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TEMPS, subst. masc.
I. − Milieu indéfini et homogène dans lequel se situent les êtres et les choses et qui est caractérisé par sa double nature, à la fois continuité et succession.
A. − [Le temps est une durée]
1. Absol. Durée indéterminée et continue. Le temps passe et court. C'est une ruine magnifique et qui bravera le temps et les hommes pendant bien des siècles encore (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 280):
1. ... il ne suffisait pas de ce morceau de papier pour bousculer le temps, l'espace et le sens commun. Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 168.
[Le temps est la mesure selon laquelle se définit la durée de tel ou tel événement] Consacrer, employer, prendre du temps pour (faire) qqc. Le duc, tout blanc comme un fantôme, dans ses grands peignoirs garnis de dentelles, coulait le temps sur sa chaise percée (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 52).
Il faut laisser du temps au temps. Il faut laisser du temps au temps. Le temps pour nos représentants d'accepter enfin leur condition. Pas celle d'un maître, celle d'un commis (Le Monde, 27 mai 1988, p. 38, col. 6).
[Compl. d'un verbe désignant l'action d'augmenter ou de diminuer un gain, le temps est perçu comme possédant une certaine valeur] Gagner, gaspiller du temps; avoir du temps à perdre. Tu auras cette lettre demain matin. Je l'envoie directement pour ne pas perdre de temps (Hugo, Corresp., 1852, p. 103).
Adv. de quantité + temps.Assez, beaucoup, combien de temps; cela prend moins de temps. J'y renonce: trop de temps s'y perdrait que je peux donner au travail (Gide, Journal, 1943, p. 196).
Peu de temps. Anéantir tant de villes en si peu de temps (Valéry, Variété[I], 1924, p. 13).
En un rien de temps. En un rien de temps, je me trouvai allongé sur une table de marbre inclinée (Benoit, Atlant., 1919, p. 173).
Subst. + de, du temps
[Le subst. est un déverbal] Écoulement, fuite, mesure du temps; perte, reste de temps. Il en résulte ou bien un gain de temps, ou une économie de nos forces propres, ou un accroissement de puissance, ou de précision, ou de liberté, ou de durée pour notre vie (Valéry, Variété III, 1936, p. 205).
[Le subst. désigne une limite ou une quantité limitée] Espace, intervalle, laps, portion de temps. Aujourd'hui, chacun de ceux-là est sûr de vivre encore un bout de temps (Barbusse, Feu, 1916, p. 58).
2. [Déterminé par un art., un adj. ou un compl. déterminatif ou une sub., le temps désigne un fragment de cette durée]
a) [Limité dans sa longueur]
Temps + adj.Temps bref, limité. Si l'on observait un gaz pendant un temps assez long, on finirait certainement par le voir s'écarter, pendant un temps très court, de la loi de Mariotte (H. Poincaré, Valeur sc., 1905, p. 253).Je passe un temps considérable, ce matin, à apprivoiser mon paresseux (Gide, Voy. Congo, 1927, p. 773).
[La limitation est faite selon une certaine proportion] (À) mi-temps, plein-temps, temps complet. Pendant un long hiver, les trois quarts du temps je n'avais pas eu de compagnon (Fromentin, Dominique, 1863, p. 154).Une convention prévoit que les 35 femmes de l'entreprise (sur 225 travailleurs) seront mises au travail à temps partiel. On pourra ainsi dégager des postes de travail pour les hommes et éviter treize licenciements (Libération, 26 nov. 1984, p. 9, col. 1).
Proverbe. Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. V. patience A 5 a.
Temps de + subst. (donnant une indication de durée).Ce premier mouvement de surprise dura le temps d'un éclair (Bernanos, Joie, 1929, p. 715).
[Avec une valeur chiffrée] Un temps de quatre ou cinq secondes (Feydeau, Dame Maxim's, 1914, iii, 11, p. 64).
Subst. (donnant une quantité horaire) + de temps.En quatre heures de temps bien employées on peut faire la remise de bien des caisses (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 122).V'là une demi-heure de temps que j'y ai fichu la barbaque et l'eau est encore propre (Barbusse, Feu, 1916, p. 81).
b) [Limité par la nature de l'événement qui l'occupe]
Temps + déverbal.Temps d'activité, d'arrêt, d'attente, de fête, de guerre, de latence. J'achève mon temps de convalescence (Billy, Introïbo, 1939, p. 209).
Le temps que, où. Durant le temps que je me crus enlaidi, je découvris un rapport entre la dernière place que j'occupais dans toutes les compositions et ma triste mine (Mauriac, Journal 2, 1937, p. 190).La main d'Anne, tranquille et sûre, se posa sur ma nuque, me maintint immobile un instant, le temps que mon tremblement nerveux s'arrête (Sagan, Bonjour tristesse, 1954, p. 89).
c) [Limité par l'activité qu'y développe une pers.] Le temps de qqn
[Le plus souvent précédé d'un poss.] Accorder, consacrer, distribuer, employer, gâcher, occuper, partager son temps.
Avoir le, son temps. Disposer, à loisir, de temps pour réaliser ce qu'on souhaite. Il n'en est pas moins vrai que pour servir l'état gratuitement, il faut avoir son temps à soi (Ménard, Rêv. païen, 1876, p. 172).On avait le temps, on bavardait avec les filles qui tricotaient comme en famille (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 66).
Donner (de) son temps. Agir pour autrui, donner de soi-même. De dix-huit heures à vingt heures, il pouvait donner son temps (Camus, Peste, 1947, p. 1326).
Être de son temps. Être parfaitement en accord avec son temps. Quelle merveille cette âme de Jammes; comme elle est, aussi, merveilleusement de son temps et comme je m'explique que l'aiment tant de jeunes gens, tant de jeunes filles (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1907, p. 110).Une reproduction de Gauguin encadrée à grands frais comme un original tentait de tromper son monde. Quelques lithographies modernes aux couleurs heurtées, résolument abstraites, signifiaient que, tout de même, on était de son temps (G. Dormann, Michey, l'Ange, Paris, Le Livre de poche, 1977, p. 25).
Faire (qqc.) de son temps. Occuper son temps d'une certaine manière. Elle estimait que dormir c'était perdre son temps; quoiqu'elle ne sût trop que faire de son temps (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 163).
Faire, finir son temps. Accomplir son service militaire. Jacques: Vous avez été soldat; mais pas gendarme? L'homme, souriant: Non, pas gendarme, je rentre au pays, après avoir fait mon temps (Ségur, Auberge ange gard., 1863, p. 15).
Avoir fait son temps. Être à la fin de son activité, ou de sa vie. Ta vieille Katel a fait son temps comme moi. Tu seras forcé de prendre une autre servante qui te grugera, qui te volera, Kobus, pendant que tu seras en train de soupirer dans ton fauteuil, avec la goutte au pied (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 34).C'est le retour rationnel et scientifique à la vieille loi sauvage primitive: les vieillards doivent mourir seuls quand ils ont fait leur temps, loin des leurs, frustrés d'eux-mêmes, n'ayant pas même pour se donner du courage à partir, le bois de leur propre lit à caresser une dernière fois (C. Paysan, Les Feux de la Chandeleur, Paris, Denoël, 1966, p. 115).
Passer son temps. S'occuper, trouver quelque chose à faire. Les prisonniers ne savent à quoi passer leur temps. C'est l'oisiveté qui vous a donné de mauvais conseils (About, Roi mont., 1857, p. 236).
Perdre son temps; tuer le temps. Ne rien faire, s'occuper en pure perte, et sans motivation. Quand il revint, elle se montra froide et presque dédaigneuse.Ah! tu perds ton temps, ma mignonne (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 10).
Prendre son temps. Faire les choses sans hâte, sans se presser. Il prit son temps, fit le passionné (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 261).Aux environs de 1930 les gens commenceraient à s'impatienter, ils se diraient entre eux: « Il prend son temps, celui-là! Voici vingt-cinq ans qu'on le nourrit à ne rien faire! (...) » (Sartre, Mots, 1964, p. 141).
Employer, passer, user... le temps à + inf.Je me repose aussi bien ici que dans l'Oberland et je crois vraiment que je peux employer mon temps mieux qu'à courir les montagnes (Gide, Symph. pastor., 1919, p. 902).
Laisser, donner... le temps de + inf.Un jour d'intervalle avait été laissé entre les visites et la vente pour donner aux tapissiers le temps de déclouer les tentures, rideaux, etc. (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p. 9).
Avoir le temps de + inf.Disposer d'un temps suffisant pour faire quelque chose. C'est comme chez les dentistes: on n'a pas le temps de crier ouf! (Zola, Assommoir, 1877, p. 437).On n'a même pas le temps de s'asseoir dans la lingerie, et de souffler un peu que... drinn!... drinn!... drinn!... il faut se lever et repartir (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 74).
Région. (Suisse romande, Franche-Comté). Avoir meilleur temps de + inf.Etre plus avisé de. On a meilleur temps aujourd'hui de refaire un nouveau négatif (J.-R. Bloch., Dest. du S., 1931, p. 143).
Il est (grand) temps de + inf.Il est opportun de faire quelque chose. Il était grand temps de partir, et la diligence nous attendait (Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 62).Les minutes passent. Il est temps de conclure (Billy, Introïbo, 1939, p. 206).
Prendre le temps de + inf.Ne pas se hâter, ne pas se précipiter pour faire quelque chose. J'allai m'asseoir à la salle à manger pour prendre le temps de regarder le portrait de Belkiss (Nodier, Fée Miettes, 1831, p. 118).
Le temps que + circ. de temps.Jusqu'à ce que. Cela dura deux ou trois mois, le temps qu'on lui fît prendre enfin le chemin du rapatriement (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 248).Certaines de ces cases, maléfiques, si on y tombe, obligent (...) à demeurer en attente, et l'une même, la prison, vous y retiendra le temps que vous soyez délivré par un plus malheureux qui prendra votre place (Le Monde, 22 juin 1960, p. 8, col. 4).
d) [La durée est occupée par qqc.] Avoir fait son temps. Être désuet, passé de mode; être dépassé, périmé. John Pierpont Morgan est l'homme qui a compris, et cela dès les années soixante, que la libre concurrence, ce stimulant ancien des affaires, avait fait son temps, et qu'à l'anarchie de surenchère qui amenait catastrophe sur catastrophe dans l'industrie, il fallait enfin substituer des alliances entre les puissances productives, pour dominer le marché (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 196).
COMMUN. Temps de parole. Durée d'expression répartie également entre plusieurs candidats dans un débat politique à la radio ou à la télévision. Le minutage des temps de parole est accablant (Le Monde dimanche, 7 févr. 1982, p. ix).
LITT. CLASS. Unité de temps. Règle dramatique qui exige que l'action se déroule en une seule journée. Je pourrois montrer les inconvénients de l'unité de temps avec non moins d'évidence dans presque toutes nos tragédies tirées de l'histoire moderne (Staël, Allemagne, t. 2, 1810, p. 244).
e) [En constr. dans des loc.]
[Dans des loc. adv.]
Au bout d'un temps. Un moment après. Je rentrai au bout d'un temps fort long (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 133).
Avec le temps. À la longue, quand le temps a passé. Si la vitesse de rotation de la terre allait en croissant avec le temps, il pourrait arriver une époque où l'intensité de la force centrifuge balancerait celle de la gravité, puis la surpasserait (Cournot, Fond. connaiss., 1851, p. 66).
Dans le temps, dans les temps (vieilli). Autrefois, dans le passé. Car elle connaissait Fritz, pour l'avoir vu venir à Bischem dans le temps, avec son père (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 191).Je veillerai sur sa femme. Je n'ai pas eu de chance avec la mienne, dans les temps; mais je vous réponds que celle-ci marchera droit (A. Daudet, Pte paroisse, 1895, p. 69).
De tout temps. Toujours, continuellement. Pauvre, il avait eu de tout temps le goût de l'opulence (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 281).De tout temps Louise de La M... s'est beaucoup occupée des pauvres (Gide, Symph. pastor., 1919, p. 919).
Peu de temps avant, après. De ses visites Swann rentrait souvent assez peu de temps avant le dîner (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 523).Il avait, peu de temps après, rencontré Germaine (Gide, Faux-monn., 1925, p. 1138).
La plupart du temps. Presque toujours. Mais la plupart du temps elle n'a fait que développer, étendre les conséquences de la morale du christianisme sans en changer les principes (Tocqueville, Corresp.[avec Gobineau], 1843, p. 46).
Quelque temps. Un certain temps. Après avoir erré quelque temps dans le Denbighshire (Baudel., Paradis artif., 1860, p. 396).Gertrude est opérable. Roux l'affirme et demande qu'elle lui soit confiée quelque temps (Gide, Symph. pastor., 1919, p. 923).
Tout le temps. Sans cesse, toujours. Madame Codomat, ça ne vous fait rien que votre mari soit tout le temps avec cette jeune femme? (Tr. Bernard, M. Codomat, 1907, ii, 3, p. 161).On perd sa place pour un rien, et il y a tout le temps du chômage (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 233).
[Dans des loc. conj.]
Au, du temps que, où. À l'époque où. Ses deux enfants dessinés par elle au crayon (...) du temps où ils étaient petits (Balzac, Lys, 1836, p. 142).Mademoiselle, c'est ainsi que Pierrotte appelait MmeEyssette du temps qu'elle était jeune fille (A. Daudet, Pt Chose, 1868, p. 204).Du temps que sa barbe était noire, il avait été Jéhovah (Sartre, Mots, 1964, p. 14).
Dans le temps que, où. Quelques mois après, dans le temps où la rupture avec la mère de Sara me faisait craindre d'être séparé de sa fille (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 91).C'était dans le temps que la montagne était devenue toute grise comme quand la cendre se met sur la braise (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 30).
Depuis le temps que. Il y a si longtemps que. Depuis le temps que j'ai envie de faire la tournée du quartier! Profitons de l'occasion (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 228).
En même temps que. Au même moment que. En même temps qu'il ôte les ficelles du paquet de lettres, il distribue sa provision de nouvelles verbales (Barbusse, Feu, 1916, p. 45).
Il y a beau temps que. Il y a longtemps que. Synon. fam., pop. il y a belle lurette*.Ces tristesses-là, mon ami, il y a beau temps que tout Constantinople les sait par le menu et les commente (Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 155).
Tout le temps que, où. Quittez le nom de Bragansa pour tout le temps que vous serez dans ce pays, et prenez celui de Brinker (Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 299).
[Dans des loc. verb.] Le temps lui durait néanmoins, et il tirait sa montre à chaque minute (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 168).Ce temps dure de quarante-cinq à cinquante jours (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 200).
Trouver le temps long. S'ennuyer, trouver l'attente excessive. Je commençais à trouver le temps long, lorsque je vins à me rappeler mon duel au sujet de ma première maîtresse (Musset, Confess. enf. s., 1836, p. 264).
3. Spéc. Durée finie, objective, quantitativement mesurable; ,,système de référence permettant de classer des événements d'après leur simultanéité et leur succession, en leur attribuant un nombre, leur date, exprimée en années, jours, heures, minutes et sous-multiples décimaux`` (Mathieu-Kastler Phys. 1983). Les grandes dates de l'histoire du temps comme grandeur mesurable jalonnent un solennel dialogue des mécaniques céleste et terrestre, où l'optique et l'électronique se sont finalement imposées comme arbitre (Log. et connaissance sc., 1967, p. 728 [Encyclop. de la Pléiade]). La dynamique de Galilée et de Newton a défini le temps comme mesurable au moyen d'une formule universelle (Encyclop. univ.t. 151973, p. 929).
Échelle du, des temps. ,,Système de repérage des événements, constitué par une origine et une unité de temps, ou d'une façon plus générale par une séquence numérotée d'intervalles non nécessairement égaux`` (Astron. 1980). Nous pouvons utiliser une échelle de temps et rapporter le temps à une longueur (Jolley, Trait. inform., 1968, p. 163).La mécanique céleste fournit l'échelle de temps actuelle (Astron.1973).
MÉTROL. [La durée est déterminée par un mode de calcul (température, espace, vitesse de rotation de la terre, de la lumière, etc.)]
Mesure du temps, mesure des temps. Quantité de durée évaluée selon certains systèmes de référence. Nous voudrions seulement montrer certains aspects souvent peu connus des mesures de temps (Decaux, Mesure temps, 1959, p. 1).
Unité de temps. ,,Période d'une certaine vibration dans un atome, de façon à ne plus dépendre d'aucun objet, comme par exemple un balancier type ou un barreau de quartz`` (Muller 1966).
Temps atomique, T.A. ,,Échelle de temps fondée sur la période de transitions quantiques dans des molécules (ammoniac) ou des atomes (césium)`` (Mathieu-Kastler Phys. 1983). Une comparaison permanente entre le temps universel, le temps des éphémérides et le temps atomique est nécessaire, d'une part pour uniformiser notre définition du temps et, d'autre part, pour vérifier qu'il y a identité entre le temps et la mécanique quantique et celui de la mécanique céleste (Astron.1973).
Temps absolu. ,,Temps indépendant de tout référentiel spatial`` (Mathieu-Kastler Phys. 1983). Mais lorsqu'on cherche à analyser la notion abstraite de temps absolu, que Newton présentait cependant comme une notion première, elle s'évanouit, comme s'est évanouie la notion de système de référence absolu (Danjon, Cosmogr., 1948, p. 38).Or, allié à la théorie des déplacements solides dans l'espace euclidien, le principe du temps absolu entraîne immédiatement l'abandon du principe de l'espace absolu, puisqu'il conduit à la formulation d'une loi du mouvement relatif (Log. et connaissance sc.,1967,p. 732 [Encyclop. de la Pléiade]).
Temps astronomique. Échelle de temps définie par une horloge astronomique. C'est pourquoi, dans une durée psychologique de quelques secondes, il pourra faire tenir plusieurs années, plusieurs siècles même de temps astronomique (Bergson, Essai donn. imm., 1889, p. 151).Le temps historique ne semble pas distinct du temps astronomique; il se repère, numériquement et de la même manière, par dates (Gds cour. pensée math., 1948, p. 472).
Temps civil. ,,Temps solaire moyen dont la division commence à minuit moyen`` (Astron. 1973). Le temps solaire moyen est le temps pratique, utilisé dans la vie courante. Par convention, le temps universel (Tu) est le temps civil du méridien de Greenwich (Decaux, Mesure temps, 1959, p. 14).
Temps cosmique. ,,Temps propre à toutes les galaxies dans le cadre d'un modèle d'univers où les galaxies sont mobiles par rapport à un même référentiel`` (Astron. 1980).
Temps légal. ,,Pour un état ou une partie d'un état, temps universel corrigé du nombre entier d'heures le plus voisin de sa longitude moyenne`` (Uv.-Chapman 1956). Ainsi, on verra la Grande Ourse tout près de l'horizon nord le 19 septembre à minuit ou le 4 octobre à 23 h, le 19 octobre à 22 h, etc... Ces heures sont données en temps légal, l'observateur étant supposé sur le méridien de Paris (Danjon, Cosmogr., 1948, p. 11).Pour faciliter les relations, chaque pays a défini un « temps légal », fondé, par exemple, sur le méridien de sa capitale, et uniforme dans toute la nation (Astron.1973).
Temps local. Temps qui n'est valable qu'en un lieu donné. Toutes les mesures d'ascension droite permettant de définir le temps ne sont valables que pour un lieu donné et définissent un temps local. L'heure varie ainsi d'un lieu à l'autre (Astron.1973).
Temps sidéral. ,,Angle horaire du point vernal`` (Astron. 1973). Le temps est dit vrai ou moyen selon que le repère horaire et le point vernal considérés sont vrais ou moyens (Astron.1980).
Temps solaire moyen. ,,Temps solaire vrai dépouillé de ses inégalités séculaires ou périodiques`` (Uv.-Chapman 1956). Le temps solaire moyen est la base de nos échelles de temps pour l'usage public, mais non tel qu'il est, puisqu'à minuit, il doit être environ 12 h de temps moyen (Muller1980).
Temps solaire vrai. ,,Angle horaire apparent du centre du soleil, pour un lieu donné`` (Astron. 1980).
Temps universel (U.T.). ,,Temps civil de Greenwich`` (Astron. 1980). [La terre] constitue l'étalon le plus commode parce que l'observation des étoiles au méridien donne immédiatement un certain temps, qui est le temps sidéral local, et, à partir de lui, le temps universel (Muller1966).
Temps des éphémérides. ,,Échelle de temps déduite d'une expression numérique conventionnelle de la longitude moyenne du soleil`` (Astron. 1980). Les signaux horaires du Bureau international de l'heure sont donnés par une pendule directrice de l'Observatoire de Paris, dont l'heure est en temps universel provisoire, et rattachée seulement plus tard, au moyen d'un grand nombre d'observations, au temps des éphémérides (Muller1966).
Temps biologique. Temps qui est propre aux rythmes organiques des individus. Si l'on modifie, en effet, le rythme organique en modifiant son environnement, on change, du même coup, l'expérience que l'homme a du temps et qu'il exprime en des jugements conscients (expériences de Michel Siffre et du professeur Fraisse) (Encyclop. univ.t. 151973, p. 927).
Temps psychologique. Temps intérieur, propre à la vie de chaque individu. Piaget (...) a montré que le développement de la notion du temps est dépendant, comme en bien d'autres domaines, d'une décentration progressive [impliquant] (...) à tous les niveaux, une participation active du sujet (M. Bovet, Perception et notion du temps, 1967, p. 107).
Temps social. Temps objectivement pensé par tous les hommes d'une même civilisation. Toute convocation à une fête, à une chasse, à une expédition militaire implique que des dates sont fixées, convenues, et par conséquent, qu'un temps commun est établi que tout le monde conçoit de la même façon (Durkheim, Formes élém. vie relig., 1912, p. 633).
BIOLOGIE
Temps de coagulation. Temps que met le sang, placé dans un tube à 37oC, pour coaguler. On étudie aussi parfois le temps de coagulation du plasma recalcifié, qui est normalement de 90 à 120 secondes (Méd. Biol.t. 31972).
Temps de saignement. Intervalle de temps qui sépare l'apparition de la première goutte du prélèvement de la dernière (lors de l'incision sur le lobule de l'oreille). Normalement (pour un prélèvement sur buvard toutes les 30 secondes) le temps de saignement est de 2 à 4 minutes (Méd. Biol.t. 31972).
4. Unité de temps dans un ensemble complexe.
a) DANSE. Mouvement de jambe, partie d'un pas (d'apr. Desrat 1980). Temps simple, composé, levé, lié, piqué, sauté. MmeArgentina apporte la délicatesse la plus minutieuse (...) à ce travail de précision [la Charrada, danse espagnole] avec ses petits temps croisés et frappés, ses pas emboîtés, ses torsions du coup de pied (Levinson, Visages danse, 1933, p. 175).Les six premiers temps de l'entrechat sept sont identiques à ceux de l'entrechat six, le septième étant un écart et la chute se faisant sur un seul pied, en deuxième position (Bourgat, Techn. danse, 1959, p. 103).
Temps de cuisse. Les temps de cuisse sont essentiellement de grands battements avant et arrière serrant les cuisses alternativement; ils comprennent diverses catégories et peuvent être sautés (Brillant, Probl. danse, 1953, p. 92).
Temps de flèche. ,,Mouvement dans lequel les jambes, levées et tendues, quittent le sol projettant le corps verticalement`` (Reyna 1967). Les temps de flèche peuvent être exécutés en tournant (le plus habituellement) d'un quart de tour, pendant la période de suspension du saut (ChalletDanse1987).
Temps de pointe. ,,Mouvement dans lequel la danseuse fléchit sur une jambe, se posant ensuite sur une pointe`` (Challet Danse 1987). Les temps de pointe sont, en somme, des relevés sur la pointe (Brillant, Probl. danse, 1953, p. 92).
b) MUS. Division de la mesure qui donne l'unité de durée. Mesure à deux, trois, quatre temps. Après quelques mesures dans lesquelles l'orchestre (...) semble vouloir rompre le rythme à 3/4 et le remplacer par un rythme à 2 temps, le motif revient [Allegro de la IIIeSymphonie] (Prod'homme, Symph. Beethoven, 1921, p. 88).
Temps faible. Dans une mesure, temps non accentué. La carrure rythmique du morceau [Étude IV op. 25 de Chopin] pourrait être altérée par une accentuation trop sensible des temps faibles sur lesquels s'appuie la ligne mélodique de la main droite (Cortot, Ét. piano Chopin, 1917, p. 27).Temps levé*. Temps fort. V. fort1IV A 3 b α.
c) Chacun des mouvements qui s'enchaînent pour former un mouvement complexe.
ARM. [Dans le maniement des armes] Les principes de l'épaulement sont les mêmes pour les deux espèces d'armes, ainsi que je vais le démontrer. Premier temps. − Le pied gauche placé en avant et le corps un peu penché en arrière (La Hêtraie, Chasse, vén., fauconn., 1945, p. 164).
[Pour commander la reprise du mouvement depuis son début] Au temps! Au temps pour les crosses. Recommencez-moi ce mouvement-là en le décomposant. Au temps! Au temps! Je vous dis que ce n'est pas ça! Nom de nom, La Guillaumette, voulez-vous mettre plus d'écart entre le premier temps et le second! (Courteline, Train 8 h. 47, 1888, p. 240).
Au fig. [Pour admettre son erreur et concéder que l'on va reprendre les choses depuis leur début] Au temps pour moi! Un peu plus tard, il avait fait une erreur dans un raisonnement délicat et il avait dit gaiement: « Au temps pour moi ». C'était une expression qu'il tenait de M. Fleurier et qui l'amusait (Sartre, Mur, 1939, p. 170).
Rem. La graph. autant pour moi est plus cour.: Autant pour moi! Où donc aussi, Avais-je la cervelle éparse? (Ponchon, Muse cabaret, 1920, p. 157).
En un, deux* temps trois mouvements.
SPORTS (gymn., haltérophilie, etc.). Deuxième temps: jeté. La barre doit être élevée jusqu'à complète extension des bras, l'athlète fléchissant sur ses jambes et les détendant en même temps que les bras (Jeux et sports, 1967, p. 1289).
d) RHÉT. [Dans la métr. anc.] ,,Unité de mesure appliquée à la quantité des syllabes`` (Mar. Lex. 1951). Dans un pied, le temps fort ou frappé ou marqué ou ictus est le point où on frappe la mesure, avec éventuellement, non nécessairement, un accroissement d'intensité de la voix; le temps faible ou levé est l'élément non frappé (Mar. Lex. 1951).Le dactyle, le spondée et l'anapeste sont des mesures à quatre temps; l'iambe, le trachée et le tribraque des mesures à trois temps (G. Cayrou, A. Prévot, MmeA. Prévot, Gramm. lat., 1964, p. 298).
[Dans la versif. fr.] Temps faible. Syllabe tonique sur laquelle la voix porte sans monter − temps fort: syllabe tonique sur laquelle on fait monter la voix plus que sur les autres syllabes toniques (d'apr. Dagn. 1965).
e) MÉCAN. Phase de fonctionnement d'une machine, d'un moteur à pistons. Moteur à deux, à quatre temps. Nous dirons seulement qu'il utilise le même genre de combustible que le moteur diesel. Le cycle de fonctionnement est à deux temps: premier temps: aspiration, compression, avance à l'injection. Deuxième temps: combustion, détente, échappement (Ambroise, Monteur mécan., 1949, p. 88).Les moteurs rapides à deux ou quatre temps, couplés sur l'arbre d'hélice par l'intermédiaire de réducteurs (Le Masson, Mar., 1951, p. 82).En appos. Le moteur deux temps et son cycle (Chapelain, Techn. automob., 1956, p. 261).En empl. subst. Nul ne prévoyait évidemment que l'avenir du deux-temps était surtout dans les petites puissances, et qu'il existerait un jour des vélomoteurs (P. Rousseau, Hist. techn. et invent., 1967, p. 340).
5. SPORTS. Durée chronométrée d'une épreuve. Faire, réaliser le meilleur temps; être dans les temps; améliorer, perdre son temps. Elle est habile également en nage sur le dos. Certes, elle n'atteint pas encore le temps de Willie den Ouden (1,4 en crawl, 1,17 en dos) (L'Œuvre, 18 janv. 1941).
[Le suj. désigne un coureur à pied, un coureur cycliste, un coureur automobile...] Être dans les temps. Avoir un temps de passage qui fait espérer une performance, un record. J'étais dans les temps que je m'étais fixés (M. Trintignant, Pilote de Courses, 1957ds Petiot 1982).
[Au basket, au volley] Temps mort. Arrêt de jeu sifflé par l'arbitre à la demande du capitaine de l'équipe en possession du ballon. Une rencontre se joue en deux mi-temps de vingt minutes, arrêts de jeu non compris. Chaque équipe peut demander deux temps morts d'une minute par mi-temps (Jeux et sports, 1967, p. 1352).
Au fig. ,,Moment d'inactivité, de repos`` (Rey-Chantr. Expr. 1979).
Contre le temps. Synon. de contre la montre (v. montre2).Tantôt le pédestrian lutte contre des concurrents, tantôt, il marche seul « contre le temps » (Daryl, Renaissance physique, 1888ds Petiot 1982).
Temps réglementaire. Durée d'une épreuve. Duffan signa quatre buts pendant le temps réglementaire (L'Équipe, 1967, p. 162, col. 7).
6. INFORMATIQUE
Temps partagé. ,,Mode d'exploitation d'un système informatique, où plusieurs utilisateurs emploient simultanément un ordinateur qui accorde à chacun successivement quelques millisecondes de traitement`` (Danis Bibl. 1984). Les principales applications du temps partagé sont actuellement l'aide à la décision (calculs de rentabilité économique, de plan de financement...) et le calcul scientifique (résistance de matériaux, calcul différentiel, circuits électroniques, etc.) (Del.-Perret1973).
Temps réel. ,,Mode d'utilisation d'un ordinateur dans lequel le système doit fournir une réponse dans un délai fixé en fonction de l'application: d'une fraction de seconde (pilotage d'un engin) à plusieurs heures (météorologie)`` (Del.-Perret 1973). Le mode de traitement en temps réel caractérise le fonctionnement d'un ordinateur en prise directe avec un phénomène dont il contrôle le déroulement et parfois dirige l'évolution. Il en est ainsi du contrôle de processus industriel (unités de distillation, fours, etc.) (Le Garff1975).Une nouvelle génération d'ordinateurs est capable d'engendrer ces images à vive allure (25 à 40 images par seconde) et de les faire évoluer « en temps réel ». Et les voilà dotées d'une capacité redoutable: celle de mystifier le cerveau, de « faire la nique » au réel (Le Point, 10 mai 1982, p. 136, col. 2).
B. − [Le temps est une succession]
1. Instant repérable dans une succession chronologique (liée à une expérience personnelle ou collective) fixé par rapport à un avant, le passé et un après, le futur. Depuis ce temps. Quel calme dans ce temps-là! (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 135).[Michel-Ange et l'école florentine] Le caractère propre de leur scène est la nullité du temps et du lieu (Taine, Philos. art, t. 2, 1865, p. 32).
Dans un temps. A un moment donné. Il ne faut pas croire que parce qu'une chose aura été rebutée par moi, dans un temps, je doive la rejeter aujourd'hui qu'elle se présente (Delacroix, Journal, 1822, p. 16).
Il y a (un) temps pour tout, chaque chose en son temps. Il y a un moment qui est propre à réaliser telle ou telle chose, chaque chose est à réaliser au moment opportun. Je leur en veux pas, dit le vieux, mais il y a temps pour tout, comprends-tu? Un temps pour la rigolade, un temps pour mourir, pas vrai? (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1431).Mais cette année, je fais de la « résistance », chaque chose en son temps (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 91).
LING. ,,Catégorie grammaticale, généralement associée au verbe et qui traduit diverses catégorisations du temps « réel » ou « naturel »`` (Ling. 1972).
Adverbe, conjonction, préposition de temps. Adverbe, conjonction, préposition exprimant une localisation dans le temps. Les adverbes de temps se répartissent en quatre groupes selon qu'ils précisent le moment de l'action (maintenant, autrefois, bientôt, etc.), la durée de l'action (toujours, désormais, etc.), la répétition de l'action (toujours, parfois, etc.), l'ordre de succession des actions (avant, auparavant, après, aussitôt, etc.) (J. Pinchon, Morphosyntaxe du fr., Ét. de cas, Paris, Hachette, 1986, p. 134).
Complément, proposition circonstancielle de temps. Complément, proposition circonstancielle donnant une précision temporelle. Les propositions circonstancielles sont, par conséquent, celles qui ajoutent à l'énoncé sommaire d'une idée ou d'un fait l'indication explicite d'un de ces rapports. De là leur répartition en circonstancielles de temps, de fin, de conséquence, de cause, etc. (Le Bidois1967, p. 412, 1395).
Temps (verbal). Forme par laquelle le verbe situe l'action dans la durée, soit par rapport au moment où s'exprime le locuteur, soit par rapport à un repère donné dans le contexte, généralement par un autre verbe. Temps de l'indicatif, de l'impératif, du subjonctif, de l'infinitif, du participe, du gérondif; temps absolu, relatif; temps simple, composé, surcomposé; temps primitifs; concordances des temps; emploi des modes et des temps. On dit qu'en français un temps du verbe exprime à la fois le temps et l'aspect. Mais ce disant, on s'aperçoit aussitôt de l'ambiguïté de notre vocabulaire grammatical. Le terme temps sert d'une part à désigner les formes du verbe (on parle de l'emploi des temps du verbe) et une des valeurs de ces formes (la valeur temporelle des formes verbales) (ImbsTemps verbaux1960, p. 2).Le mode subjonctif ne marquant pas la distinction des époques est, à la vérité, un mode intemporel; aussi les deux « temps » qu'il enferme, en sus des aspects qu'on retrouve dans tous les modes, ont-ils un tout autre objet que d'indiquer dans quel temps le fait considéré a lieu (G. Guillaume, Temps et verbe, Paris, Champion, 1965, p. 71).
2. Période associée à des états, des événements ponctuels, successifs.
a) [Dans l'hist.]
Temps de qqn.La poignée de gens de Lessay qui vient grelotter (...) dans cette haute et vaste abbaye, doit être moins nombreuse que le gros des pauvres qui y venaient appuyer leurs bâtons et leurs misères, du temps des abbés et de leurs moines (Barb. d'Aurev., Memor. pour l'A... B..., 1864, p. 437).
[Déterminé par un personnage historique ou une civilisation illustre] Le temps de Louis XIV, au temps des Romains, des philosophes. L'on veut avoir sous les yeux ce que l'imagination se figure du temps du christianisme naissant et pur (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 103).Ce singulier préfet, un préfet typique du temps de Napoléon III (Goncourt, Journal, 1864, p. 67).
Temps de qqc.Temps de crise, de décadence, de guerre, de prospérité. Vous existez, vous avez sauvé quelques débris de votre fortune, c'est le comble du bonheur dans ces temps de calamités (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p. 1570).En temps de famine en Irlande (Jacob, Cornet dés, 1923, p. 141).
[Déterminé par un événement historique notoire] Temps des croisades, des grandes découvertes, des années folles. Maintes fois on a contesté l'exactitude de cette description fameuse, qui semble beaucoup mieux convenir aux temps du Manifeste (1847) qu'aux temps du Capital (1867) (Sorel, Réflex. violence, 1908, p. 196).À New-York, du temps de la prohibition (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 58).
[Déterminé par un adj. qualificatif] Ce qui est particulier au temps actuel, s'écrie d'un ton de vif mécontentement M. Dunoyer, c'est l'agitation de toutes les classes (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 197):
2. Maintenant tu marches dans Paris tout seul parmi la foule Des troupeaux d'autobus mugissants près de toi roulent L'angoisse de l'amour te serre le gosier Comme si tu ne devais jamais plus être aimé Si tu vivais dans l'ancien temps tu entrerais dans un monastère Vous avez honte quand vous vous surprenez à dire une prière... Apoll., Alcools, 1913, p. 41.
Au plur. [Désigne une époque vague, imprécise] Les temps actuels, bibliques, fabuleux, historiques, modernes, mythiques, préhistoriques; par les temps qui courent; les temps sont durs. L'emprisonnement pour dettes est une rigueur difficile à justifier, un legs des temps barbares (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 428):
3. Donc, Booz dans la nuit dormait parmi les siens. Près des meules, qu'on eût prises pour des décombres, Les moissonneurs couchés faisaient des groupes sombres; Et ceci se passait dans des temps très-anciens. Hugo, Légende, t. 1, 1859, p. 83.
Autres temps, autres mœurs. A chaque époque, un mode de vie différent. Autres temps, autres mœurs: héritiers d'une longue suite d'années paisibles, nos devanciers pouvaient se livrer à des discussions purement académiques, qui prouvaient encore moins (...) leur talent que leur bonheur (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 269).
Les premiers temps, les derniers temps. Ainsi la société publique est la perfection de la société domestique, et la société en général la perfection de l'homme. Ainsi, comme dans les premiers temps, l'état naissant étoit l'état naturel, ou plutôt l'état natif; dans les derniers temps, l'état naturel est l'état fini, accompli (Bonald, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 173).
Ces temps derniers, ces derniers temps. Moi aussi, j'ai eu des embêtements tous ces temps derniers (Flaub., Corresp., 1863, p. 324).
Dans la nuit* des temps.
Dans les premiers temps. Au début, dans les commencements. Faute d'avoir connu ce développement nécessaire, ils ont taxé d'inventions modernes des institutions moins aperçues dans les premiers temps, et plus publiques dans le nôtre (Bonald, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 326).
Ces temps-ci. En ce moment, à l'époque dont on parle. Il s'attache à nous rappeler l'une des tâches fondamentales de l'université, dont à l'opposé certains feraient aisément bon marché ces temps-ci (Antoine, Passeron, Réforme Univ., 1966, p. 118).
THÉOL. [Dans l'eschatologie] La fin des temps; la plénitude des temps. La fin des temps demeure inconnue, mais elle est pour le croyant le retour du Christ, ce qui l'engage à veiller et à prier (Léon1975).
b) [Dans l'année]
Période de l'année caractérisée par un climat et un état de végétation donnés. Synon. saison.Temps des frimas, temps des cerises (v. cerise A 1). On était au temps de la moisson, et Poëri sortit pour inspecter les travailleurs (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 264).Un soir, au temps de la récolte des pommes de terre, en septembre 1898, il avait soupé avec le patron de la ferme (R. Bazin, Blé, 1907, p. 83):
4. J'ai trouvé des pervenches en fleur: voici le printemps. − Oui, avait-elle répondu, et ensuite viendra le temps des foins, puis de la moisson, puis des vendanges, puis ce sera l'hiver et de nouveau le printemps... Elle paraissait accablée à cette idée. Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 136.
RELIG. Période de l'année liturgique. Quand, au temps de Noël, les pifferari descendent des montagnes, la voie sacrée résonne sous les souliers ferrés des bergers (Quinet, All. et Ital., 1836, p. 193).L'année se divise en Temps de l'Avent, Temps de Noël, qui comprend le temps de la Nativité et celui de l'Épiphanie, Temps de la Septuagésime, Temps du Carême qui comprend le temps de la Quadragésime, le temps de la Passion et la Semaine Sainte terminée par le Triduum Sacré, Temps pascal qui comprend le temps de Pâques, celui de l'Ascension et l'octave de la Pentecôte, enfin le Temps per annum qui va du 14 janvier au Temps de la Septuagésime et du 1erdimanche après la Pentecôte jusqu'au Temps de l'Avent (Foit. 11968).Propre du temps. V. propre1II B 3.
Division des jours et des semaines d'une année permettant de faire mémoire de tous les Mystères du Christ, sanctifiant le déroulement du temps humain. Les Heures du Bréviaire sanctifient le temps de chaque jour (Foit. 11968).
c) Période dans la vie d'un individu, d'une société.
Temps de qqn.Du temps de mon père, nous avions MlleMorissot de la Comédie-Française (Hermant, M. de Courpière, 1907, i, 3, p. 4).
[Déterminé par un adj. poss.] C'est une maxime de notre temps que tout le monde a un droit égal au travail (Tocqueville, Corresp.[avec Gobineau], 1843, p. 61).En son temps, ça avait dû être un beau salaud, ce grand patron collabo, mais déjà il avait franchi la ligne, il était du côté des condamnés et non plus des coupables (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 244).
Temps de qqc.Temps de l'enfance, des études, des fiançailles, de la jeunesse, du malheur. Le souffle que nous entendions dans les feuilles, bien avant de le sentir sur nos corps, gonflait les rideaux, rafraîchissait mes yeux, comme au temps de mon bonheur (Mauriac, Nœud vip., 1932, p. 66).Dans le temps de sa maladie, il avait eu mal de la voir souffrir (Aymé, Jument, 1933, p. 155).
Le temps jadis. Le temps passé, le temps d'autrefois. Les troupes en casque bleu-gris qui circulent sur la place centrale où joue la musique militaire ne sont pas très différentes, dans leurs uniformes clairs et sous leur salade, des hommes d'armes du temps jadis (Bordeaux, Fort de Vaux, 1916, p. 75).
Le bon temps. Le temps passé que l'on regrette, l'époque des événements heureux. Toutefois c'était alors le bon temps, et pour les ministres éclairés, et pour les auteurs célèbres (Marat, Pamphlets, Charlatans mod., 1791, p. 277).La noblesse, au contraire, veut assurer ces places à ceux qui les occupent, fait tout ce qu'elle peut pour que les bas officiers ne cessent jamais de l'être, et meurent bas officiers, comme jadis au bon temps (Courier, Pamphlets pol., Lettres partic., 1, 1820, p. 56).
d) [Dans des expr.]
A temps. Au moment opportun, quand il le faut. J'espérais arriver à Paris à temps pour la vente de Marguerite, et je ne suis arrivé que ce matin (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p. 31).[Il] ressortait, roi des truands, juste à temps pour em-barquer ses troupes sur un bateau-pirate (Sartre, Mots, 1964, p. 177):
5. Son corps, mince et grêle comme celui d'une femme, attestait une de ces natures faibles en apparence, mais dont la puissance égale toujours le désir, et qui sont fortes à temps. Balzac, Séraphita, 1835, p. 194.
Au même temps. Au même moment. C'était au 54 que je t'écrivais moi-même à peu près au même temps (Gide, Corresp.[avec Valéry], 1900, p. 378).
De temps en temps, de temps à autre. Par intermittence, d'une manière discontinue, irrégulière. La vieille femme qui faisait la cuisine venait de temps à autre s'informer de leurs goûts (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 19).J'ai des prises de bec avec Stéphane de temps en temps (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1895, p. 233).
En même temps. Au même moment. En même temps elle jeta son châle (Krüdener, Valérie, 1803, p. 157).
En temps et lieu. Nous en parlerons en temps et lieu (Musset, Lorenzaccio, 1834, ii, 5, p. 157).
En tout temps. Ils sont rares en tout temps, les artistes qui mèneraient à bien une machine de cette importance [le Léonidas de David] (Gautier, Guide Louvre, 1872, p. 9).
En ce temps-là. En ce temps-là, les petits-enfants de ma fille, fussent-ils princes souverains, parleront avec orgueil de leur ancêtre, le roi des montagnes! (About, Roi mont., 1857, p. 121).Mais, en ce temps-là, de telles entreprises n'étonnaient personne (Bremond, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 475).
En temps utile, en temps opportun. Au bon moment. [Renan:] Le plan merveilleux qui nous eût assuré la victoire en 1870, et qui est resté dans le portefeuille d'un petit lieutenant, est une belle œuvre pour une centaine d'intelligences spéciales; mais je regretterai toujours que ce lieutenant n'ait pas fait reconnaître son génie en temps opportun (Barrès, Renan, 1888, p. 32).
Le temps. L'époque dont on parle, celle dont il s'agit. Nous avons eu du mal, en effet, maréchal; mais c'est la misère du temps! (...) Chaque époque a ses inconvénients (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 270).
Ce temps. L'époque où l'on vit, celle dont on parle. En descendant l'escalier du musée pour en sortir, je n'ai pu m'empêcher de penser à ce temps (1796-1797-1798) où, en mettant le pied sur l'escalier du grand salon, l'odeur du vernis, mis nouvellement sur les tableaux de l'exposition de l'année, me faisait battre le cœur aussi fort que lorsque l'on a peur (Delécluze, Journal, 1827, p. 436).
C. − [Le temps considéré dans son essence]
1. [Comme thème d'inspiration littér., le temps est associé selon les époques et les courants littér. à la précarité, à la fugacité de chaque moment vécu, au changement, à l'anéantissement des choses hum.] L'amour n'est qu'un point lumineux, et néanmoins il semble s'emparer du temps. Il y a peu de jours il n'existait plus; mais tant qu'il existe, il répand sa clarté sur l'époque qui l'a précédé, comme sur celle qui doit le suivre (Constant, Adolphe, 1816, p. 64).« Ô temps! suspends ton vol, et vous, heures propices! Suspendez votre cours: Laissez-nous savourer les rapides délices Des plus beaux de nos jours! » (Lamart.,Médit., 1820, p. 136):
6. Du moins, si elle m'était laissée assez longtemps pour accomplir mon œuvre, ne manquerais-je pas d'abord d'y décrire les hommes (...), comme occupant une place si considérable, à côté de celle si restreinte qui leur est réservée dans l'espace, une place au contraire prolongée sans mesure − puisqu'ils touchent simultanément, (...) à des époques si distantes, entre lesquelles tant de jours sont venus se placer − dans le temps. Proust,Temps retr., 1922, p. 1048.
[Compl. d'un verbe appartenant au vocab. de la lutte, le temps est perçu comme une force agissante et néfaste] Tromper, tuer le temps. La nature de l'homme s'y montre forte et persistante, jusqu'à défier le temps (Alain, Beaux-arts, 1920, p. 260).
[En fonction de suj.]
[Le verbe intrans. exprime l'action de se déplacer d'un mouvement continu et incoercible] Le temps coule, court, se dérobe, s'échappe, passe. Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées; Demain viendra l'orage, et le soir, et la nuit; Puis l'aube, et ses clartés de vapeurs obstruées; Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit! (Hugo, Feuilles automne, 1831, p. 789).Le temps fuyait, pour Hélène, léger et rapide; pour Bernard, rapide et léger (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 192).
[Le verbe trans. exprime l'action d'user, de détruire] Le temps emporte, entraîne. Situation déplorable, à l'âge où je suis; le temps me pousse, et je cours le risque de ne rien finir sur la philosophie (Maine de Biran, Journal, 1816, p. 210).
2. [Par personnification, le temps est représenté allégoriquement par un veillard portant une faux] Non! Il n'est plus de minutes, il n'est plus de secondes! Le temps a disparu; c'est l'Éternité qui règne, une éternité de délices! Mais un coup terrible, lourd, a retenti à la porte (...) Et puis un Spectre est entré... Le Temps a reparu; le Temps règne en souverain maintenant, et avec le hideux vieillard est revenu tout son démoniaque cortège de Souvenirs, de Regrets, de Spasmes, de Peurs, d'Angoisses, de Cauchemars, de Colères et de Névroses (Baudel., Poèmes prose, 1867, p. 28).
3. RELIG. (christ.). Temps qui, par la venue du Christ, insère le temps de l'homme dans l'éternité de Dieu. À vrai dire la solution chrétienne ne dévalue pas le temps au profit de l'éternité attendue; et elle insiste tout autant sur la présence de l'éternité dans le temps. Mais, en faisant de la vie présente le lien d'une option qui engage pour la vie éternelle, elle tire les regards vers ce qui n'est pas encore (J. Guitton, Œuvres compl., Philos., 1978, p. 560).
4. PHILOS. [En tant qu'obj. de la réflexion philos. consistant à s'interroger sur son essence] Pour bien comprendre ce qu'était le temps aux yeux des gens du moyen-âge, il est nécessaire de nous dépouiller de nos conceptions modernes et de notre connaissance des conceptions antiques. Le temps n'était pas pour eux une sorte de doublure de l'espace, ni une condition formelle de la pensée. S'ils acceptaient la fameuse définition d'Aristote − le temps est le nombre du mouvement − ils lui donnaient un sens très différent de celui de son auteur (G. Poulet, Ét. sur le temps humain, 1949, p. III).
[Chez Kant] ,,Forme universelle a priori de toutes les connaissances et de toutes les existences, en laquelle s'opèrent à la fois le déroulement successif de la diversité sensible et la compréhension unificatrice de ce déroulement`` (Morf. Philos. 1980). Le temps, dans lequel doit être pensé tout changement des phénomènes, demeure et ne change pas; parce qu'il est ce en quoi la succession ou la simultanéité ne peuvent être représentées que comme ses déterminations (...). Le changement ne concerne pas le temps lui-même, mais seulement les phénomènes dans le temps (R. pure, Anal. 1reanalogie de l'expérience, ibid.).
[Chez Bergson] ,,Temps vrai ou durée vécue comme donnée immédiate de la conscience`` (Morf. Philos. 1980). On ne mesure pas le temps à proprement parler ni même le mouvement mais leur projection dans l'espace. Et Bergson de s'attaquer aux sophismes de Zénon (Hist. de la philos., t. 3, 1974, p. 287 [Encyclop. de la Pléiade]).
II. − État de l'atmosphère caractérisé par l'élément senti comme dominant en un lieu et à un moment donnés.
A. − [Qualifié par un adj. ou un compl. déterminatif]
1. [Caractérise un état d'ensemble] Beau* temps, mauvais temps, sale temps (fam.); temps affreux, superbe. De là, j'ai été à pied trouver Rivet, par un temps magnifique (Delacroix, Journal, 1853, p. 37).Il faisait un temps épouvantable. L'eau et le vent assaillaient les passants, criblaient, inondaient et soulevaient les chemins (Barbusse, Feu, 1916, p. 145).
Temps de.Temps d'hiver, d'orage. Les jours pluvieux, lourds et bas, les temps de brise, de brouillard, de bruine, il tombait dans le marasme (Borel, Champavert, 1833, p. 183).Marche à la boussole par temps de brouillard (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 88).
Temps de chien. V. chien1II B 1 b.Temps de cochon*.
Temps de demoiselle (vx, fam.). [P. allus. à l'éducation terne dans laquelle les filles de la bourgeoisie étaient élevées autrefois] Temps sans pluie ni vent ni soleil (d'apr. Hautel t. 2 1808).
[Suivi d'un nom de lieu] Ce matin, il faisait un vrai temps de Bretagne, et tout ce pays était enveloppé d'une même immense nuée grise (Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 108).
[Suivi d'une date] Temps d'automne, temps de printemps. C'était le vingt-cinq novembre, il faisait un temps gris, les femmes n'avaient pas chaud avec ce petit vent dans les jambes, sous les manteaux. Une voix s'éleva derrière eux: − Un vrai temps de Toussaint... Une autre voix répondit: − C'est le mois, hein... un temps d'enterrement, vous pouvez le dire (Nizan, Conspir., 1938, p. 40).
Temps de saison. Temps considéré comme normal pour la saison. Il fait vilain.. un temps de saison (Colette, Sido, 1929, p. 35).
2. [Caractérise une température] Temps chaud, doux, froid, lourd, tiède. Il ne pleuvait plus, il faisait un temps radieux, frais et bleu (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 255).
3. [Caractérise l'état du ciel] Temps bas, bouché, couvert. Il ne lui déplaisait point que le vent du nord-est, le vent du temps clair, lui fouettât le visage (Coppée, Bonne souffr., 1898, p. 24).
[Déterminé par un adj. de couleur] Temps gris, noir, sombre. Le temps est blanc. Va-t-il neiger, quoi? (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 96).
4. MAR. Gros temps. V. gros1I D 1.
B. − [Avec un verbe] Le temps s'adoucit, se brouille, change, s'éclaircit, se gâte, menace, se rafraîchit, se met à la pluie, à la neige. Gilbert Cloquet leva la tête pour juger si le temps s'était amélioré (R. Bazin, Blé, 1907, p. 371).
Le temps est à la, au.Le temps est au beau, à l'orage. Le temps est à la gelée, et le docteur m'a dit que je pourrai sortir d'ici à quelques jours si le beau continue (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p. 284).Quand le vent vient du sud, on entend en bas siffler le train et sonner les cloches. Cela veut dire, seulement, que le temps est à la pluie (Giono, Colline, 1929, p. 16).
[Avec faire empl. impersonnellement] Il fait un temps maussade. À table, Madame Lyons demanda à Claude: − Quel temps faisait-il à Paris? (Nizan, Conspir., 1938, p. 144).
C. − [Dans des loc. ou des expr.]
[Introd. par la prép. par] Par ce temps glacial, Meaulnes fit marcher sa bête bon train, car il savait n'être pas en avance (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 55).
Un temps à + inf.C'est un temps à couper un morutier en deux ou à se casser le nez sur un iceberg (Peisson, Parti Liverpool, 1932, p. 186).Par un temps à ne plus mettre une bête dehors (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 236).Un temps à ne pas mettre un chien dehors. V. chien1II B 1 b.
Prendre le temps comme il vient. S'accommoder des événements, des circonstances. Prendre le temps comme il vient et les hommes comme ils sont, cette sagesse-là vaut mieux que la majesté hautaine (Amiel, Journal, 1866, p. 284).
Faire la pluie et le beau* temps, parler de la pluie et du beau* temps.
Après la pluie*, le beau temps.
Vivre, se nourrir de l'air du temps. Vivre de rien, être sans ressources. Mais à l'encontre des vulgaires mandragores, ces petits golems vivants ne se nourrissaient pas de l'air du temps. Kammerer ne nous dit pas ce que ces créatures mangeaient, mais seulement que leurs aliments étaient cuits au bain-marie dans une timbale d'argent (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 143).
Au plur. Sortir par tous les temps. Je trouvais stupide cette proposition d'aller contempler l'océan ou la Manche par un de ces temps abominables de printemps qui, tous les ans, pendant deux ou trois semaines, nous font regretter l'hiver (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 12).
D. − MÉTÉOR. ,,Synthèse de l'état et des phénomènes atmosphériques (...) à un moment donné, tels qu'ils sont ressentis par l'homme et les êtres vivants`` (George 1974). Type de temps, prévision du temps. Évolution probable du temps en France entre le vendredi 18 janvier à 0 heure et le samedi 19 janvier à 24 heures (Le Monde, 19 janv. 1952, p. 6, col. 3).
Prononc. et Orth.: [tɑ ̃]. Homon. tant, taon, formes de tendre. Att. ds. Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) 2emoit. xes. avec dém., désigne une période du passé (St Léger, éd. J. Linskill, 13: a ciels temps); b) id. lonx tiemps (ibid., 28); c) ca 1050 (Alexis, éd. Chr. Storey, 1: Bons fut li secles al tens ancïenur; 6: al tens Abraham); d) 1311 (C'est les cureurs des Causfors contre Gillion de Gauraing, chirogr., A. Tournai ds Gdf. Compl.: Li jugements en avait estet fais au tans que li vies eskievin [...] estoient eskievin); e) 1532 (Rabelais, Pantagruel, éd. V.-L. Saulnier, p. 84: au temps que les bestes parloient); f) ac. 1538 (Cl. Marot, Œuvres div., éd. C. A. Mayer, p. 129: Au bon vieulx temps); 2. a) 2emoit. xes. « moment opportun, propice » (St Léger, 5: Et or es temps et si est biens Quae nos cantumps de sant Lethgier); b) ca 1100 venir a tens (Roland, éd. J. Bédier, 1841); 3. ca 1100 sun tens « (en parlant d'un être humain) la durée de la vie » (ibid., 523); 4. a) ca 1190 « conditions (de vie) » (Renart, éd. E. Martin, branche XI, 1009, t. 2, p. 498: tens [...] chïer); b) 1225-30 avoir bon tens « être heureux » (Guillaume de Lorris, Rose, éd. F. Lecoy, 567); c) 1561 prendre du bon temps (J. Grévin, Les Esbahis, éd. L. Pinvert, p. 126); 5. a) 1225-30 (Guillaume de Lorris, op. cit., 361: Li tens, qui s'en vet nuit et jor [...] Li tens, vers qui neant ne dure [...] Li tens, qui tote chose mue); b) 1536 Bon Temps allégorie (R. de Collerye, Œuvres, éd. Ch. d'Héricault, p. 15); c) 1657-58 (Pascal, De l'esprit géométrique ds Œuvres, éd. L. Lafuma, p. 350: il y a de bien différentes opinions touchant l'essence du temps. Les uns disent que c'est le mouvement d'une chose créée; les autres la mesure du mouvement); 6. xives. gramm. (Traité élémentaire de grammaire par questions et réponses, Mazarine, 578, fo23 ds Thurot, p. 184: Quantes choses eschient au verbe? [...] coniugation, genre, nombre, figure, temps); 7. a) 1677 (Nuovo Dizzionario italiano francese, s.v. tempo: Tems, mesure, dans la musique et en terme d'escrime); b) 1755 temps ou valeur syllabique (Encyclop. t. 15, s.v. syllabique); 8. a) 1751 tems apparent (ibid., t. 1, s.v. apparent); b) 1755 temps vrai (ibid., t. 5, p. 855, s.v. équation); 9. 1889 moteur à quatre temps (Dürr, Brevet d'invention: « moteur à gaz et à pétrole » ds Fr. mod. t. 42, p. 358); 10. 1860 sports « durée chronométrée d'une épreuve » (Le Sport, 27 mai ds Petiot 1982). B. 1. a) Ca 1160 (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 191: tone et pluet Vante et esclaire Molt comanca lait tens a faire); b) 1536 (R. de Collerye, op. cit., p. 264: Après pluye vient le beau temps); 2. fin xiie-déb. xiiies. « saison, période de l'année » (Chansons attribuées au Chastelain de Couci, éd. A. Lerond, V, 1). Du lat. tempus, temporis « période, moment où quelque chose se produit; temps considéré dans la durée; période particulière en référence à l'histoire, la vie d'une personne...; moment propice pour quelque chose; circonstances, conditions particulières [sens auquel se rattache le sens B, cf. anni tempora, caeli tempus, v. OLD] » et chez les grammairiens « mesure de la durée d'un son (en prosodie) » et « temps du verbe ». Fréq. abs. littér.: 82 021. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 123 288, b) 113 243; xxes.: a) 102 189, b) 121 495. Bbg. Barberis (J.-M.). Terminol. praxématique. Cah. de praxématique. 1984, no3, p. 89, 90. − Benveniste (É). Probl. de ling. gén. Paris, 1966, pp. 237-250. − Doutreloux (A.). De temps en temps... Cah. Inst. Ling. Louvain. 1981, t. 7, no1/2, pp. 185-198. − Dupont (P.). Élém. logico-sém. pour l'analyse de la prop. Berne, Frankfurt/Main; New York; Paris, 1990, p. 300, 301. − Gardies (J.-L.). La Log. du temps. Paris, 1975, 160 p. − Guillaume (G.). La Représentation du temps dans la lang. fr. Fr. mod. 1951, t. 19, pp. 29-41, 115-133; Temps et verbe. Suivi de l'architectonique du temps dans les lang. class. Paris, 1965, pp. 9-66. − Imbs (P.). L'Emploi des temps verbaux en fr. mod. Paris, 1960, VIII-272 p. − Lafon (R.). Cah. de praxématique. 1984, no3, p. 90, 91. − Martin Temps 1971, pp. 48-51, 70-74. − Nef (Fr.). Sém. de la réf. temp. en fr. mod. Bern; Frankfurt/Main; New York, 1986, X-322 p. − Picoche (J.). Précis de lexicol. fr. Paris, 1990, p. 19, 55. − Quem. DDL t. 4, 14, 19, 20, 21, 30, 32, 34. − Sauvageot (A.). La Notion de temps et son expr. dans le lang. Journal de Psychol. 1936, t. 33, pp. 19-27. − Temps (Le) gramm. par R. Martin, Fr. Nef, H. Kamp... Langages. 1981, no64, 124 p. − Vet (C.). Temps, aspects et adv. de temps en fr. contemporain... Genève, 1980, 186 p. − Wagner (R.-L.). Var. sur le temps et les temps... B. de l'Ac. Royale de Lang. et de Litt. Fr. 1977, t. 55, no3-4, pp. 383-420. − Weinrich (H.). Le Temps, le récit et le comment. Trad. de l'all. par M. Lacoste. Paris, 1973, 334 p. − Zemb (J.-M.). L'Aspect, le mode et le temps. In: Colloque. 1978. Metz. La Notion d'aspect. Metz, 1980, pp. 83-96.