Été Sahara, 1857, p. 94).Les Kirghis se divisent en trois hordes (...) et comptent environ quatre cent mille « tentes », soit deux millions d'âmes (Verne, M. Strogoff, t. 1, 1876, p. 31). − HIST. JUIVE. Tente du témoignage. ,,Le sanctuaire portatif du désert, contenant l'arche d'alliance`` (Léon 1975). RELIG. JUIVE. Fête des Tentes. Synon. de fête des tabernacles (v. tabernacle A 2). 2. a) Logement provisoire, richement orné et destiné à abriter de grands personnages, dans le cadre d'une entrevue, d'un traité, etc. Tente d'apparat, du roi, du prince, du sultan; tente royale. Des pavillons avaient été tendus d'un côté pour le roi de France, de l'autre pour le roi d'Angleterre; au milieu était une tente pour l'entrevue (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 225). b) Abri de toile pouvant accueillir un grand nombre de personnes pour des achats, des fêtes, des repas ou des spectacles divers. Le jour de la distribution des prix (...) la tente de coutil, l'affluence des parents, l'estrade ornée de drapeaux, tout cela m'inspirait l'émotion (A. France, Livre ami, 1885, p. 141).Autour des innombrables étalages, des tentes, des boutiques volantes marquées de leurs enseignes, stationne ou circule une foule qui s'affaire ou qui flâne (Faral, Vie temps st Louis, 1942, p. 67). ♦ Tente (de cirque). Synon. de chapiteau.Les étoiles scintillent au ciel comme le nickel des trapèzes au haut d'une tente de cirque (Morand, New-York, 1930, p. 257).Le petit cirque régional qui parcourt un coin de province avec son modeste chapiteau à un mât, jusqu'aux grandes tentes européennes ou américaines à pistes multiples et à construction compliquée, qui sont de véritables villes roulantes (Arts et litt., 1935, p. 76-16). c) ARM. Abri de toile provisoire et portatif, qui permet aux soldats en campagne d'être momentanément hébergés au cours de leurs déplacements. Synon. guitoune (arg.), pavillon (hist.).En moins d'un quart d'heure, le camp fut levé, les tentes pliées, rattachées sur les sacs, les faisceaux défaits (...). C'étaient de graves raisons qui venaient de décider le général Douay à une retraite immédiate (Zola, Débâcle, 1892, p. 26): ... les ouvriers, les gardes de police et du camp, les capitaines, les vivandiers, reçurent chacun leur tente en bonne toile, garnie de mâts, de traverses et de piquets; les lieutenants logeaient deux à deux dans une tente. Chaque tente de seize hommes eut deux marmites, deux gamelles, deux grands bidons...
Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 49. ♦ Toile de tente. Partie d'une tente, qui entre dans l'équipement individuel du militaire et qui, jointe à plusieurs autres, constitue une tente, pour trois ou quatre hommes. Les autres veilleurs enveloppés de toiles de tente humides et coulantes, avec leurs zébrures et leurs plaquages de boue (Barbusse, Feu, 1916, p. 251). − Loc. verb. ♦ Établir, planter sa (ses) tente(s). Établir un campement. Au fig. Établir, planter sa (ses) tente(s). S'installer d'une manière durable (dans un endroit, dans la vie). Il n'a tenu qu'à peu de choses qu'il ne fixât à Liège sa destinée et qu'il n'y plantât sa tente, au moins pour quelques années (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 13, 1868, p. 34). ♦ Lever sa (ses) tente(s). Démonter un camp, quitter la place. À dater de ce jour, il ne fut plus question de traité avec les Anglais, et les tentes furent levées (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 233).P. anal. Lever sa (ses) tente(s). Quitter un lieu pour un autre. Je résolus donc de lever mes tentes; je laissai mon frère et mes sœurs à Paris et m'acheminai vers la Bretagne (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 241). ♦ Se retirer sous sa tente (au fig.). [P. allus. à un passage de l'Iliade où Achille, irrité par Agamemnon, se retire sous sa tente et abandonne la cause des Grecs] Capituler, renoncer à un projet ou à sa poursuite. Dépité de se voir méconnu (...) il se retira définitivement sous sa tente, d'où sa femme n'essaya pas de le faire sortir (Feuillet, Paris., 1881, pp. 31-32). d) CAMPING. Abri de toile généralement imperméable, soutenu par une armature, comprenant une ou plusieurs pièces, quelquefois un auvent et une abside, et qui permet de camper à l'endroit désiré. Nous campons près d'une rivière. Il est une heure, je voudrais bien manger, prendre un peu de lait, de café. Nous ne sommes pas au restaurant! Il fait chaud sous la tente (Barrès, Cahiers, t. 11, 1914, p. 5).Nous en avions fait le tour à pied [de la Sicile], mon précepteur et moi, poussant Vert-de-Gris devant nous, un âne qui portait notre tente et nos impedimenta de campeurs (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 135). SYNT. Tente de camping, de randonnée; tente carrée, démontable, légère; grande, large, lourde, petite tente; auvent, mât, pieu, piquet, porte, rideau, tapis, toile de tente; camper, coucher, dormir, manger, vivre sous la tente; démonter, dresser, déployer, installer, monter, planter, plier sa tente; tente à armature, à double toit. ♦ Tente canadienne. Tente légère à deux pans, avec ou sans abside. On observe, à la fin de ce troisième quart du XXesiècle une recrudescence de demandes pour la tente canadienne (L. Montange, Le Camping, Paris, P.U.F., 1975, p. 60).Tente familiale. Tente à armature comprenant plusieurs pièces (chambres, salle de séjour, cuisine, etc.). La tente familiale destinée au camping est, dans la quasi-totalité des cas, une tente à armature (L. Montange, Le Camping, Paris, P.U.F., 1975, p. 75). ♦ Tente marquise. Grande tente pourvue d'une avancée formant auvent. V. marquise II C 1 ex. ♦ Tente intérieure. Toile de tente constituant la partie intérieure d'une tente à double toit. Il existe des tentes intérieures (...) dont le tissu coton est tellement tissé « lâche » que l'imperméabilisation est totalement nulle (Au Vieux Campeur, été 1981, no1, p. 249). 3. P. anal. a) Abri naturel ou construit en éléments naturels dont la forme évoque celle d'une tente. On leur fit une tente avec des feuillages, et tous donnèrent leurs habits pour empêcher les effets de l'humidité (Balzac, Annette, t. 4, 1824, p. 150).Ses eaux [de la Grande-Rivière] étaient cachées par des guirlandes de lianes, qui (...) mariaient leurs jets d'une rive à l'autre, et (...) formaient sur le fleuve de larges tentes de verdure (Hugo, Bug-Jargal, 1826, p. 96). − P. métaph. Sostrate Gnidien regardait les étoiles. De la tente des cieux dorant les larges toiles, Elles resplendissaient dans le nocturne azur (Hugo, Légende, t. 4, 1877, p. 515). b) Spécialement − BOT. Tente (d'isolement). Abri de protection contre le gel établi en enveloppant les plantes dans de la toile ou un autre isolant fixé sur une armature jusqu'à leur floraison. Mise des racines de premiers choix sous les tentes d'isolement (Rouberty, Sucr., 1922, p. 26).Au pied de la plante, construisez une ossature de tente avec des piquets de bois (...) Tapissez cette ossature de fougères (Femme actuelle, 1er-7 juin 1987, p. 47, col. 3). − MÉD. Tente à oxygène. ,,Dispositif étanche constamment alimenté d'oxygène (parfois de carbogène) et à l'intérieur duquel on place un malade soumis à l'oxygénothérapie`` (Méd. Biol. t. 3 1972). − TECHN. SPATIALES. Tente à flot laminaire. ,,Enceinte mobile dans laquelle les conditions de propreté requises sont assurées par un écoulement d'air laminaire destiné à éliminer les poussières`` (Sc. Techn. spat. 1978). 4. a) Vieilli − Toile tendue au-dessus d'une boutique, d'un café pour protéger les vitrines ou ombrager les terrasses. Parfois un vent tiède, qui soufflait de la rivière, agitait mollement la bordure des tentes en coutil suspendues à la porte des estaminets (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 64).Au-dessus de ce champ de foire (...) les buvettes haussaient leurs tentes de toile grise, que les coups de soleil blanchissaient (Zola, Nana, 1880, p. 1381). − Dais d'un baldaquin, rideaux disposés au-dessus d'un lit. Tente de lit. Des lés de calicot formaient tente au-dessus du lit (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 445). b) MAR. Tente (de nage, de protection). Toile tendue au-dessus du pont de certaines embarcations pour protéger du soleil. Le soleil tape d'aplomb sur la tente de notre pont. Le Nil est plat comme un fleuve d'acier (Flaub., Corresp., 1850, p. 168).Un canot couvert d'une tente et monté par quatre femmes descendait lentement le courant (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Femme de Paul, 1881, p. 1219). B. − ANAT. [N. donné à un certain nombre de pièces anatomiques qui en prolongent d'autres ou s'intercalent entre deux pièces voisines] Tente de l'hypophyse, du nerf optique; tente pituitaire. La tente du bulbe olfactif − c'est un petit repli (...) surplombant la gouttière olfactive (G. Gérard, Anat. hum., 1912, p. 377). ♦ Tente du cervelet. Prolongement de la dure-mère séparant la face supérieure du cervelet des lobes occipitaux qui reposent sur elle. La tente du cervelet (...) provient de la dure-mère au devant des deux branches de la croix occipitale, et se porte vers les apophyses clinoïdes postérieures (Cuvier, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 177). REM. 1. Tente-, élém. de compos.[Les mots constr. désignent] a) [un type ou un modèle de tente]
α) 2. Tente-cercueil, subst. fém.Les tentes sont minuscules. Nous les appelons des tentes-cercueils. On y pénètre en rampant (...). Elles tiennent dans le fond d'un sac! (M. Herzog, Annapurna. Premier 8000, p. 71 ds Quem. DDL t. 27).
β) Tente-marabout, subst. fém.Grande tente rectangulaire à deux mâts. La tente-marabout où sont installées des douches de campagne (L'Express, 19 avr. 1965ds Gilb. 1980). b) [l'usage auquel une tente est destinée] Tente-abri, subst. fém.,synon. (supra A 2 c, A 3 b bot. et A 4 b).Une tente-abri d'un nouveau modèle, se montant et se démontant à la minute (A. Daudet,Tartarin de T.,1872,p. 44). Tentelette, subst. fém.,rare. Petite tente. Sous des mimosas, les dromadaires couchés ruminaient à côté des tentelettes où dorment leurs chameliers (Du Camp, Nil, 1854, p. 58). 3. Tenter, verbe trans.a) Recouvrir d'une tente (supra A 4 b). Les pêcheurs couchent presque toujours dans leurs chaloupes après les avoir tentées (J.O., 15 oct. 1869, p. 1349, col. 1 ds Lar. 19e).b) Empl. pronom., région. (Canada). Dresser sa tente, camper. − Et vous remonterez par icitte? − Pas sûr (...) S'il faut, on se tentera une nuit (Genevoix, Laframboise, 1942, p. 35). Prononc. et Orth.: [tɑ
̃:t]. Homon. tante et forme de tenter. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1160 « abri portatif » (Eneas, 916 ds T.-L.); fig. 1818 la tente du ciel (Maine de Biran, Journal, p. 120); b) 1831 planter sa tente « établir les fondements de quelque chose » (Lamennais ds L'Avenir, p. 133: complice du pouvoir qui avoit planté sa tente sur les derniers débris de la liberté chrétienne); c) 1846 dresser sa tente « habiter » (Balzac, Cous. Bette, p. 150); 2. fin xives. « ensemble de tapisseries d'ornement » (Chartes confisquées aux bonnes villes du pays de Liège, éd. J. Haust d'apr. FEW t. 13, p. 195b); 3. 1622 « toile tendue sur une partie d'un navire » (J. Hobier, Constr. d'une gallaire ds Jal1); 4. 1838 « banne protégeant la devanture des magasins » (Stendhal, L. Leuwen, t. 1, p. 286). B. 1805 anat. (Cuvier, loc. cit.). Du lat. pop. *tenta, part. fém. subst. de tendere « tendre », ou de *tendita, fém. d'un part. *tenditus, de tendere (cf. a. prov., ital. tenda, esp. tienda). Fréq. abs. littér.: 1 700. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 531, b) 3 215; xxes.: a) 2 318, b) 1 961. Bbg. Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 553. − Hasselrot 20es. 1972, p. 8 (s.v. tentelette). − Quem. DDL t. 27 (comp.). |