| TAPETTE, subst. fém. A. − 1. Rare. Petite tape. Le premier de nous deux qui rira aura une tapette (comptine). Barnabé (...) avait brusquement quitté sa place et caressait de tapettes amicales les épaules de Simonnet (Fabre, Barnabé, 1875, p. 170). 2. Raquette servant à battre les tapis, les vêtements; petite raquette pour tuer les mouches. Le sceptre d'osier, épanoui en raquette trilobée, qu'on nomme « tapette » et qui sert à fouetter les rideaux et les meubles (Colette, Sido, 1929, p. 17).Il se leva, décrocha la tapette, massacra rageusement une douzaine de mouches, et voulut chasser le reste à coups de serviette (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 769). 3. JEUX. Jeu de billes consistant à lancer une bille contre un mur pour toucher d'autres billes. (Dict. xixeet xxes.). Jeu de balle où on lance la balle contre un mur avant de la rattraper. (Dict. xxes.). 4. TECHNOLOGIE a) Petit maillet à manche court servant à enfoncer les bouchons. (Dict. xxes.). b) Piège à souris constitué d'une planchette articulée sur laquelle on place un appât et qui en basculant libère un levier qui étrangle l'animal (d'apr. GDEL). c) CHASSE. ,,Instrument bruyant servant aux rabatteurs à pousser le gibier vers les chasseurs postés`` (Chasse 1974). d) GRAV. Tampon servant à étendre le vernis sur les plaques à graver (d'apr. Des.-Muller Impr. 1912). B. − Fam. Langue, organe de la parole. Synon. bagou (fam.), baratin (pop.).Avoir une bonne, une sacrée, une fière tapette. Il continua à parler tout bas. MmeCottard ne distingua que les mots « de la confrérie » et « tapette », et comme dans le langage du docteur le premier désignait la race juive et le second les langues bien pendues, MmeCottard conclut que M. de Charlus devait être un Israélite bavard (Proust, Sodome, 1922, p. 1038). − P. méton. Personne bavarde. (Ds Nouv. Lar. ill.-GDEL). C. − Fam. Homosexuel passif. Synon. arg. tante.Un jour, comme le petit tardait, un gros cocher, cynique et voleur, qui était de toutes ces fêtes, voyant Eugénie inquiète... lui dit: − Vous tarabustez-donc pas... Elle va venir tout à l'heure, votre tapette. Eugénie se leva, frémissante et grondante: − Qu'est-ce que vous avez dit, vous?... Une tapette... ce chérubin?... Répétez-voir un peu?... Et quand même... si ça lui fait plaisir à cet enfant... Il est assez joli pour ça... il est assez joli pour tout... vous savez? (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 334).C'étaient [les petits voyous du boulevard Sébastopol] des tapettes d'occasion, de petits rustres mal dégrossis, brutaux et canailles, aux voix rauques, avec une sournoiserie feutrée, qui cherchaient simplement à gagner dix francs et un dîner (Sartre, Âge de raison, 1945, p. 131). Prononc. et Orth.: [tapεt]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. a) 1562 tappette « palette de bois pour enfoncer les bouchons » (Péronne, ap. La Fons., Gloss. ms., Bibl. Amiens ds Gdf. Compl.); b) 1812 « tampon de graveur » (Mozin-Biber t. 2); c) 1845 jeu jouer à la tapette « taper une bille contre un mur » (Besch.); d) 1891 « raquette avec laquelle on lance le volant ou la balle » (Coulabin, Dict. loc. pop. Rennes); d'où 1929 « raquette d'osier qui sert à tuer les mouches ou battre les tapis » (Colette, loc. cit.); e) 1904 cynégét. (Nouv. Lar. ill.); f) 1904 « outil de cimentier » (ibid.); g) 1904 tiss. (ibid.); h) 1964 tailleur (Lar. encyclop.); 2. 1750 « petit coup » (ds Nisard, Ét. lang. pop., p. 315); 3. 1854 « pédéraste passif » ils sont tous maquereaux ou tapettes (Goncourt, Journal, p. 141); 4. a) 1866 « bagou, langue bien pendue » avoir une fière tapette (Delvau, p. 370); b) 1872 « personne bavarde » c'était la tapette du Sénat (Poulot ds Larch. Nouv. Suppl. 1889, p. 235). Dimin. de tape1*; suff. -ette (-et*). Fréq. abs. littér.: 20. Bbg. Chautard Vie étrange Argot 1931, pp. 271-272. − Hasselrot 1957, p. 204. − Quem. DDL t. 3. |