| * Dans l'article "TAON,, subst. masc." TAON, subst. masc. A. − ENTOMOL. Insecte diptère de la famille des Tabanides, grosse mouche de couleur sombre, dont l'espèce la plus connue est le taon des bœufs et dont seule la femelle, hématophage, s'attaque à certains mammifères ainsi qu'à l'homme par piqûre et succion. Nuée de taons; être piqué, se faire piquer par un taon. Les taons tournaient et bourdonnaient à la porte de l'écurie (Ramuz, A. Pache, 1911, p. 138).On va encourager ses chevaux qui sont là, la tête pendante, moulus, fourbus, les jambes raides et même ne quoaillant pas [ne remuant pas la queue] sous les piqûres des milliers et des milliers de mouches vertes et de taons qui les mettent en sang (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 165). B. − P. anal. ou au fig., vieilli 1. Ce qui pique, agace, énerve, contrarie. Nous avons un taon sur le dos, dit Carlos. Je ne pars qu'après-demain (Balzac, Splend. et mis., 1844, p. 270). 2. Personne qui en tourmente une autre par ses assauts répétés, ses harcèlements. Quand Castlereagh, ce taon qui piqua Bonaparte, Cet anglais mélangé de Carthage et de Sparte, Se plonge au cœur l'acier et meurt désabusé, (...) Alors le croyant prie et le penseur médite! (Hugo, Chants crépusc., 1835, p. 84).Le lendemain matin (...), Théodose allait chez le banquier (...) faire encore une tentative pour se débarrasser de ce taon (Balzac, Pts bourg., 1850, p. 189). − P. plaisant. Ô mon rémora, mon taon, ma pieuvre, mon obstacle et mon entrave, je te souhaite un voyage autour du monde pour n'être pas obligé à te prendre en grippe (Amiel, Journal, 1866, p. 488). REM. Taonner, verbe trans.,vieilli. a) [Le suj. désigne un insecte] Piquer et sucer le sang. P. métaph. Cet insecte [le propriétaire] prend son plaisir à taonner les malheureux qui se sont inconsidérément exposés à sa continuelle piqûre (La Petite lune, 1878-79, no47, p. 3).Part. passé. Piqué par un ou des taons. Adolphe, taonné jusqu'à se voir tatoué de piqûres, finit par faire ce qui se fait en bonne police, en gourvernement, en stratégie (Balzac, Ptes mis., 1846, p. 55).b) Au fig. Poursuivre inlassablement quelqu'un, le harceler. − Cela va mal, s'écria Gadeschal, il n'a pas l'air d'un novice, le futur magistrat! − Nous le taonnerons, dit Oscar (Balzac, Début vie, 1842, p. 448). Prononc. et Orth.: [tɑ
̃]. Homon. tan, tant, temps. Att. ds Ac. dep. 1718. V. faon. Étymol. et Hist. 1176-81 toons (Chrétien de Troyes, Chevalier au Lion, éd. M. Roques, 177); ca 1180 taün (Marie de France, Fables, Del leün e del gupil, v. 48, éd. A. Ewert et R. C. Johnston, p. 45); ca 1220 tahons (Constant du Hamel, Fabliau, éd. C. Rostaing, 446); 1701 la premiere mouche qui le piquera sera un taon « le moindre malheur qui lui arrivera, achèvera de le perdre » (Trév.). Du lat. tardif tabonem, acc. de tabo, -onis (att. ds l'Egloga Nasonis, Poet. Carol. I, 338, 21 d'apr. Ern.-Meillet), altér. par substitution de suff. du lat. class. tabanus « taon ». Le type tabo est également représenté par le roum. taun et le port. tavao; le type tabanus, lui, a donné l'a. prov. tavan et l'esp. tabano (v. Rayn., Cor. t. 4, p. 321 et REW no8507). Fréq. abs. littér.: 63. Bbg. Quem. DDL t. 25 (s.v. taonné), t. 35 (s.v. taonné). |