| TAPISSIER, -IÈRE, subst. et adj. I. − Substantif A. − 1. Personne dont le métier est la réalisation de tapis, de tapisseries. Synon. lissier.Vers la fin du règne de Henri VIII, William Sheldon installa dans son manoir le tapissier Robert Hicks avec mission de reproduire en laine les comtés d'Oxford, Worcester (P. Lavedan, Urban., 1926, p. 190).La plupart des artistes d'aujourd'hui pensent à la tapisserie et savent penser en tapissiers (Cassou, Arts plast. contemp., 1960, p. 678). 2. Gén. au fém. Ouvrière qui exécute des tapisseries à l'aiguille. (Dict. xixeet xxes.). B. − Personne qui pose des tapisseries, des tentures, aménage l'intérieur des appartements, confectionne ou répare à la demande les rideaux, les revêtements textiles de certains meubles (sièges, lits,...), exécute des matelas, des sommiers. Je me propose d'aller à Paris dans une quinzaine. Mon tapissier m'écrit que mon gîte est inhabitable. Mais mon concierge prétend le contraire (Flaub., Corresp., 1868, p. 146).Le tapissier, dans l'arrangement des rideaux de soie qui tombent à la tête du lit, a truqué de telle sorte que même un connaisseur ne s'aperçoit pas, de prime abord, de la largeur anormale du lit (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 36). ♦ En appos. On savait aussi que l'accusation retenait pour complicité deux apprentis tapissiers de quatorze à seize ans (A. France, Orme, 1897, p. 209).Hier, un ouvrier tapissier, afin de soutenir une conversation préliminaire, disait tout naïvement: « Les saisons sont perdues. Qui croirait que nous sommes en hiver? (...) » (Alain, Propos, 1912, p. 126). − En partic. Personne qui pose les papiers peints. (Dict. xxes.). C. − Personne dont le métier est la vente de meubles (généralement recouverts de tissu), de tissus d'ameublement, de rideaux, de matériel de décoration intérieure. C'était chez le tapissier; nous commandions nos meubles. Odile avait choisi des rideaux que je trouvais chers (Maurois, Climats, 1928, p. 47): − Un fauteuil de garde-robe... − Une chaise percée, pour appeler la chose par son nom... Et alors il m'a expliqué: « Vous savez... un fauteuil d'acajou qui... que... Vous comprenez?... − Ah! bon!... − dit Grand'mère. − Je viens de faire tous les tapissiers et les ébénistes de la ville sans trouver de fauteuil d'acajou... Il n'y a que de vulgaires chaises, grossières, moins bien même que celle qui est à la préfecture...
Gyp, Souv. pte fille, 1927, p. 38. II. − Adjectif A. − Rare. Relatif à la tapisserie, au métier de tapissier. Marchand tapissier; industrie tapissière. Élisabeth, lisant: « Le plafond, au milieu duquel pendait un lustre en vermeil mat, étincelait de blancheur, et la corniche était dorée. Le tapis ressemblait à un châle d'Orient, il en offrait les dessins et rappelait les poésies de la Perse où des mains d'esclaves l'avaient travaillé. (...) » (Parlant): Ces descriptions m'assomment. Nous pourrions peut-être les passer? Virelade: Mais pas du tout! C'est ce qui m'amuse le plus, dans Balzac, le côté tapissier (Mauriac, Mal Aimés, 1945, iii, 1, p. 222). B. − ENTOMOL. Abeille tapissière. Abeille qui tapisse l'intérieur de son nid avec des pétales de coquelicot. Synon. osmie. (Dict. xixeet xxes.). REM. Tapissier-décorateur, subst. masc.Synon. de tapissier (supra I B).Plusieurs milliers de décorateurs et tapissiers-décorateurs sont groupés au sein d'une chambre syndicale nationale (Le Monde, 5 mai 1966, p. 13, col. 6). Prononc. et Orth.: [tapisje], fém. [-jε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694 (1694-1798, 2 vedettes autonomes, masc. et fém.). Étymol. et Hist. I. Subst. A. masc. 1220 tapicier « celui qui fait ou vend toutes sortes de meubles, de tapisseries, d'étoffes » (Cens. du Paracl. de Pruvins, fo7a, A. Aube ds Gdf. Compl.); 1260 tapissier (Etienne Boileau, Métiers, éd. R. de Lespinasse et Fr. Bonnardot, p. 106). B. 1. 1297 fém. Dame Aalès la tapiciere (Le Livre de la Taille de Paris, publ. par K. Michaëlson, Göteborg, 1962, p. 46); 1636 tapissiere (Monet); 2. 1690 « femme qui fait des tapisseries à l'aiguille » (Fur.). II. Adj. A. 1812 entomol. abeille tapissière (Mozin-Biber t. 2 [1752 tapisnères subst. plur. (Trév.)]). B. 1884 « qui concerne la tapisserie, la décoration » mode tapissière (Huysmans ds Lar. Lang. fr.); cf. av. 1921 des reconstitutions tapissières (Montesquiou, Mém., t. 2, p. 112). Dér. de tapis*; suff. -ier*, -ière. Fréq. abs. littér.: 236. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 193, b) 769; xxes.: a) 423, b) 169. Bbg. George (K.E.M.). Les Désignations du tisserand ds le dom. gallo-rom. Tübingen, 1979, p. 78, 79. − Quem. DDL t. 5, 16. |