| TAPINER, verbe A. − Empl. intrans., arg., pop. 1. Faire le tapin, racoler. Les mômes elles s'étaient affolées... Elles osaient même plus revenir devant nos décombres!... Elles tapinaient à présent dans les autres Galeries... Et puis alors une pétoche noire qu'on leur ôte leur carte! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 562). 2. Travailler. Synon. pop., fam. bosser1, turbiner.Elles viennent de décarrer, les merveilleuses, une tapine dans la mode, rue de la Paix, l'autre dans la couture à quelques pas de là (Simonin, Hotu soit qui mal y pense, 1971, p. 206 ds Rob. 1985). B. − Empl. trans., région. Tapoter, tripoter. Le spécialiste questionne, colle son oreille devant, derrière, le tapine partout lui dit qu'il n'a rien de grave (Renard,
Œuvres, Nos frères farouches, Paris, Gallimard, 1971 [1908], p. 443).En partic. Lutiner. Elle sait des histoires que nous ne savons pas et qu'elle ne raconte à personne. Elle sait que tel jour, derrière les fagots, le gendarme a tapiné la femme du corroyeur (Renard,
Œuvres, Nos frères farouches, Paris, Gallimard, 1971 [1908], p. 340). REM. Tapineuse, subst. fém.,arg., pop. Prostituée racolant dans la rue. Sous l'auvent d'un hôtel, des tapineuses espéraient le micheton (Le Breton, Rififi, 1953, p. 159).Tout au long des Acacias [au Bois de Boulogne], c'était plein de gisquettes avec (...) un méchant pourcentage de tapineuses (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 44). Prononc.: [tapine], (il) tapine [tapin]. Étymol. et Hist. I. 1920 (arg. des filles ds Esn. 1966). II. 1908 « tapoter » (Renard, op. cit., p. 443); en partic. id. « lutiner une femme » (Id., ibid., p. 340). I dér. de tapin* étymol. 2; dés. -er. II mot région. att. au sens de « frapper longtemps et à petits coups » en Normandie et de « tapoter » dans les Vosges, le Morvan et en Provence (v. FEW t. 13, 1, p. 100b) dér. de tapin* au sens de « taloche, gifle », sens bien conservé dans les dial.: Wallonie, Flandres (cf. Hécart: donner l'tapin « rosser »), Bourgogne (Jossier: tapin « soufflet »), fr.-prov., prov. et savoy. (FEW, loc. cit.) ainsi qu'en norm.; suff. -iner*. Déjà en m. fr., forme tappigner « maltraiter, attaquer en mordant (en parlant d'un chien) » 1411 (Lit. remiss. in Reg. 165 Chartoph. reg. ch. 408 ds Du Cange, s.v. tapponnare). |