| TARASQUE1, subst. fém. A. − [Dans les légendes provençales] Animal fabuleux, tenant du dragon, du crocodile et du serpent, qui sévissait dans le Rhône et ses alentours, et qui fut dompté par sainte Marthe; p. méton., mannequin représentant cet animal, promené en procession à Tarascon notamment, à la Pentecôte et à la Sainte-Marthe. Elle l'emmenait l'homme terrible, détendu et docile, comme les vierges de jadis, de leur ceinture, attiraient, domptaient les tarasques (La Varende, Nez-de-cuir, 1936, p. 119).On nomma Tarascon l'endroit où avait été tuée la Tarasque (...). Pour la fête de la Tarasque, le jour de Sainte Marthe, les jeunes gens de Tarascon promènent (...) une carcasse de bois recouverte de toile (...), font mouvoir sa queue, qui, soudain, balaie la foule (...) et termine en jeu populaire la vieille légende du dragon (Dévigne, Légend. de Fr., 1942, p. 19).V. battue ex. 1. − P. méton. Figure sculptée, ciselée, représentant une tarasque. L'église prenait quelque chose de fantastique (...); on entendait aboyer les chiens, les guivres, les tarasques de pierre qui veillent jour et nuit, le cou tendu et la gueule ouverte, autour de la monstrueuse cathédrale (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 184).Un grand casque héraldique en or, ailé d'or rouge et surmonté d'un mufle de tarasque (Lorrain, Viviane, 1885, p. 6). B. − P. anal. ou au fig. Personne ou chose qui évoque une tarasque par son aspect monstrueux, son caractère païen ou dangereux. Cette mansarde s'étirait, tendait le cou et les vertèbres, tarasque noire (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 253).Clovis représentait le dernier genre, le dompteur de la mode (...) cravachant cette tarasque et jamais dévoré par elle (Morand, Fin siècle, 1957, p. 143). Prononc. et Orth.: [taʀask]. Homon. et homogr. tarasque2. Étymol. et Hist. 1. a) 1614 « monstre fabuleux des légendes provençales » (César de Nostredame, Hist. de Provence, Lyon, p. 676: [saincte Marthe] trouva aux marais et palus de Tharascon une grosse et horrible beste à quatre pieds, qui depuis a esté nommee la Tharasque); 1665 Tarasque (Voy. d'Espagne, curieux, hist. et polit. fait en l'année 1655, 111-2 [Ch. de Sercy, 1665] ds Quem. DDL t. 3); b) 1832 « monstre sculpté » (Hugo, loc. cit.); 2. a) 1896 p. métaph. ces pianistes tarasques (Montesquiou, Hort. bleus, p. 129); d'où b) 1936 « danger fabuleux » (Aragon, Beaux quart., p. 43). Empr. à l'a. prov.tarasca « id. », 1369 (Pansier) du n. de la ville de Tarascon dans les Bouches-du-Rhône où l'on promène sa représentation par un mannequin au cours d'une procession. Fréq. abs. littér.: 22. |